Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

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mercredi 5 mars 2025

Je suis transgenre

Littérairement parlant. La preuve par les livres : de la poésie à la SF, de la nouvelle au roman contemporain, du thriller au roman picaresque (pour juillet). Éclectique est plus neutre mais moins rigolo. Ça fait en effet rire le public qui, réjoui, a peut-être envie de jeter un œil dans mes écrits. Tel est le but de tout auteur : accumuler les lecteurs.

Traduit en langue inclusive, ça donne ça : le but de tout.e auteurices est d’accumuler les lecteurices. On peut applaudir des deux mains, en rire ou en pleurer. En tout cas, ça écorche les oreilles. Et j’ai l’ouïe assez fine pour passer mes textes, du plus court au plus long, au gueuloir.

J’ai l’ouïe si délicate que ne féminiserai jamais ce mot splendide d’écrivain. Quand Simone de Beauvoir va plaider la cause de Violette Leduc, elle déclare : « Violette Leduc est un grand écrivain ». Et Simone de Beauvoir n’a de leçons de féminisme à recevoir de quiconque.

Cent fois je me suis exprimée sur ce que m’inspirait le mot autrice, moi qui aspire à un rôle de locomautrice, notamment en 2023 https://claudine-candat-romanciere.blogspot.com/search/label/autrice.

J’écris des fictions qui mettent en scène des personnages aux parcours et aux psychés variés. Avec mon 1er essai romanesque, Poussière de sable, je me suis glissée sous les plumes de grands oiseaux dotés de pouvoir psy et s’exprimant en dégageant de la lumière. Quand j’ai achevé Diabolo pacte je me suis écriée (intérieurement) : Antoine Maurier, c’est moi ! Or mon Antoine n’est pas seulement auteur de science-fiction mais un homosexuel dont le lecteur découvre le cheminement depuis l’enfance. Je me suis glissée dans sa peau, comme une actrice épouse les personnages qu’elle incarne sur scène.

Je suis certes femme mais, en qualité de romancière, mes personnages incarnent tous les genres. Ma condition de femme – comme dirait Simone de Beauvoir – ne m’enferme pas dans des récurrences. J’écris, et je m’évade hors des frontières du temps, des âges et des sexes. J’aspire modestement à l’état d’écrivain. Si le milieu littéraire m’en attribuait un jour le statut, j’en serais extrêmement fière.



lundi 4 novembre 2024

Le Paris de Diabolo pacte

Suite de l’état des lieux… de mes romans. Le pari de Diabolo pacte, mon premier roman publié, consistait à évoquer un monde dans lequel je n’avais jamais mis les pieds et dont je ne connaissais que les lettres de refus. Où situer ce monde de l’édition, si ce n’est à Paris ? Or, si le premier éditeur de Diabolo pacte avait son adresse dans le Quartier Latin, les maisons qui par la suite m’ont fait l’honneur de me publier ne sont ni germanopratines ni parisiennes.

Mon thriller européen, Elwig de l’Auberge Froide, a été pris à Genève. Les deux premiers volets de ma saga de science-fiction sont sortis à Metz. Diabolo pacte a fini par ressusciter près de Montpellier. Coup de grain, nouvelles, est toulousain. Mes poèmes de jeunesse, Mon opium est dans mon cœur, ont eu l’heur de plaire à Castelnaudary.

Dans Diabolo pacte, tout le monde monte à Paris : l’éditeur, sa pulpeuse comptable et les deux écrivains du roman, tous attirés, comme par un aimant, par les éditions 1515 qui n’existent que dans mon imagination.

Le Diable correspondant à l’arcane XV du tarot divinatoire, il allait de soi de situer le siège de cette satanée maison dans le XVème arrondissement, arrondissement où j’avais suivi une formation syndicale. Certes, j’avais pu humer le parfum des rues et du Front de Seine, mais pour écrire le roman je me suis servie du plan de la ville.

La preuve par le livre : C’est alors que les portes d’une maison d’édition s’ouvrirent devant lui, non la porte rêvée de l’écrivain publié mais un petit vasistas où il s’introduisit comme lecteur. Le petit vasistas se situait au numéro 15 de la rue Gutenberg. Dans la réalité Garin entra par la porte cochère sur les recommandations de sa dernière maîtresse qui avait des accointances avec le milieu éditorial. Il sortit du métro à Javel et boitilla le long des quais, humant la légère odeur de vase qui montait du fleuve. Il découvrit ce jour-là, impressionné, la perspective d’immeubles du Front de Seine.

Le soir, nous avions mangé tous ensemble au restaurant du Commerce. Un collègue parisien parla de l’arrondissement, de son passé industriel subsistant par le nom de ses quais. Javel, André-Citroën. À l’époque, je n’avais pas encore dans l’idée d’écrire une comédie sur le milieu de l’édition. J’avais encore l’illusion que ma saga de SF passerait la rampe. Nous ignorions tous, y compris lui-même, qu’une fin tragique attendait notre collègue parisien.

Dans la vie, hélas, nous ne disposons pas tous d’une fronde virtuelle pour terrasser nos adversaires.

Entre temps, Diabolo pacte a trouvé preneur. Lors de notre premier contact, mon directeur de collection a remarqué :

Vous connaissez bien Paris. J’ai bien reconnu le XVème où vivaient mes parents.

Voir à travers un plan de ville comme l’extralucide dans sa boule de cristal, un don d’écoute, un zeste de médiumnité, est-ce ainsi qu’on bâtit un décor quand on est romancière ?



jeudi 17 octobre 2024

État des lieux

Longtemps je me suis couchée avec la superstition au cœur : parler d’un livre qui n’est pas encore publié, voire pas encore écrit, ne pourrait que porter malheur. Comme passer sous une échelle quand le gars qui y est perché lâche un marteau au moment où vous passez. Quoique n’en parler qu’après sa sortie, en en faisant la promotion, ne garantit pas le succès. Alors je m’abandonne au flux de mon actualité.

Jamais encore je ne m’étais spécialement rendue sur les lieux d’un roman en gestation. C’est évident pour Poussière de sable, ma saga de science-fiction, mon premier essai romanesque. Je n’ai jamais quitté la galaxie, mais me suis dotée d’une solide documentation scientifique.

Essai non transformé qui m’a valu une rafale de lettres de refus de la part des éditeurs. J’ai alors décidé de changer mon fusil d’épaule en sublimant cet échec. En imaginant Diabolo pacte, je suis sagement restée sur le plancher des vaches. J’ai pris principalement pour décor Laon, préfecture de l’Aisne, où j’ai travaillé trois années durant. Si j’ai pu un temps me rallier à l’avis de Claude Lévi-Strauss et de Simone de Beauvoir qui s’y sont, des décennies avant moi, royalement ennuyés, j’ai fini par apprécier le charme d’une campagne verdoyante couverte de forêts à même d’égarer le plus dégourdi des petits Poucets. La vie n’étant pas forcément un conte de fées il n’y a pas de miracle en la matière : si c’est vert c’est que c’est copieusement arrosé. En effet, il ne se passait pas une semaine sans qu’il ne pleuve.

La preuve par le livre : La veuve Gougeard jouissait depuis son trois-pièces au cinquième étage d’une vue imprenable sur la cathédrale de Laon dressée sur la ville haute. Par temps clair elle pouvait détailler les vaches et les gargouilles sculptées dans la pierre de taille mais elle ne les regardait plus. D’abord elle ne mettait jamais les pieds sur son balcon parce qu’à Laon il pleuvait six jours sur sept et aussi le dimanche, et puis elle aurait bien troqué contre un paysage de tôles ondulées ce point de vue sur la cathédrale gothique qui faisait grimper ses impôts locaux à des hauteurs himalayennes.

J’ai sillonné le département dans le cadre de mon travail, mais aussi à vélo et à pied. Certes, le soleil me manquait, mais je savais apprécier la beauté de paysages qui devait beaucoup à la profusion de verdure et à la majesté des chênes et des hêtres. J’ai découvert avec émotion les champs plantés de croix blanches au pied desquelles croissaient des colonies de champignons des prés.

Avec le Breton, j’ai sillonné la campagne picarde à bord de notre 4L bleu ciel. C’est avec ses yeux que j’ai redécouvert les pâtures saturées de jonquilles et les parterres de tulipes à l’entrée des villages. Avec le Breton, j’ai tremblé sur les horreurs de la Grande Guerre, déchiffrant sur les pancartes des noms de lieux célèbres qui n’auraient jamais dû dépasser les bornes du département : Craonne, le chemin des Dames. Il ramassait dans les immenses cimetières militaires des brassées de champignons aussi blancs que les croix au pied desquelles ils poussaient. Le soir, je les faisais frire à la poêle.

Parmi les personnages principaux de Diabolo pacte, deux viennent de Laon et montent à la capitale pour être publiés par les éditions 1515, sise dans le XVème arrondissement de Paris : Josette Gougeard et Antoine Maurier.

Mais Paris est une autre paire de manche pour la Toulousaine que je suis. Et puis le dlog quêtant hebdomadairement sa pitance, il n’est pas opportun de le rassasier d’un coup.

Manuel Candat, Réminiscence de Laon


jeudi 15 août 2024

Diabolo pacte est-il woke ?

Le blog en pause estivale, je continue à le nourrir dans l’ombre. Quand j’ai posté mon premier article, le 1er janvier 2022, je me demandais avec quelque angoisse comment j’allais m’y prendre pour trouver au moins un sujet par semaine. Dans sa troisième année, je me rends compte que ma vie de romancière m’offre les thèmes sur un plateau. Romancière en effet car il s’agit cette fois de Diabolo pacte, mon premier roman réédité en 2023.

25 mai, salon du livre de Narbonne. Invitée par les éditions d’Avallon qui ont fait œuvre de résurrection. Il fait beau, la matinée a commencé par quelques dédicaces, ma première signature allant à une sympathique romancière connue lors d’un lointain (dans le temps) salon du livre.

Je fais l’article : C’est l’histoire d’un éditeur qui s’engage à publier le premier inconnu venu qui accepte de vendre son âme au diable… J’ai conscience de casser les oreilles de mes voisins de table. La couverture avec le bandeau du prix de l’Académie des Livres de Toulouse interpelle les passants qui lisent le quatrième de couverture. Ils apprennent qu’Antoine Maurier, l’auteur-vedette, est homosexuel. Un monsieur fait cette réflexion :

Homosexuel, bien sûr il en fallait un.

Voilà l’occasion de m’expliquer sur le sujet. À l’heure où Diabolo pacte ressort le bout de ses cornes (non mouchetées), le monde de la culture s’éveille en effet au droit à la différence et à la mise en avant des minorités. Il n’y a qu’à voir les séries télé et les publicités.

Or j’ai écrit Diabolo pacte il y a pour ainsi dire vingt ans, il est sorti il y a 15 ans, vu que j’ai galéré pour trouver un éditeur. À l’époque le monde était moins woke. Par exemple, aucun éditeur n’utilisait l’écriture inclusive sur son site Internet.

Le personnage d’Antoine Maurier s’est imposé à moi pour plusieurs raisons :

Le comique de situation : Marylin, la pulpeuse comptable de la maison, s’entiche de lui alors qu’ils ne fréquentent pas les mêmes crèmeries.

Mon intérêt pour la question en écoutant une interview dans lequel le chanteur Dave, myope comme une taupe, confiait qu’adolescent il se trouvait trop moche avec ses grosses lunettes pour séduire les filles.

Dans le roman, Antoine est le seul à vivre de grandes histoires d’amour.

Donc mon Diabolo n’a rien à voir avec la mode et encore moins avec le désir de fricoter avec une minorité.

En qualité de lectrice, j’ai tout de même constaté que certains auteurs connus introduisent des représentants de quelque minorité parmi leurs personnages. Est-ce spontané ou souhaitaient-ils ainsi se mettre (ou paraître) à la page ?

Bref la conclusion : mes arguments ont-ils convaincu ce monsieur ? Diantre non, mais je sais gré à cet ex-futur lecteur de m’avoir donné l’occasion de répondre à la question.



mardi 18 juin 2024

Une nouvelle inspirée de Diabolo pacte

2023 : tenu sur les fonts baptismaux deux fruits de mes entrailles littéraires, Diabolo pacte, mon premier roman ressuscité par la grâce des éditions d’Avallon, et Coup de grain, recueil de 10 nouvelles écrites au gré de la nécessité et du hasard mon inspiration, ainsi que je le racontais dans un précédent article.

Un zeste de fantastique dans Diabolo pacte et le RÉEL dans lequel mes 10 histoires prennent pied. Apparemment deux livres à l’opposé l’un de l’autre. Mais un point commun : l’humour et la verve, d’autant plus que les personnages de Diabolo pacte n’évoluent pas seulement dans une Olympe littéraire, mais galèrent sur le plancher des vaches, qui dans une usine, qui dans un restau à servir la clientèle sur un plateau.

Mon premier éditeur disparu des radars, Diabolo pacte orphelin, il était par trop tentant de me servir dans un vivier sans garde-pêche (il est interdit pas la loi de se plagier soi-même) pour alimenter l’une de ces histoires pour lesquelles je ne nourrissais alors aucun projet de publication. Je me disais que le côté lutte des classes esquissé dans mon premier roman méritait d’être développé. Du moins en éprouvais-je l’envie. C’est dans cet esprit-là que j’ai conçu la 5ème nouvelle du recueil : Trêve armée dans la lutte des classes et réécrit les mésaventures de Josette Gougeard à la plage, rebaptisée Gil. Pour l’occasion, le lecteur revisite les évènements de Mai 68 avant de revenir à ce triste présent sillonné de charrettes débordant de licenciés pour motif économique.

C’est bien malheureux, mais on se marre en lisant ! Je ne vous dis pas pourquoi car rien ne vaut l’expérience vécue d’une lecture.



mercredi 5 juin 2024

Retrouvailles à Narbonne

Comme le temps passe ! Il y a 14 ans, Diabolo pacte, alors publié par un éditeur promis à une faillite prochaine, était sélectionné pour le prix du premier roman de la ville de Saint-Lys, située à proximité de Toulouse. Nous étions cinq dans le carré final. J’ose l’écrire, faut bien rigoler (https://salondulivre.jimdofree.com/prix-de-la-ville/prix-2010/). Les lycéens devaient choisir deux œuvres dont ils mettraient en scène des extraits. Les deux élues furent Michèle Grossi pour son roman La fuite de Bertrand et moi-même. Sûr qu’avec Diabolo pacte, notamment la scène où Garin Bressol, enfant, découvre les pouvoirs de sa fronde contre ses petits bourreaux, ils étaient autorisés à sauter partout pendant les heures de cours. Ni Michèle ni moi n’ont décroché la timbale. Tandis que Bertrand fuyait et que Garin semait les borgnes sur son passage, le héros du lauréat déménageait en maison de retraite. Pas étonnant qu’il n’ait pas inspiré nos jeunes. Le spectacle qu’ils donnèrent de nos œuvres fut notre lot de consolation.

C’est à cette occasion que nous sympathisèrent, Michèle et moi.

Puis nous nous sommes perdues de vue dans la vraie vie. J’ai pu suivre Michèle sur les réseaux lors de ses tours du monde qui m’impressionnèrent. L’Antarctique me fascine.

Son éditeur n’existant plus, les aventures de Bertrand se sont arrêtées au bout de deux livres.

C’est grâce à la réédition de Diabolo pacte chez Avallon & Combe que notre deuxième rencontre a eu lieu. Remarquez que je n’ai pas écrit seconde !

En effet, j’ai passé à Narbonne le premier jour de son salon qui se tient sur le week end. Michèle fut ma première dédicace du jour et, bonne nouvelle, elle m’a confié que Bertrand avait encore des choses à dire. Puisse-t-il se remettre à parler grâce à la plume de sa créatrice ! Et puissé-je avoir à mon tour une dédicace !

Michèle Grossi et moi, salon de Saint-Lys, novembre 2010



samedi 16 mars 2024

Avocate du Diable mais, avant tout, de Diabolo pacte

Mon dernier est mon premier, et vice-versa, roman bien sûr. Aujourd’hui, le blog s’astreint à d’un exercice dont il n’est pas coutumier : faire pleurer dans vos chaumières. Je vais donc m’épancher sur le sort de mon premier roman publié, Diabolo pacte, réédité en 2023 par la magie des éditions d’Avallon.

Revenons en 2009 : la crise des subprimes bat son plein, les porte-monnaie sont vides, ou censés le devenir, ce qui, pour le moral, revient au même. C’est dans pareille liesse que surgit un OVNI dans le ciel littéraire : L’Arganier, qui publie Rufus, Pascal Lainé, Jean Colombier, prix Renaudot, bref du beau monde, fait paraître Diabolo pacte. Le titre est de moi, de même que les décors, les dialogues, l’intrigue. Enfin éditée, par une maison qui prend tout en charge ! Et ça marche ! Á Toulouse, mon Diabolo restera un an sur les tables d’Ombres Blanches, de Privat et de la FNAC. Les libraires le prescrivent, ainsi qu’un pharmacien prescrirait un antidépresseur culturel ? C’est qu’on rit tout seul en lisant.

Je reçois le prix de Médiane Organisation deux mois après sa parution. Tout paraît le mieux dans le meilleur des mondes J’ignore que le désastre est en marche. Tout va si mal que des organisateurs de prix ne recevront jamais le service de presse demandé.

Le couperet tombe en février 2011 : c’est fini, et bien fini. Sans liquidation judiciaire, pas de repreneur ! Nous nous retrouvons tous, une main devant, une main derrière, avec de malheureux exemplaires sauvés du pilon, tandis que le distributeur continue à écouler son stock.

Bilan financier : 0 centime de droits d’auteur.

Le monde de l’édition est rude et cruel ! Je ne suis pas la dernière à admettre le fait que nos éditeurs ne vivent pas perchés sur un tas d’or. Mais quelques royalties représenteraient, à mes yeux, la caution financière de la valeur intrinsèque de nos œuvres.

En 2023, résurrection chez Avallon & Combe. Voilà que Diabolo pacte obtient, en décembre, le premier prix du roman de l’Académie des Livres de Toulouse. Et je le présente en 2024 au prix du Festival du livre de Sainte-Foy-de-Peyrolières, un bon salon où les auteurs sont accueillis comme des rois si je me fie à mes souvenirs.

C’est de l’ancien, du réchauffé, diront certains que je n’oserais traiter de grincheux.

Certes écrit en 2005-2006, Diabolo pacte, en plus de faire marrer, met sur le tapis des thèmes qui occuperont le devant de l’actualité : le mariage homo (qui deviendra, légalement, le mariage pour tous), la grossesse d’une Josette Gougeard largement ménopausée. Sa charge politiquement incorrecte me semble encore plus salutaire en ces époques où le wokisme tient lieu d’éveil.

Et surtout, un thème éternel et universel : la passion littéraire, le feu artistique pour lequel je brûle encore 15 ans après le début de l’aventure de la publication, au risque de me consumer.



lundi 15 janvier 2024

Plaquage cathédrale

Dans mon dernier article, il était question de ChatGPT et de l’intelligence artificielle (IA). J’ai fait le test, demandé au Chatbot de me concocter un conte sur un enfant qui s’enfuit dans un cirque, ceci afin de le comparer avec Un enfant de la balle, une des 10 nouvelles de Coup de grain. En quelques secondes est sorti du cha(t)peau un produit racontant une histoire qui se tient mais qui n’a rien à voir avec les péripéties et la psychologie mise à jour dans ma prose. Une de mes lectrices l’a d’ailleurs remarqué.

Mais, avant, j’avais demandé au petit robot de m’écrire un article sur les écrivains en quête de lecteurs. Si je me souviens bien car, tentant de retrouver l’occurrence exacte, on me répond : Oups une erreur est survenue. Laquelle ? Mystère et boule de gomme. Pour en revenir à nos moutons (électriques, qui peuvent rêver si l’on en croit notre maître en science-fiction, Philip K. Dick), mon Chatbot, en moins de temps qu’il ne faut pour inspirer-expirer m’a pondu un article logique et argumenté. Toutefois, si je vous le donnais à lire (mais pour cela, il me faudrait résoudre l’oups-erreur), vous seriez assommé d’ennui. Peut-être l’êtes-vous déjà en lisant ces lignes. Ah ! Ah ! Ah !

Pour tenir un public en éveil, rien de tel que le rire. Je l’ai vérifié pas plus tard que le 8 décembre, lors de la remise du prix du roman de l’Académie des Livres de Toulouse. Il est 17 h passé et la cérémonie dure depuis le début de l’après-midi. C’est dire si une fatigue bien naturelle menace de s’abattre sur l’auditorium et de déconcentrer les attentions. Mes consœurs et confrères ont su défendre leurs ouvrages dans les différentes catégories. D’ailleurs, j’ai pu noter quelques futures lectures.

Vient mon tour après un moment de suspens, car je ne m’attendais à décrocher le premier prix avec Diabolo pacte. Et je ne m’attendais pas non plus à ce que Stéphanie, juré du prix du roman, monte sur l’estrade et prenne le micro pour faire l’éloge du roman et de la romancière en des termes qui m’encouragent à poursuivre l’aventure. Une aventure en forme de montagnes russes.

Arrive mon tour de prendre le micro. J’ai préparé ma prestation au cas où. Je livre la recette de Diabolo pacte. N’oublions pas que c’est un roman humoristique qui joue sur la gamme du comique : de situation, de personnages, de dialogue, de style. Puis je raconte comment j’en suis venue à écrire une histoire d’éditeur qui s’engage à publier le premier inconnu venu qui accepte de vendre son âme au Diable. J’en arrive au moment où mon Diabolo est publié chez un éditeur parisien, qu’il obtient un prix lors de mon premier salon du livre, mais que, finalement, mon éditeur fait faillite (sans me verser un centime de droits d’auteur). Mes lecteurs en ont conclu qu’il m’arrivait ce que je racontais dans mon roman. Éclat de rire dans le public. La faillite d’un éditeur, c’est aussi spectaculaire qu’un plaquage cathédrale sur un terrain de rugby. Pendant que mon roman faisait un carton, mon éditeur faisait le sien. Si tout s’était passé comme dans un conte de fées, personne n’aurait ri. Parce que le bonheur, c’est pas marrant, surtout chez les autres.

Or, juchée sur mon estrade, il me faut maintenir l’attention du public. Alors, j’improvise. Je garde ma trouvaille pour le prochain article puisque, n’étant pas un robot, je me dois de ménager mon inspiration.



jeudi 28 décembre 2023

Dernier article de 2023 : je fais le bilan de l’année.

2022 s’est achevée sur une mauvaise nouvelle, la disparition de RroyzZ éditions qui avait publié les deux premiers volets de ma saga de science-fiction, Poussière de sable, et deux excellentes, la future publication d’un recueil de nouvelles aux éditions Auzas, Coup de grain, et la réédition de mon premier roman, Diabolo pacte, aux éditions d’Avallon.

En novembre 2022, alors que j’ignorais que mon éditeur mettrait la clé sous la porte, je présente Poussière de sable, légendes ourdiniennes, au concours des Arts Littéraires de Saint-Orens. En mars, je n’ai plus d’éditeur, mais obtient la mention spéciale du jury. J’en suis fière et très heureuse pour la science-fiction dont on se méfie trop alors qu’elle parle on ne peut mieux de nos sociétés humaines.

Lors de la remise du prix, je retrouve une amie que je n’avais pas revue depuis une éternité : camarade de fac avec qui j’ai partagé un appartement à Vienne. Cathy ne devait pas y être mais, au dernier moment, une activité s’étant décommandée, elle a décidé de faire les 50 km séparant sa résidence de Saint-Orens. Synchronicité jungienne ?

Fin mai, Coup de grain et Diabolo pacte sortent des presses. Le travail éditorial effectué par les deux éditeurs est on ne peut plus sérieux. Si sérieux que je sortais des séances de relecture avec un mal de tête… inédit. La facture des deux produits est parfaite du point de vue de la mise en page et de la couverture. Bien que ma table de dédicace présente deux beaux livres, attrayants en diable, mes deux premières séances sont catastrophiques et j’en ressors absolument découragée, avec l’idée que, désormais, je n’écrirais plus pour être publiée, mais pour mon propre plaisir. Je termine toutefois les deux derniers volets de ma tétralogie de science-fiction. Mon bêta-lecteur de SF doit se remettre au turbin. J’attends encore.

Je décide donc de n’écrire que pour mon plaisir et, comme je l’avais fait en 2005 avec Diabolo pacte, je change mon fusil d’épaule et opte pour un genre différent. Je n’en dis pas plus.

Découragée, je me cache mais, auparavant, la librairie Privat (Toulouse) a programmé une dédicace pour le 23 septembre. Sur la table, j’abats mes cartes : mes nouveautés, Coup de grain et Diabolo pacte, mais aussi mon 2ème roman, Elwig de l’Auberge Froide, paru en 2014 et toujours distribué. La journée sera un franc succès qui me remettra le pied à l’étrier. Alors que pendant des années je me suis déplacée pour des clopinettes, je suis contente d’avoir quelqu’un qui désormais m’attend devant la table.

Tout en continuant les salons et les dédicaces en librairie, je présente mes nouveautés au concours de l’Académie des Livres de Toulouse. J’obtiens le 2ème prix de la nouvelle pour Coup de grain et le premier prix du roman pour Diabolo pacte. La cérémonie à lieu le 8 décembre à la Médiathèque José Cabanis. L’année finit donc on ne peut mieux.

Quelles résolutions pour 2024 ? Poursuivre les salons et les dédicaces. Un de mes souhaits : des lecteurs, des lecteurs, des lectrices, mais pas ces horribles lecteur.ice.s. Et qui vivra, verra.



mercredi 20 décembre 2023

Podium

Pour une fois, collons à l’actualité comme le maillot cycliste colle au corps.

L’évènement de ces derniers jours, c’est la remise des prix de l’Académie des Livres de Toulouse dans l’auditorium de la Médiathèque José Cabanis. Calqué sur les jeux olympiques, elle désignera, dans chaque catégorie, 3 auteurs honorés d’un podium à 3 marches.

Cette année, je concourais avec Coup de grain, recueil de nouvelles, et Diabolo pacte, mon premier roman ressuscité en 2023 dans une nouvelle peau et chez un nouvel éditeur, Avallon & Combe.

Dès mon arrivée à la Médiathèque, je suis abordée par des amis cyclotouristes pour une dédicace des deux livres en lice. C’est tout nouveau pour moi. Longtemps je me suis déplacée en salon et en librairie pour des clopinettes. Or, depuis quelque temps, je n’ai pas le temps de m’installer que j’ai quelqu’un devant la table. Dans l’auditorium, point de table : qu’à cela ne tienne, je dédicace sur mes deux genoux.

La cérémonie débute avec la remise du prix de poésie où j’ai fait partie du jury. Je communiquerai à ce sujet sur les réseaux. Puis vient le prix de la nouvelle : je monte au figuré sur la 2ème marche, fière d’être la dauphine de Betty Marescaux Tyteca pour « Bonnes nouvelles ? » publiée comme moi par les éditions Auzas.

La cérémonie se poursuit, le prix du roman suivi de la désignation de la Plume d’or distinguant un auteur prolifique. Un demi-mystère, car si on m’a laissé entrevoir un podium, j’ignore sur quelle marche le jury m’aura placée. Troisième, ni mon nom ni mon titre ne sont cités. Deuxième, non plus. Le doute n’est plus permis : Diabolo pacte est paré d’or. Une divine surprise !

Une lectrice du jury monte sur l’estrade et fait l’éloge du roman et de la romancière. Émue et honorée. J’ai préparé une allocution. Le public rit. N’ayant pas préparé d’extrait à lire, j’improvise et prie le représentant du maire, conseiller municipal chargé de la lecture publique, de me donner 2 chiffres, l’un pour le numéro de page, l’autre pour la ligne, et je lis le passage où on apprend que Josette Gougeard s’est retrouvée veuve à 35 ans. Pour un roman rigolo, ça tombe mal. La remarque fait marrer la salle. Et je suis aux anges, si j’ose dire.

Avec Samir Hajije, conseiller municipal en charge de la lecture publique


jeudi 23 novembre 2023

Du feel good qui ne voudrait pas dire son nom ?

Le livre à lire quand tout va mal – mais ce n’est pas interdit quand tout va bien. Voilà ce que je dis de Diabolo pacte quand je suis derrière la table (de dédicace) et que je veux me défaire d’un exemplaire. Car au jeu de mon Diabolo, c’est comme au Uno : à la fin c’est celui qui a le moins de cartes en main ou de livres sur la table qui gagne.

Sans avoir osé jamais user du terme, je pourrais dire que Diabolo pacte, c’est du feel good. Mais je ne le ferai pas, car user du globish pour qualifier de la littérature française, cela me semble une hérésie.

L’édition se vautre dans ce vocabulaire comme si ça allait de soi pour toutes les oreilles francophones. Les échanges entre les 2 langues, depuis le plus lointain Moyen-Âge, ont été si féconds que tout un chacun peut entendre ce qu’il va trouver en ouvrant un livre catalogué young adult, cosy mystery, new romance, et j’en passe.

En lisant du feel good, vous êtes censé vous sentir bien en refermant le livre, si ce n’est mieux.

En tout cas, ce que je peux vous dire, c’est qu’au moment où j’ai décidé d’écrire Diabolo pacte, je me sentais foutrement mal. Une rafale de lettres de refus venait d’abattre mes espoirs de voir un jour publié mon roman de science-fiction, Poussière de sable. Au lieu de me loger une balle dans la tête, j’ai pris le parti d’en rire et de sublimer mon échec avec l’histoire d’un type qui s’est attiré toutes les calamités possibles (nabot, boiteux, puceau, prof martyr qui écrit une SF qu’il ne parvient pas à faire éditer) mais qui s’en sort de façon satanément surprenante. Sans oublier ma Georgette Gougeard dont le nom est à lui seul tout un programme. Oui, je me suis bien marrée en écrivant Diabolo pacte et je ris, non de me voir si belle en ce miroir, mais d’apprendre que certains de mes lecteurs rient tout seuls en me lisant.

Ce qui fit écrire à la regrettée Liza Avinenc : « Diabolo pacte est un véritable remède contre cette morosité ambiante qui nous entoure, et devrait être, à ce titre, remboursé par la Sécurité Sociale. »

Entre une première édition chez L’Arganier et la récente résurrection chez Avallon & Combe, force est de constater que la morosité a disparu : c’est exponentiellement pire.

Si Diabolo pacte n’élude pas la question sociale – notamment en réécrivant Mai 68, pas seulement du point de vue étudiant-dian-dian, mais surtout ouvrier (pas forcément Yéyé) – je n’ai pas voulu faire de mes héroïnes et de mes héros des victimes ou des carpettes.

Chaque lecteur est libre ou non de les apprécier, de les haïr ou de s’en faire un modèle.

En tout cas, Diabolo pacte m’a fait du bien à moi car j’ai réussi à le publier 2 fois à compte d’éditeur à 14 ans d’écart.

2 titres pour le papier et le numérique


vendredi 10 novembre 2023

Un auteur travesti en vaut-il deux ?

Une tendance qui commence à faire jour dans les salons du livre : le déguisement, et pas que pour Halloween, dont, soit dit en passant, je n’ai rien à cirer.

Ce 8 octobre, j’étais dans un premier salon très réussi, en plein Gers, quand j’aperçois une invitée tout droit sortie du Moyen-Âge. Non, ce n’était pas une voyageuse temporelle, mais une romancière (ce qui me permet d’éviter l’autrice qui me crispe, si vous voulez savoir pourquoi, cliquez sur le lien) bref une romancière inspirée par Aliénor d’Aquitaine. Il faisait chaud ce dimanche-là, et Aliénor se devait d’être couverte de la tête au pied même si son nez chaussait des lunettes parfaitement anachroniques.

Donc je me dis que je devrais peut-être me déguiser en Elwig von Sankt Märgen, héroïne de cape et d’épée ayant adopté la jupe-culotte pour voyager à cheval. Peut-être qu’une cravache finirait de convaincre de futurs lecteurs hésitant à se faire la malle avec Elwig de l’Auberge Froide.

Mais j’ai plus commode. Nécessité m’est faite en effet de faire partir comme des petits pains le nouveau Diabolo pacte, très gouleyant en bouche. Non contente de me vêtir de rouge, couleur emblématique des taureaux (et j’en suis un !), je pourrai me coller sur la tête une paire de cornes (que je porte peut-être déjà sans le savoir) de diablotine. Loin de maîtriser l’art de modifier mes portraits, je me contenterai de poster les premières de couvertures, car l’important, pour m’éviter l’enfer de l’anonymat, c’est que Diabolo pacte vous fasse succomber à la tentation.



lundi 9 octobre 2023

Question de vocabulaire

La dernière chronique parue sur Diabolo pacte a failli me mettre en PLS. Un point négatif, et je mets les 2 points : vocabulaire complexe et varié difficile à comprendre et à assimiler.

Mes lecteurs en jugeront. J’ai retenu que la chroniqueuse en avait suffisamment compris pour en faire une lecture fine, dévoilant des facettes que moi, qui ne l’ai pas lu mais seulement écrit, avais omis de voir. Mais à chaque lecteur son livre. Comme le client, il est roi et je n’ai jamais trouvé rien à redire à cela.

« Le vocabulaire est un riche pâturage de mots », estimait Homère. Assisterions-nous à l’appauvrissement des pâturages ? Que nous devrions mettre sur le dos de flatulences bovines génératrices de réchauffement climatique ?

Cette chronique tombe à point, alors que je déplore le caviardage des livres de notre enfance réécrits au présent (le passé simple ne l’est peut-être pas assez, l’imparfait ne l’étant que trop) et purgé de descriptions supposées inutiles, mais chargées d’atmosphère.

Que dire du conditionnel et du subjonctif qui fait prendre du recul avec son propre discours ? Le mode est passé de mode. Et pourtant, la mise en perspective et le doute sont selon moi de solides remparts contre le fanatisme. Tiens, âpre discussion sur un réseau social au sujet d’une phrase méprisante au sujet des blondes que Milan Kundera a mis dans la bouche d’un de ses personnages. Et aussitôt notre Milan de se faire traiter d’abominable misogyne. Apparemment, certains sont persuadés que les personnages d’un roman ne sont là que pour faire passer les messages des auteurs. Confondre ce qu’un auteur pense avec ce que ses personnages disent et pensent est confondant.

Et voilà que je deviens nostalgique, me souvenant de mes années d’apprentissage où les élèves en méritaient le nom, ayant pour vocation de s’élever au-dessus de la condition de leurs parents sous la férule de maîtres exigeants.

Je repense à mon père, arrivé d’Espagne sans parler la langue d’un pays dont il avait pourtant la nationalité, à ses efforts pour se cultiver, lisant sans cesse, notant le vocabulaire dans un carnet sur lequel j’ai mis la main après le décès de Maman. Pour peu les larmes me viendraient aux yeux d’émotion.

Je ne pleurerai pas sur un futur où, faute de vocabulaire ou de patrimoine commun, nos lecteurs se raréfieront au fur et à mesure des annonces nécrologiques.

Ce qui chez moi ne passe pas crème, c’est ce mépris brandi au nez des classes populaires et des jeunes générations comme quoi lire La princesse de Clèves relèverait de l’exploit et du défi. Les unes et les autres méritent mieux que ça : la confiance dans leurs capacités et dans leur curiosité.



vendredi 15 septembre 2023

Faire feu de tout bois

Mais quel feu ? Celui de l’enfer, bien sûr, pour bien enfoncer le clou de Diabolo pacte dans les crânes. Ce roman a beau être une réédition parue chez un deuxième éditeur 13 ans après la faillite du premier, j’ai autant à cœur qu’en 2009 de le faire connaitre.

La conjoncture n’est pas plus brillante qu’alors, disons qu’elle est cent fois pire que la crise des subprimes. Une kyrielle de fléaux s’abat en effet sur l’éventuel lecteur et la potentielle lectrice : la hausse du prix des patates, le mildiou, la guerre en Ukraine, le variant piroli pirola, le genou de Romain Ntamack, la retraite qui, comme l’horizon, ne cesse de reculer au fur et à mesure qu’on s’en approche.

Sans parler des choix du consommateur qui rêve moins de garnir sa bibliothèque que de couvrir son épiderme de tatouages. Je ne parle plus du dernier smartphone de la marque Samsung, ça me fait flipper. Le Flip 5 se plie en deux. Moi, je me suis pliée en quatre pour écrire mes romans, y compris le premier, Diabolo pacte. Les éditions d’Avallon se sont beaucoup investies. Alors, pas question que le Diable demeure dans sa boîte. Lui et moi refusons comme un seul homme l’enfer de l’invisibilité.

Mais que faire pour se faire bien voir ? Apparaître chez les chroniqueurs, sur les blogs littéraires. Un minimum. Et tant que vous y êtes dîtes du bien de moi, et même du mal, pourvu qu’on en parle.

Mais j’ai plus original. En surfant sur le web en quête de salons et de prix du roman humoristique – car en lisant Diabolo pacte, on se marre – je suis tombée sur le site de l’Académie Alphonse Allais, maître de l’humour british et de l’absurde, dont j’ai dévoré l’œuvre en ma jeunesse. Nombre d’académiciens sont célébrissimes, les écrivains cités dans l'Allaisienne ne sont pas d’illustres inconnus.  De ce point de vue-là, je ne frise pas la perfection (au petit fer, aurait précisé Alphonse), j’y baigne et jusqu’au cou. C’est pour me sortir la tête de l’eau que j’ai bravé le ridicule (rassurez-vous, il ne m’a pas tuée) et me suis fendue d’un message au directeur de la publication. Peut-être me trouvera-t-il digne d’une réponse ? N’ai-je pas un point commun avec le grand Alphi ? Vous ne devinez pas lequel ? Les initiales doubles, bien sûr. Peut-être ripostera-t-il : CC de m’importuner !



 

lundi 24 juillet 2023

Bonnes vacances !

À l’école de la vie, il n’y aurait pas de vacances. Quand on ne tient plus, que le décor prend les apparences de l’enfer, reste la fuite, définitive, ou provisoire dans les paradis artificiels.

Quand on ne vit que pour écrire, c’est pareil : les vacances vous filent sous le nez. Que vous soyez écrivain reconnu ou que vous écriviez dans l’ombre du plus parfait anonymat, vous n’avez ni repos hebdomadaire, ni RTT : vous ne pensez qu’à ça.

Personnellement, je cohabite avec des personnages embrassant tout le spectre des vices et vertus, jouant sur une palette étendue d’émotions et de sentiments. Je suis à la fois Garin Bressol, Marylin, Antoine Maurier, Elwig von Sankt Märgen, François Domps, et toute une bande d’extraterrestres. 

Je dirais que c’est la phase paradisiaque qui vous transforme en démiurge, dans l’euphorie de la création, dichterische Begeisterung, enthousiasme littéraire qui balaie le moindre doute d’un coup de torchon magique.

Vient la phase de la quête d’éditeur. Obsessionnelle si elle ne trouve pas de débouché rapide. Elle peut vous conduire au divorce dans le meilleur des cas (pour les gens qui n’écrivent pas les plaintes d’un écrivant sont soûlantes), ou pire au suicide, comme le malheureux John Kennedy Toole. Je vous dis tout à son sujet dans Diabolo pacte (page 191).

Le livre est à présent tiré, il faut le vendre tandis que vous tentez de placer celui que vous venez d’achever et que vous êtes hanté par une nouvelle histoire. Vous redoutez d’apprendre que 3 mois après sa sortie, votre publication s’est vendue à 13 exemplaires juste après réception d’un énième message de refus de la part d’un éditeur, ce qui vous décourage d’écrire la suite de l’histoire que vous venez de commencer. C’est ce qui s’appelle être au four et au moulin. J’ai dit four ? Damnée je sois !

Tiens, j’ai besoin de vacances. Dans la vie, j’ai d’autres aptitudes que de martyriser un clavier d’ordinateur. Bonne nageuse. Cycliste allergique aux cols roulés en appartement, mais à l’aise dans les cols roulants et venant à bout des moins roulants. Je dis bye bye au blog tout en restant sur place. Cela vous fera des vacances.



lundi 10 juillet 2023

Écrire ou conduire

Longtemps, j’ai écrit des textes dont je fus l’unique lectrice. Puis la lubie m’a prise d’être publiée. Mal m’en a pris, car c’est alors que les emmerdes ont commencé. Jusqu’alors, je me berçais de mots que je relisais à voix haute, pour le seul plaisir de mes oreilles. Visant la perfection, il m’arrivait toutefois de me corriger. Juge et partie, j’évitais le couperet.

En 2009, quand je fus publiée pour la première fois, je sautai de joie. Après la rafale de refus essuyée par Poussière de sable, enfin un éditeur, qui plus est du Quartier Latin, misait sur Diabolo pacte, roman qui pique de sa fourche aussi bien les fesses des candidats à la publication que le cul des éditeurs.

Mes diableries ont plu. Après la crise des subprimes, cela faisait un bien fou de rire. Avant les deux ans de sa publication, l’éditeur de Diabolo pacte a mis la clé sous la porte sans que je touche un centime de droits d’auteur.

Le 17 mai 2023, Diabolo pacte ressuscite avec autant d’irrévérence, mais dans une nouvelle peau. La couverture est magnifique et parlante, le fond toujours à même de concurrencer le Lexomil et autres saloperies pharmaceutiques, sans provoquer d’effet secondaire nocif. Bref, s’il n’est pas conseillé de lire Diabolo pacte en conduisant, vous pouvez l’avaler cul sec et prendre la bagnole juste après.

Si la crise de 2008 a eu un impact négatif sur les ventes de livres, je m’aperçois que 2023 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. L’après-covid, la guerre en Ukraine, la crise de l’énergie, l’inflation etc. La liste est loin d’être close.

Certes, j’ai eu la mauvaise idée de dédicacer dans un espace Leclerc le premier jour des soldes. Un four de première ! Au point que désormais je me pose la question de l’opportunité d’une nouvelle publication.

Reste la nécessité pour moi d’écrire. Je ne la vis pas comme un sujet de fierté, encore moins de vantardise, mais comme une dépendance au même titre que le tabac, la bouffe, l’alcool, la drogue. De ce point de vue, je suis clean, étant naturellement sous mescaline du matin au soir. Ce que j’écris en atteste. L’avantage, c’est que je peux prendre la bagnole après m’être fait un shoot de Poussière de sable ou de Elwig de l’Auberge Froide. Sauf que, n’ayant pas de voiture, ça ne me sert à rien d’écrire.

Fançoise Sagan devant sa Lotus


jeudi 8 juin 2023

J’ai rêvé de paraître en poche

Quand le livre est tiré, il faut le vendre. Le vendre est une autre paire de manches que l’écrire et demande des talents que nous, auteurs, ne possédons pas forcément, surtout quand l’éditeur n’a pas accès aux prescripteurs de livres ayant l’écoute du public.

Or, l’éventuel acheteur regarde certes la couverture, le résumé, grapille quelques phrases, histoire de jauger le style. Normal quand il s’agit d’acquérir une œuvre d’art. Mais, au passage, il jette aussi un œil sur le prix. Et je me mets à sa place : Est-ce que ce livre vaut le coût ? Vais-je risquer vingt euros sur un roman dont je n’ai jamais entendu parler, à part sur les réseaux sociaux, espaces privilégiés de l’autopromotion décomplexée ?

Eh oui, le prix ! C’est alors qu’une parution en poche, bon marché par définition, tombe à point nommé. Le lecteur aurait peut-être moins de réticence à mettre la main à la poche.

Certes, des achats aussi peu utilitaires qu’un livre de fiction grèvent lourdement nos budgets : smartphone dernier cri, tatouage qui coûte la peau des fesses (je sais, c’est facile), etc. N’empêche, il n’est pas conseillé d’assener de tels arguments dans une librairie ou un salon du livre.

Donc nous sommes nombreux à rêver d’une parution en poche, la vraie : Pocket, 10-18, Livre de poche. Ou bien J’ai Lu. D’ailleurs, j’ai espéré y être éditée. Mon premier éditeur, celui de Diabolo pacte, avait une amie éditrice chez J’ai Lu. Elle aurait sélectionné trois titres de son catalogue, dont le mien. Malgré ses relances, mon éditeur n’aurait jamais obtenu de réponse. Comme quoi, dans ce milieu, la politesse est considérée comme une perte de temps… et d’argent. Je ne me risquerais pas sur l’amitié.

La suite, vous la connaissez : mon premier éditeur fait faillite, mais, miracle, Diabolo pacte vient d’être réédité. La couverture est magnifique, la 4ème de couverture alléchante, le prix de vente a été fixé à 20 , et non à 19, à la demande de la Librairie. Par contre, il paraît aussi au format électronique pour moins de 8 .

Broché ou poché, qu’importe le format. Mettre un lectorat dans sa poche n’est pas à la portée de toutes les plumes. La qualité de l’encre ne fait pas tout, il faut aussi un zeste de bol. Fait-il défaut, le ras-le-bol est proche avec la tentation de ranger ses outils, définitivement. Après tout, prendre de grands bols d’air dans la nature paraît plus sain que chercher l’inspiration en pianotant entre quatre murs sur un clavier d’ordinateur.



mercredi 24 mai 2023

Y a pas photo

Aujourd’hui je n’écrirai pas sur le fond, à savoir sur le sens ou le contenu de mes livres, je me contenterai d’effleurer la surface, de tirer à moi mes premières de couverture. Mes, façon de parler : mes couvertures sont le fruit du talent de mes différents éditeurs, mis à part le cas particulier de Coup de grain (pour en savoir plus, cliquer).

Je vais encore enfoncer une porte ouverte. La couverture constituerait l’aimant indispensable, capable de capter le regard et l’intérêt du futur lecteur. Attractive et porteuse de sens, arborant le titre et le nom de l’auteur, elle serait, en quelque sorte, le pitch en images.

Prenons un cas qui m’intéresse au plus haut point : le mien et celui de mon premier roman, Diabolo pacte, paru fin août 2009. Les couvertures de mon éditeur n’étaient pas hautes en couleurs : jaune avec un liseré rouge avec la mention facéties pour la collection du même nom. En son centre, une caricature de Boll en noir et blanc : celle de Josette Gougeard, caricature de la ménagère de plus de 50 ans. Ce type de couverture, sobre, conférait son identité à la maison d’édition. Mon nom était inconnu au bataillon, contrairement aux auteurs publiés notamment dans la prestigieuse collection blanche de Gallimard. Or, Diabolo pacte reçoit un prix littéraire à sa sortie et il est retiré… avec le bandeau du prix intégré à la couverture. Quelle fierté ! Qui ne dure guère, car la maison boit le bouillon et je retourne à ma galère. Nous sommes début 2011.

Août 2022, je tombe par hasard sur la fenêtre d’un éditeur demandeur de romans libres de droit publiés à compte d’éditeur. L’occasion faisant le larron, j’envoie Diabolo pacte. Bingo ! Il ressuscite sous une nouvelle peau, colorée en diable. Le choix de Valentine Flork, la graphiste des éditions d’Avallon sont à l’opposé. Au placard, Josette Gougeard. Marylin (toute ressemblance avec Norma Jean est volontaire) crève l’écran. Derrière sa blondeur lumineuse, se profile, dans le reflet du miroir, le profil obscur du Prince de ce Monde. Ah ! Que je ris !

En quels termes mes interviewers de la radio vont-ils décrire la couverture de mon Diabolo pacte nouvelle cuvée ? Quel sera son pouvoir d’attraction en librairie et dans les salons ?

La première réponse tombera le 7 juin. Pour en savoir plus, cliquer sur mon actualité.



vendredi 10 février 2023

Corriger, c’est la moindre correction

 

quand on est éditeur, et ce vis-à-vis des personnes qui achètent des livres. Certes, on peut objecter que ça coûte du temps et coûte de l’argent, surtout quand on fait appel à un correcteur non bénévole, de faire éplucher une œuvre sélectionnée pour la publication. Néanmoins, faire reposer le résultat uniquement sur les épaules de l’auteur est un pari audacieux.

Il m’est arrivé de relever au cours de mes lectures des changements de prénom ou de couleur de cheveux pour un même personnage et même découvert un manchot de guerre qui recouvrait son bras quelques pages plus loin.

Personnellement je relis mes textes que j’ai préalablement passés au gueuloir, afin de chasser coquilles, fautes d’orthographes et incohérences. C’est systématique mais il en reste toujours.

Donc, venant de signer 2 contrats d’édition, je suis ravie de constater qu’un travail de correction est engagé par ces 2 maisons, travail auquel je collabore et où j’ai mon mot à dire.

Diabolo pacte est en passe d’être réédité. Lors de l’édition initiale il a été passé au peigne fin par mon directeur de collection, puis par une correctrice engagée pour la sortie des livres de la rentrée de septembre.

Disons-le tout de suite, Diabolo pacte ne fait ni dans la pudibonderie ni dans le politiquement correct et se vautre avec délice dans le lit de l’irrévérence. Il est sorti à une époque pourtant pas si lointaine qui connaissait à peine le terme de wokisme. J’ai eu la bonne surprise de constater lors du retour de lecture d’une jeune chargée de mission éditoriale des éditions d’Avallon que mon Diabolo n’était pas prié de mettre de l’eau dans son soufre. De ce point de vue-là on ne me cherche pas des poux dans la tête.

Certaines remarques m’ont surprises, d’autres m’ont paru pertinentes au point que je les ai suivies et que j’ai modifié en conséquence un texte corrigé, publié et primé à sa sortie.

Il en va de même pour mon recueil de nouvelles. J’ai choisi une maison toulousaine, les éditions Auzas, pour des raisons de proximité évidentes. Mais pas que. En mars 2022, deux membres de cette maison associative assistaient à la remise des prix du concours des Arts Littéraires à Saint-Orens-de-Gameville, près de Toulouse. Un recueil inédit de mes poèmes de jeunesse recevait la mention spéciale du jury. Lors du cocktail, ces dames des éditions Auzas m’ont confié que chaque texte publié, y compris les romans, était lu à voix haute. Cette démarche m’a séduite et je suis en train de lire le texte avec les propositions de modification.

 

Recueil de nouvelles à paraître

La bosse du commerce

Un sujet qui intéressera les auteurs exposant leurs œuvres dans les salons du livre, tous avides qu’un de leurs titres trouve preneur. Vous ...