Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

vendredi 29 avril 2022

Aller dans le décor sans danger et rencontre avec Claudio Magris

 En observant les lecteurs via ma lorgnette d’auteuresse, fort utile pour diagnostiquer leurs penchants en rien coupables, j’ai pu distinguer deux tendances orientant leur choix : ou bien ils ont envie d’ouvrir un livre qui parle d’eux et des endroits qu’ils connaissent ou bien les pages du livre doivent se transformer en paire d’ailes qui les transportent vers l’inconnu. J’exclue les addicts de science-fiction, accessoirement de Poussière de sable, abonnés aux voyages intergalactiques.

Or Elwig de l’Auberge Froide est un thriller européen, franco-allemand précisément, et il me semble en cela pouvoir satisfaire ces deux sortes de lecteurs.

Dans les salons du livre, j’ai entendu lectrices et lecteurs exprimer motiver leur intérêt en ces termes :

Mon mari est vosgien.

C’est l’histoire de mes grands-parents (au sujet de ces enfants allemands affrontant les dangers sur les routes de l’exode.

Je suis alsacienne et ça me touche.

Les gens de l’Est se sont sentis en effet concernés. D’autant plus que j’ai laissé volontairement traîner dans le texte des mots et des phrases en allemand, en m’arrangeant pour que ce soit parfaitement compréhensible pour qui n’a jamais pratiqué la langue de Goethe.

Mais, comme nous disait au collège notre professeur d’allemand, chez nous, c’est de l’exotisme. En effet, il y pleut des hispanisants en toutes saisons. C’est donc naturellement que j’ai situé la partie française du roman à Toulouse et dans cette portion de campagne baignée par le Tarn entre Villemur, Mirepoix et Buzet, les trois sur-Tarn. Une petite rivière face au géant Danube. Pendant de l’Auberge Froide, institution de la Forêt-Noire depuis le XVème siècle, le Café du Pont que j’ai rebaptisé Auberge fait face au pont suspendu qui devait s’écrouler sous le poids d’un poids lourd le 18 novembre 2019. Un drame se soldant par la mort du chauffeur du camion et la disparition d’une mère de famille et de sa fille de 15 ans. Que de fois n’ai-je cassé la croûte face au pont, sous les volets clos du café fermé depuis des lustres, mon vélo appuyé à la rambarde ?

« Pour finir ils passent le pont suspendu. La technicienne se gare devant l’auberge du Pont, désaffectée depuis des lustres. La porte d’entrée en arceau, les portes-fenêtres de l’étage, tout est clos. Le vert des volets tranche sur la brique rouge. »

C’est hantée par l’écriture de ce roman que je suis tombée sur les drames qui ensanglantèrent la forêt de Buzet en juillet 1944 et auxquels j’ai donné corps à travers Juliette, la jeune fille éprise d’Albert Montariol, Résistant.

Les lieux décrits dans les romans ne sont pas forcément ceux où l’auteur a grandi, ni même séjourné. Chaque fois qu’on m’a dit Vous connaissez bien le coin j’ai dû répondre :

Eh bien non, je n’y ai jamais avoir mis les pieds ni les roues du vélo.

Qu’il s’agisse de Königsberg-Kaliningrad, Baden-Baden ou Bamberg, au contraire de Vienne ou Passau. J’ai eu la surprise d’avoir été interviewée dans 2 radios différentes par d’anciennes élèves du lycée français de Baden-Baden.

On ne sort pas indemne de la lecture de votre roman, m’a confié l’une, c’est exactement l’ambiance que j’ai connue, la rivalité entre les petits Français et les petits Allemands. Vous y avez sûrement vécu.

Afin de restituer le décor et le parfum de lieux que je ne connaissais pas, j’ai lu. Jean-Paul, mon équipier cyclotouriste auquel j’ai dédié Elwig de l’Auberge Froide, m’a offert, à l’époque où je planchais sur cette histoire (6 ans, quand même !) un petit roman de Jules Verne intitulé Le beau Danube jaune. Le héros effectue en radeau une descente du Danube et traverse des localités inconnues de lui. C’est à partir de guides touristiques que Jules Verne leur a donné vie, sans qu’il y manque l’odeur de la saucisse grillée.

Quant au plus long fleuve européen dont je sais l’absence de bleu pour avoir vécu à Vienne et avoir suivi son cours jusqu’en Ukraine, il m’a permis de découvrir un grand écrivain triestin, Claudio Magris, à travers son Danube. Je l’ai même rencontré à Toulouse où il signait sa dernière œuvre chez Castela, librairie hélas disparue. En lui présentant mon exemplaire de Vous comprendrez donc, je me suis bien gardé de parler de mon Diabolo pacte, qui devait paraître dans 2 mois, mais de mon périple danubien de l’année dernière à vélo et en totale autonomie. Claudio Magris m’a paru impressionné et m’a demandé des détails. Je lui ai dit que c’est grâce à ce voyage que j’avais découvert Danube et son auteur en précisant ;

C’est un livre merveilleux.

J’entendais par là les réflexions hautement philosophiques et intelligentes portées par le souffle d’un style puissant. Claudio Magris était touché par ma remarque. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je revois cet écrivain, qui a frôlé le Nobel de littérature, ne cachant pas sa joie devant le compliment d’une humble lectrice portée sur la pédale.

Vendredi prochain, c’est promis, je vous parle vélo et de son rôle dans Elwig de l’Auberge Froide.

Mirepoix-sur-Tarn 

pont suspendu du Tarn





jeudi 21 avril 2022

Des muscles et du nez

 Puisque j’ai mis le pied à l’étrier, autant que j’enfourche la monture et poursuive sur ma lancée. Donc je me mets à l’écriture de mon deuxième roman (publié) qui en réalité le 3ème : Elwig de l’Auberge Froide. 6 ans de travail. L’histoire déroule ses méandres de 1805 à nos jours sous l’égide du romantisme allemand et du plus ésotérique des pionniers de la psychanalyse, Carl Gustav Jung. Au départ, un étudiant français frappe à la porte d’une auberge allemande et se retrouve dans la peau d’un étudiant en médecine en route pour Vienne. Le vent de la grande histoire souffle sur mon inspiration, des guerres napoléoniennes jusqu’au deuxième conflit mondial, poussant ses pointes jusqu’à la période de la Libération en France et de la partition de l’Allemagne. Mais je ne vais pas vous raconter l’histoire, disponible dans sa version publiée mais, ça, c’est une autre histoire, une autre paire de manches. En attendant, je me retrousse les miennes. Je suis au pied du mur, là où on voit le maçon, sauf que le maçon c’est moi, tant j’éprouve en mon corps la sensation de faire un travail d’architecte. Je m’empare de pans entiers de mon histoire, les soupèse, les déplace, les agence. Tout serait plus simple si j’écrivais de façon linéaire mais non, j’opte pour une narration où les temps se télescopent et où la conjugaison, au présent et au passé, tient lieu de guide au lecteur.

En même temps, j’exerce mon nez, comme celui d’un parfumeur. Je fais circuler le lecteur dans des époques que ni lui ni moi n’avons connues (pour le 19ème siècle c’est plus que certain). J’aspire à restituer l’air du temps et la fragrance d’une époque. Je dors avec un cahier posé sur la table de nuit. S’il me vient une idée, je la note pour ne pas l’oublier. Il m’est arrivé de me réveiller en sueur en me disant : Ça sent le cuir, à propos du garage l’Auberge Froide, transformé en écurie d’un autre âge. Voilà en quoi s’est transformée cette impression olfactive : Il s’agissait bien d’un garage mais dans lequel on aurait garé des véhicules de musée, voitures à bras, calèches et traîneaux à neige, avec d’énormes outils pendus au mur : maillet, tenailles et d’autres dont j’ignorais l’usage. Je ne m’étonnai guère que ma bicyclette eût disparu. J’aperçus des harnais et des lanières. Au lieu de l’odeur d’essence, je respirais des effluves de litière et de cuir. Je ne rêve pas, fis-je à haute voix en espérant le contraire.

C’est peu dire que Elwig de l’Auberge Froide m’a hantée. Je me suis glissée tour à tour dans leur peau, ou ce sont eux qui ont pris possession de moi : Elwig, héroïne de cape et d’épée, Michel Leduc, médecin légiste qui fait des rêves prémonitoires, accro à C.G. Jung et à l’alcool, Gérald Mirouze, son jeune collègue, accro au travail et buveur d’eau, Franz/François, romantique à tous les temps…

Voilà un aperçu du comment. Vendredi je vous dis et, partant, vous emmène en voyage.

Cahier dédié à Elwig de l'Auberge Froide



Photo prise au cours de mon périple danubien 

jeudi 14 avril 2022

Deuxième ou second ? roman, s’ensuit.

 Un auteur qui publie après son premier livre se doit de saisir la différence entre deuxième et second. S’il parle de son second livre après en avoir sorti un troisième on peut douter de sa maîtrise des subtilités de la langue française. Mais au cas où le troisième bouquin serait encore dans les limbes, c’est que notre écrivain est franchement pessimiste ou bien réaliste, si on considère le parcours d’obstacles qui se dresse devant lui. Et je sais de quoi je parle.

Personnellement, j’ai radié le mot second de mon vocabulaire et, si vous me suivez sur ce blog, vous n’ignorez pas qu’en termes de création mon deuxième roman est en réalité le troisième. La publication est une autre paire de manche. J’arrête de vous embrouiller.

Donc nous en sommes à cette période de ma vie littéraire où Diabolo pacte est achevé mais pas encore publié et où je me cherche des moyens de me faire connaître. L’idée me vient de participer à des concours de nouvelles. La récompense financière est, à mes yeux, accessoire quoique je n’y cracherais pas dessus. Je lance donc deux ou trois poulains dans la course. J’avoue qu’aucun ne décrochera la timbale. Je n’aurai ni les sous ni la gloire. Je n’aurais certes pas craché sur la gloriole.

Un jour, je tombe sur l’annonce d’une localité de l’Est de la France (le Grand Est est encore dans les limbes) relative à l’ouverture d’un concours de nouvelles sur le thème de la bière. Voilà une épreuve juste faite pour moi, vu que j’avale autant de bière que mon clavier crache d’encre fictive. La bière, allemande de surcroit, fait partie de ma formation, vu que, comble de l’exotisme, j’ai fait des études d’allemand à Toulouse.

Je commence l’histoire d’un étudiant allemand qui voyage à vélo sur les routes de la Forêt-Noire et se voit contraint par l’orage de se réfugier dans l’Auberge Froide. C’est presque du vécu car, si je ne suis plus étudiante depuis des lustres, j’ai posé mon vélo contre le mur de l’Auberge Froide en revenant de Budapest. J’avais même bavardé avec des touristes espagnols dans la langue de Cervantès après avoir passé commande dans celle de Goethe.  Notons que l’Auberge Froide n’est pas un établissement qui date d’hier puisqu’au XVème siècle elle se dressait déjà sur les hauteurs. Donc notre étudiant se met au sec, vide sa chope quand l’orage fait sauter les plombs et que l’obscurité s’empare de la salle. Quand la lumière revient, notre étudiant s’aperçoit que l’entourage est déguisé à la mode du XIXème siècle. L’étudiant parle par ma plume :

Lorsque j’ouvris les paupières, que je regardai autour de moi, je crus qu’une troupe de comédiens avait envahi l’auberge. Outre la serveuse, tout le monde semblait sortir du folklore local. Plus personne n’était vêtu normalement. Absents l’instant d’avant,  quatre gosses jouaient par terre et fourrageaient régulièrement dans des tignasses infestées de vermine. Un miaulement, suivi d’un feulement furieux, me fit sursauter. Un garçonnet se tenait la joue, des larmes jaillissaient de ses yeux. Un grand chat s’éloignait avec majesté, faisant rouler ses muscles sous un pelage tigré. Comme il s’approchait de la cheminée, la fille d’auberge lui jeta le reste d’une chope à travers le museau. Le chat recula d’un bond puis la toisa littéralement du haut de ses quatre pattes.

   -- Walhalla, voyou, si tu n’étais pas la terreur des souris et des rats, il y a longtemps que je t’aurais mis dehors. Et toi, poursuivit-elle en faisant semblant de fouetter la face livide de l’enfant, qu’est-ce que tu avais besoin de l’embêter !

Soudain, un détail me troubla. L’électricité avait disparu, la salle était éclairée à la bougie. Un grand feu brûlait dans l’âtre. La chope devant moi n’était plus en verre mais en grès. Je m’empressai d’y tremper mes lèvres pour me rassurer. Je regardai mes bras, mes jambes et me sentis tout drôle : j’étais moi-même costumé à l’ancienne. La chemise de drap me grattait la peau au cou et aux épaules, le loden me tenait trop chaud, je portais une culotte qui s’arrêtait aux genoux et des brodequins de cuir. Et je n’avais pas souvenir de m’être changé. Je cherchai mes marques, au concret mes Marks, voire quelques francs. Je tâtonnai dans les poches de mon nouvel habit, éprouvai le contact du métal, tirai deux pièces à la lueur incertaine des chandelles. J’y voyais suffisamment clair pour reconnaître l’effigie d’un prince de jadis et l’année 1795 gravée dans l’argent en chiffres romains.

Très vite, le format de la nouvelle s’est révélé trop étroit pour l’histoire qui germait dans ma tête. Il va sans dire que je n’ai jamais concouru. Je mettais néanmoins le pied à l’étrier d’un cheval complètement cinglé dont je ne pouvais prévoir ni les ruades, ni les refus d’avancer, encore moins les départs au grand galop. J’ignorais que je l’enfourchais pour une chevauchée de six longues années. Y penser me donne soif. J’ai mérité une pinte de bonne bière. Et vous aussi qui avez bu jusqu’à la dernière ligne.

Kalte Herberge - Schwarz Wald
Auberge Froide - Forêt-Noire


vendredi 8 avril 2022

Diabolo pacte, un antidépresseur culturel pas encore tombé dans le domaine public

 Nicolas Grondin, mon éditeur de l’Arganier parle bigrement bien de Diabolo pacte, mon premier roman publié et qui a fait l’effet, à sa sortie, d’un antidépresseur culturel sans effets secondaires.

 Esgourdez bien, braves gens : « Cette comédie burlesque dans le petit monde de l’édition ressemble à du Monty Python joué par le Splendid, avec Balasko en mégère non approvoisée… et plus fine qu’on pourrait le croire !

En dépit de sa disgrâce physique, Garin Bressol, éditeur en vue de la prestigieuse maison 1515, collectionne les succès de librairie et d’alcôve. Son secret : une fronde diabolique qui lui donne le pouvoir de décaniller impunément ses adversaires.

Tout se détraque lorsque Marilyn – qui a vendu son âme au diable contre une jeunesse éternelle et pulpeuse – se fait embaucher comme comptable, car elle se consume pour l’écrivain vedette de la maison : le superbe Antoine Maurier, auteur de science-fiction et… homosexuel.

Momentanément en panne d’inspiration, Maurier se perd dans les arcanes d’une autobiographie secrète et tourmentée… que dérobe Marylin. Pour sortir de l’impasse, elle veut en effet réintégrer le cour ordinaire du temps. Satan accepte le marché en échange d’une âme innocente. Marilyn imagine alors un pacte à double détente : elle persuade Antoine Maurier de passer à la concurrence, puis annonce à Garin Bressol une faillite imminente avant de lui livrer la recette infaillible du best-seller : publier l’œuvre du premier venu qui acceptera de vendre son âme au diable pour être édité. Tous les postulants prennent leurs jambes à leur cou. Sauf une, la pire : Josette Gougeard. Caricature de la ménagère de plus de 50 ans, elle met en cause dans ses Mémoires d’une jeune fille plumée la moralité du ministre de l’Éducation nationale, parangon de vertu militant contre l’avortement, le PACS, le mariage homosexuel…Garez vos miches, y’a une Tatie Danièle qu’est de sortie ! »

 Citation : Elle habitait une HLM de la cité Champagne. En voilà un nom magique qui faisait rêver le peuple pour pas cher Cité Kronembourg lui serait allé comme un gant parce que pour y picoler, on y picolait du moins noble et du meilleur marché. On n’y sabrait pas le Dom Pérignon à tour de bras mais derrière les portes en aggloméré plus d’un étaient capables de décapsuler avec les dents lorsqu’ils étaient trop bourrés pour mettre l’œil ou la main sur l’ouvre-bouteille.

Diabolo pacte n’a plus de maison d’édition ni de distributeur. Restent encore des exemplaires. rière de me contacter par messagerie : candatclaudine428@gmail.com


Diabolo pacte à Paris
Diabolo pacte à la campagne (Tarascon-sur-Ariège)




vendredi 1 avril 2022

Jean-Claude Ponçon, mon parrain littéraire

Donc, un vendredi de décembre, je pénètre dans l’auditorium où le lauréat du prix Mémoire d’oc doit tenir une conférence animée par une modératrice, Monique Faucher de Radio Présence. Jean-Claude Ponçon est déjà installé derrière une pile de livres prête pour la dédicace. Je suis la première à m’emparer du roman primé : Le dernier porteur d'eau. À Claudine qui, la première

1850 : Alphonse, 17 ans et Auvergnat « monte » à Paris pour faire porteur d’eau. Dans ce Paris-mosaïque, il se frottera aux duretés des temps, découvrira l’amour et saura attraper le coche des transformations sociales, tout ceci narré dans une langue charnelle et savoureuse.

La conférence débute et la modératrice tente à plusieurs reprise de l’entraîner sur un terrain où notre conférencier ne souhaite pas aller : le voyage d’Auvergne à Paris en 1850. En Effet, à l’époque, ça relevait de l’épopée ! Gros effet comique dans la salle qui s’esclaffe à plusieurs reprises. Jean-Claude Ponçon est excellent et, plus tard, chaque fois que je devrais me coller à l’exercice, je penserais à lui, mon modèle en la matière. Je pose des questions, intéressée par les arcanes de la création romanesque à laquelle je me confronte depuis 5 ans, d’abord avec Poussière de sable puis avec Diabolo pacte. Un lustre, dirons les cuistres, terme on ne peut plus exact concernant une apprentie-écrivain qui cherche à luire, voire à briller tel un Jean-Claude Ponçon rompu à l’art de la conférence.

Ensuite le prix est remis par le directeur de la CRAM, le future Carsat. Il s’agit d’un chèque égal au montant du plafond de la sécurité sociale. Jean-Claude Ponçon n’est pas « descendu » pour rien de sa Beauce natale. Mais, au-delà de l’aspect financier, un auteur couronné d’un prix littéraire a toujours l’impression d’être le roi. Et le roi régale d’un menu concocté par un traiteur et qui fait la part belle aux spécialités auvergnates.

Jean-Claude Ponçon, derrière la table de dédicace, signe à tours de bras, souvent à raison de deux ou trois livres pour une même personne. Son épouse lui passe un plat de temps en temps. Il faut bien que l’auteur mange pour avoir l’endurance de dédicacer sans relâche. Moi, l’apprentie, j’attends sagement que le flot des lecteurs me laisse un intermède pour demander un conseil. Jean-Claude Ponçon semble intrigué par ma présence et me lance de temps en temps un regard étonné. Enfin, j’ai l’espace :

― Je viens d’écrire un roman. Pouvez-vous me donner un conseil ?

À l’époque j’ai encore la naïveté de ne pas avoir conscience que nous sommes treize à la douzaine dans ce cas. Ce dont je me rendrais compte plus tard avec les premiers succès c’est qu’un prix rend enclin son roi ou sa reine à la bienveillance. Aussi le roi de la soirée me répond-t-il :

― Pour vous conseiller, il me faudrait lire ce que vous écrivez.

― J’ai une disquette dans le sac. Je ne l’ai pas fait exprès mais je l’y ai oubliée.

Et je suis sincère. Jean-Claude Ponçon embarque ma disquette avec mes coordonnées.

La fête prend fin. Des semaines passent. Je suis au travail. Mon téléphone professionnel sonne et j’entends :

― Ponçon.

Je manque tomber du fauteuil. Je lui parle du livre et du côté de Châteaudun la réponse est cinglante :

― Mais ce n’est pas un livre !

La voix se radoucit. Il y a un mais, mais pour une fois dans le bon sens.

― Mais vous avez du style et c’est bien à vous. Je vous encourage à continuer.

C’est ainsi qu’est née une amitié et que, forte des conseils et de la confiance de Jean-Claude Ponçon j’ai pu transformer mon deuxième essai romanesque.

Et découvrir l’œuvre d’un auteur certes attaché à sa terre mais qui sait traiter de thèmes universels qui nous touchent tous. Pour mieux faire la connaissance de mon parrain littéraire, suivre le lien vers le site de Jean-Claude Ponçon
Jean-Claude Ponçon signant Le dernier porteur d'eau


Le réel, y a que ça de vrai !

Fictionnaire de l’écriture, j’ai débuté par des histoires absurdes que presque personne n’a lues pour la simple raison qu’elles sont demeuré...