Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

lundi 24 octobre 2022

Ma grand-mère n’a jamais pris la plume

Je poursuis sur l’autofiction ou l’autobiographie, sur cette envie, ce besoin d’écrire pour que les autres lisent ce que nous avons vécu, subi, ressenti avec cette conviction que notre vie est exceptionnelle en évènements. Et ces évènements se doivent d’être malheureux car, c’est bien connu, et Aragon l’a chanté de merveilleuse façon : Les gens heureux n’ont pas d’histoire.

Ce désir d’écrire sa vie, je l’ai rencontré, enfant, chez Nana, ma grand-mère maternelle, déformation de Nané dans ma bouche d’enfant, encore ignorante de l’œuvre de Zola. Or Nana était une femme en avance sur son temps, de mœurs plutôt libres. Elle avait passé son enfance dans un trou des Pyrénées, au sens littéral du terme : Saint-Béat, sur les bords d’une torrentueuse Garonne cernée de montagnes, dont la principale ressource provenait des carrières de marbre. L’hiver on devait s’y geler. Nana, devenue vieille, répétait qu’elle en avait soupé de la citrouille que les pauvres s’enquillaient à chaque repas. Qu’aurait-elle pensé d’Halloween ? Mais Nana n’était pas destinée à moisir sur le brouillard de Garonne et s’en retourna à Toulouse où le destin la dota d’un mari en route pour l’Espagne, un ancien pauvre se hissant à la force du poignet et des neurones, pour y bâtir, non des châteaux, mais des usines. Et le Naturalisme prit un virage picaresque.

Nana, quoique dotée d’une belle plume, ne grava jamais sa vie dans le marbre de Saint-Béat ni sur du papier brouillon. À moi, sa petite-fille préférée, d’écrire l’histoire sur fond de révolution industrielle.

Car l’intérêt pour moi, locomautrice du 21ème siècle, réside dans l’air du temps où se mêle au parfum capiteux des toilettes le panache des locomotives à vapeur s’ébrouant de Matabiau et la fumée des hauts-fourneaux.

Et puis c’est une façon de ressusciter nos chers disparus, ces fantômes qui cheminent à nos côtés et nous font digérer les cahots et autres nids de poule.





lundi 17 octobre 2022

Mon héroïne : surtout pas moi !

Annie Ernaux, associée maintes fois à l’autofiction, vient de recevoir le Nobel de littérature. Ce ne sera pas mon sujet (quant à mériter ou non un prix international) mais l’occasion fait la larronne (au diable la rime) et je saute dessus pour m’exprimer sur un sujet qui, de temps à autre, vient titiller mes neurones (revoilà la rime) – sans toutefois m’empêcher de dormir : parler de soi dans ses romans.

Mes goûts de lectrice me poussent davantage vers Milan Kundera, Michel Guenassia ou Claudio Magris sans oublier Victoria Hislop ou le Portugais Sarramago. En effet, j’ai besoin d’espace, de territoire et d’un souffle qui tourne les pages et me propulse loin de moi. Je me sens à l’étroit entre une cuisine et une chambre même si, avec du talent, on peut écrire un roman passionnant sans franchir la porte. Je préfère mettre mes mocassins hors des sentiers battus, humer des parfums étrangers, tendre l’oreille vers d’autres dialectes, bref j’aime voyager via le livre, quoique certains blablabus descendent parfois en dessous du prix unique du livre.

L’autre jour, une amie découvrait que j’avais vécu à Vienne et voyagé à vélo (jusqu’en Ukraine, ce qui, au regard de la tragique actualité, attise tout de suite l’intérêt).

Tu devrais écrire ta vie, m’a-t-elle suggéré.

Je dois avouer que ma vie ne m’intéresse pas, je me contente de la vivre, de prendre les évènements comme ils viennent, que cela me plaise ou non. Et certains évènements m’ont fortement déplu, et c’est un euphémisme !

Je voyage en écrivant : à travers l’Allemagne de mes études et de mes rêves, dans les espaces intersidéraux dans lesquels je crée des tunnels spatio-temporels, des planètes où s’épanouissent des civilisations sidérantes mais nous invitant à jeter un œil critique sur nos propres sociétés. Je m’attache à donner de l’épaisseur à mes personnages, même quand ce sont de grands oiseaux dotés de pouvoir psy.

Un jour, j’ai lu sous la plume de Pierre Bellemare, à peu près ces termes :

Quand on écrit on parle toujours de soi même quand on écrit sur une petite fourmi.

Prends-toi ça, Bernard Werber.

Alors que j’écrivais Diabolo pacte, mon premier roman (publié), je me disais souvent :

Antoine Maurier, c’est moi.

Pardon, Gustave, loin de moi la prétention de me prendre pour Flaubert.

Bientôt ce sera à nouveau d’actualité. Car le diable a plus d’un tour dans son sac.



samedi 8 octobre 2022

Blog cherche niche

 Alimenter un blog s’apparente parfois à nourrir un doberman : de la viande fraîche avec un peu de riz cuit. La difficulté n’est pas tant de rédiger un texte par semaine que d’écrire quelque chose qui intéresse tout le monde, que ce petit monde-là écrive, aspire à écrire ou lise tout simplement ou les trois à la fois. Mais, comme disait Jean de La Fontaine, on ne peut contenter tout le monde et son père. Or personne ne me talonne, pas de rédacteur en chef qui réclamerait à un Alphonse Allais en panne d’inspiration une nouvelle hilarante, lequel Alphonse Allais, acculé, ne s’était pas gêné pour signer un texte de Jules Renard. Donc je vais pomper à mon tour et vous parler de blogs.

Alors que j’aspirais au graal de la publication, écumais la toile en quête d’éditeurs et de tuyaux, voilà que je tombe sur 2 blogs à thème pouvant se résumer au parcours du combattant montant au casse-pipe éditorial.

Dolce évoque dans son blog (http://www.buzz-litteraire.com/2005120135-la-vie-revee-des-ecrivains-par-dolce/) ses espoirs, ses lettres de refus, son rendez-vous au salon du livre de Paris avec une romancière connue… C’est le grand-huit qui la propulse jusqu’au faîte de l’espoir pour la projeter dans les bas-fonds de la déception. Dolce s’expose et son blog fait le buzz. Ses lecteurs l’encouragent. J’ignore si Dolce a pu concrétiser son rêve de publication. Son blog a disparu du paysage. J’aimais le lire, y retrouvant mes états d’âme, moi qui œuvrais dans l’ombre et n’avouant que j’écrivais qu’à l’acceptation de Diabolo pacte par un éditeur parisien, après avoir essuyé le mitraillage de Poussière de sable à coups de lettres de refus.

Un deuxième blog faisait alors ma joie, nettement plus polémique que celui de Dolce, fidèle à son pseudo. Il y était question de wanabes injustement refoulés aux portes des maisons d’édition. Vous pouvez toujours frapper, on ne vous ouvrira pas, bande de tocards ! L’heure de la rentrée littéraire sonne. Et notre blogueuse d’étriper la presse qui parle de Musso, Lévy, Nothomb et peu d’autres. Et les wanabes ? s’insurge-t-elle. Les wanabes n’ayant rien publié, la presse ne peut avoir lu leur œuvre et en parler. Notre blogueuse, contrairement à Dolce, a frôlé l’exploit de la publication par une maison germanopratine. L’éditeur s’étant rétracté, elle enrage et incendie le milieu. Travail salutaire car elle finit par compatir avec les auteurs publiés par de modestes maisons et qui vendent peu d’exemplaires. Finalement notre blogueuse s’estime heureuse de ne pas avoir été éditée à si mauvais compte.

Pour en revenir au mien, de blog, je ne peux qu’espérer qu’il trouve sa niche : lecteurs, écriveurs, éditeurs, à chacun ses maux et à tous mes mots.



 


Du coq à l’âne

Tel est le destin de ce blog d’être alimenté pour ne pas mourir d’inanition. Qui plus est, pas avec n’importe quoi, sous peine d’être frappé...