Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

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samedi 16 mars 2024

Avocate du Diable mais, avant tout, de Diabolo pacte

Mon dernier est mon premier, et vice-versa, roman bien sûr. Aujourd’hui, le blog s’astreint à d’un exercice dont il n’est pas coutumier : faire pleurer dans vos chaumières. Je vais donc m’épancher sur le sort de mon premier roman publié, Diabolo pacte, réédité en 2023 par la magie des éditions d’Avallon.

Revenons en 2009 : la crise des subprimes bat son plein, les porte-monnaie sont vides, ou censés le devenir, ce qui, pour le moral, revient au même. C’est dans pareille liesse que surgit un OVNI dans le ciel littéraire : L’Arganier, qui publie Rufus, Pascal Lainé, Jean Colombier, prix Renaudot, bref du beau monde, fait paraître Diabolo pacte. Le titre est de moi, de même que les décors, les dialogues, l’intrigue. Enfin éditée, par une maison qui prend tout en charge ! Et ça marche ! Á Toulouse, mon Diabolo restera un an sur les tables d’Ombres Blanches, de Privat et de la FNAC. Les libraires le prescrivent, ainsi qu’un pharmacien prescrirait un antidépresseur culturel ? C’est qu’on rit tout seul en lisant.

Je reçois le prix de Médiane Organisation deux mois après sa parution. Tout paraît le mieux dans le meilleur des mondes J’ignore que le désastre est en marche. Tout va si mal que des organisateurs de prix ne recevront jamais le service de presse demandé.

Le couperet tombe en février 2011 : c’est fini, et bien fini. Sans liquidation judiciaire, pas de repreneur ! Nous nous retrouvons tous, une main devant, une main derrière, avec de malheureux exemplaires sauvés du pilon, tandis que le distributeur continue à écouler son stock.

Bilan financier : 0 centime de droits d’auteur.

Le monde de l’édition est rude et cruel ! Je ne suis pas la dernière à admettre le fait que nos éditeurs ne vivent pas perchés sur un tas d’or. Mais quelques royalties représenteraient, à mes yeux, la caution financière de la valeur intrinsèque de nos œuvres.

En 2023, résurrection chez Avallon & Combe. Voilà que Diabolo pacte obtient, en décembre, le premier prix du roman de l’Académie des Livres de Toulouse. Et je le présente en 2024 au prix du Festival du livre de Sainte-Foy-de-Peyrolières, un bon salon où les auteurs sont accueillis comme des rois si je me fie à mes souvenirs.

C’est de l’ancien, du réchauffé, diront certains que je n’oserais traiter de grincheux.

Certes écrit en 2005-2006, Diabolo pacte, en plus de faire marrer, met sur le tapis des thèmes qui occuperont le devant de l’actualité : le mariage homo (qui deviendra, légalement, le mariage pour tous), la grossesse d’une Josette Gougeard largement ménopausée. Sa charge politiquement incorrecte me semble encore plus salutaire en ces époques où le wokisme tient lieu d’éveil.

Et surtout, un thème éternel et universel : la passion littéraire, le feu artistique pour lequel je brûle encore 15 ans après le début de l’aventure de la publication, au risque de me consumer.



lundi 15 janvier 2024

Plaquage cathédrale

Dans mon dernier article, il était question de ChatGPT et de l’intelligence artificielle (IA). J’ai fait le test, demandé au Chatbot de me concocter un conte sur un enfant qui s’enfuit dans un cirque, ceci afin de le comparer avec Un enfant de la balle, une des 10 nouvelles de Coup de grain. En quelques secondes est sorti du cha(t)peau un produit racontant une histoire qui se tient mais qui n’a rien à voir avec les péripéties et la psychologie mise à jour dans ma prose. Une de mes lectrices l’a d’ailleurs remarqué.

Mais, avant, j’avais demandé au petit robot de m’écrire un article sur les écrivains en quête de lecteurs. Si je me souviens bien car, tentant de retrouver l’occurrence exacte, on me répond : Oups une erreur est survenue. Laquelle ? Mystère et boule de gomme. Pour en revenir à nos moutons (électriques, qui peuvent rêver si l’on en croit notre maître en science-fiction, Philip K. Dick), mon Chatbot, en moins de temps qu’il ne faut pour inspirer-expirer m’a pondu un article logique et argumenté. Toutefois, si je vous le donnais à lire (mais pour cela, il me faudrait résoudre l’oups-erreur), vous seriez assommé d’ennui. Peut-être l’êtes-vous déjà en lisant ces lignes. Ah ! Ah ! Ah !

Pour tenir un public en éveil, rien de tel que le rire. Je l’ai vérifié pas plus tard que le 8 décembre, lors de la remise du prix du roman de l’Académie des Livres de Toulouse. Il est 17 h passé et la cérémonie dure depuis le début de l’après-midi. C’est dire si une fatigue bien naturelle menace de s’abattre sur l’auditorium et de déconcentrer les attentions. Mes consœurs et confrères ont su défendre leurs ouvrages dans les différentes catégories. D’ailleurs, j’ai pu noter quelques futures lectures.

Vient mon tour après un moment de suspens, car je ne m’attendais à décrocher le premier prix avec Diabolo pacte. Et je ne m’attendais pas non plus à ce que Stéphanie, juré du prix du roman, monte sur l’estrade et prenne le micro pour faire l’éloge du roman et de la romancière en des termes qui m’encouragent à poursuivre l’aventure. Une aventure en forme de montagnes russes.

Arrive mon tour de prendre le micro. J’ai préparé ma prestation au cas où. Je livre la recette de Diabolo pacte. N’oublions pas que c’est un roman humoristique qui joue sur la gamme du comique : de situation, de personnages, de dialogue, de style. Puis je raconte comment j’en suis venue à écrire une histoire d’éditeur qui s’engage à publier le premier inconnu venu qui accepte de vendre son âme au Diable. J’en arrive au moment où mon Diabolo est publié chez un éditeur parisien, qu’il obtient un prix lors de mon premier salon du livre, mais que, finalement, mon éditeur fait faillite (sans me verser un centime de droits d’auteur). Mes lecteurs en ont conclu qu’il m’arrivait ce que je racontais dans mon roman. Éclat de rire dans le public. La faillite d’un éditeur, c’est aussi spectaculaire qu’un plaquage cathédrale sur un terrain de rugby. Pendant que mon roman faisait un carton, mon éditeur faisait le sien. Si tout s’était passé comme dans un conte de fées, personne n’aurait ri. Parce que le bonheur, c’est pas marrant, surtout chez les autres.

Or, juchée sur mon estrade, il me faut maintenir l’attention du public. Alors, j’improvise. Je garde ma trouvaille pour le prochain article puisque, n’étant pas un robot, je me dois de ménager mon inspiration.



jeudi 28 décembre 2023

Dernier article de 2023 : je fais le bilan de l’année.

2022 s’est achevée sur une mauvaise nouvelle, la disparition de RroyzZ éditions qui avait publié les deux premiers volets de ma saga de science-fiction, Poussière de sable, et deux excellentes, la future publication d’un recueil de nouvelles aux éditions Auzas, Coup de grain, et la réédition de mon premier roman, Diabolo pacte, aux éditions d’Avallon.

En novembre 2022, alors que j’ignorais que mon éditeur mettrait la clé sous la porte, je présente Poussière de sable, légendes ourdiniennes, au concours des Arts Littéraires de Saint-Orens. En mars, je n’ai plus d’éditeur, mais obtient la mention spéciale du jury. J’en suis fière et très heureuse pour la science-fiction dont on se méfie trop alors qu’elle parle on ne peut mieux de nos sociétés humaines.

Lors de la remise du prix, je retrouve une amie que je n’avais pas revue depuis une éternité : camarade de fac avec qui j’ai partagé un appartement à Vienne. Cathy ne devait pas y être mais, au dernier moment, une activité s’étant décommandée, elle a décidé de faire les 50 km séparant sa résidence de Saint-Orens. Synchronicité jungienne ?

Fin mai, Coup de grain et Diabolo pacte sortent des presses. Le travail éditorial effectué par les deux éditeurs est on ne peut plus sérieux. Si sérieux que je sortais des séances de relecture avec un mal de tête… inédit. La facture des deux produits est parfaite du point de vue de la mise en page et de la couverture. Bien que ma table de dédicace présente deux beaux livres, attrayants en diable, mes deux premières séances sont catastrophiques et j’en ressors absolument découragée, avec l’idée que, désormais, je n’écrirais plus pour être publiée, mais pour mon propre plaisir. Je termine toutefois les deux derniers volets de ma tétralogie de science-fiction. Mon bêta-lecteur de SF doit se remettre au turbin. J’attends encore.

Je décide donc de n’écrire que pour mon plaisir et, comme je l’avais fait en 2005 avec Diabolo pacte, je change mon fusil d’épaule et opte pour un genre différent. Je n’en dis pas plus.

Découragée, je me cache mais, auparavant, la librairie Privat (Toulouse) a programmé une dédicace pour le 23 septembre. Sur la table, j’abats mes cartes : mes nouveautés, Coup de grain et Diabolo pacte, mais aussi mon 2ème roman, Elwig de l’Auberge Froide, paru en 2014 et toujours distribué. La journée sera un franc succès qui me remettra le pied à l’étrier. Alors que pendant des années je me suis déplacée pour des clopinettes, je suis contente d’avoir quelqu’un qui désormais m’attend devant la table.

Tout en continuant les salons et les dédicaces en librairie, je présente mes nouveautés au concours de l’Académie des Livres de Toulouse. J’obtiens le 2ème prix de la nouvelle pour Coup de grain et le premier prix du roman pour Diabolo pacte. La cérémonie à lieu le 8 décembre à la Médiathèque José Cabanis. L’année finit donc on ne peut mieux.

Quelles résolutions pour 2024 ? Poursuivre les salons et les dédicaces. Un de mes souhaits : des lecteurs, des lecteurs, des lectrices, mais pas ces horribles lecteur.ice.s. Et qui vivra, verra.



mercredi 20 décembre 2023

Podium

Pour une fois, collons à l’actualité comme le maillot cycliste colle au corps.

L’évènement de ces derniers jours, c’est la remise des prix de l’Académie des Livres de Toulouse dans l’auditorium de la Médiathèque José Cabanis. Calqué sur les jeux olympiques, elle désignera, dans chaque catégorie, 3 auteurs honorés d’un podium à 3 marches.

Cette année, je concourais avec Coup de grain, recueil de nouvelles, et Diabolo pacte, mon premier roman ressuscité en 2023 dans une nouvelle peau et chez un nouvel éditeur, Avallon & Combe.

Dès mon arrivée à la Médiathèque, je suis abordée par des amis cyclotouristes pour une dédicace des deux livres en lice. C’est tout nouveau pour moi. Longtemps je me suis déplacée en salon et en librairie pour des clopinettes. Or, depuis quelque temps, je n’ai pas le temps de m’installer que j’ai quelqu’un devant la table. Dans l’auditorium, point de table : qu’à cela ne tienne, je dédicace sur mes deux genoux.

La cérémonie débute avec la remise du prix de poésie où j’ai fait partie du jury. Je communiquerai à ce sujet sur les réseaux. Puis vient le prix de la nouvelle : je monte au figuré sur la 2ème marche, fière d’être la dauphine de Betty Marescaux Tyteca pour « Bonnes nouvelles ? » publiée comme moi par les éditions Auzas.

La cérémonie se poursuit, le prix du roman suivi de la désignation de la Plume d’or distinguant un auteur prolifique. Un demi-mystère, car si on m’a laissé entrevoir un podium, j’ignore sur quelle marche le jury m’aura placée. Troisième, ni mon nom ni mon titre ne sont cités. Deuxième, non plus. Le doute n’est plus permis : Diabolo pacte est paré d’or. Une divine surprise !

Une lectrice du jury monte sur l’estrade et fait l’éloge du roman et de la romancière. Émue et honorée. J’ai préparé une allocution. Le public rit. N’ayant pas préparé d’extrait à lire, j’improvise et prie le représentant du maire, conseiller municipal chargé de la lecture publique, de me donner 2 chiffres, l’un pour le numéro de page, l’autre pour la ligne, et je lis le passage où on apprend que Josette Gougeard s’est retrouvée veuve à 35 ans. Pour un roman rigolo, ça tombe mal. La remarque fait marrer la salle. Et je suis aux anges, si j’ose dire.

Avec Samir Hajije, conseiller municipal en charge de la lecture publique


jeudi 23 novembre 2023

Du feel good qui ne voudrait pas dire son nom ?

Le livre à lire quand tout va mal – mais ce n’est pas interdit quand tout va bien. Voilà ce que je dis de Diabolo pacte quand je suis derrière la table (de dédicace) et que je veux me défaire d’un exemplaire. Car au jeu de mon Diabolo, c’est comme au Uno : à la fin c’est celui qui a le moins de cartes en main ou de livres sur la table qui gagne.

Sans avoir osé jamais user du terme, je pourrais dire que Diabolo pacte, c’est du feel good. Mais je ne le ferai pas, car user du globish pour qualifier de la littérature française, cela me semble une hérésie.

L’édition se vautre dans ce vocabulaire comme si ça allait de soi pour toutes les oreilles francophones. Les échanges entre les 2 langues, depuis le plus lointain Moyen-Âge, ont été si féconds que tout un chacun peut entendre ce qu’il va trouver en ouvrant un livre catalogué young adult, cosy mystery, new romance, et j’en passe.

En lisant du feel good, vous êtes censé vous sentir bien en refermant le livre, si ce n’est mieux.

En tout cas, ce que je peux vous dire, c’est qu’au moment où j’ai décidé d’écrire Diabolo pacte, je me sentais foutrement mal. Une rafale de lettres de refus venait d’abattre mes espoirs de voir un jour publié mon roman de science-fiction, Poussière de sable. Au lieu de me loger une balle dans la tête, j’ai pris le parti d’en rire et de sublimer mon échec avec l’histoire d’un type qui s’est attiré toutes les calamités possibles (nabot, boiteux, puceau, prof martyr qui écrit une SF qu’il ne parvient pas à faire éditer) mais qui s’en sort de façon satanément surprenante. Sans oublier ma Georgette Gougeard dont le nom est à lui seul tout un programme. Oui, je me suis bien marrée en écrivant Diabolo pacte et je ris, non de me voir si belle en ce miroir, mais d’apprendre que certains de mes lecteurs rient tout seuls en me lisant.

Ce qui fit écrire à la regrettée Liza Avinenc : « Diabolo pacte est un véritable remède contre cette morosité ambiante qui nous entoure, et devrait être, à ce titre, remboursé par la Sécurité Sociale. »

Entre une première édition chez L’Arganier et la récente résurrection chez Avallon & Combe, force est de constater que la morosité a disparu : c’est exponentiellement pire.

Si Diabolo pacte n’élude pas la question sociale – notamment en réécrivant Mai 68, pas seulement du point de vue étudiant-dian-dian, mais surtout ouvrier (pas forcément Yéyé) – je n’ai pas voulu faire de mes héroïnes et de mes héros des victimes ou des carpettes.

Chaque lecteur est libre ou non de les apprécier, de les haïr ou de s’en faire un modèle.

En tout cas, Diabolo pacte m’a fait du bien à moi car j’ai réussi à le publier 2 fois à compte d’éditeur à 14 ans d’écart.

2 titres pour le papier et le numérique


vendredi 10 novembre 2023

Un auteur travesti en vaut-il deux ?

Une tendance qui commence à faire jour dans les salons du livre : le déguisement, et pas que pour Halloween, dont, soit dit en passant, je n’ai rien à cirer.

Ce 8 octobre, j’étais dans un premier salon très réussi, en plein Gers, quand j’aperçois une invitée tout droit sortie du Moyen-Âge. Non, ce n’était pas une voyageuse temporelle, mais une romancière (ce qui me permet d’éviter l’autrice qui me crispe, si vous voulez savoir pourquoi, cliquez sur le lien) bref une romancière inspirée par Aliénor d’Aquitaine. Il faisait chaud ce dimanche-là, et Aliénor se devait d’être couverte de la tête au pied même si son nez chaussait des lunettes parfaitement anachroniques.

Donc je me dis que je devrais peut-être me déguiser en Elwig von Sankt Märgen, héroïne de cape et d’épée ayant adopté la jupe-culotte pour voyager à cheval. Peut-être qu’une cravache finirait de convaincre de futurs lecteurs hésitant à se faire la malle avec Elwig de l’Auberge Froide.

Mais j’ai plus commode. Nécessité m’est faite en effet de faire partir comme des petits pains le nouveau Diabolo pacte, très gouleyant en bouche. Non contente de me vêtir de rouge, couleur emblématique des taureaux (et j’en suis un !), je pourrai me coller sur la tête une paire de cornes (que je porte peut-être déjà sans le savoir) de diablotine. Loin de maîtriser l’art de modifier mes portraits, je me contenterai de poster les premières de couvertures, car l’important, pour m’éviter l’enfer de l’anonymat, c’est que Diabolo pacte vous fasse succomber à la tentation.



lundi 9 octobre 2023

Question de vocabulaire

La dernière chronique parue sur Diabolo pacte a failli me mettre en PLS. Un point négatif, et je mets les 2 points : vocabulaire complexe et varié difficile à comprendre et à assimiler.

Mes lecteurs en jugeront. J’ai retenu que la chroniqueuse en avait suffisamment compris pour en faire une lecture fine, dévoilant des facettes que moi, qui ne l’ai pas lu mais seulement écrit, avais omis de voir. Mais à chaque lecteur son livre. Comme le client, il est roi et je n’ai jamais trouvé rien à redire à cela.

« Le vocabulaire est un riche pâturage de mots », estimait Homère. Assisterions-nous à l’appauvrissement des pâturages ? Que nous devrions mettre sur le dos de flatulences bovines génératrices de réchauffement climatique ?

Cette chronique tombe à point, alors que je déplore le caviardage des livres de notre enfance réécrits au présent (le passé simple ne l’est peut-être pas assez, l’imparfait ne l’étant que trop) et purgé de descriptions supposées inutiles, mais chargées d’atmosphère.

Que dire du conditionnel et du subjonctif qui fait prendre du recul avec son propre discours ? Le mode est passé de mode. Et pourtant, la mise en perspective et le doute sont selon moi de solides remparts contre le fanatisme. Tiens, âpre discussion sur un réseau social au sujet d’une phrase méprisante au sujet des blondes que Milan Kundera a mis dans la bouche d’un de ses personnages. Et aussitôt notre Milan de se faire traiter d’abominable misogyne. Apparemment, certains sont persuadés que les personnages d’un roman ne sont là que pour faire passer les messages des auteurs. Confondre ce qu’un auteur pense avec ce que ses personnages disent et pensent est confondant.

Et voilà que je deviens nostalgique, me souvenant de mes années d’apprentissage où les élèves en méritaient le nom, ayant pour vocation de s’élever au-dessus de la condition de leurs parents sous la férule de maîtres exigeants.

Je repense à mon père, arrivé d’Espagne sans parler la langue d’un pays dont il avait pourtant la nationalité, à ses efforts pour se cultiver, lisant sans cesse, notant le vocabulaire dans un carnet sur lequel j’ai mis la main après le décès de Maman. Pour peu les larmes me viendraient aux yeux d’émotion.

Je ne pleurerai pas sur un futur où, faute de vocabulaire ou de patrimoine commun, nos lecteurs se raréfieront au fur et à mesure des annonces nécrologiques.

Ce qui chez moi ne passe pas crème, c’est ce mépris brandi au nez des classes populaires et des jeunes générations comme quoi lire La princesse de Clèves relèverait de l’exploit et du défi. Les unes et les autres méritent mieux que ça : la confiance dans leurs capacités et dans leur curiosité.



vendredi 15 septembre 2023

Faire feu de tout bois

Mais quel feu ? Celui de l’enfer, bien sûr, pour bien enfoncer le clou de Diabolo pacte dans les crânes. Ce roman a beau être une réédition parue chez un deuxième éditeur 13 ans après la faillite du premier, j’ai autant à cœur qu’en 2009 de le faire connaitre.

La conjoncture n’est pas plus brillante qu’alors, disons qu’elle est cent fois pire que la crise des subprimes. Une kyrielle de fléaux s’abat en effet sur l’éventuel lecteur et la potentielle lectrice : la hausse du prix des patates, le mildiou, la guerre en Ukraine, le variant piroli pirola, le genou de Romain Ntamack, la retraite qui, comme l’horizon, ne cesse de reculer au fur et à mesure qu’on s’en approche.

Sans parler des choix du consommateur qui rêve moins de garnir sa bibliothèque que de couvrir son épiderme de tatouages. Je ne parle plus du dernier smartphone de la marque Samsung, ça me fait flipper. Le Flip 5 se plie en deux. Moi, je me suis pliée en quatre pour écrire mes romans, y compris le premier, Diabolo pacte. Les éditions d’Avallon se sont beaucoup investies. Alors, pas question que le Diable demeure dans sa boîte. Lui et moi refusons comme un seul homme l’enfer de l’invisibilité.

Mais que faire pour se faire bien voir ? Apparaître chez les chroniqueurs, sur les blogs littéraires. Un minimum. Et tant que vous y êtes dîtes du bien de moi, et même du mal, pourvu qu’on en parle.

Mais j’ai plus original. En surfant sur le web en quête de salons et de prix du roman humoristique – car en lisant Diabolo pacte, on se marre – je suis tombée sur le site de l’Académie Alphonse Allais, maître de l’humour british et de l’absurde, dont j’ai dévoré l’œuvre en ma jeunesse. Nombre d’académiciens sont célébrissimes, les écrivains cités dans l'Allaisienne ne sont pas d’illustres inconnus.  De ce point de vue-là, je ne frise pas la perfection (au petit fer, aurait précisé Alphonse), j’y baigne et jusqu’au cou. C’est pour me sortir la tête de l’eau que j’ai bravé le ridicule (rassurez-vous, il ne m’a pas tuée) et me suis fendue d’un message au directeur de la publication. Peut-être me trouvera-t-il digne d’une réponse ? N’ai-je pas un point commun avec le grand Alphi ? Vous ne devinez pas lequel ? Les initiales doubles, bien sûr. Peut-être ripostera-t-il : CC de m’importuner !



 

lundi 24 juillet 2023

Bonnes vacances !

À l’école de la vie, il n’y aurait pas de vacances. Quand on ne tient plus, que le décor prend les apparences de l’enfer, reste la fuite, définitive, ou provisoire dans les paradis artificiels.

Quand on ne vit que pour écrire, c’est pareil : les vacances vous filent sous le nez. Que vous soyez écrivain reconnu ou que vous écriviez dans l’ombre du plus parfait anonymat, vous n’avez ni repos hebdomadaire, ni RTT : vous ne pensez qu’à ça.

Personnellement, je cohabite avec des personnages embrassant tout le spectre des vices et vertus, jouant sur une palette étendue d’émotions et de sentiments. Je suis à la fois Garin Bressol, Marylin, Antoine Maurier, Elwig von Sankt Märgen, François Domps, et toute une bande d’extraterrestres. 

Je dirais que c’est la phase paradisiaque qui vous transforme en démiurge, dans l’euphorie de la création, dichterische Begeisterung, enthousiasme littéraire qui balaie le moindre doute d’un coup de torchon magique.

Vient la phase de la quête d’éditeur. Obsessionnelle si elle ne trouve pas de débouché rapide. Elle peut vous conduire au divorce dans le meilleur des cas (pour les gens qui n’écrivent pas les plaintes d’un écrivant sont soûlantes), ou pire au suicide, comme le malheureux John Kennedy Toole. Je vous dis tout à son sujet dans Diabolo pacte (page 191).

Le livre est à présent tiré, il faut le vendre tandis que vous tentez de placer celui que vous venez d’achever et que vous êtes hanté par une nouvelle histoire. Vous redoutez d’apprendre que 3 mois après sa sortie, votre publication s’est vendue à 13 exemplaires juste après réception d’un énième message de refus de la part d’un éditeur, ce qui vous décourage d’écrire la suite de l’histoire que vous venez de commencer. C’est ce qui s’appelle être au four et au moulin. J’ai dit four ? Damnée je sois !

Tiens, j’ai besoin de vacances. Dans la vie, j’ai d’autres aptitudes que de martyriser un clavier d’ordinateur. Bonne nageuse. Cycliste allergique aux cols roulés en appartement, mais à l’aise dans les cols roulants et venant à bout des moins roulants. Je dis bye bye au blog tout en restant sur place. Cela vous fera des vacances.



lundi 10 juillet 2023

Écrire ou conduire

Longtemps, j’ai écrit des textes dont je fus l’unique lectrice. Puis la lubie m’a prise d’être publiée. Mal m’en a pris, car c’est alors que les emmerdes ont commencé. Jusqu’alors, je me berçais de mots que je relisais à voix haute, pour le seul plaisir de mes oreilles. Visant la perfection, il m’arrivait toutefois de me corriger. Juge et partie, j’évitais le couperet.

En 2009, quand je fus publiée pour la première fois, je sautai de joie. Après la rafale de refus essuyée par Poussière de sable, enfin un éditeur, qui plus est du Quartier Latin, misait sur Diabolo pacte, roman qui pique de sa fourche aussi bien les fesses des candidats à la publication que le cul des éditeurs.

Mes diableries ont plu. Après la crise des subprimes, cela faisait un bien fou de rire. Avant les deux ans de sa publication, l’éditeur de Diabolo pacte a mis la clé sous la porte sans que je touche un centime de droits d’auteur.

Le 17 mai 2023, Diabolo pacte ressuscite avec autant d’irrévérence, mais dans une nouvelle peau. La couverture est magnifique et parlante, le fond toujours à même de concurrencer le Lexomil et autres saloperies pharmaceutiques, sans provoquer d’effet secondaire nocif. Bref, s’il n’est pas conseillé de lire Diabolo pacte en conduisant, vous pouvez l’avaler cul sec et prendre la bagnole juste après.

Si la crise de 2008 a eu un impact négatif sur les ventes de livres, je m’aperçois que 2023 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. L’après-covid, la guerre en Ukraine, la crise de l’énergie, l’inflation etc. La liste est loin d’être close.

Certes, j’ai eu la mauvaise idée de dédicacer dans un espace Leclerc le premier jour des soldes. Un four de première ! Au point que désormais je me pose la question de l’opportunité d’une nouvelle publication.

Reste la nécessité pour moi d’écrire. Je ne la vis pas comme un sujet de fierté, encore moins de vantardise, mais comme une dépendance au même titre que le tabac, la bouffe, l’alcool, la drogue. De ce point de vue, je suis clean, étant naturellement sous mescaline du matin au soir. Ce que j’écris en atteste. L’avantage, c’est que je peux prendre la bagnole après m’être fait un shoot de Poussière de sable ou de Elwig de l’Auberge Froide. Sauf que, n’ayant pas de voiture, ça ne me sert à rien d’écrire.

Fançoise Sagan devant sa Lotus


jeudi 8 juin 2023

J’ai rêvé de paraître en poche

Quand le livre est tiré, il faut le vendre. Le vendre est une autre paire de manches que l’écrire et demande des talents que nous, auteurs, ne possédons pas forcément, surtout quand l’éditeur n’a pas accès aux prescripteurs de livres ayant l’écoute du public.

Or, l’éventuel acheteur regarde certes la couverture, le résumé, grapille quelques phrases, histoire de jauger le style. Normal quand il s’agit d’acquérir une œuvre d’art. Mais, au passage, il jette aussi un œil sur le prix. Et je me mets à sa place : Est-ce que ce livre vaut le coût ? Vais-je risquer vingt euros sur un roman dont je n’ai jamais entendu parler, à part sur les réseaux sociaux, espaces privilégiés de l’autopromotion décomplexée ?

Eh oui, le prix ! C’est alors qu’une parution en poche, bon marché par définition, tombe à point nommé. Le lecteur aurait peut-être moins de réticence à mettre la main à la poche.

Certes, des achats aussi peu utilitaires qu’un livre de fiction grèvent lourdement nos budgets : smartphone dernier cri, tatouage qui coûte la peau des fesses (je sais, c’est facile), etc. N’empêche, il n’est pas conseillé d’assener de tels arguments dans une librairie ou un salon du livre.

Donc nous sommes nombreux à rêver d’une parution en poche, la vraie : Pocket, 10-18, Livre de poche. Ou bien J’ai Lu. D’ailleurs, j’ai espéré y être éditée. Mon premier éditeur, celui de Diabolo pacte, avait une amie éditrice chez J’ai Lu. Elle aurait sélectionné trois titres de son catalogue, dont le mien. Malgré ses relances, mon éditeur n’aurait jamais obtenu de réponse. Comme quoi, dans ce milieu, la politesse est considérée comme une perte de temps… et d’argent. Je ne me risquerais pas sur l’amitié.

La suite, vous la connaissez : mon premier éditeur fait faillite, mais, miracle, Diabolo pacte vient d’être réédité. La couverture est magnifique, la 4ème de couverture alléchante, le prix de vente a été fixé à 20 , et non à 19, à la demande de la Librairie. Par contre, il paraît aussi au format électronique pour moins de 8 .

Broché ou poché, qu’importe le format. Mettre un lectorat dans sa poche n’est pas à la portée de toutes les plumes. La qualité de l’encre ne fait pas tout, il faut aussi un zeste de bol. Fait-il défaut, le ras-le-bol est proche avec la tentation de ranger ses outils, définitivement. Après tout, prendre de grands bols d’air dans la nature paraît plus sain que chercher l’inspiration en pianotant entre quatre murs sur un clavier d’ordinateur.



mercredi 24 mai 2023

Y a pas photo

Aujourd’hui je n’écrirai pas sur le fond, à savoir sur le sens ou le contenu de mes livres, je me contenterai d’effleurer la surface, de tirer à moi mes premières de couverture. Mes, façon de parler : mes couvertures sont le fruit du talent de mes différents éditeurs, mis à part le cas particulier de Coup de grain (pour en savoir plus, cliquer).

Je vais encore enfoncer une porte ouverte. La couverture constituerait l’aimant indispensable, capable de capter le regard et l’intérêt du futur lecteur. Attractive et porteuse de sens, arborant le titre et le nom de l’auteur, elle serait, en quelque sorte, le pitch en images.

Prenons un cas qui m’intéresse au plus haut point : le mien et celui de mon premier roman, Diabolo pacte, paru fin août 2009. Les couvertures de mon éditeur n’étaient pas hautes en couleurs : jaune avec un liseré rouge avec la mention facéties pour la collection du même nom. En son centre, une caricature de Boll en noir et blanc : celle de Josette Gougeard, caricature de la ménagère de plus de 50 ans. Ce type de couverture, sobre, conférait son identité à la maison d’édition. Mon nom était inconnu au bataillon, contrairement aux auteurs publiés notamment dans la prestigieuse collection blanche de Gallimard. Or, Diabolo pacte reçoit un prix littéraire à sa sortie et il est retiré… avec le bandeau du prix intégré à la couverture. Quelle fierté ! Qui ne dure guère, car la maison boit le bouillon et je retourne à ma galère. Nous sommes début 2011.

Août 2022, je tombe par hasard sur la fenêtre d’un éditeur demandeur de romans libres de droit publiés à compte d’éditeur. L’occasion faisant le larron, j’envoie Diabolo pacte. Bingo ! Il ressuscite sous une nouvelle peau, colorée en diable. Le choix de Valentine Flork, la graphiste des éditions d’Avallon sont à l’opposé. Au placard, Josette Gougeard. Marylin (toute ressemblance avec Norma Jean est volontaire) crève l’écran. Derrière sa blondeur lumineuse, se profile, dans le reflet du miroir, le profil obscur du Prince de ce Monde. Ah ! Que je ris !

En quels termes mes interviewers de la radio vont-ils décrire la couverture de mon Diabolo pacte nouvelle cuvée ? Quel sera son pouvoir d’attraction en librairie et dans les salons ?

La première réponse tombera le 7 juin. Pour en savoir plus, cliquer sur mon actualité.



vendredi 10 février 2023

Corriger, c’est la moindre correction

 

quand on est éditeur, et ce vis-à-vis des personnes qui achètent des livres. Certes, on peut objecter que ça coûte du temps et coûte de l’argent, surtout quand on fait appel à un correcteur non bénévole, de faire éplucher une œuvre sélectionnée pour la publication. Néanmoins, faire reposer le résultat uniquement sur les épaules de l’auteur est un pari audacieux.

Il m’est arrivé de relever au cours de mes lectures des changements de prénom ou de couleur de cheveux pour un même personnage et même découvert un manchot de guerre qui recouvrait son bras quelques pages plus loin.

Personnellement je relis mes textes que j’ai préalablement passés au gueuloir, afin de chasser coquilles, fautes d’orthographes et incohérences. C’est systématique mais il en reste toujours.

Donc, venant de signer 2 contrats d’édition, je suis ravie de constater qu’un travail de correction est engagé par ces 2 maisons, travail auquel je collabore et où j’ai mon mot à dire.

Diabolo pacte est en passe d’être réédité. Lors de l’édition initiale il a été passé au peigne fin par mon directeur de collection, puis par une correctrice engagée pour la sortie des livres de la rentrée de septembre.

Disons-le tout de suite, Diabolo pacte ne fait ni dans la pudibonderie ni dans le politiquement correct et se vautre avec délice dans le lit de l’irrévérence. Il est sorti à une époque pourtant pas si lointaine qui connaissait à peine le terme de wokisme. J’ai eu la bonne surprise de constater lors du retour de lecture d’une jeune chargée de mission éditoriale des éditions d’Avallon que mon Diabolo n’était pas prié de mettre de l’eau dans son soufre. De ce point de vue-là on ne me cherche pas des poux dans la tête.

Certaines remarques m’ont surprises, d’autres m’ont paru pertinentes au point que je les ai suivies et que j’ai modifié en conséquence un texte corrigé, publié et primé à sa sortie.

Il en va de même pour mon recueil de nouvelles. J’ai choisi une maison toulousaine, les éditions Auzas, pour des raisons de proximité évidentes. Mais pas que. En mars 2022, deux membres de cette maison associative assistaient à la remise des prix du concours des Arts Littéraires à Saint-Orens-de-Gameville, près de Toulouse. Un recueil inédit de mes poèmes de jeunesse recevait la mention spéciale du jury. Lors du cocktail, ces dames des éditions Auzas m’ont confié que chaque texte publié, y compris les romans, était lu à voix haute. Cette démarche m’a séduite et je suis en train de lire le texte avec les propositions de modification.

 

Recueil de nouvelles à paraître

mercredi 1 février 2023

L’art délicat de la dédicace

Vous qui lisez ce blog – et j’espère que vous n’êtes pas tous auteurs – vous avez peut-être entendu parler de ces séances où l’auteur – ou la locomautrice – se retrouve derrière une table couverte de sa production littéraire et attend le futur lecteur ou espérée lectrice qui sollicitera sa signature assortie d’un petit mot sur la page de titre.

C’est en effet l’achat qui confère de la valeur au livre publié et tiré.

Ces séances peuvent se dérouler en salon du livre en compagnie de confrères et consœurs ou en librairie.

Je me souviens de ma première séance à la maison de la presse d’une localité du Tarn-et-Garonne. Ma première signature fut à l’adresse d’un fossoyeur à la retraite. Ce détail augurait-il de l’avenir ? Sacré Diabolo pacte !

Je me munis toujours d’un beau stylo, manière de signifier le respect que je porte à mes éventuels lecteurs. Depuis, j’en suis revenue après avoir vu de simples bics s’épuiser à la chaîne tandis que chômait mon bel outil.

Il m’est même arrivé de prêter mon précieux stylo.

Puis-je vous l’emprunter pour faire un chèque ?

Bien sûr, l’achat n’avait rien à voir avec l’un de mes livres.

Pouvez-vous garder mon caddy pendant que je fais les courses ?

C’était dans une librairie aveyronnaise. J’ai veillé en gardant un œil sur une rangée de poireaux. Rassurez-vous, personne ne m’a lancé des tomates.

Je me souviens aussi de ma première dédicace improvisée en allemand. Elwig de l’Auberge Froide attirait l’épouse d’un airbusien, d’une Japonaise employée au Bureau International du Travail au salon du livre de Genève, de ma joie toujours renouvelée de dédicacer Diabolo pacte, mon thriller franco-allemand et ma saga de science-fiction, Poussière de sable, notamment pour un cadeau à un surnommé « Jeep ».

Je me souviens que lors d’un salon j’ai été saluée par un

Je vous ai vue à la télé.

Fameux coup de pouce en effet.

Et j’en viens au cœur de la question : qu’est-ce qui peut vous pousser à découvrir un auteur dans un salon, mis à part les première et quatrième de couverture ?

J’avoue que je n’ai pas la réponse.

Si vous en avez une ou plusieurs, je suis preneuse.

Salon du livre de Paris


jeudi 5 janvier 2023

Comment je ne suis pas devenue autrice

Donnons au blog son os à ronger. Peut-être y trouvera-t-il sa substantifique moelle, avant d’aborder les deux évènements marquants de ma vie littéraire de ce début d’année : la réédition de Diabolo pacte (article rédigé alors que je ne connaissais pas les éditions d'Avallon) et la parution de Vue courte et pattes d’eph.

Depuis que le mot est entré en scène par le biais de la féminisation à tout crin des substantifs pour faire inclusif, je tourne autour du pot, telle une poule rechignant à plonger dans la marmite. Bref, au lieu de dire que je suis autrice, je réponds romancière, n’osant m’attribuer ce merveilleux nom d’écrivain que je n’oserais affubler d’un e à même de lui faire perdre sa charge magique.

Quelques années auparavant je m’étais exprimée sur la question dans Diabolo pacte, roman qui tourne autour des livres et du monde de l’édition. Je vous offre aimablement quelques extraits :

Le troisième auteur était une auteure. C’est ainsi qu’elle se présenta au grand dam du prof de français qui sommeillait en Bressol et qui penchait plutôt pour la règle commune : emmerdeur, emmerdeuse, auteur, auteuse. Toujours est-il que, eure ou euse, celle-ci brûlait de l’ambition de devenir écrivaine mais en dix pages Bressol eut largement le temps de se persuader que de ce point de vue-là elle était grillée, et même calcinée.

Donc, du jour au lendemain, j’ai appris que j’étais autrice, du moins que c’est ainsi que je devais me nommer auprès de mes consœurs et confrères, lectrices et lecteurs et même auprès du concierge et du facteur venant me présenter le calendrier de la poste, tradition à laquelle je ne faillis jamais, étant moi-même la fille du facteur.

Et tout de suite, j’ai dit non, je ne dirai pas ce qu’on a décrété que je devais dire.

J’ai coupé la poire en deux, plaisantant que je préférais qu’on me prît pour une locomautrice, cette folle du logis, l’imagination, entraînant le lecteur (et la lectrice) dans des lieux où il n’aurait jamais mis les pieds sans le souffle de ma plume.

Dernièrement, j’étais derrière ma table de dédicace, en plein froid d’un marché de Noël, quand un jeune couple s’est penché sur mes romans, notamment ma saga de SF, Poussière de sable. Et voilà que j’entends : Vous êtes une autrice…Je ne me souviens plus de la suite. Et je me suis posée la question :

Pourquoi ce p… de mot te dérange tant ? Tout le monde l’emploie maintenant.

Je me suis dit, il est dans la lignée de acteur actrice, amateur amatrice. Et puis j’ai trouvé. J’ai mis le doigt où ça me faisait mal. Ce qui m’a choqué, c’est la célérité des gens (qu’ils écrivent ou qu’ils lisent) à adopter le comportement qu’on attend d’eux.

Ces trois dernières années m’ont conforté, hélas, dans mon malaise. La majorité s’est conformée à des inj.on.e.c.tions paradoxales. Et la dernière :

Baissez le chauffage, éteignez la lumière, décalez la lessive. Replongez dans le précédent article et vous saurez ce que j’en pense.

Vaut-il la peine de monter sur ses ergots pour si peu ? Mais c’est peu à peu que le conformisme gagne. Petit bout par petit bout qu’est rogné le territoire de la libre expression avec l’éviction de termes non conformes à la doxa.

Je suis une romancière transgenre qui se balade de la SF au roman contemporain, je n’écris pas au féminin, je suis une femme née au XXème siècle qui écrit avec ses tripes, son cœur et son cerveau (dans le désordre) et ce qui me gêne, quand j’écris, ce n’est pas le teur ou le trice, c’est de devoir quitter le clavier pour m’atteler à la tambouille ou prendre le plumeau pour ne pas disparaître sous la poussière qui, chez moi, n’est pas toujours de sable.



vendredi 2 décembre 2022

Les livres aussi sont orphelins

Pour la deuxième fois au cours de ce que je n’ose appeler ma carrière littéraire (mais quand même !) le malheur frappe à ma porte. J’exagère à peine. Depuis quelque temps je pressentais qu’une tuile allait me tomber sur la tête, que le destin était en route et je connaissais d’avance le résultat : mon éditeur, celui de Poussière de sable, met la clé sous la porte au 31 décembre. Nous, ses auteurs, avons reçu un long message nous expliquant ses raisons et ses difficultés. J’ignore comment l’ont pris mes consœurs et mes confrères. Personnellement, je regrette que notre collaboration s’arrête - plus que satisfaite du poids, du prix et du graphisme de mes livres- d’autant plus qu’il reste les deux derniers volets de Poussière de sable à publier avec les premières de couverture géniales arborant le thème de l’œil. Comment je vais faire ? Je n’en sais rien. Un éditeur ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, qui plus est pour clore une tétralogie.

J’ai déjà achevé le 3ème volet qui se déroule dans une société totalitaire et j’étais en train de retravailler le 4ème et dernier. Cette nouvelle m’a coupé la chique et j’ai stoppé net. À quoi bon ? Je n’ai plus d’éditeur.

Heureusement, un recueil de mes nouvelles a été accepté chez un éditeur toulousain qui est en train de le passer au gueuloir.

Voilà plus de 10 ans, mon premier éditeur arrêtait son activité. Sale coup pour Diabolo pacte, même pas deux ans après sa sortie. Ne me restait plus qu’à vendre dans les salons les exemplaires sauvés du pilon. Mais un livre qui n’a plus d’éditeur est en quelque sorte orphelin. Sortez vos mouchoirs ! Quelle ironie pour un premier roman qui met en scène un éditeur qui fait le pari de publier le premier venu prêt à vendre son âme au diable et un auteur de science-fiction grugé par son éditeur. Pour le coup, une lectrice m’a dit qu’il m’arrivait ce que j’écrivais dans mon livre.

J’étais sur le carreau, bataillant pour trouver un éditeur pour Elwig de l'Auberge Froide, lequel ne se trouve pas en traversant la rue, surtout quand la rue se situe à Genève où mon thriller franco-allemand a finalement trouvé preneur.

Donc ma saga, la dernière publiée, n’a plus d’éditeur. Pourtant il faut croire aux miracles, qu’une maison bien inspirée reprendra le flambeau de Poussière de sable. Après tout, les miracles, ça existe puisque 13 ans après sa parution Diabolo pacte amorce sa résurrection chez un nouvel éditeur. Oui, vous avez bien compris : j’ai signé en octobre pour la réédition de Diabolo pacte.



mercredi 23 novembre 2022

Un Tchèque chic et choc

Puisque le blog réclame sa pitance tel un dogue insatiable – c’est le dlog – autant varier les menus, ajouter une pincée d’exotisme à cet exercice écrit exclusivement en français.

Aujourd’hui le dlog aboiera en tchèque et la caravane des mots passera par Prague et Bratislava sous la houlette de Martin Daneš, auteur tchèque écrivant en français et en tchèque et aussi traducteur dans les deux sens.

J’ai connu Martin lors de la publication de mon premier roman, Diabolo pacte, aux éditions L’Arganier sises à Chatou. Depuis, hélas, elles ont disparu du paysage éditorial.

À l’époque Martin, qui avait publié plusieurs livres en Tchéquie, vivait à Paris, cherchait un éditeur pour ses écrits en français et avait approché L’Arganier, notamment Henri Girard, alors directeur de la collection Facéties. C’est à l’occasion d’une photo de groupe sur Facebook que nous sommes entrés en correspondance. En français car malgré mon séjour en université d’été à Brno je suis incapable de faire des phrases en tchèque. Je me suis souvenu de mes séjours à Prague du temps du Rideau de fer puis après la Révolution de velours. J’avais pu constater que le pont de Charles, désert lors de mon premier passage, s’était rempli de camelots. Mais l’eau de la Vlatava avait coulé et Martin était obsédé par la publication de ses écrits dans son pays d’accueil : la France.

Je pouvais le comprendre car les lettres de refus sont parfois à l’origine de pulsions suicidaires. J’étais passée par là et je suis intervenue en faveur de Martin. Mais le destin est facétieux et L’Arganier penchait déjà dangereusement vers la faillite. Mais j’ignorais cela à l’époque et c’est en toute innocence que je me rendis à Paris au salon des éditeurs du Quartier Latin dédicacer mon Diabolo pacte, le roman que tout candidat à la publication devrait lire car il est question de pacte avec le Diable dans le milieu de l’édition. J’ignore si Martin a ri, pleuré ou roupillé en me lisant mais, Diabolo en main, il est venu chercher sa dédicace. Je l’ai aperçu de loin. À Plus d’un mètre 90 on n’a guère de mal à culminer par-dessus les têtes des autres, ces autres n’ayant pas de surcroît une tête de slave.

Le temps a passé. Nous nous sommes revus lors de mes passages à Paris. Martin a réussi à publier 3 livres en français : Le char et le trolley chez Vents d’ailleurs et Les mots brisés aux éditions de la Différence. Et le dernier qui vient de paraître : Silence de vieux hiboux aux éditions Douro.

Les plus jeunes protagonistes de l’histoire ont 60 balais. On se glisse dans le corps décrépit et empêché du narrateur (83 ans), ancien journaliste tchèque qui vit à Paris et fréquente un autre exilé, Milan (le grand Kundera). En fait de Français, il a surtout commerce avec sa concierge portugaise, une jeunesse de 65 ans qui s’éprend du fantôme d’un illustre Slovaque, Gustáv Husák, qui fut président de la République tchécoslovaque de 1975 à 1989. On ne s’ennuie pas une seconde dans ce récit servi par des dialogues truffés d’humour qui nous fait revivre le Printemps de Prague et la Révolution de velours.

Un roman qui m’a fait retrouver la trace de mes périples à vélo, de Brastislava à la frontière hongroise. J’en suis ressortie avec une tête de Mickey, les taons ayant frappé fort en terrain allergique.

Même si vous n’avez jamais mis les pieds ni les roues dans les anciens pays de l’Est, Silence de vieux hiboux vous touchera par l’épaisseur des personnages et la tendresse que l’auteur leur porte tout en vous dévoilant l’histoire récente de ce petit pays, à présent scindé en deux : la Tchécoslovaquie.

Martin Daneš


lundi 17 octobre 2022

Mon héroïne : surtout pas moi !

Annie Ernaux, associée maintes fois à l’autofiction, vient de recevoir le Nobel de littérature. Ce ne sera pas mon sujet (quant à mériter ou non un prix international) mais l’occasion fait la larronne (au diable la rime) et je saute dessus pour m’exprimer sur un sujet qui, de temps à autre, vient titiller mes neurones (revoilà la rime) – sans toutefois m’empêcher de dormir : parler de soi dans ses romans.

Mes goûts de lectrice me poussent davantage vers Milan Kundera, Michel Guenassia ou Claudio Magris sans oublier Victoria Hislop ou le Portugais Sarramago. En effet, j’ai besoin d’espace, de territoire et d’un souffle qui tourne les pages et me propulse loin de moi. Je me sens à l’étroit entre une cuisine et une chambre même si, avec du talent, on peut écrire un roman passionnant sans franchir la porte. Je préfère mettre mes mocassins hors des sentiers battus, humer des parfums étrangers, tendre l’oreille vers d’autres dialectes, bref j’aime voyager via le livre, quoique certains blablabus descendent parfois en dessous du prix unique du livre.

L’autre jour, une amie découvrait que j’avais vécu à Vienne et voyagé à vélo (jusqu’en Ukraine, ce qui, au regard de la tragique actualité, attise tout de suite l’intérêt).

Tu devrais écrire ta vie, m’a-t-elle suggéré.

Je dois avouer que ma vie ne m’intéresse pas, je me contente de la vivre, de prendre les évènements comme ils viennent, que cela me plaise ou non. Et certains évènements m’ont fortement déplu, et c’est un euphémisme !

Je voyage en écrivant : à travers l’Allemagne de mes études et de mes rêves, dans les espaces intersidéraux dans lesquels je crée des tunnels spatio-temporels, des planètes où s’épanouissent des civilisations sidérantes mais nous invitant à jeter un œil critique sur nos propres sociétés. Je m’attache à donner de l’épaisseur à mes personnages, même quand ce sont de grands oiseaux dotés de pouvoir psy.

Un jour, j’ai lu sous la plume de Pierre Bellemare, à peu près ces termes :

Quand on écrit on parle toujours de soi même quand on écrit sur une petite fourmi.

Prends-toi ça, Bernard Werber.

Alors que j’écrivais Diabolo pacte, mon premier roman (publié), je me disais souvent :

Antoine Maurier, c’est moi.

Pardon, Gustave, loin de moi la prétention de me prendre pour Flaubert.

Bientôt ce sera à nouveau d’actualité. Car le diable a plus d’un tour dans son sac.



L’écriture, un effeuillage mental ?

Drôle d’émotion qui m’étreint à la veille de la parution du recueil de mes poèmes de jeunesse, Mon opium est dans mon cœur. Pour une fois, j...