Décédé en 1996 sur son lieu de naissance, Angers, voilà des lustres qu’il ne faisait plus parler de lui. Est-ce que Vipère au poing est encore étudié au collège ? Je l’ignore. En tout cas je l’ai lu en classe de 3ème.
Aujourd’hui, son auteur est remis en selle à la faveur de l’enquête-évènement
d’Émilie
Lanez, Folcoche, le secret de Vipère au
Poing.
Des
images me reviennent en mémoire : la géniale Alice Sapritch dans le rôle
de Folcoche, Folle et cochonne, mère
indigne martyrisant ses fils, Chiffe et Brasse-Bouillon. Chiffe, comme son
sobriquet l’indique, s’écrase au contraire de Brasse-Bouillon qui résiste. Ce
dernier n’est autre qu’Hervé Bazin, l’auteur de cette autobiographie à succès,
succès aussi phénoménal qu’épouvantable l’anti-héroïne du livre.
Aujourd’hui
ce livre se voit qualifié d’imposture. Folcoche ne serait ni une folle ni une
cochonne. Par contre, Brasse-Bouillon serait un pervers affabulateur ayant tâté
de l’hôpital psychiatrique. Émilie Lanez réhabilite la figure de
cette mère, victime d’un féminicide
littéraire. Je dirais même plus en osant le terme de matricide littéraire.
Soit.
Mais de là à qualifier Vipère au poing
d’imposture littéraire voilà un Rubicon que je ne franchirais pas.
Hervé
Bazin est avant tout un écrivain, un conteur, et un écrivain a le droit
d’écrire ce qu’il est dans la nécessité d’écrire, dût-il commettre des
matricides ou des parricides de papier. Il a parfaitement le droit d’inventer,
c’est son métier. Être artiste n’est absolument pas incompatible avec la case
psychiatrie. Sur un coup de sang, il est arrivé à certain de se trancher
l’oreille et, sur un coup de spleen, à un autre de se pendre à une lanterne.
On
regrette déjà que des générations d’adolescents furent invitées à lire cette
« imposture ». J’en fais partie et, à la dernière ligne, Merci ma mère ! Je suis celui qui
marche, une vipère au poing, je me suis reconnue. Rassurez-vous, ma mère
était aimante et adorable. Cette phrase, j’aurais pu la jeter à la face de mon
institutrice de CE2 :
―
Merci madame P ! Je suis celle qui marche une vipère au poing.
En
effet, cette année-là, j’ai subi ce que l’on nomme à présent un harcèlement
continu de la part d’une enseignante qui me haïssait ouvertement. Comme
Brasse-Bouillon, j’ai résisté. Cette expérience m’a inspiré une nouvelle
figurant dans mon recueil publié aux éditions Auzas.
Si
j’ai attisé votre curiosité et si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite
à lire Coup
de grain et à deviner de quelle nouvelle il est question.
![]() |