Donc je me réservais pour une actualité imminente constituée de 2 publications prochaines et d’une remise de prix encore plus prochaine, puisqu’elle a eu lieu pas plus tôt que samedi 25 mars.
Que
mon dernier roman publié, Poussière de
sable, Légendes ourdiniennes – qui a perdu son éditeur – ait été remarqué
par le jury des Arts Littéraires, voilà du baume pour mon cœur de locomautrice,
peu enclin à l’optimiste, pour ne pas dire que, par moments, je broie du noir…
d’encre.
Donc
j’arrive dans le hall de l’espace Lauragais quand une personne m’aborde en me
demandant si je la reconnais. Bien sûr que je la reconnais ! Mais, n’étant
pas physionomiste et craignant de me tromper, j’hésite jusqu’à ce qu’elle
prononce son nom. Pour une fois, je ne m’étais pas trompée. C’était bien Cathy,
Cathy avec qui j’ai fait mes études d’allemand à Toulouse et avec qui j’ai partagé
un appartement à Vienne, en ce temps béni de notre jeunesse où, s’il nous était
apparu dans un miroir méphistophélique, le futur, notre présent, nous aurait
semblé atrocement absurde et dystopique.
La
dernière fois où nous nous étions vues remontait à plus de 30 ans. Que de
souvenirs échangés ! Celui qui fait le plus fureur nous renvoie à Vienne,
au mois de mars, un mois de mars viennois où la neige est plus d’actualité que
les massifs de pâquerettes. Nous visitons le château de Schönbrunn, le
Versailles autrichien, enfilant la visite de pièces de musée dotées d’immenses
poêles en faïence. Un trio composé de 2 toulousaines et d’une Allemande,
Mathilde, rencontrée en Tchécoslovaquie en université d’été. L’air du parc nous
donne un coup de fouet, au point de nous donner l’idée lumineuse de marcher sur
l’eau gelée du bassin de Neptune. Mais la glace craque et Cathy s’enfonce
jusqu’à la taille. Mathilde et moi, au sec, nous rions comme des bossues et
encore plus quand nous apercevons un vieillard interloqué par le spectacle. Il
a sûrement connu l’Anschluss, peut-être les affres de la Grande Guerre, mais
jamais pareil sacrilège. Dans le tramway le loden de Cathy dégouline. Quand
elle marche elle a la sensation d’avoir des poissons dans les bottes. Et
pourtant, pas le moindre rhume ni coup de froid. Le soir, j’entends Mathilde s’exclamer
au téléphone :
― Hier ist es Prima !
Sûr
que c’est super. Pendant des années, je me suis mise à rire toute seule rien
que de me rappeler la scène du Neptunbrunnen.
Bon,
si vous croyez que ces retrouvailles avec Cathy m’ont renvoyée à mon intérêt
passionné pour les synchronicités chères à Carl Gustav Jung, vous êtes loin
d’avoir tort. Bien sûr, le fait que la présidente des Arts Littéraires soit
germaniste n’est que pure coïncidence.