Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

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mardi 18 mars 2025

La bosse du commerce

Un sujet qui intéressera les auteurs exposant leurs œuvres dans les salons du livre, tous avides qu’un de leurs titres trouve preneur. Vous n’êtes pas auteur mais lecteur fréquentant les salons du livre ; vous n’êtes ni lecteur ni auteur, mais vous avez été vendeur d’aspirateurs ou d’assurances une fois dans votre vie, cet article peut vous parler. Le livre est certes une œuvre de l’esprit, mais elle doit se vendre. Faute de lectorat, elle restera lettre morte.

Je lisais l’échange, sur les réseaux, entre auteurs, bien sûr inconnus – la notoriété assurant les ventes en librairie et les files d’attente devant la table de dédicaces – et dont les avis différaient sur la conduite à tenir. Pour l’un, il fallait rester debout et interpeler le chaland, surtout pas roupiller derrière un téléphone. Pour l’autre, tenter d’alpaguer le putatif lecteur aurait l’effet contraire : le faire fuir non seulement de la table de l’alpagueur mais aussi des tables voisines. Ah ! Le cochon !

Je vous livre mon expérience. Longtemps je me suis tenue modestement derrière la table, osant à peine un bonjour. Non par timidité, mais parce que j’estimais qu’un livre n’étant pas une savonnette je ne pouvais me muer en bateleur de foire. Et le lecteur me glissait entre les mains, pour s’emparer du livre d’un voisin doté d’une bonne tchatche.

Pourtant, par respect de mes futurs lecteurs, je me présente toujours sur mon 31 (quand on est de Toulouse !) et armée d’un beau stylo quand d’autres se foulent le poignet en maniant un simple bic.

Il m’est arrivé plusieurs fois de vendre Diabolo pacte ou Elwig de l’Auberge Froide sans prononcer un mot tant le talent de mes éditeurs avait su concocter un quatrième de couverture attrayant.

Et puis, un beau jour, lassée de me déplacer pour vendre 2 ou 3 livres, quand ce n’était le zéro absolu, j’ai décidé de changer de méthode.

Debout, j’ose aborder les passants, leur proposant de leur parler de mes livres. Je précise que toutes mes publications ont été sélectionnés par des éditeurs et tient à leur disposition, pour chacune, un jeu de quelques critiques et chroniques. Quand on me dit : Vous ne pouvez pas dire que c’est mauvais puisque vous en êtes l’auteur, je suis à même de leur prouver que d’autres, que je n’ai jamais rencontrés, en pensent du bien. Plus d’une fois on m’a demandé une dédicace en me précisant qu’on se passait de la critique pour choisir ses lectures.

Je me suis aperçue très vite que la roue avait tourné et que l’époque où je me déplaçais pour des nèfles était révolue.

Il m’a été dit par un monsieur auquel j’ai dédicacé deux livres :

Si vous ne m’aviez pas abordé, je serais passé à côté.

J’en viens à la rencontre la plus émouvante. Librairie d’un supermarché. On y circule avec des caddies qu’on remplit de plein d’autres choses que de nourriture spirituelle.

J’aborde une dame qui s’intéresse à mon duo qui fait du bien. Elle me raconte qu’elle a été peintre et à la tête d’une entreprise de graphisme, que les choses ont mal tourné pour elle et qu’elle s’est retrouvée en clinique. Elle peine à récupérer des traitements et me remercie de lui avoir tendu la main. Elle a ainsi eu l’occasion de parler et de se confier. J’espère que mon Coup de grain lui aura donné un coup de fouet.

 


mercredi 6 mars 2024

Couteau suisse

Les salons du livre sont des endroits où les auteurs sont censés rencontrer leurs lecteurs ou s’en faire de nouveaux, et où les lecteurs cherchent à retrouver des auteurs qu’ils connaissent déjà, ou en découvrir de nouveaux.

Les lecteurs ayant pris un abonnement à ma prose ne se comptent pas sur les doigts des mains de la déesse Vishnou. J’en connais certains de ma vie d’avant. D’autres m’ont découvert derrière une table de dédicace ou acheté mon livre, ayant lu une belle critique sur les réseaux sociaux.

Donc, dans ces salons, on trouve des célébrités sur lesquelles le chaland fonce comme un seul homme et des vendeurs d’aspirateurs réduits à vanter la fraîcheur de leur criée.

Donc il y a les illustres et les secondes couteaux : les estampillés Opinel ou Laguiole, et les canifs sortis d’un paquet Bonux (pour qui ça parle encore).

Ayant publié chez un éditeur genevois un thriller franco-allemand, je pourrais me qualifier de couteau suisse. « Claudine Candat » n’est hélas pas une marque. Je n’ai pas de prescripteur dont on écoute et suit les avis. Mes livres ont déserté les tables des libraires car, hormis la première édition de Diabolo pacte et la parution de Elwig de l'Auberge Froide, mes éditeurs ne sont pas diffusés (en librairie). Petite lueur d’espoir : j’ai le soutien de quelques-professionnels qui me reconnaissent une qualité à mes écrits : la qualité. Et je dois aussi citer le premier prix du roman décerné en 2023 à Diabolo pacte (2ème édition) par l’Académie des Livres de Toulouse.

Sans médiatisation, sans diffusion, il est donc indispensable de se transformer en couteau suisse pour sortir de l’enfer de l’anonymat.

Par définition, un couteau suisse, ça sait tout faire. Comme moi qui suis ma propre secrétaire, ma propre attachée de presse prenant attache avec journalistes, bloggeuses, libraires, organisateurs de manifestation pour décrocher des interviews, des radios (pas de scanners), des salons, des séances de dédicaces. Je me suis fabriqué des supports de comm, des affichettes pour chacun de mes livres pour attirer l’œil du chaland déambulant dans les salons et les librairies. Je concocte des annonces à afficher sur les réseaux sociaux. Je me présente à des prix littéraires, histoire de me faire connaître et de recevoir la reconnaissance d’un jury. Je soigne mon apparence et ma garde-robe. Dans le même temps, je me préoccupe de l’avenir et explore les possibilités éditoriales dans des maisons susceptibles de me publier et de me diffuser à leur compte, et non au mien.

Beaucoup pour une seule femme, me direz-vous !

Il arrive cependant que mon hyperactivité soit parfois récompensée, par des prix et des invitations spontanées.



 

mercredi 1 février 2023

L’art délicat de la dédicace

Vous qui lisez ce blog – et j’espère que vous n’êtes pas tous auteurs – vous avez peut-être entendu parler de ces séances où l’auteur – ou la locomautrice – se retrouve derrière une table couverte de sa production littéraire et attend le futur lecteur ou espérée lectrice qui sollicitera sa signature assortie d’un petit mot sur la page de titre.

C’est en effet l’achat qui confère de la valeur au livre publié et tiré.

Ces séances peuvent se dérouler en salon du livre en compagnie de confrères et consœurs ou en librairie.

Je me souviens de ma première séance à la maison de la presse d’une localité du Tarn-et-Garonne. Ma première signature fut à l’adresse d’un fossoyeur à la retraite. Ce détail augurait-il de l’avenir ? Sacré Diabolo pacte !

Je me munis toujours d’un beau stylo, manière de signifier le respect que je porte à mes éventuels lecteurs. Depuis, j’en suis revenue après avoir vu de simples bics s’épuiser à la chaîne tandis que chômait mon bel outil.

Il m’est même arrivé de prêter mon précieux stylo.

Puis-je vous l’emprunter pour faire un chèque ?

Bien sûr, l’achat n’avait rien à voir avec l’un de mes livres.

Pouvez-vous garder mon caddy pendant que je fais les courses ?

C’était dans une librairie aveyronnaise. J’ai veillé en gardant un œil sur une rangée de poireaux. Rassurez-vous, personne ne m’a lancé des tomates.

Je me souviens aussi de ma première dédicace improvisée en allemand. Elwig de l’Auberge Froide attirait l’épouse d’un airbusien, d’une Japonaise employée au Bureau International du Travail au salon du livre de Genève, de ma joie toujours renouvelée de dédicacer Diabolo pacte, mon thriller franco-allemand et ma saga de science-fiction, Poussière de sable, notamment pour un cadeau à un surnommé « Jeep ».

Je me souviens que lors d’un salon j’ai été saluée par un

Je vous ai vue à la télé.

Fameux coup de pouce en effet.

Et j’en viens au cœur de la question : qu’est-ce qui peut vous pousser à découvrir un auteur dans un salon, mis à part les première et quatrième de couverture ?

J’avoue que je n’ai pas la réponse.

Si vous en avez une ou plusieurs, je suis preneuse.

Salon du livre de Paris


lundi 6 juin 2022

Plaisirs de table

Quand le livre est tiré, il faut le vendre. Plus fastoche de descendre un Mont Ventoux (le vin) ou même de le grimper (le col) que de faire baisser la pile de livres sur la table de dédicace. Un talent de bateleur peut faire d’un auteur inconnu une perle rare que s’arracheront les libraires. L’exercice est ardu, personnellement me paraît monumental : exaltant quand il est réussi, décourageant quand sèche le stylo. Pourtant, j’y ai récolté, parmi la tourbe, quelques diamants étincelants.

C’est lors d’un salon du livre que j’ai fait la connaissance de Nathalie Glévarec et d’Eva Kopp.

Remontons le fil jusqu’en l’an I. Première dédicace de mon 1er roman, Diabolo pacte. Je me suis déplacée dans le Tarn et Garonne, à librairie presse de Caussade. Et elle se tient devant moi, ma toute première fois, au moins aussi intimidante que les autres. Elle s’appelle Hubert, avant d’être à la retraite occupa le poste de fossoyeur et, non content d’être ma toute première dédicace, persuada une cliente de tenir le rôle de la deuxième. Un fossoyeur comme première signature augurait-il d’une mise en terre de mes espérances ?

Le samedi d’après, à Ax-les-Thermes, elle riait comme une bossue devant la quatrième de couverture cette dame d’un certain âge qui déplorait :

Je suis une retraitée pauvre.

Je suis en effet entrée sur le marché du livre dans la foulée de la crise des subprimes.

Je me souviens de ma première radio, FMR, une radio de jeunes, où je me suis sentie à l’aise pour présenter mon Diabolo pacte après que mon interviewer se fût quelque peu égaré. Tout micro éteint, il m’a prié de l’excuser, alors que j’étais loin de regretter un dérapage épiçant l’interview :

Je suis plus à l’aise avec les écrivains morts.

Passons à la vitesse supérieure : ma première télé avec l’excellent Greg Lamazères de la regrettée chaîne Télé Toulouse. Maquillée comme une star, étouffant de trac, je fais connaissance de Michel Baglin, journaliste à la Dépêche du Midi, poète, nouvelliste et romancier. Je croiserai Michel plusieurs fois. Des mois plus tard, alors que j’étais en quête d’un éditeur pour mon 2ème roman, Elwig de l’Auberge Froide, il m’a confié qu’il avait eu un temps les honneurs de la presse nationale et cru que le succès pointait le bout de son nez. Et puis, Pschitt ! J’ai encore en tête son conseil  :

Il faut écrire parce qu’on aime ça.

Michel est parti en 2019, le 8 juillet, 4 jours après ma mère, de 20 ans son aînée.

Donc premier passage à la télé dont je récolterai les fruits. J’entendrai, derrière ma pile de Diabolo pacte, la formule magique :

Je vous ai vu à la télé. Puis-je avoir une dédicace ?

Plus de télé mais le covid, le pass sanitaire qui devient vaccinal. La semaine où je devais passer à la radio et présenter Poussière de sable, l’épopée euskalienne, lors d’un dîner littéraire, et passer sur les ondes de Radio Occitanie est la première de deux mois de confinement. L’année d’après, mon éditeur et moi-même travaillons à la publication de Poussière de sable, Légendes ourdiniennes. Privée de salons et de dîners, je décide de concrétiser un projet de longue date : mon site internet. Finalement, j’opte pour Blogger, libre de pubs, avec un blog où je parlerai à mes lecteurs, anciens et peut-être futurs. Il m’est en effet plus facile de communiquer derrière l’écran blanc de mes humeurs, noires ou roses, que derrière une table.

Une question me tarabuste depuis longtemps : L’auteur est-il le plus à même de parler du contenu de son livre ? Proche de la transe, j’ai la sensation que ce que j’écris me passe au-dessus de la tête. Mes personnages s’emparent de leur destin en interaction les uns avec les autres. Mes lecteurs y voient mille choses dont je n’ai pas conscience. Suis-je la mieux placée pour en parler ? J’avoue que je demeure dans le brouillard. Ce que je peux dire c’est que quand on s’arrête devant ma table et me demande une dédicace, il fait très beau.

Salon du livre de Paris


La bosse du commerce

Un sujet qui intéressera les auteurs exposant leurs œuvres dans les salons du livre, tous avides qu’un de leurs titres trouve preneur. Vous ...