C’est important le titre, pour un roman, pour un film. Le titre, c’est le prénom d’une œuvre d’art. Jusqu’à présent, j’ai plutôt été inspirée de ce côté-là. Mes éditeurs ont maintenu mes titres. Diabolo pacte d’abord. Quant à mon thriller franco-allemand il a très vite reçu le sien : Elwig de l’Auberge Froide. Je l’ai envoyé tel quel aux éditeurs, par la poste, avec pour illustration un tableau de mon père qui collait parfaitement à l’ambiance.
Entre
autre bêta-lecteur, j’ai eu l’honneur d’avoir le soutien de la librairie Privat
et de Carine, responsable du rayon littérature. Après son avis positif, la
tentative d’accrocher Actes Sud a hélas échoué et j’ai repris en solitaire mon
bâton de pèlerin.
Puis
je reçois un refus personnalisé de Belfond et une lettre d’un éditeur de chez
Plon avec des conseils. Donc réécriture de certains points et lettre à l’éditeur
en question qui me répond qu’il me relira avec plaisir. Son courrier me
parvient par miracle car il s’est trompé de numéro. Par bonheur la factrice
veillait au grain.
Comme
j’ai un nom, je téléphone chez Plon et j’ai au bout du fil le fameux éditeur.
Mon nom ne lui dit rien mais le titre le fait bondir. Il se souvient
effectivement et précise :
―
C’est un très bon titre.
J’obtiens
un rendez-vous lors d’une formation à Paris. L’éditeur est très aimable et
correspond à l’idée qu’on peut se faire du bureau d’un éditeur : submergé
de manuscrits, ceux-ci étant les rescapés de plusieurs écrémages.
Ce
n’est pas un scoop : Elwig de
l’Auberge Froide n’est pas sorti chez Plon mais à Genève, aux éditions
Pierre Philippe.
Plus
tard, Poussière de sable, ma saga de
science-fiction, gardera aussi son titre.
Si
je reviens sur la question c’est qu’un recueil de mes nouvelles a été accepté
et qu’il faut bien lui trouver un titre. C’est un challenge, vu qu’on me
demande aussi une illustration et que la photo et l’image c’est vraiment pas
mon truc. Le titre que j’avais donné initialement au recueil me paraît d’une
platitude incroyable : Coup de grain, du titre d’une des 10 nouvelles.
J’opte aussitôt pour celui d’une autre nouvelle se déroulant dans un cirque, Un
enfant de la balle, que je compte présenter avec un tableau de cirque tombé
dans le domaine public (70 ans après la mort de l’auteur). Or John Irwing a
déjà intitulé ainsi l’un de ses nombreux romans.
Je
dois donc changer mon fusil d’épaule et trouver un titre parlant. Pan ! Je
dégaine mon Vue courte et pattes d’eph avec une photo de moi à l’âge de 15 ans
prise par mon père au pied des HLM. Parfaitement cadrée (mon père était
peintre). Rien n’y manque, ni les pattes d’eph, ni le col roulé (remis au goût
du jour par des ministres qui, n’en doutons pas, le portent jusqu’à l’intimité
de leur domicile), ni la ceinture, le bracelet-montre largeur XXL, ni les
cheveux longs. Pour une fois que mon narcissisme s’exprime ! Eh bien, non,
le titre ne plaît pas, ni la photo. On préfèrerait Coup de grain.
Je
flaire une autre piste. Coup de grain, en relisant, est une vraie Course à l’abîme. Je crois détenir le
Graal quand je découvre le roman de Dominique Fernandez. Puis, je fouille le
sens de ma nouvelle et en déduit qu’il s’agit d’un Pas de deux au bord du gouffre. Mon espoir se casse la figure en
tombant sur un article journalistique vieux de quelques années. Ma danse
macabre a en effet été déjà dansée par Kadhafi et Sarkozy.
Je
reviens à mon enfant de la balle et au cirque. Ces nouvelles sont en effet ce
que j’ai écrit de plus intime, tiré de faits réels tirés de mon expérience
personnelle ou de faits divers qui m’ont marquée. Or je sais ce que je dois au
cirque et notamment à certain trapéziste du cirque Pinder dont je porte la
bague et sans lequel je n’écrirais pas dans un grand bureau confortable et
joliment meublé. Mais ceci est une autre histoire que je ne suis pas encore
prête à écrire, pas plus que je ne vous dévoilerai le titre que je me propose
de soumettre à la sagacité de mes éditeurs.
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