Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

lundi 25 mars 2024

Du coq à l’âne

Tel est le destin de ce blog d’être alimenté pour ne pas mourir d’inanition. Qui plus est, pas avec n’importe quoi, sous peine d’être frappé d’inanité. Donc, si je saute du coq à l’âne, de l’Intelligence Artificielle à la résurrection de Diabolo pacte, des synchronicités jungiennes au souhait de tout auteur d’être traduit ou de paraître en poche, c’est que la locomautrice que je suis est entraînée, plus qu’à son tour, sur des voies de traverse. Quand on passe de la science-fiction au roman humoristique, du romantisme allemand à du récit qui parle vrai, la bouche pleine de gouaille, on se dit que de l’ergot du coq au sabot de l’âne il y a juste la place d’une feuille de papier.

Tout ça pour dire que ma prochaine actualité ne concernera ni le roman ni la fiction mais mes premières amours littéraires, à savoir la poésie. Peu après le 1er janvier 2022, date de naissance de ce blog, je vous avais tout dit sur mes débuts en écriture, sur le surgissement de l’étincelle. https://claudine-candat-romanciere.blogspot.com/2022/01/comment-tout-acommence-tout-cest-dire.html

Longtemps, j’ai pensé que le roman était un art de la maturité et que la poésie était réservée à la jeunesse. Je me basais sur ma propre expérience. En mon enfance et ma jeunesse, je me suis gavée de poésie, celle des poètes et celle que j’écrivais à la main sur des cahiers de brouillon, puis que je recopiais, au stylo-encre, dans un beau cahier. Mon entourage familial et amical en avait connaissance et m’encourageait à poursuivre. Une année, je me suis présentée à un prix dont le lauréat se voyait publié. Je n’ai pas été lauréate. Et puis, un jour, l’inspiration m’a quittée, et j’ai éprouvé le sentiment que la poésie était un pays d’où j’étais à jamais exilée.

La jeunesse m’a quittée, sans que j’en prenne l’initiative, et je me suis colletée à un genre qui me paraissait monumental : le roman. J’ai été publiée.

Je suis revenue à la poésie de façon anodine. Voulant souhaiter la bonne année à mes amis et à mes lecteurs, j’écrivais chaque année un poème de circonstances. J’ai continué. Puis, la colère couvant dans les chaudrons, précédant l’éruption gilet jaune, je me suis mise à écrire une poésie de combat. Je n’ai pas arrêté.

C’est après avoir renoué avec la poésie que l’idée m’est venue de faire paraître mes poèmes de jeunesse. C’est ainsi que le regretté Michel Cosem m’a pris quelques poèmes pour en faire un seize-pages de sa collections Encres Vives, salué à sa sortie par Jean-Pierre Siméon, alors directeur du Printemps des Poètes.

En 2021, j’ai l’idée de présenter mon recueil au concours des Arts Littéraires de la ville de Saint-Orens-de-Gameville, dans l’espoir de remporter le prix de l’édition. C’est un roman qui le reçoit, en mars 2022, mais je suis honorée de la mention spéciale du jury dans la catégorie poésie.

Forte de ces distinctions, j’adresse Mon opium est dans mon cœur aux Editions Il est Midi dont je reçois une réponse positive.

Comment je suis arrivée là ? C’est une question à laquelle je répondrai ultérieurement car le dlog est vorace et il faut garder de la pâtée en réserve.

Pas trop poétique, cela ? Souvenez-vous : Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.



samedi 16 mars 2024

Avocate du Diable mais, avant tout, de Diabolo pacte

Mon dernier est mon premier, et vice-versa, roman bien sûr. Aujourd’hui, le blog s’astreint à d’un exercice dont il n’est pas coutumier : faire pleurer dans vos chaumières. Je vais donc m’épancher sur le sort de mon premier roman publié, Diabolo pacte, réédité en 2023 par la magie des éditions d’Avallon.

Revenons en 2009 : la crise des subprimes bat son plein, les porte-monnaie sont vides, ou censés le devenir, ce qui, pour le moral, revient au même. C’est dans pareille liesse que surgit un OVNI dans le ciel littéraire : L’Arganier, qui publie Rufus, Pascal Lainé, Jean Colombier, prix Renaudot, bref du beau monde, fait paraître Diabolo pacte. Le titre est de moi, de même que les décors, les dialogues, l’intrigue. Enfin éditée, par une maison qui prend tout en charge ! Et ça marche ! Á Toulouse, mon Diabolo restera un an sur les tables d’Ombres Blanches, de Privat et de la FNAC. Les libraires le prescrivent, ainsi qu’un pharmacien prescrirait un antidépresseur culturel ? C’est qu’on rit tout seul en lisant.

Je reçois le prix de Médiane Organisation deux mois après sa parution. Tout paraît le mieux dans le meilleur des mondes J’ignore que le désastre est en marche. Tout va si mal que des organisateurs de prix ne recevront jamais le service de presse demandé.

Le couperet tombe en février 2011 : c’est fini, et bien fini. Sans liquidation judiciaire, pas de repreneur ! Nous nous retrouvons tous, une main devant, une main derrière, avec de malheureux exemplaires sauvés du pilon, tandis que le distributeur continue à écouler son stock.

Bilan financier : 0 centime de droits d’auteur.

Le monde de l’édition est rude et cruel ! Je ne suis pas la dernière à admettre le fait que nos éditeurs ne vivent pas perchés sur un tas d’or. Mais quelques royalties représenteraient, à mes yeux, la caution financière de la valeur intrinsèque de nos œuvres.

En 2023, résurrection chez Avallon & Combe. Voilà que Diabolo pacte obtient, en décembre, le premier prix du roman de l’Académie des Livres de Toulouse. Et je le présente en 2024 au prix du Festival du livre de Sainte-Foy-de-Peyrolières, un bon salon où les auteurs sont accueillis comme des rois si je me fie à mes souvenirs.

C’est de l’ancien, du réchauffé, diront certains que je n’oserais traiter de grincheux.

Certes écrit en 2005-2006, Diabolo pacte, en plus de faire marrer, met sur le tapis des thèmes qui occuperont le devant de l’actualité : le mariage homo (qui deviendra, légalement, le mariage pour tous), la grossesse d’une Josette Gougeard largement ménopausée. Sa charge politiquement incorrecte me semble encore plus salutaire en ces époques où le wokisme tient lieu d’éveil.

Et surtout, un thème éternel et universel : la passion littéraire, le feu artistique pour lequel je brûle encore 15 ans après le début de l’aventure de la publication, au risque de me consumer.



mercredi 6 mars 2024

Couteau suisse

Les salons du livre sont des endroits où les auteurs sont censés rencontrer leurs lecteurs ou s’en faire de nouveaux, et où les lecteurs cherchent à retrouver des auteurs qu’ils connaissent déjà, ou en découvrir de nouveaux.

Les lecteurs ayant pris un abonnement à ma prose ne se comptent pas sur les doigts des mains de la déesse Vishnou. J’en connais certains de ma vie d’avant. D’autres m’ont découvert derrière une table de dédicace ou acheté mon livre, ayant lu une belle critique sur les réseaux sociaux.

Donc, dans ces salons, on trouve des célébrités sur lesquelles le chaland fonce comme un seul homme et des vendeurs d’aspirateurs réduits à vanter la fraîcheur de leur criée.

Donc il y a les illustres et les secondes couteaux : les estampillés Opinel ou Laguiole, et les canifs sortis d’un paquet Bonux (pour qui ça parle encore).

Ayant publié chez un éditeur genevois un thriller franco-allemand, je pourrais me qualifier de couteau suisse. « Claudine Candat » n’est hélas pas une marque. Je n’ai pas de prescripteur dont on écoute et suit les avis. Mes livres ont déserté les tables des libraires car, hormis la première édition de Diabolo pacte et la parution de Elwig de l'Auberge Froide, mes éditeurs ne sont pas diffusés (en librairie). Petite lueur d’espoir : j’ai le soutien de quelques-professionnels qui me reconnaissent une qualité à mes écrits : la qualité. Et je dois aussi citer le premier prix du roman décerné en 2023 à Diabolo pacte (2ème édition) par l’Académie des Livres de Toulouse.

Sans médiatisation, sans diffusion, il est donc indispensable de se transformer en couteau suisse pour sortir de l’enfer de l’anonymat.

Par définition, un couteau suisse, ça sait tout faire. Comme moi qui suis ma propre secrétaire, ma propre attachée de presse prenant attache avec journalistes, bloggeuses, libraires, organisateurs de manifestation pour décrocher des interviews, des radios (pas de scanners), des salons, des séances de dédicaces. Je me suis fabriqué des supports de comm, des affichettes pour chacun de mes livres pour attirer l’œil du chaland déambulant dans les salons et les librairies. Je concocte des annonces à afficher sur les réseaux sociaux. Je me présente à des prix littéraires, histoire de me faire connaître et de recevoir la reconnaissance d’un jury. Je soigne mon apparence et ma garde-robe. Dans le même temps, je me préoccupe de l’avenir et explore les possibilités éditoriales dans des maisons susceptibles de me publier et de me diffuser à leur compte, et non au mien.

Beaucoup pour une seule femme, me direz-vous !

Il arrive cependant que mon hyperactivité soit parfois récompensée, par des prix et des invitations spontanées.



 

lundi 26 février 2024

Métier : fictionnaire

Depuis la vogue de féminisation à tout crin de noms qui s’utilisait jusqu’à présent au masculin, je me marre. J’ai découvert les pompières, les contrôleuses… les écrivaines et les autrices. Disons que nous avons été sommées de nous désigner comme telles et que nous nous sommes exécutées… comme un seul homme. Il fallait que j’ose ! Ce qui m’a rebutée, ce n’est pas tant la féminisation, parfaitement correcte sur le modèle de acteur-actrice, que l’obéissance immédiate et majoritaire à l’injonction.

J’ai donc pris un moyen terme et me suis amusée à me qualifier de locomautrice, locomotive folle qui fait dérailler le lecteur par-dessus les parapets de la sagesse et de la Raison.

Un peu longuet, non ? M’est venu un autre terme pour qualifier mon activité. Puisque j’écris, dans mes romans et nouvelles, des histoires, bref de la fiction, ne serait-il pas idoine de me présenter comme fictionnaire ?

Encore un néologisme. Dans le dictionnaire vous ne trouverez que factionnaire et fonctionnaire.

Factionnaire, le fictionnaire l’est quand l’envie le pique d’être publié et qu’il frappe aux portes des maisons d’édition. Avant, il se prenait des portes sur le nez. Maintenant, il encaisse des messages de refus – dans le meilleur des cas – ou le silence total. Donc notre fictionnaire doit se transformer en enquêteur afin de dénicher la maison adéquate, celle qui ne le chassera pas à coups de pied comme un vulgaire corniaud, et en styliste en l’art de présenter sa prose et sa personne.

Et fonctionnaire ? Peu flatteur me direz-vous si on considère, selon de petits farceurs, que la fonction publique serait l’endroit où ceux qui arrivent en retard croisent ceux qui partent en avance. C’est rigolo, mais gageons que la suppression de nombreux emplois qui rendaient des services gratuits à ceux qui n’avaient pas les moyens de se payer un avocat fiscaliste ou spécialisé (en droit du travail, de la consommation, etc.) – sans parler de l’École et des hôpitaux publics, se marrent moins en trouvant porte de bois.

Donc, quand je rentre et sors de mon bureau, je me croise moi-même, en survêt confortable ou robe de chambre pour m’asseoir derrière le clavier, en cuissard cycliste ou tenue plus chicosse pour exhiber sur une table mes livres en tenue de soirée afin d’aguicher le potentiel lecteur ou la lectrice curieuse.

Parfois, je ne me reconnais pas, et il m’arrive de flanquer des coups de casque à ma crinière que je refuse d’émonder. Elle amortit les coups, et le Diable sait si j’en ai reçus dans ce putain de milieu !




lundi 19 février 2024

IA ou Hi Han !

Pas plus tard que le 12 février, j’ai assisté à une matinée sur l’Intelligence Artificielle organisée par Occitanie Livre & Lecture. Très intéressant. Je ne vous en dirais pas plus sur le détail des exposés.

Les traducteurs balisent, l’IA traduit plus vite que leur ombre et pour beaucoup moins cher.

Les écrivains, eux, n’auraient pas de soucis à se faire. Après tout, la photographie n’a pas tué la peinture, le cinéma n’a pas assassiné le théâtre et les coups de dés n’ont jamais aboli le hasard.

Il y a quelque temps, j’ai testé ChatGpt en lui demandant d’écrire l’histoire d’un enfant qui s’enfuit dans un cirque, sujet d’une des nouvelles de mon recueil, Coup de grain. Voilà ce que le ChatBot a pondu : https://claudine-candat-romanciere.blogspot.com/2024/01/je-ne-suis-pas-un-robot.html

Bien sûr, pour comparer, mieux vaut avoir lu Un enfant de la balle. N’est-ce pas l’un des buts de ce blog que de susciter votre curiosité à l’égard de mes livres ? Honnêtement, oui.

Certes, l’IA ne vit pas sous mescaline comme moi, mais elle a des facultés de pompage que je suis loin de détenir. Sans scrupules, elle se sert dans toutes les gamelles. Et elle apprend. Ses pouvoirs latents sont hors de contrôle. Qui sait ce qu’elle sera capable d’écrire un jour ?

D’autre part, est-ce que le lectorat ne se contentera pas de produits surgelés, lui dont une partie suit déjà des auteurs réchauffant à l’infini de juteuses resucées ? https://claudine-candat-romanciere.blogspot.com/2023/04/chatgpt-nouveau-vraiment.html

La machine fera-t-elle œuvre (littéraire) humaine ? Excellent sujet pour un auteur de science-fiction : la machine qui devient consciente, se met à éprouver des sentiments. D’où la question qui taraude l’humanité depuis la nuit des temps : d’où vient la conscience ?

L’IA nous place face à des dilemmes d’ordre philosophique.

Certes, la Machine est puissante, apte à brasser des données dans l’instant, ce dont le cerveau est incapable. Hors de la problématique de la propriété intellectuelle, il est un constat rassurant. Les Bots mangent à tous les râteliers mais demeurent dénués de l’émotion qui pousse l’humain à cracher dans la soupe ou à dégobiller sur le tapis son trop-plein de dégoût.

Bâtir un roman ne se résume pas à la technique de faire tenir debout une histoire impliquant parfois une foultitude de personnage. C’est surtout l’art de laisser déraper la truelle afin de réserver des surprises. Sans surprises, le lecteur roupille et n’a plus la force de tourner la page : le livre lui tombe des mains.



jeudi 8 février 2024

Le dlog aboie, la carapace casse

Le dlog réclame sa gamelle, me tourne autour en grognant, exhibant des crocs aussi blancs que mon écran d’ordinateur. Ça urge, je dois m’exécuter. J’ouvre le frigo de mon imaginaire dans l’espoir d’y dégoter un bon surgelé. Vais-je lui servir du saignant, du croustillant ? Surtout pas de la bouillie pour chat. Le dlog est susceptible.

Je referme la porte. Las ! Pas la moindre mini-barquette. Je suis au pied du mur. C’est là qu’on est censé voir le maçon quand il n’est pas au bistrot. Or le maçon, c’est moi. Comment ça se dit au féminin ? Maçonne ? Suffit d’enlever la cédille, et vous saurez ce que je pense de toutes ces sonneries.

Donc, je suis au pied de la lettre, c’est là qu’on voit l’écrivain. Voilà un titre que je souhaiterais mille fois qu’on m’attribue, que je trouve si beau qu’y ajouter un e le dénaturerais à mes yeux et à mes oreilles.

Donc je suis au pied de la lettre, et je dois prouver que j’ai de l’idée.

Et il m’en vient une. Je viens de quitter un célèbre réseau social (temporairement) sur lequel pullulent des groupes divers et variés pour les auteurs, les autrices, bref pour la gent qui se pique d’écrire et de publier et qui se heurte à une réalité frontale : de moins en moins de lecteurs, de plus en plus d’écrivants (pour le coup, je kiffe le néologisme !). Comment attirer l’œil d’un potentiel lecteur sur ce roman dont l’auteur n’est pas passé à la Grande Librairie (ni même à la Petite) et dont personne ne connaît le nom ? Parmi des milliers de titres et de noms tout aussi inconnus, puisque les éditeurs reçoivent des milliers de manuscrits à s’en faire péter la BAL.

La larve transformée en papillon par la grâce d’un contrat d’édition n’en a pas fini pour autant avec son chemin de croix. Nul projecteur pour mettre en lumière son chatoiement. Nul filet qui fasse le geste de la capturer afin de la déposer sur les tables de chevet.

Pas un seul petit morceau d’article ou d’entrefilet. Les gens de la presse ploient sous les services de presse (livres offerts, c’est gratuit) et les sollicitations. Alors nos malheureux auteurs s’emparent des réseaux, rejoignent des groupes dédiés, espérant y trouver des groupies. Déception. Ces groupes sont fréquentés par des auteurs qui ne lisent que leurs propres posts et s’en reviennent bredouilles de la pêche aux fans.

Personnellement, je préfère me concentrer sur mon dlog. Quand je remplis sa gamelle, il remue la queue. C’est ainsi que les dlogs sourient. Mais quand la gamelle demeure vide, il se bute, et ça devient le blog.



lundi 29 janvier 2024

Comfort or not comfort

En bon français, je vous parle aujourd’hui d’un sujet très bien défini par l’expression confort de lecture, employée par Maryse Carrier, présidente du concours des Arts Littéraires. Les littératures de l’imaginaire, notamment la science-fiction, tireraient le lecteur, hormis les amateurs du genre, de leur zone de confort.

Quand j’ai reçu en mars 2023 la mention spéciale du jury pour Poussière de sable, Légendes ourdiniennes, j’ai sauté de joie, autant pour moi qui en suis l’auteur que pour la science-fiction en général. Je salue les jurés qui se sont, pour la plupart d’entre eux, enhardis hors de leur zone de confort.

Ma saga a eu l’heur de plaire aux amateurs du genre, notamment un lecteur dont la bibliothèque rassemble 1500 œuvres de SF, mais aussi des personnes qui n’avaient jamais lu un roman de science-fiction de leur vie. Certes, les couvertures sont splendides et parlantes, mais ce qui a motivé leur acquisition fut le lien d’amitié avec ma personne et/ou la confiance en ma prose suscitée par la lecture de Diabolo pacte et de Elwig de l'Auberge Froide.

Une de mes lectrices s’est étonnée qu’il puisse y avoir des histoires d’amour, de haine ou d’amitié, de pouvoir entre des personnages qui sont des extraterrestres. Je m’en suis expliqué à maintes reprises : un auteur de science-fiction est un funambule avançant sur la corde raide. Il doit à la fois faire toucher du doigt la notion d’étrangeté et d’altérité absolue tout en suscitant des émotions et des sentiments à l’égard de ses extraterrestres : amour et haine, admiration et mépris, compassion et crainte. Ma lectrice se déclarait somme toute ravie d’être sortie grâce à moi de sa zone de confort.

Pour être romancière, je n’en suis pas moins lectrice et humaine, et apprécie mon petit confort et même mon great comfort, petit clin d’œil à l’humour très british d’Alphonse Allais.

Confidence : j’aime la science-fiction, mais suis plutôt imperméable à la fantasy. Je n’ai pas d’attrait particulier pour les histoires de vampires. Je les fuis.

Or, de passage dans une bibliothèque associative, voilà qu’on m’offre une trilogie de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan dont les responsables ne veulent pas. De prime abord, je refuse le présent, en l’occasion trois beaux livres édités par France Loisirs, puis finit par accepter. Je les expose dans ma bibliothèque où ils auraient pu s’empoussiérer sans ne jamais s’ouvrir. Mais que risquerais-je à quitter ma zone de confort ? Tout au plus d’être assommée d’ennui.

Donc, un soir, je commence le premier tome et me surprend à m’assener les mêmes remarques que jadis la lectrice de mon Poussière de sable. La lignée a en effet le don d’éveiller ma curiosité à l’égard de phénomènes étranges s’amplifiant au fil des pages et de susciter mes émotions et mon empathie vis-à-vis de personnages avec lesquels je me sens des affinités.

Et puis ces vampires ne s’abreuvent-ils pas d’un élément qui, dans notre inconscient, aurait valeur de symbole et d’archétype : le sang. Le corps humain n’en contient que 5 litres. C’est dire si ce liquide est précieux ! Rien d’étonnant à ce que sa couleur, le rouge, symbolise le principe de vie.



Et Toulouse, macarel !

Quoi de plus naturel de parler de sa ville, d’y planter le décor de ses romans, d’y faire vivre ses personnages, quand on est auteur, ou aut...