Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

mardi 28 mars 2023

Un prix qui rapporte de l’or

Donc je me réservais pour une actualité imminente constituée de 2 publications prochaines et d’une remise de prix encore plus prochaine, puisqu’elle a eu lieu pas plus tôt que samedi 25 mars.

Que mon dernier roman publié, Poussière de sable, Légendes ourdiniennes – qui a perdu son éditeur – ait été remarqué par le jury des Arts Littéraires, voilà du baume pour mon cœur de locomautrice, peu enclin à l’optimiste, pour ne pas dire que, par moments, je broie du noir… d’encre.

Donc j’arrive dans le hall de l’espace Lauragais quand une personne m’aborde en me demandant si je la reconnais. Bien sûr que je la reconnais ! Mais, n’étant pas physionomiste et craignant de me tromper, j’hésite jusqu’à ce qu’elle prononce son nom. Pour une fois, je ne m’étais pas trompée. C’était bien Cathy, Cathy avec qui j’ai fait mes études d’allemand à Toulouse et avec qui j’ai partagé un appartement à Vienne, en ce temps béni de notre jeunesse où, s’il nous était apparu dans un miroir méphistophélique, le futur, notre présent, nous aurait semblé atrocement absurde et dystopique.

La dernière fois où nous nous étions vues remontait à plus de 30 ans. Que de souvenirs échangés ! Celui qui fait le plus fureur nous renvoie à Vienne, au mois de mars, un mois de mars viennois où la neige est plus d’actualité que les massifs de pâquerettes. Nous visitons le château de Schönbrunn, le Versailles autrichien, enfilant la visite de pièces de musée dotées d’immenses poêles en faïence. Un trio composé de 2 toulousaines et d’une Allemande, Mathilde, rencontrée en Tchécoslovaquie en université d’été. L’air du parc nous donne un coup de fouet, au point de nous donner l’idée lumineuse de marcher sur l’eau gelée du bassin de Neptune. Mais la glace craque et Cathy s’enfonce jusqu’à la taille. Mathilde et moi, au sec, nous rions comme des bossues et encore plus quand nous apercevons un vieillard interloqué par le spectacle. Il a sûrement connu l’Anschluss, peut-être les affres de la Grande Guerre, mais jamais pareil sacrilège. Dans le tramway le loden de Cathy dégouline. Quand elle marche elle a la sensation d’avoir des poissons dans les bottes. Et pourtant, pas le moindre rhume ni coup de froid. Le soir, j’entends Mathilde s’exclamer au téléphone :

Hier ist es Prima !

Sûr que c’est super. Pendant des années, je me suis mise à rire toute seule rien que de me rappeler la scène du Neptunbrunnen.

Bon, si vous croyez que ces retrouvailles avec Cathy m’ont renvoyée à mon intérêt passionné pour les synchronicités chères à Carl Gustav Jung, vous êtes loin d’avoir tort. Bien sûr, le fait que la présidente des Arts Littéraires soit germaniste n’est que pure coïncidence.

 

Château de Schönbrunn à Vienne

vendredi 24 mars 2023

Page blanche : les bloggeuses aussi !

Sur l’écran blanc d’un ennui noir, je peine à trouver mes mots. Il faut croire que le syndrome dit de la page blanche ne m’affecte qu’en cet organe précis de ma biologie littéraire : le blog. Un de mes rouages de locomautrice est grippé et refuse de repartir.

En décembre 2021, quand j’ai mis en place ce blog pour parler à mes lecteurs, anciens, présents et futurs, je m’étais dit que je publierais un article une fois par semaine. Mon éditeur (RroyzZ éditions) m’avait même dit que l’idéal, c’était 2 fois par semaine. Longtemps, j’ai tenu mon engagement : un article par semaine sur des sujets qui débordaient largement la littérature et ma personne d’auteur. L’actualité m’a aussi fourni des sujets, à savoir que j’ai éprouvé la nécessité de m’exprimer sur la question : l'autofiction, les injonctions à baisser le chauffage (l’écrivain télétravaille), la féminisation à outrance du vocabulaire, version actuelle de querelles byzantines autour du sexe des anges. Mais, là, nous frôlons dangereusement un autre sujet brûlant.

Et pourtant les choses à dire sur ce blog vont se précipiter : la résurrection de Diabolo pacte aux éditions d’Avallon, la parution de Coup de grain, recueil de nouvelles, aux éditions Auzas, mon roman de science-fiction, Poussière de sable, Légendes ourdiniennes, mention spéciale du jury des Arts Littéraires.

Autant de sujets à même de vous éclairer sur mon inspiration et mon parcours de locomautrice.

En ce moment, je travaille sur les BAT (bon à tirer), couvertures (1ère et 4ème) de mes parutions imminentes. Je vous en réserve la surprise.

J’ai provisoirement interrompu l’écriture de mon nouveau roman qui nécessitera de nombreuses recherches et une immersion dans l’inconnu (le passé de notre famille).

Disons que, pour le moment, côté blog, je me réserve.



 

 

dimanche 12 mars 2023

Avez-vous de la chance ?

Un jour, un copain auteur m’a raconté une anecdote au sujet d’un directeur de théâtre (quelque chose comme ça) qui demandait toujours aux postulants :

Avez-vous de la chance ?

Parce que c’est important, la chance, et comme d’acteur à auteur il n’y a qu’une lettre qui change, j’imagine que c’est important pour un auteur, a fortiori une locomautrice.

Donc un éditeur serait inspiré de demander aux auteurs dont ils ont apprécié le foutu manuscrit :

Avez-vous de la chance ?

Parce que, sans une once de chance, une larve manuscrite métamorphosée en papillon par le miracle de la publication ne prendra jamais de lecteurs en ses filets (je plagie mon Diabolo pacte, lequel sera prochainement réédité aux éditions d’Avallon. Un brin de pub ne peut que lui porter chance).

Donc, si vous constatez depuis votre naissance que vous avez la poisse, mieux vaut mentir. Surtout ne pas avouer l’inavouable : qu’à la date prévue pour chacune de vos dédicaces, il tombe des hallebardes (personne ne sort), qu’il fait un temps radieux (personne n’entre), qu’une manifestation passe devant la librairie, que vous êtes malheureux autant au jeu qu’en amour (sinon pourquoi écririez-vous ?). Donc vous déclarez :

Bien sûr que j’ai de la chance.

Et d’étayer :

Quand je veux me garer il y a toujours une place qui se libère dans la minute.

Vous omettez de préciser que vous n’êtes jamais en quête d’une place de parking du simple fait que le permis vous a été retiré pour conduite en état d’ivresse le jour où vous avez appris que votre boss vous virait de sa boîte de merde dont le seul avantage se résumait au minimum vital.

Vous passez sous silence la fois où votre billet de loto était gagnant et que vous l’avez égaré dans la rue.

Ce sont des choses qu’un éditeur n’est pas censé connaître. Donc il est censé vous croire quand vous lui assurez que vous avez de la chance. Mais, s’il est inspiré, il voudra vérifier par lui-même que vous ne lui mentez pas et que vous avez vraiment de la chance.

Donc je lui conseillerais que, nonobstant l’étroitesse de ses locaux, il installe quelques chaises, dont une seule savamment déglinguée, et invite à s’asseoir son candidat ou sa candidate. Je suis bien consciente de plagier l’idée d’un certain Francis Veber mettant en scène, dans un film portant le nom d’un petit ruminant femelle, un Pierre Richard exceptionnellement malchanceux au point de s’asseoir, dans une salle de réunion vide copieusement garnie de sièges, sur le seul qui s’écroule sous lui. C’est très rigolo, sauf que nos éditeurs n’ont pas les moyens des grands espaces.

Pour aggraver mon cas j’avoue que selon l’horoscope chinois je suis du signe de la chèvre, mais que, parfois et, une fois vraiment vitale, j’ai eu ce qu’on appelle une veine de bandit.

C’est une histoire que je vous raconterai un jour. Ou pas.



jeudi 2 mars 2023

Tirer la couverture à soi

C’est pour moi une première à tous les sens du terme : un tableau de mon père, Manuel Candat, illustrera la première de couverture de mon recueil de nouvelles à paraître aux éditions Auzas : Coup de grain.

Malheureusement, mon père n’en saura rien, si ce n’est par des biais ésotériques : il est parti en 2007, 2 ans avant la publication de mon premier roman.

J’ai parlé de lui dans un article du blog : mon père, ce héros... qui m'a appris à mentir. Je ne répèterai pas.

Dans ce blog, je vous ai fait part des joies, des rencontres mais aussi des difficultés (un euphémisme pour parler de galère) de mon parcours de locomautrice, tantôt victime d’erreurs d’aiguillage, de parpaings en travers de la voie, etc. alors que chaque auteur souhaite filer sur les rails du succès en engrangeant toujours plus de monde à chaque gare, en l’occurrence des lecteurs qui auront acheté des livres.

En cette période où le salon de l’agriculture bat son plein, je peux avouer que, bien que du signe du taureau, je ne suis pas une bête de salon. Le contact, c’est pas mon truc. Si ça l’était, je crois bien que la nécessité d’écrire ne me serait jamais tombée dessus.

C’est un point commun que je possède avec mon père : outre qu’il était un peintre et un sculpteur tirant ses œuvres de son imagination (réalisme fantastique), il était dépourvu de tout talent de bateleur.

Il m’arrive de poster ses tableaux sur Facebook. En retour, je reçois des commentaires enthousiastes. Elles me font naturellement plaisir, mais je ne peux retenir un pincement au cœur : de son vivant, mon père a peu vendu, pour ne pas dire que dalle. Un jour il a décidé d’arrêter et donné les châssis et les toiles vierges qu’il confectionnait lui-même. Il s’est mis à la course à pied et a couru son dernier marathon à l’âge de 75 ans. Cette activité lui a valu plus de reconnaissance que son parcours artistique.

Pourtant, en 1979, il recevait le premier prix du Centre d’Activité Culturelle de la ville de Colomiers, déjà propulsée 2ème ville du département par son destin aéronautique.

Faire des parallèles est souvent hasardeux et risqué, le risque étant de suivre une pente fatale imputée à des tares héréditaires. Bien souvent à tort.

Voilà jusqu’où m’a entraînée ce tableau que mon père avait intitulé En solitaire alors que moi, sa fille, prise particulièrement la solitude de la création que je romps toujours à regrets pour trébucher dans l’arène commerciale.

En solitaire, Manuel Candat


Le réel, y a que ça de vrai !

Fictionnaire de l’écriture, j’ai débuté par des histoires absurdes que presque personne n’a lues pour la simple raison qu’elles sont demeuré...