Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

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mercredi 3 avril 2024

Le vrai, le beau, le bon

Non, ce n’est pas l’énoncé d’une dissertation de philo, j’ai passé l’âge et me demande même si je décrocherais le bac si je le passais aujourd’hui. Personnellement, je préfèrerais m’y embarquer pour franchir la Garonne.

Lors de mes dédicaces, j’ai rencontré d’ex-futurs lecteurs me faisant part de leur souhait exclusif :

Je ne lis que des essais.

Je veux du vrai !

Je ne peux leur proposer que de la fiction, d’inspiration fort variée il est vrai, mais de la fiction tout de même : des histoires tirées des forges de mon imagination.

Mais, il y a un MAIS que je me permets de développer derrière la table de dédicace et ici, derrière l’écran blanc de mon ordinateur. Il est énorme.

Prenons un roman, romantique à souhait, au sens allemand du terme : Elwig de l’Auberge Froide, hanté par des personnages mystérieux : une héroïne de cape et d’épée, Elwig von Sankt Märgen, un étudiant de 1805 en route pour parfaire sa médecine à Vienne, Franz Kampfer, un médecin légiste affublé d’une épouse psychotique, Michel Leduc, et tous les autres. Certes, l’histoire qui se déroule de 1805 à nos jours est imaginaire, mais elle s’appuie sur des évènements historiques avérés et vérifiés. Si bien que mon lecteur s’instruit dans des domaines faisant partie de son patrimoine culturel (l’Occupation, la Résistance dans la forêt de Buzet-sur-Tarn, les prisonniers allemand en France après la Libération) et dans des domaines qu’il connaît moins, voire pas du tout : la transformation de la société allemande suite à l’occupation napoléonienne, l’exode apocalyptique des Allemands des Marches orientales du Reich vers l’Ouest sous la poussée de l’Armée rouge en 1945, etc.

Je suis même tombée sur un fait divers en parfaite correspondance avec mon thriller franco-allemand : en 1955, une jeune Anglaise voyageant à vélo est étranglée par un criminel récemment libéré du bagne. Direct avant-dernier paragraphe.

Or, ce qui distingue un roman d’un essai, c’est sa dimension artistique. En écrivant Elwig de l’Auberge Froide je ne perdais jamais de vue mon horizon : celui de faire œuvre d’art avec les outils à disposition de l’écrivain : les mots de l’état et de l’action, la musicalité des phrases, le rythme du récit, l’utilisation des temps et des modes pour orienter le lecteur. Bref, ce qu’on appelle le style. Le Beau devait empreindre le macabre et le sordide.

Quant au Bon, tel n’est pas mon souci, ne me tracassant ni d’envoyer des messages à mes lecteurs ni de morale. Mes personnages non plus en prenant le pouvoir et coupant le cordon d’avec l’auteur de leurs jours littéraires. Ils sont comme nous : ni modèles de vertu, ni parfaites ordures, âmes grises au sens où l’entendait Philippe Claudel, romancier français que j’apprécie particulièrement.



vendredi 10 novembre 2023

Un auteur travesti en vaut-il deux ?

Une tendance qui commence à faire jour dans les salons du livre : le déguisement, et pas que pour Halloween, dont, soit dit en passant, je n’ai rien à cirer.

Ce 8 octobre, j’étais dans un premier salon très réussi, en plein Gers, quand j’aperçois une invitée tout droit sortie du Moyen-Âge. Non, ce n’était pas une voyageuse temporelle, mais une romancière (ce qui me permet d’éviter l’autrice qui me crispe, si vous voulez savoir pourquoi, cliquez sur le lien) bref une romancière inspirée par Aliénor d’Aquitaine. Il faisait chaud ce dimanche-là, et Aliénor se devait d’être couverte de la tête au pied même si son nez chaussait des lunettes parfaitement anachroniques.

Donc je me dis que je devrais peut-être me déguiser en Elwig von Sankt Märgen, héroïne de cape et d’épée ayant adopté la jupe-culotte pour voyager à cheval. Peut-être qu’une cravache finirait de convaincre de futurs lecteurs hésitant à se faire la malle avec Elwig de l’Auberge Froide.

Mais j’ai plus commode. Nécessité m’est faite en effet de faire partir comme des petits pains le nouveau Diabolo pacte, très gouleyant en bouche. Non contente de me vêtir de rouge, couleur emblématique des taureaux (et j’en suis un !), je pourrai me coller sur la tête une paire de cornes (que je porte peut-être déjà sans le savoir) de diablotine. Loin de maîtriser l’art de modifier mes portraits, je me contenterai de poster les premières de couvertures, car l’important, pour m’éviter l’enfer de l’anonymat, c’est que Diabolo pacte vous fasse succomber à la tentation.



mardi 31 octobre 2023

Bankable or not bankable ?

Quand un auteur, publié notamment au Cherche Midi, ayant signé une vingtaine de livres dont certains parus en poche, m’a annoncé qu’il donnait son dernier roman à L’Harmattan, je suis tombée à la renverse. Au sens figuré seulement. Au sens propre je vais bien, exceptée cette sensation poisseuse que cet écrivain et ami salissait quelque part son nom. Bien sûr, il a dépassé les 80 berges et connaît quelqu’un chez cet éditeur. Bien sûr, une éditrice d’une grande maison prestigieuse, ayant apprécié l’ensemble de son œuvre, l’avait encouragé à écrire ce dernier roman dont elle s’occuperait personnellement quand un coup de théâtre tragique, comme la vie en a le secret, éjecta la femme providentielle de la scène éditoriale.

Certes, L’Harmattan a pu mettre le pied d’auteurs débutants à l’étrier – c’est là son mérite – mais c’est un éditeur qui ne verse de royalties qu’à compter du 501ème exemplaire vendu. Donc, dans 99% des cas, il ne paye rien, mais empoche la somme que les auteurs versent à l’éditeur pour l’achat d’exemplaires à écouler dans les salons quand les amis et la famille ont fait le plein. Même avec la remise sur le prix public du livre, l’éditeur en retire un bénéfice puisque le coût de la fabrication et de l’impression est inférieur à ce prix public.

Bien sûr, j’achèterai le livre de mon ami et le lirai avec attention et intérêt.

Toutefois, cette nouvelle me laisse quelque peu pensive quant au monde éditorial qui se montre parfois bien péremptoire. En qualité de locomautrice, j’ai de quoi fumer. Trois gros remarquent le manuscrit de mon 2ème roman, on loue son très bon titre, Elwig de l’Auberge Froide. Au final, personne ne prend pas le risque de le publier. Par bonheur, les éditions Pierre Philippe (ePPh), sises à Genève, s’enthousiasment pour ce roman européen qui sort en 2014. Presque dix ans plus tard, c’est la bonne surprise. Mon thriller franco-allemand est toujours distribué et attire du monde à ma table de dédicaces.

Christian Signol, récipiendaire d’un prix toulousain, m’a conté une anecdote après la cérémonie. Il écrit un roman qui enthousiasme son éditeur chez Albin Michel. Celui-ci lui prédit un succès fou. Et c’est le flop, tandis qu’un autre titre, placé sous des augures bien moins favorables, a fait un tabac à sa sortie.

J’en suis venue à la conclusion qu’en matière de publication la seule boussole devrait être la qualité littéraire. S’il était possible de prévoir les succès commerciaux en tâtant les manuscrits, nous serions tous, auteurs et éditeurs, milliardaires. Oui, je le dis et le répète : l’unique boussole devant guider l’éditeur dans ses choix de publication devrait être la qualité littéraire.

Tout le reste est littérature !

Librairie Privat, Toulouse


samedi 17 juin 2023

J’ai rêvé d’être traduite.

Encore un vœu dont la concrétisation tarde à venir. Et pourtant, Dieu sait que j’ai le bon pedigree. Des études d’allemand et des séjours prolongés outre-Rhin, ça vous forge une vocation. Non que j’ai souhaité devenir traductrice littéraire. L’unique projet que j’ai entrepris jusqu’à le mener au bout consistait à traduire l’épopée en vers du poète post-romantique Nikolaus Lenau : Les Albigeois. Comme son nom l’indique, l’épopée en question couvre du début à la fin la tragédie cathare qui ensanglanta le territoire de l’actuelle Occitanie au XIIIe siècle. Toulousaine, poète et germaniste, la sainte trinité pour remporter ce défi : il fallait que ma traduction fût de la poésie tout en respectant la rime et la versification. Un tour de force peu commercial, salué certes par les éditeurs sans toutefois vaincre leur frilosité.

Non, je n’ai pas envie de traduire des romans allemands. Je préfère écrire les miens.

Quand mon thriller franco-allemand, Elwig de l’Auberge Froide, est sorti à Genève aux éditions Pierre Philippe, j’ai pensé qu’il serait aisé d’en faire paraître la traduction chez un éditeur de Suisse alémanique. Eh bien, non ! Sa seule version est française. L’allemand s’y trouve mêlé si bien que le lecteur n’a pas besoin d’en connaître un seul mot pour comprendre les phrases insérés dans le corps du texte.

Les éditeurs devant rémunérer les traducteurs, les calculs sont vite faits. Et ce n’est pas moi qui me risquerait à traduire un texte littéraire, fût-il le mien, dans une autre langue que ma langue maternelle. Elwig de l’Auberge Froide ne saurait être traduit que par un germanophone, autrement dit un auteur dont la langue d’arrivée est l’allemand.

Je rêve de posséder un jour un exemplaire où je pourrai lire en bas de page : auf deutsch im Text. En attendant, je me conterais d’être traduite en chinois ou en coréen.

Librairie Privat



 

 

 

 

 

mercredi 1 février 2023

L’art délicat de la dédicace

Vous qui lisez ce blog – et j’espère que vous n’êtes pas tous auteurs – vous avez peut-être entendu parler de ces séances où l’auteur – ou la locomautrice – se retrouve derrière une table couverte de sa production littéraire et attend le futur lecteur ou espérée lectrice qui sollicitera sa signature assortie d’un petit mot sur la page de titre.

C’est en effet l’achat qui confère de la valeur au livre publié et tiré.

Ces séances peuvent se dérouler en salon du livre en compagnie de confrères et consœurs ou en librairie.

Je me souviens de ma première séance à la maison de la presse d’une localité du Tarn-et-Garonne. Ma première signature fut à l’adresse d’un fossoyeur à la retraite. Ce détail augurait-il de l’avenir ? Sacré Diabolo pacte !

Je me munis toujours d’un beau stylo, manière de signifier le respect que je porte à mes éventuels lecteurs. Depuis, j’en suis revenue après avoir vu de simples bics s’épuiser à la chaîne tandis que chômait mon bel outil.

Il m’est même arrivé de prêter mon précieux stylo.

Puis-je vous l’emprunter pour faire un chèque ?

Bien sûr, l’achat n’avait rien à voir avec l’un de mes livres.

Pouvez-vous garder mon caddy pendant que je fais les courses ?

C’était dans une librairie aveyronnaise. J’ai veillé en gardant un œil sur une rangée de poireaux. Rassurez-vous, personne ne m’a lancé des tomates.

Je me souviens aussi de ma première dédicace improvisée en allemand. Elwig de l’Auberge Froide attirait l’épouse d’un airbusien, d’une Japonaise employée au Bureau International du Travail au salon du livre de Genève, de ma joie toujours renouvelée de dédicacer Diabolo pacte, mon thriller franco-allemand et ma saga de science-fiction, Poussière de sable, notamment pour un cadeau à un surnommé « Jeep ».

Je me souviens que lors d’un salon j’ai été saluée par un

Je vous ai vue à la télé.

Fameux coup de pouce en effet.

Et j’en viens au cœur de la question : qu’est-ce qui peut vous pousser à découvrir un auteur dans un salon, mis à part les première et quatrième de couverture ?

J’avoue que je n’ai pas la réponse.

Si vous en avez une ou plusieurs, je suis preneuse.

Salon du livre de Paris


mardi 17 janvier 2023

Justement quel titre ?

C’est important le titre, pour un roman, pour un film. Le titre, c’est le prénom d’une œuvre d’art. Jusqu’à présent, j’ai plutôt été inspirée de ce côté-là. Mes éditeurs ont maintenu mes titres. Diabolo pacte d’abord. Quant à mon thriller franco-allemand il a très vite reçu le sien : Elwig de l’Auberge Froide. Je l’ai envoyé tel quel aux éditeurs, par la poste, avec pour illustration un tableau de mon père qui collait parfaitement à l’ambiance.

Entre autre bêta-lecteur, j’ai eu l’honneur d’avoir le soutien de la librairie Privat et de Carine, responsable du rayon littérature. Après son avis positif, la tentative d’accrocher Actes Sud a hélas échoué et j’ai repris en solitaire mon bâton de pèlerin.

Puis je reçois un refus personnalisé de Belfond et une lettre d’un éditeur de chez Plon avec des conseils. Donc réécriture de certains points et lettre à l’éditeur en question qui me répond qu’il me relira avec plaisir. Son courrier me parvient par miracle car il s’est trompé de numéro. Par bonheur la factrice veillait au grain.

Comme j’ai un nom, je téléphone chez Plon et j’ai au bout du fil le fameux éditeur. Mon nom ne lui dit rien mais le titre le fait bondir. Il se souvient effectivement et précise :

C’est un très bon titre.

J’obtiens un rendez-vous lors d’une formation à Paris. L’éditeur est très aimable et correspond à l’idée qu’on peut se faire du bureau d’un éditeur : submergé de manuscrits, ceux-ci étant les rescapés de plusieurs écrémages.

Ce n’est pas un scoop : Elwig de l’Auberge Froide n’est pas sorti chez Plon mais à Genève, aux éditions Pierre Philippe.

Plus tard, Poussière de sable, ma saga de science-fiction, gardera aussi son titre.

Si je reviens sur la question c’est qu’un recueil de mes nouvelles a été accepté et qu’il faut bien lui trouver un titre. C’est un challenge, vu qu’on me demande aussi une illustration et que la photo et l’image c’est vraiment pas mon truc. Le titre que j’avais donné initialement au recueil me paraît d’une platitude incroyable : Coup de grain, du titre d’une des 10 nouvelles. J’opte aussitôt pour celui d’une autre nouvelle se déroulant dans un cirque, Un enfant de la balle, que je compte présenter avec un tableau de cirque tombé dans le domaine public (70 ans après la mort de l’auteur). Or John Irwing a déjà intitulé ainsi l’un de ses nombreux romans.

Je dois donc changer mon fusil d’épaule et trouver un titre parlant. Pan ! Je dégaine mon Vue courte et pattes d’eph avec une photo de moi à l’âge de 15 ans prise par mon père au pied des HLM. Parfaitement cadrée (mon père était peintre). Rien n’y manque, ni les pattes d’eph, ni le col roulé (remis au goût du jour par des ministres qui, n’en doutons pas, le portent jusqu’à l’intimité de leur domicile), ni la ceinture, le bracelet-montre largeur XXL, ni les cheveux longs. Pour une fois que mon narcissisme s’exprime ! Eh bien, non, le titre ne plaît pas, ni la photo. On préfèrerait Coup de grain.

Je flaire une autre piste. Coup de grain, en relisant, est une vraie Course à l’abîme. Je crois détenir le Graal quand je découvre le roman de Dominique Fernandez. Puis, je fouille le sens de ma nouvelle et en déduit qu’il s’agit d’un Pas de deux au bord du gouffre. Mon espoir se casse la figure en tombant sur un article journalistique vieux de quelques années. Ma danse macabre a en effet été déjà dansée par Kadhafi et Sarkozy.

Je reviens à mon enfant de la balle et au cirque. Ces nouvelles sont en effet ce que j’ai écrit de plus intime, tiré de faits réels tirés de mon expérience personnelle ou de faits divers qui m’ont marquée. Or je sais ce que je dois au cirque et notamment à certain trapéziste du cirque Pinder dont je porte la bague et sans lequel je n’écrirais pas dans un grand bureau confortable et joliment meublé. Mais ceci est une autre histoire que je ne suis pas encore prête à écrire, pas plus que je ne vous dévoilerai le titre que je me propose de soumettre à la sagacité de mes éditeurs.



jeudi 22 décembre 2022

Je monte, j’allume, je décolle

Nan, je déconne ! Mais comme je ne fais rien de ce qu’on me dit de faire depuis près de 3 ans, je m’explique, en tant qu’auteuresse (comme emmerderesse, merci Georges).

Donc j’imagine un écrivain, un grand, reconnu, né à l’aube du XIXème siècle à une époque où, s’il travaillait à la nuit tombante, il devait forcément s’éclairer à la bougie, où il ne disposait pas de traitement de texte mais devait se taper chaque phrase à la plume d’oie, ratures comprises, où, l’hiver, la chaleur d’un humble poêle conférait à ses doigts l’élasticité requise pour racler du papier. Prénommons-le Honoré et mettons-nous à sa place à pondre la Comédie Humaine dans des conditions si inhumaines.

Moi, je me vois bien basculer au temps de la bougie et de la machine à écrire mécanique et y demeurer suffisamment longtemps pour en découvrir les avantages. Moins de vocations ! Moins de concurrence ! C’est sûr. Et qui irait ronéotyper sur un engin qu’on actionne à la force du biceps un pavé pour l’envoyer par la poste (je dis pas les tarifs !) à des éditeurs qui crouleraient moins sous les manuscrits ?

Mais ce monde rêvé n’est pas encore advenu. J’avoue que pour écrire sur un laps de temps plus bref que celui imparti à Honoré (5 ans et plus pour Poussière de sable, 6 ans pour Elwig de l’Auberge Froide, si intéressés lire sur mon blog 4 romans dans un couffin), j’étais chauffée à blanc pour leur trouver un éditeur, partant exécuter le meilleur travail possible. La température montait, montait sans que je culpabilise un quart de seconde et je m’épanouissais telle une raie Manta dans la douceur des mers du Sud.

 Et pourtant je bossais selon un de mes principes : un roman est une construction ordonnée conformément aux règles architecturales. Ouvre-t-on une porte sous le nez du lecteur qu’il faut, avant la fin du roman, vérifier ce qu’il y a dans la pièce et la refermer. Aiguiser la curiosité sans l’étancher équivaut à infliger un supplice indigne d’un auteur ou d’une auteuresse. Donc j’ouvre une porte qui débouche sur une pièce habitée par un personnage A enrobé de mystère. Il faudra bien dévoiler l’énigme et refermer la porte.

Mes romans ne se déroulant pas entre une chambre et une cuisine, j’ai beaucoup de portes à gérer. Vous me voyez entrer dans une pièce, bougie en main ! J’allume donc aussi sec pour voir les moindres détails et rectifier ce qui cloche. Vous me direz qu’Honoré, à la chandelle, visitait aussi bien le colonel Chabert que la cousine Bette. Certes, mais je suis si maladroite que je crains qu’à essayer d’éclairer de ma flamme le visage d’Elwig Kaminski, je ne réussisse à foutre le feu à sa brune chevelure et embraser tous mes décors. C’est terrible un livre qui flambe ! Ça prend des airs de Fahrenheit 451.

 Voilà que mon texte est quelque peu décalé. C’est que j’écris dans les marges en me demandant à chaque roman ce que moi, je peux apporter de nouveau au sujet. Parce que ce que je me souhaite c’est que mes p… de romans atterrissent sur les tables des librairies pour en décoller aussitôt se planter dans le cœur des lecteurs. Et si vous avez pris la peine de me lire jusqu’au bout, je m’en sentirais fort… honorée.



vendredi 2 décembre 2022

Les livres aussi sont orphelins

Pour la deuxième fois au cours de ce que je n’ose appeler ma carrière littéraire (mais quand même !) le malheur frappe à ma porte. J’exagère à peine. Depuis quelque temps je pressentais qu’une tuile allait me tomber sur la tête, que le destin était en route et je connaissais d’avance le résultat : mon éditeur, celui de Poussière de sable, met la clé sous la porte au 31 décembre. Nous, ses auteurs, avons reçu un long message nous expliquant ses raisons et ses difficultés. J’ignore comment l’ont pris mes consœurs et mes confrères. Personnellement, je regrette que notre collaboration s’arrête - plus que satisfaite du poids, du prix et du graphisme de mes livres- d’autant plus qu’il reste les deux derniers volets de Poussière de sable à publier avec les premières de couverture géniales arborant le thème de l’œil. Comment je vais faire ? Je n’en sais rien. Un éditeur ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, qui plus est pour clore une tétralogie.

J’ai déjà achevé le 3ème volet qui se déroule dans une société totalitaire et j’étais en train de retravailler le 4ème et dernier. Cette nouvelle m’a coupé la chique et j’ai stoppé net. À quoi bon ? Je n’ai plus d’éditeur.

Heureusement, un recueil de mes nouvelles a été accepté chez un éditeur toulousain qui est en train de le passer au gueuloir.

Voilà plus de 10 ans, mon premier éditeur arrêtait son activité. Sale coup pour Diabolo pacte, même pas deux ans après sa sortie. Ne me restait plus qu’à vendre dans les salons les exemplaires sauvés du pilon. Mais un livre qui n’a plus d’éditeur est en quelque sorte orphelin. Sortez vos mouchoirs ! Quelle ironie pour un premier roman qui met en scène un éditeur qui fait le pari de publier le premier venu prêt à vendre son âme au diable et un auteur de science-fiction grugé par son éditeur. Pour le coup, une lectrice m’a dit qu’il m’arrivait ce que j’écrivais dans mon livre.

J’étais sur le carreau, bataillant pour trouver un éditeur pour Elwig de l'Auberge Froide, lequel ne se trouve pas en traversant la rue, surtout quand la rue se situe à Genève où mon thriller franco-allemand a finalement trouvé preneur.

Donc ma saga, la dernière publiée, n’a plus d’éditeur. Pourtant il faut croire aux miracles, qu’une maison bien inspirée reprendra le flambeau de Poussière de sable. Après tout, les miracles, ça existe puisque 13 ans après sa parution Diabolo pacte amorce sa résurrection chez un nouvel éditeur. Oui, vous avez bien compris : j’ai signé en octobre pour la réédition de Diabolo pacte.



jeudi 14 juillet 2022

Sabine Barbier qui m’a ouvert la Chaumière des Mots

Si la curiosité vous a poussé à glaner quelques articles du blog, vous aurez compris que je n’en ai pas que pour le livre et le vélo. Il y a des rencontres dans la vraie vie. Qu’est-ce qu’une route sans compagnon de route ? Un désert de solitude. Que vaut le papier quand l’encre ne draine pas du sang, de la sueur et des larmes ? Un arbre abattu pour que dalle et qui aurait été plus utile à absorber le CO2. En effet, le carbone n’a pas que du mauvais quand, par la grâce de la photosynthèse, il met la planète au vert.

Commençons par le commencement. Sur les conseils de mon premier éditeur je me suis inscrite sur facebook, histoire d’avoir un réseau. En effet, certains de mes lecteurs ont connu Diabolo pacte via les posts de Nicolas Grondin. Ma liste d’amis FB s’allonge. Je lis le fil d’actualité et, un beau jour, je tombe sur l’invitation d’une Nancéenne, Sabine Barbier, à prendre rendez-vous avec elle le long des étapes d’un voyage qu’elle effectuera dans le Sud avec sa fille. Je trouve la démarche tellement sympa que je réponds et c’est ainsi que nous prendrons un pot ensemble place du Capitole. Un courant de sympathie passe entre Sabine et moi, ce qui n’est pas toujours évident quand le virtuel est confronté au réel. Samantha, sa fille, avait 13 ans à l’époque, ce qui ne nous rajeunit pas, mais déjà lectrice et passionnée d’écriture.

Car notre amitié facebookienne était née d’un intérêt commun pour le livre, ceux qui les lisent étant parfois désireux de connaître ceux qui les écrivent, ces derniers n’étant rien sans ceux qui lisent. À l’époque, Sabine avait une activité de correctrice dans l’édition, activité bien nommée car la moindre correction vis-à-vis du lecteur consiste pour un auteur à rendre une copie la proche de l’impossible perfection. Chroniquait aussi ses lectures dans un blog qu’elle avait fort joliment baptisé la Chaumière des Mots. Le mot est lâché. À mes yeux, les mots pansent les maux en les pensant. J’ignore si j’ai fini par guérir des miens mais ce que je sais c’est que l’écriture est ma drogue, ma ligne, comme il est annoncé sur mon profil FB.

À l’époque, j’étais entre deux livres, situation moins grisante que d’être entre 2 vins. Mon éditeur en faillite, j’étais forcée de m’en trouver un autre. Bref, je galérais pour faire publier mon 2ème roman, Elwig de l’Auberge Froide. C’est peu de dire que j’avais le moral dans les chaussettes. Une lettre de refus de la part d’un éditeur ne le remonte que rarement. Quand Sabine m’a proposé de lire mon manuscrit, j’ai aussitôt accepté. Son retour positif – Une histoire passionnante que j’ai dévorée – et ses conseils m’ont encouragée juste au moment où j’étais tentée de jeter l’éponge. Un geste que j’aurais pu regretter car, 8 ans après sa parution, Elwig de l’Auberge Froide n’a pas subi le pilon et trouve preneur si j’en crois les éditions Pierre Philippe qui n’a aucune raison de mentir sur le sujet.

Les critiques et chroniques, rédigées notamment dans la Chaumière des Mots, n’y sont peut-être pas étrangères.

La vie a continué avec ses joies et ses malheurs. Sabine a déménagé de Nancy à Épinal dans les Vosges. Je suis restée à Toulouse mais, après avoir retravaillé mon premier essai romanesque, Poussière de sable, j’ai signé chez un éditeur lorrain spécialisé dans les littératures de l’imaginaire, RroyzZ éditions. Or, pour ceux qui l’ignorent, se tient à Épinal un festival international des littératures de l’imaginaire, les Imaginales, où chaque année RroyzZ éditions tient son stand. L’occasion de faire d’une pierre deux coups, voire trois : rencontrer dans la vraie vie Emmanuel Millet, mon éditeur, revoir Sabine Barbier, et présenter Poussière de sable à un public amateur du genre. J’avoue qu’en 2022 j’ai renoncé, étant peu à l’aise derrière une table de dédicaces. Mais, les retours de lecture positifs aidant, j’ai évolué : surmonter mes craintes et tenter le coup en mai 2023. D’autant plus qu’après L'épopée euskalienne et Légendes ourdiniennes, le 3ème volet est fin prêt.

Plus de 10 ans auront passé depuis ma rencontre dans la vraie vie avec Sabine mais qu’est-ce que le temps pour un addict de science-fiction, qu’on la lise ou qu’on l’écrive ? Une notion qui réserve bien des surprises pourvu qu’on dépasse les apparences.




jeudi 26 mai 2022

Les synchronicités font parfois les romans

Dans la série « belles rencontres » je vais vous en conter de bien surprenantes. Elles ne portent pas de prénoms, il ne s’agit pourtant pas d’extraterrestres mais de phénomènes bien humains mis en relief en son temps par Carl Gustav Jung sous le terme éloquent de synchronicités. Deux éléments sans rapport l’un avec l’autre se télescopent et font sens. Par exemple, vous pensez à x, votre téléphone stridule, vous appuyez et vous reconnaissez la voix de x auquel vous vous empressez de confier :

Justement, je pensais à vous.

Cela m’est arrivé 50 fois et des trucs encore plus frappants mais ce blog est un blog littéraire, donc voici les synchronicités les plus parlantes qui sont survenues lors de mes travaux d’écriture.

Dès que j’ai entamé Poussière de sable, je me suis posée la question : quel vocabulaire employer pour décrire des mondes imaginaires et donner ce qui tient lieu de parole à des aliens ? Euskaliens, gogorkis, somoraks, ce sont des mots basques que certains de mes lecteurs ont d’ailleurs reconnus.

Pourquoi le basque ? Je ne le parle pas ni ne le comprend mais certains de mes ancêtres maternels venaient de la Soule. D’autre part, quand j’ai commencé le roman avec l’idée de confronter deux espèces personnifiant l’une pour l’autre l’étrangeté et l’altérité, j’ai cherché à créer un vocabulaire adéquat. On m’a offert à cette époque un livre sur les légendes peuls. Je n’ai pas réussi à entrer dedans. En même temps j’avais lu quelque part que les Basques seraient un peuple protohistorique ayant survécu à la dernière glaciation. Alors je me suis souvenu des mots que prononçait ma grand-mère et j’ai acheté un dictionnaire franco-basque. J’ai commencé à nommer mes personnages. L’un d’eux s’appelle Kastouch, c’est simplement l’abréviation de mon ancêtre basque : Castouchouarrena. Quand il a été question de nommer mon grand maître ès Suggestion, j’ai inventé un mot pour désigner cette personnalité centrale : Iradoki. Plus tard, pour voir si ce mot a un sens, la curiosité m’a poussé à ouvrir mon dictionnaire en cherchant ce mot Iradoki. Là j’ai manqué tomber à la renverse. Iradoki figurait dans mon dictionnaire et sa signification correspond au-delà de ce que je pouvais imaginer à l’idée que je voulais lui donner. Iradoki signifie en basque… suggérer. Je pouvais tout imaginer à propos de la vivacité de ma culture basque inconsciente.

J’ai voyagé avec Elwig de l'Auberge Froide durant 6 ans, à pied, à cheval, à vélo, à travers l’Europe des berges du Tarn à Kaliningrad et de 1805 à nos jours. Dans l’une de ses incarnations Elwig voyage à vélo le long du Danube tandis qu’un étrangleur la guette au détour d’un virage. Vous vous doutez de l’issue. Donc j’étais immergée dans cette histoire qui me hantait jour et nuit jusque dans mes rêves. Le clavier au repos, j’allume la télé et tombe par hasard sur une émission traitant de vieilles affaires criminelles et que je ne connaissais pas. Quand on est en train de bâtir un thriller, on absorbe tout ce qui peut nourrir sa trame. Donc, je suis suspendue à l’écran. Le choc : la future victime, Janet Marshall, circulait à travers la France à bord d’un vélo lesté de sacoches quand son assassin a mis un terme à son voyage. Son corps fut retrouvé le 28 août 1955 dans un fourré sur la commune de Belly-sur-Somme et l’enquête qui piétinait trouva son épilogue le 11 janvier 1956. Robert Avril, le coupable, avait été libéré du bagne en juillet. Preuve en est que déjà se posait la question de la récidive et de l’insécurité pour une femme à emprunter en solitaire des itinéraires peu fréquentés. Mais, ce qui fit tilt dans ma tête fut la confrontation des dates : 1955, mon année de naissance. Avril (le patronyme de l’étrangleur), mon mois de naissance et le 11 janvier, jour de naissance de ma mère.

Billevesées, me direz-vous. Libre à vous de le penser. Voici le lien vers l’affaire Janet Marshall. Quant à moi, je n’ai jamais vécu le genre de synchronicité sur lequel fantasment les auteurs : me trouver dans le métro et découvrir que la personne en face est en train de lire un livre qui n’est autre que l’un des miens.

Une route, en Roumanie



jeudi 5 mai 2022

Elwig de l’Auberge Froide, un roman européen né du cylotourisme

 Si je n’écrivais pas, je ne bayerais pas pour autant aux corneilles et si je laissais le vélo au garage, je voyagerais autrement, dans un fauteuil, face à l’écran, mes mains passant instantanément du guidon-papillon au clavier azerty. Je partage le temps non dévolu au quotidien entre mes deux passions : le vélo et le stylo. Je pourrais paraphraser le titre d’une émission culturelle qui a enjambé le siècle : le casque et la plume. Mais comme la vie est par essence poreuse, il arrive fréquemment que le territoire de l’un empiète sur celui de l’autre.

Mon deuxième roman, Elwig de l’Auberge Froide, en est l’illustration. Le vélo y joue le rôle de machine à remonter le temps et l’Histoire. Le récit est né d’un périple réalisé en deux temps. Je peux dire qu’Elwig est fille de la mythique randonnée du Danube. Tout commence en juin 2005 à Colmar sur des randonneuses lestées de sacoches, destination Budapest. Plus de mille kilomètres le long du Danube. Le premier jour, nous avons franchi le massif de la Forêt-Noire. En haut de la Nationale 500 nous attendait un carrefour hérissé de panneaux indicateurs et d’où l’on apercevait une bâtisse imposante, l’archétype des auberges allemandes : L’Auberge Froide qui, depuis 1480, se dresse à la conjonction de trois routes qui descendent dans des directions différentes : Donaueschingen, source officielle du Danube, Fribourg et le pittoresque Titisee sur les berges duquel prospère l’artisanat traditionnel des coucous. François, mon personnage, s’élance à vélo en direction de Vienne. Un orage le contraint à faire halte à l’Auberge Froide. Il pose sa bicyclette dans le garage, s’installe devant une bière et se retrouve, par enchantement, en 1805, dans la peau d’un étudiant en médecine en route pour Vienne. Le décor et la vêture régressent dans le temps : les tonneaux remplacent les chromes de la pompe à bière, la culotte de cuir le pantalon de toile. C’est le cœur du roman, où mènent et d’où partent les vaisseaux d’une histoire qui couvre deux siècles. Les paysages et les villes où se déroulent les péripéties, nous les avons nous-même traversés à vélo. Comme François nous avons épousé Les foucades du jeune Danube qui l’envoie à l’assaut de rampaillons de terre. Comme mes personnages, nous avons circulé à l’intérieur du site enchanteur de la ville de Passau, au confluent de trois cours d’eau, l’Ilz, l’Inn et le Danube. Comme François je suis partie en quête du musée de l’histoire de la psychologie, transféré entre temps à Würzburg.

En 2008, nous avons relié Budapest à la mer Noire, terminus Odessa en Ukraine. Pour parler de la randonnée du Danube, je cède la parole à mon personnage : Je songeai que longer le Danube à vélo, c’était aussi voyager à l’intérieur d’un mythe même si nos ambitions s’arrêtaient modestement à Vienne. Pensez, cher ami, que ce fleuve légendaire naît dans la Forêt-Noire pour se jeter dans la mer Noire, comme si, depuis la source jusqu’au delta séparés par près de trois mille kilomètres, des peuples d’idiomes aussi différents que les Allemands, les Slaves, les Hongrois et les Roumains s’étaient donné le mot, plus précisément, l’adjectif pour nommer sa fin et son commencement. De ma randonnée du Danube, de Colmar à Odessa, n’est pas né le traditionnel récit de voyage mais les rencontres, la découverte ou redécouverte de sites mythiques ou sauvages m’ont donné le déclic pour écrire un roman sur les rapports franco-allemands. Ce n’est pas un hasard si mon éditeur, Philippe Villette des éditions Pierre Philippe, est genevois.

Ce roman est somme toute une histoire de ponts entre les cultures. L’histoire se déroule aussi dans le Midi toulousain et relie le grand Danube au petit Tarn, affluent de la Garonne. J’ai pris pour cadre cette portion de rivière que les cyclotouristes de ma région connaissent bien et qui va de Villemur à Buzet. C’est à vélo que nous avons découvert ces villages des bords du Tarn dotés de ponts suspendus. Lorsque nous partions pour la matinée, nous avions pris l’habitude de casser la croûte devant un établissement désaffecté : le café du pont. Cette bâtisse mystérieuse située face au pont suspendu me faisait rêver. Dans le roman, le café du Pont est devenu l’auberge du Pont : La porte d’entrée en arceau, les portes-fenêtres de l’étage, tout est clos. Le vert des volets tranche sur la brique rouge. (…) Une bâtisse en briques rouges, porte et volets clos, qui se dresse face au parapet.

Je pense que la pratique du vélo m’a donné l’endurance nécessaire pour bâtir des histoires au long cours. Quand on affronte des meutes de chiens roumains, on a le courage de se lancer à l’assaut du monde de l’édition et de persévérer en dépit des obstacles. De même, quand je suis sur le vélo, fascinée par le charme des paysages ou peinant sous l’effort, j’oublie tous mes soucis, y compris les chaos et les bâtons dans les roues de ma carrière littéraire que je souhaiterais en roue libre.

Donaueschingen, naissance du Danube 


vendredi 29 avril 2022

Aller dans le décor sans danger et rencontre avec Claudio Magris

 En observant les lecteurs via ma lorgnette d’auteuresse, fort utile pour diagnostiquer leurs penchants en rien coupables, j’ai pu distinguer deux tendances orientant leur choix : ou bien ils ont envie d’ouvrir un livre qui parle d’eux et des endroits qu’ils connaissent ou bien les pages du livre doivent se transformer en paire d’ailes qui les transportent vers l’inconnu. J’exclue les addicts de science-fiction, accessoirement de Poussière de sable, abonnés aux voyages intergalactiques.

Or Elwig de l’Auberge Froide est un thriller européen, franco-allemand précisément, et il me semble en cela pouvoir satisfaire ces deux sortes de lecteurs.

Dans les salons du livre, j’ai entendu lectrices et lecteurs exprimer motiver leur intérêt en ces termes :

Mon mari est vosgien.

C’est l’histoire de mes grands-parents (au sujet de ces enfants allemands affrontant les dangers sur les routes de l’exode.

Je suis alsacienne et ça me touche.

Les gens de l’Est se sont sentis en effet concernés. D’autant plus que j’ai laissé volontairement traîner dans le texte des mots et des phrases en allemand, en m’arrangeant pour que ce soit parfaitement compréhensible pour qui n’a jamais pratiqué la langue de Goethe.

Mais, comme nous disait au collège notre professeur d’allemand, chez nous, c’est de l’exotisme. En effet, il y pleut des hispanisants en toutes saisons. C’est donc naturellement que j’ai situé la partie française du roman à Toulouse et dans cette portion de campagne baignée par le Tarn entre Villemur, Mirepoix et Buzet, les trois sur-Tarn. Une petite rivière face au géant Danube. Pendant de l’Auberge Froide, institution de la Forêt-Noire depuis le XVème siècle, le Café du Pont que j’ai rebaptisé Auberge fait face au pont suspendu qui devait s’écrouler sous le poids d’un poids lourd le 18 novembre 2019. Un drame se soldant par la mort du chauffeur du camion et la disparition d’une mère de famille et de sa fille de 15 ans. Que de fois n’ai-je cassé la croûte face au pont, sous les volets clos du café fermé depuis des lustres, mon vélo appuyé à la rambarde ?

« Pour finir ils passent le pont suspendu. La technicienne se gare devant l’auberge du Pont, désaffectée depuis des lustres. La porte d’entrée en arceau, les portes-fenêtres de l’étage, tout est clos. Le vert des volets tranche sur la brique rouge. »

C’est hantée par l’écriture de ce roman que je suis tombée sur les drames qui ensanglantèrent la forêt de Buzet en juillet 1944 et auxquels j’ai donné corps à travers Juliette, la jeune fille éprise d’Albert Montariol, Résistant.

Les lieux décrits dans les romans ne sont pas forcément ceux où l’auteur a grandi, ni même séjourné. Chaque fois qu’on m’a dit Vous connaissez bien le coin j’ai dû répondre :

Eh bien non, je n’y ai jamais avoir mis les pieds ni les roues du vélo.

Qu’il s’agisse de Königsberg-Kaliningrad, Baden-Baden ou Bamberg, au contraire de Vienne ou Passau. J’ai eu la surprise d’avoir été interviewée dans 2 radios différentes par d’anciennes élèves du lycée français de Baden-Baden.

On ne sort pas indemne de la lecture de votre roman, m’a confié l’une, c’est exactement l’ambiance que j’ai connue, la rivalité entre les petits Français et les petits Allemands. Vous y avez sûrement vécu.

Afin de restituer le décor et le parfum de lieux que je ne connaissais pas, j’ai lu. Jean-Paul, mon équipier cyclotouriste auquel j’ai dédié Elwig de l’Auberge Froide, m’a offert, à l’époque où je planchais sur cette histoire (6 ans, quand même !) un petit roman de Jules Verne intitulé Le beau Danube jaune. Le héros effectue en radeau une descente du Danube et traverse des localités inconnues de lui. C’est à partir de guides touristiques que Jules Verne leur a donné vie, sans qu’il y manque l’odeur de la saucisse grillée.

Quant au plus long fleuve européen dont je sais l’absence de bleu pour avoir vécu à Vienne et avoir suivi son cours jusqu’en Ukraine, il m’a permis de découvrir un grand écrivain triestin, Claudio Magris, à travers son Danube. Je l’ai même rencontré à Toulouse où il signait sa dernière œuvre chez Castela, librairie hélas disparue. En lui présentant mon exemplaire de Vous comprendrez donc, je me suis bien gardé de parler de mon Diabolo pacte, qui devait paraître dans 2 mois, mais de mon périple danubien de l’année dernière à vélo et en totale autonomie. Claudio Magris m’a paru impressionné et m’a demandé des détails. Je lui ai dit que c’est grâce à ce voyage que j’avais découvert Danube et son auteur en précisant ;

C’est un livre merveilleux.

J’entendais par là les réflexions hautement philosophiques et intelligentes portées par le souffle d’un style puissant. Claudio Magris était touché par ma remarque. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je revois cet écrivain, qui a frôlé le Nobel de littérature, ne cachant pas sa joie devant le compliment d’une humble lectrice portée sur la pédale.

Vendredi prochain, c’est promis, je vous parle vélo et de son rôle dans Elwig de l’Auberge Froide.

Mirepoix-sur-Tarn 

pont suspendu du Tarn





vendredi 18 mars 2022

Nathalie, une rencontre, imagesderomans

Quand le livre paraît, son auteur fait un vœu, toujours le même : pourvu qu’il trouve un public ! Laissons de côté l’épineuse question de sa diffusion et de sa prescription par les libraires. La seule certitude de l’écrivain est minimale : ce livre qui vient au monde a certes plu à son éditeur, élargi éventuellement à un comité de lecture, MAIS l’auteur attend avec anxiété les premières critiques. Je ne fais pas exception : quand j’ai un livre qui sort je rentre dans les affres. C’est dire que j’accueille avec une explosion de joie le premier avis positif paru dans la presse ou/et posté sur la toile.

Nathalie Glévarec qui tient un blog original qui allie son amour du roman et la découverte de nouveaux auteurs à son talent de graphiste ( https://imagesderomans.blogspot.com/). Pour chacun des romans chroniqués Nathalie recrée la première de couverture selon ses impressions de lecture.

J’ai connu Nathalie au cours du salon du livre d’Auch (en plein Gers). Je lui ai offert un exemplaire de mon 2ème roman, Elwig de l’Auberge Froide. Toujours avec l’interrogation : va-t-il lui plaire ? Le retour de Nathalie fut si enthousiaste qu’elle s’est empressée d’acquérir Poussière de sable, L’épopée euskalienne à sa parution. Et son retour de lecture m’a encouragée à poursuivre l’aventure et à ouvrir le volet 2 : Légendes ourdinienne.

https://imagesderomans.blogspot.com/2018/01/elwig-de-lauberge-froide.html

https://imagesderomans.blogspot.com/2019/08/poussiere-de-sable-lepopee-euskalienne.html

Nathalie Glévarec
Nathalie Glévarec


Le réel, y a que ça de vrai !

Fictionnaire de l’écriture, j’ai débuté par des histoires absurdes que presque personne n’a lues pour la simple raison qu’elles sont demeuré...