Une signature en librairie ou en salon du livre est un sport qui sollicite quelque énergie, je dirais même plus, beaucoup d’énergie, un match dont on ne connaît guère le score final. Combien de livres signés à la fin de la journée ?
Dernièrement,
j’étais installée devant l’espace librairie d’un Intermarché avec mon duo de
livres qui font du bien, Diabolo pacte,
côté roman, et Coup de grain, côté
nouvelles. Ma dédicace du mois de juin ayant été un franc succès, je suis
revenue en février avec le même duo mais vêtue en conséquence, collants roses
douillets et boots fourrés.
J’attendais
la première signature, source d’optimisme pour la suite. Une dame s’avance vers
moi et déclare :
―
Je vous connais.
N’étant
pas physionomiste, ce qui me vaut moult quiproquos et désagréments, je
m’imagine qu’il doit s’agir d’une rencontre en salon du livre. Mais elle
poursuit :
― Je vous
ai reconnue et votre nom m’a confirmé qu’on se connaît. Nous étions camarade de
classe.
Bien
sûr, moi je n’ai reconnu personne. Je lui demande son nom et, derrière son
masque et les lustres écoulés, je revois la jeune fille, la camarade de classe
du lycée Saint-Sernin. D’être reconnue, voilà qui me soulage face à l’âge qui
avance et nous en met plein la figure.
Des
détails me reviennent : son adresse d’alors, rue des Potiers, ses cours de
danse et son spectacle auquel j’avais assisté au théâtre Daniel Sorano.
Anne,
car c’est son prénom, a fait lettres sups et s’est vouée à sa passion,
l’enseignement. Côté universitaire et professionnel, je ne puis me vanter d’une
telle carrière. Admise en hypokhâgne, j’ai choisi la fac d’allemand, ce qui m’a
permis de décrocher une bourse du ministère des affaires étrangères pour
étudier à Stuttgart. Dans le top 3 de ma promo de la fac d’allemand, je me suis
offert le luxe d’un CV à trous et d’une reconversion dans le droit du travail.
Les 2 autres sont devenus profs de fac. Je ne les ai jamais enviés car le droit
du travail m’a passionnée. Je dois d’ailleurs à mon terrain professionnel,
éminemment conflictuel, une part de mon inspiration.
Et
voilà que je rédige la première signature du jour sur la page de titre de Diabolo pacte. Je tends à ma camarade de
classe le livre avec sa dédicace personnalisée en remarquant :
―
Même si c’était le seul de la journée, elle serait quand même réussie.
La
vie a en effet plus d’une synchronicité dans son sac à malices, autrement dit
des coïncidences qui font sens.
Rassurez-vous,
j’ai signé d’autres livres, et pas seulement Diabolo pacte.
Pour
finir, la photo de classe : Anne est sur la 3ème rangée, la 2ème
(sans lunettes) en partant de la droite. Où suis-je ? À
vous de deviner.
Lycée Saint-Sernin (Toulouse) année 1971-72 |
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