Quand le livre est tiré, il faut le vendre. Le vendre est une autre paire de manches que l’écrire et demande des talents que nous, auteurs, ne possédons pas forcément, surtout quand l’éditeur n’a pas accès aux prescripteurs de livres ayant l’écoute du public.
Or,
l’éventuel acheteur regarde certes la couverture, le résumé, grapille quelques
phrases, histoire de jauger le style. Normal quand il s’agit d’acquérir une
œuvre d’art. Mais, au passage, il jette aussi un œil sur le prix. Et je me mets
à sa place : Est-ce que ce livre vaut le coût ? Vais-je risquer vingt
euros sur un roman dont je n’ai jamais entendu parler, à part sur les réseaux
sociaux, espaces privilégiés de l’autopromotion décomplexée ?
Eh
oui, le prix ! C’est alors qu’une parution en poche, bon marché par
définition, tombe à point nommé. Le lecteur aurait peut-être moins de réticence
à mettre la main à la poche.
Certes,
des achats aussi peu utilitaires qu’un livre de fiction grèvent lourdement nos budgets :
smartphone dernier cri, tatouage qui coûte la peau des fesses (je sais, c’est
facile), etc. N’empêche, il n’est pas conseillé d’assener de tels arguments
dans une librairie ou un salon du livre.
Donc
nous sommes nombreux à rêver d’une parution en poche, la vraie : Pocket, 10-18, Livre de poche. Ou
bien J’ai Lu. D’ailleurs, j’ai espéré
y être éditée. Mon premier éditeur, celui de Diabolo pacte, avait une amie éditrice chez J’ai Lu. Elle aurait sélectionné trois titres de son catalogue,
dont le mien. Malgré ses relances, mon éditeur n’aurait jamais obtenu de
réponse. Comme quoi, dans ce milieu, la politesse est considérée comme une
perte de temps… et d’argent. Je ne me risquerais pas sur l’amitié.
La
suite, vous la connaissez : mon premier éditeur fait faillite, mais,
miracle, Diabolo pacte vient d’être
réédité. La couverture est magnifique, la 4ème de couverture
alléchante, le prix de vente a été fixé à 20 €, et non à 19, à la demande de
la Librairie. Par contre, il paraît aussi au format électronique pour moins de
8 €.
Broché
ou poché, qu’importe le format. Mettre un lectorat dans sa poche n’est pas à la
portée de toutes les plumes. La qualité de l’encre ne fait pas tout, il faut
aussi un zeste de bol. Fait-il défaut, le ras-le-bol est proche avec la tentation
de ranger ses outils, définitivement. Après tout, prendre de grands bols d’air
dans la nature paraît plus sain que chercher l’inspiration en pianotant entre
quatre murs sur un clavier d’ordinateur.