Annie Ernaux, associée maintes fois à l’autofiction, vient de recevoir le Nobel de littérature. Ce ne sera pas mon sujet (quant à mériter ou non un prix international) mais l’occasion fait la larronne (au diable la rime) et je saute dessus pour m’exprimer sur un sujet qui, de temps à autre, vient titiller mes neurones (revoilà la rime) – sans toutefois m’empêcher de dormir : parler de soi dans ses romans.
Mes
goûts de lectrice me poussent davantage vers Milan Kundera, Michel Guenassia ou
Claudio
Magris sans oublier Victoria Hislop ou le Portugais Sarramago. En effet,
j’ai besoin d’espace, de territoire et d’un souffle qui tourne les pages et me
propulse loin de moi. Je me sens à l’étroit entre une cuisine et une chambre
même si, avec du talent, on peut écrire un roman passionnant sans franchir la
porte. Je préfère mettre mes mocassins hors des sentiers battus, humer des parfums
étrangers, tendre l’oreille vers d’autres dialectes, bref j’aime voyager via le
livre, quoique certains blablabus descendent parfois en dessous du prix unique du
livre.
L’autre
jour, une amie découvrait que j’avais vécu à Vienne et voyagé à vélo (jusqu’en
Ukraine, ce qui, au regard de la tragique actualité, attise tout de suite
l’intérêt).
―
Tu devrais écrire ta vie, m’a-t-elle suggéré.
Je
dois avouer que ma vie ne m’intéresse pas, je me contente de la vivre, de
prendre les évènements comme ils viennent, que cela me plaise ou non. Et
certains évènements m’ont fortement déplu, et c’est un euphémisme !
Je
voyage en écrivant : à travers l’Allemagne de mes études et de mes rêves,
dans les espaces intersidéraux dans lesquels je crée des tunnels spatio-temporels,
des planètes où s’épanouissent des civilisations sidérantes mais nous invitant
à jeter un œil critique sur nos propres sociétés. Je m’attache à donner de
l’épaisseur à mes personnages, même quand ce sont de grands oiseaux dotés de
pouvoir psy.
Un
jour, j’ai lu sous la plume de Pierre Bellemare, à peu près ces termes :
―
Quand on écrit on parle toujours de soi même quand on écrit sur une petite
fourmi.
Prends-toi
ça, Bernard Werber.
Alors
que j’écrivais Diabolo pacte, mon
premier roman (publié), je me disais souvent :
―
Antoine Maurier, c’est moi.
Pardon,
Gustave, loin de moi la prétention de me prendre pour Flaubert.
Bientôt
ce sera à nouveau d’actualité. Car le diable a plus d’un tour dans son sac.
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