Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

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vendredi 21 février 2025

Des zéros et des héros

Un simple H aspiré sépare les héros des zéros. Si le thème m’a inspirée c’est qu’il a fait l’objet d’un débat animé sur Facebook avec une citation de je ne sais plus qui, à savoir que la jeunesse se devrait d’être héroïque.

De jeunes héroïques, la terre de Verdun et d’ailleurs en regorge. Étaient-ils d’ailleurs héroïques, ces jeunes gens faits pour l’amour qui montaient au casse-pipe, l’esprit capitonné par des cocktails de drogues ? Une guerre des tranchées fait rage en ce moment même et, des fossés d’Ukraine, émergent des têtes blanches qui n’auraient jamais pensé risquer leur peau à l’âge où on prend la retraite.

L’héroïsme n’est d’ailleurs pas l’apanage de la jeunesse. À Toulouse, la Résistance comptait, entre autres figures héroïques, une jeune fille de 18 ans, Angèle Bettini Del Rio, un homme dans la fleur de l’âge, Forain François Verdier, qui refusa de parler sous la torture, et une vieille dame, du réseau Françoise, d’après son nom de Résistante, dont Greg Lamazères a campé l’action héroïque dans La vieille dame du war office.

Quant aux zéros, il est possible qu’ils pullulent, quoique des circonstances extrêmes soient à même de transformer un z en h.

Et la littérature dans tout ça ? Et surtout la seule dont je puisse parler de l’intérieur : la mienne. Combien de héros et d’héroïnes ? Combien d’anti-héros ? Je n’ai jamais fait le compte des divisions de fantassins et de cavaliers que j’ai expédiés sur le front à la seule fin de prendre d’assaut l’intérêt des lecteurs.

Laissons de côté la SF (Poussière de sable étant épuisé sans avoir renoncé à renaître) et Elwig de l’Auberge Froide dont l’héroïne de cape et d’épée a été largement commentée dans le blog.

Tournons-nous vers Diabolo pacte dont les protagonistes évoluent dans un milieu très sélectif : l’édition. Prenons Garin Bressol, ainsi prénommé en hommage à un village situé dans l’ascension du col de Peyresourde. Notre Garin, gnome boiteux et prof de français dans un collège de banlieue, s’attaque à l’Himalaya : faire publier sa science-fiction. Las ! Il essuie et les lettres de refus des éditeurs et les quolibets de ses élèves. Heureusement, le Diable a plus d’un tour dans son sac à malices et a tôt fait de transformer notre prof martyre, par la grâce d’une fronde virtuelle, en don Juan et en éditeur à succès.

Tournons-nous vers Coup de grain et sa nouvelle Alexander the Great. Largement romancée, l’histoire est née de la nécessité que j’éprouvais depuis des années de rendre hommage à un véritable héros. Américain et anonyme, je l’ai prénommé Alexandre, comme le Grand, ce grand homme qui, dans les eaux glacés du Potomac où un avion de ligne s’était crashé, avait maintes fois refusé son tour d’hélitreuillage au bénéfice de passagers et de passagères qui ne lui étaient rien, mais lui parurent plus importants que sa propre peau à l’occasion de cette situation extrême à la vie à la mort.

Des flots d’encre peuvent couler sur le sujet, inépuisables. L’anti-héros est-il plus fascinant que le héros ? Quant à l’humble locomautrice que je suis, elle en est venue au constat qu’un héros trop parfait peut barber. Des zones d’ombre et de petites ou grandes lâchetés lui donnent de la densité. Quant aux anti-héros, il peut faire roupiller le lecteur à force d’échecs et de défaites attendus. Qui sait ce dont ils sont capables ? Même pas leur auteur !

 


dimanche 19 mai 2024

Vu à la télé

Triste actualité ! Bernard Pivot n’est plus. Grâce à son talent et à sa passion, la littérature crevait l’écran. En ces années Pivot, passer à Apostrophe constituait pour un auteur le saint Graal. Je n’en écrirai pas plus : nombre l’ont fait, et mieux que je ne le ferais. J’en reviens donc à un sujet qui vous fascine : ma petite personne affiliée aux AA (auteurs anonymes).

Le rêve de tout AA de tout sexe et de tout genre, à jeun ou bourré, c’est de se défaire du A d’anonyme et de passer la rampe d’un début de célébrité. Pour faire bref, ils veulent tous passer à la télé même tremblant de trouille à l’idée de rougir et de bredouiller. Patrick Modiano n’emportait-il pas l’enthousiasme de futurs lecteurs qui se ruaient sur son dernier livre dès le lendemain de la diffusion d’Apostrophes : il n’avait pourtant pas réussi à aligner trois mots.

Aujourd’hui, on aimerait bien être invité à la Grande Librairie, et même à la Petite. Un passage sur les ondes nationales : le Graal. Vanité quand on réalise que même un article dans la Dépêche du Midi relève presque du miracle.

C’est d’ailleurs par miracle que j’ai été invitée par Greg Lamazères qui animait une émission sur TéléToulouse. La chaîne bénéficiait, à l’époque de la 1ère édition de Diabolo pacte, d’une large diffusion régionale. Maquillée, tout d’orange vêtue, mon passage fut un succès, si bien que dans les salons du livre, j’ai entendu maintes fois de futurs lecteurs me confier : Je vous ai vu à la télé. Ce qui semblait sanctifier mon Diabolo pacte.

Je suis aussi parvenue jusqu’à Greg Lamazères par miracle. Par hasard, je suis en effet tombée sur le regretté Jean-Jacques Rouch, journaliste à la Dépêche du Midi, et ami de Greg Lamazères. J’ai narré l’anecdote dans un précédent article : https://claudine-candat-romanciere.blogspot.com/search/label/Jean-Jacques%20Rouch.

Quand mon 2ème roman est sorti, j’ai envoyé à Greg l’argumentaire de Elwig de l’Auberge Froide. En retour, j’ai reçu un message enthousiaste : Votre argumentaire est fantastique. Et c’est ainsi que je suis repassée à la télé. Excellent interview avec cette Fille de Jolimont ! pour me présenter. TéléToulouse était hélas moins bien diffusée, mais les retours positifs n’ont pas manqué. Puis l’entreprise a été liquidée.

J’ai découvert avec plaisir la facette écrivain de Greg Lamazères. Hélas ! son dernier livre est paru l’année de sortie de mon 2ème (et non second).



 

lundi 6 juin 2022

Plaisirs de table

Quand le livre est tiré, il faut le vendre. Plus fastoche de descendre un Mont Ventoux (le vin) ou même de le grimper (le col) que de faire baisser la pile de livres sur la table de dédicace. Un talent de bateleur peut faire d’un auteur inconnu une perle rare que s’arracheront les libraires. L’exercice est ardu, personnellement me paraît monumental : exaltant quand il est réussi, décourageant quand sèche le stylo. Pourtant, j’y ai récolté, parmi la tourbe, quelques diamants étincelants.

C’est lors d’un salon du livre que j’ai fait la connaissance de Nathalie Glévarec et d’Eva Kopp.

Remontons le fil jusqu’en l’an I. Première dédicace de mon 1er roman, Diabolo pacte. Je me suis déplacée dans le Tarn et Garonne, à librairie presse de Caussade. Et elle se tient devant moi, ma toute première fois, au moins aussi intimidante que les autres. Elle s’appelle Hubert, avant d’être à la retraite occupa le poste de fossoyeur et, non content d’être ma toute première dédicace, persuada une cliente de tenir le rôle de la deuxième. Un fossoyeur comme première signature augurait-il d’une mise en terre de mes espérances ?

Le samedi d’après, à Ax-les-Thermes, elle riait comme une bossue devant la quatrième de couverture cette dame d’un certain âge qui déplorait :

Je suis une retraitée pauvre.

Je suis en effet entrée sur le marché du livre dans la foulée de la crise des subprimes.

Je me souviens de ma première radio, FMR, une radio de jeunes, où je me suis sentie à l’aise pour présenter mon Diabolo pacte après que mon interviewer se fût quelque peu égaré. Tout micro éteint, il m’a prié de l’excuser, alors que j’étais loin de regretter un dérapage épiçant l’interview :

Je suis plus à l’aise avec les écrivains morts.

Passons à la vitesse supérieure : ma première télé avec l’excellent Greg Lamazères de la regrettée chaîne Télé Toulouse. Maquillée comme une star, étouffant de trac, je fais connaissance de Michel Baglin, journaliste à la Dépêche du Midi, poète, nouvelliste et romancier. Je croiserai Michel plusieurs fois. Des mois plus tard, alors que j’étais en quête d’un éditeur pour mon 2ème roman, Elwig de l’Auberge Froide, il m’a confié qu’il avait eu un temps les honneurs de la presse nationale et cru que le succès pointait le bout de son nez. Et puis, Pschitt ! J’ai encore en tête son conseil  :

Il faut écrire parce qu’on aime ça.

Michel est parti en 2019, le 8 juillet, 4 jours après ma mère, de 20 ans son aînée.

Donc premier passage à la télé dont je récolterai les fruits. J’entendrai, derrière ma pile de Diabolo pacte, la formule magique :

Je vous ai vu à la télé. Puis-je avoir une dédicace ?

Plus de télé mais le covid, le pass sanitaire qui devient vaccinal. La semaine où je devais passer à la radio et présenter Poussière de sable, l’épopée euskalienne, lors d’un dîner littéraire, et passer sur les ondes de Radio Occitanie est la première de deux mois de confinement. L’année d’après, mon éditeur et moi-même travaillons à la publication de Poussière de sable, Légendes ourdiniennes. Privée de salons et de dîners, je décide de concrétiser un projet de longue date : mon site internet. Finalement, j’opte pour Blogger, libre de pubs, avec un blog où je parlerai à mes lecteurs, anciens et peut-être futurs. Il m’est en effet plus facile de communiquer derrière l’écran blanc de mes humeurs, noires ou roses, que derrière une table.

Une question me tarabuste depuis longtemps : L’auteur est-il le plus à même de parler du contenu de son livre ? Proche de la transe, j’ai la sensation que ce que j’écris me passe au-dessus de la tête. Mes personnages s’emparent de leur destin en interaction les uns avec les autres. Mes lecteurs y voient mille choses dont je n’ai pas conscience. Suis-je la mieux placée pour en parler ? J’avoue que je demeure dans le brouillard. Ce que je peux dire c’est que quand on s’arrête devant ma table et me demande une dédicace, il fait très beau.

Salon du livre de Paris


La bosse du commerce

Un sujet qui intéressera les auteurs exposant leurs œuvres dans les salons du livre, tous avides qu’un de leurs titres trouve preneur. Vous ...