Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

Affichage des articles dont le libellé est Caliméro. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Caliméro. Afficher tous les articles

mercredi 15 janvier 2025

Sors de ce corps, Caliméro !

Le génial Pierre Desproges établit une analogie entre la nostalgie et les coups de soleil. Ça ne fait pas mal pendant, ça fait mal après. Or l’écrivain concocte sa propre biafine pour panser les brûlures occasionnées par une exposition prolongée aux rayons délétères de la nostalgie. Médecin et pharmacien, il pratique l’art du diagnostic et du traitement. Le véritable maître du temps, c’est lui, ou elle (quand on est locomautrice). Sa plume voltigeuse a le pouvoir de se catapulter dans un lointain futur hors galaxie. Poussière de sable, ma saga de science-fiction, s’aventure dans un espace-temps qui n’est pas le nôtre, s’affranchissant des contraintes d’une temporalité prenant l’apparence d’une flèche s’interdisant tout retour en arrière.

Plus modestement, l’écriture est le moyen idéal de parler de soi et de raconter son propre passé. Pierre Bellemare était d’avis qu’un auteur parlait toujours de lui, même quand il était question dans ses romans d’une petite fourmi. N’est-ce pas, Bernard Werber ? J’ignore si en mettant en scène mes gogorkis et mes euskaliens je parlais de moi. Il faudrait forer très profond, mais ce que je dois vous avouer c’est que dans mon recueil de nouvelles inspirées du réel, Coup de grain, j’ai quasiment donné par 2 fois dans l’autobiographie.

Dans Vue courte et pattes d’eph je raconte mes complexes de myope en ces années soixante-dix où les pantalons balayaient les parquets et où les lunettes étaient d’infâmes prothèses. Les verres à l’état brut déformaient les visages afin de corriger la vision de loin et les axes d’astigmatisme. Sans parler du poids sur le nez ! Quant aux montures, elles rompaient net inexorablement une fois l’an. Peut-on imaginer le sentiment de délivrance engendré par les lentilles de contact ? La première fois que je me suis vue avec dans le miroir de l’opticien, je ne me suis pas reconnue. Bien sûr, cette nouvelle ne se contente pas de raconter une partie de ma vie car mon plaisir n’est pas de parler de ma petite personne mais de romancer.

Le bonnet d’âne d’Agnès B m’a offert l’occasion de revenir sur les bancs de l’école telle que je l’ai connue. La scène où le professeur principal gifle deux élèves de 6ème surpris à se battre sur les tables à coups de tendeurs à vélo est authentique. L’atmosphère de tragédie grecque dans un lourd silence aussi. Quant à la description précise du calvaire d’une Agnès B en butte à son institutrice tout au long de son année de cours élémentaire 2ème année, je l’ai vécue mot à mot. En classe de 3ème, après avoir refermé Vipère au poing, j’ai repris à mon compte les remerciements d’Hervé Bazin à Folcoche, sa mère indigne, avec quelque changement :

Merci, madame P., grâce à vous, je suis celle qui marche une vipère au poing.

En effet, quand je me suis, des décennies après, retrouvée dans une situation de « harcèlement » professionnel, j’ai compris, quoique avec un temps de retard, et j’ai su réagir.

La nouvelle qui clôt le recueil, La carotte et le pilon, parlera à tous les postulants à la publication et au succès. J’espère qu’elle fera rigoler mes lecteurs, qu’ils taquinent ou non la muse. Car, lorsqu’on est auteur et partant une personnalité publique (ce n’est pas moi qui le dit, mais monsieur Google. Ô surprise !), mieux vaut pratiquer l’autodérision que passer pour Caliméro.

Mais assez parler de moi. La prochaine fois, je vous cause roman historique.



Sors de ce corps, Caliméro !

Le génial Pierre Desproges établit une analogie entre la nostalgie et les coups de soleil. Ça ne fait pas mal pendant, ça fait mal après. O...