Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

Affichage des articles dont le libellé est larve. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est larve. Afficher tous les articles

mercredi 29 octobre 2025

Mémoires d’une larve

C’est moche une larve avant qu’elle ne se transforme en papillon, si tant est qu’elle en ait les moyens. Il en va de même des romans. L’auteur pond une larve, autrement dit un manuscrit, le cœur battant d’espoir qu’un éditeur accepte de financer sa métamorphose. Je parle bien sûr de l’édition à compte d’éditeur, pas de contrats avec un prestataire de service prêt à publier n’importe quoi pourvu que l’auteur paye ou s’engage à acheter x exemplaires.

Mitraillée de lettres de refus suite à l’envoi de mon 1er essai romanesque, Poussière de sable, je me suis relevée en décidant de sublimer cet échec par l’autodérision. J’ai pris le parti d’en rire et de faire rire les éditeurs et, si possible, de futurs lecteurs. Et j’ai tapé directement à l’écran les premières lignes d’une histoire de pacte avec le Diable dans le milieu de l’édition, entraînée d’une main par mon nabot boiteux d’éditeur, Garin Bressol, et de l’autre par la grotesque Josette Gougeard. Le titre m’est tout de suite apparu : Diabolo pacte.

À peine avais-je posé le point final que je me suis rendue à la remise d’un prix littéraire. Je me suis fait dédicacer le livre primé puis j’ai attendu dans la file d’attente pour aborder l’heureux lauréat :

Je viens d’écrire un roman. Pouvez-vous me donner un conseil ?

Jean-Claude Ponçon m’a répondu :

Pour cela il faudrait que je lise ce que vous écrivez.

Justement, j’avais la disquette (nous étions en 2005) et le fameux fichier sur moi. Un pur hasard.

Je peux vous donner la disquette. Je vous jure que ce n’était pas prémédité.

J’ignore si Jean-Claude m’a cru. En tout cas, il a pris la disquette avec mes coordonnées.

Deux mois s’écoulent. Un jour le téléphone sonne sur mon lieu de travail et j’entends :

― Ponçon.

J’ai failli tomber du fauteuil.

À un certain moment j’ai parlé du livre. Et j’ai été douchée.

― Ce n’est pas un livre.

C’était dit franco de port et d’emballage.

― Mais…

Il y avait un mais.

― Mais vous avez du style et ça c’est bien à vous.

Conclusion : il fallait que je réécrive tout pour que ce soit publiable. Je me remets donc au travail, entamant la version qui trouvera ses éditeurs.

À quelque temps de là, une amie de passage à Toulouse avait commencé à lire Diabolo pacte chez une amie commune ayant apprécié le manuscrit. Je lui ai dit qu’il ne fallait pas lire cette version car j’étais en train de tout refaire. Elle insistait pour l’emporter avec elle dans le train. Je n’étais pas d’accord et j’ai repris ma larve-manuscrite reliée avec une spirale. Elle me l’a carrément arrachée des mains. C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience du potentiel de mon ovni déjanté.

Jean-Claude Ponçon est devenu mon parrain littéraire.

Diabolo pacte a été publié par un éditeur du Quartier Latin.

Cet éditeur a fait faillite, il m’arrivait ce qui arrive dans le roman.

Diabolo pacte a été réédité par un éditeur de Montpellier.

Les deux éditions ont reçu un prix littéraire.

Quant aux lecteurs, certains rient en lisant. D’autres lisent en riant. Certains y voient une tragédie. Et vous ?

Quant à moi, dans l'attente de la parution de mon 7ème livre, j’y lis la confirmation de la dureté et des difficultés du monde de l’édition. Je pourrais dire : Antoine Maurier c’est moi. Si vous ne savez pas qui est Antoine Maurier, il est encore temps de rire en lisant Diabolo pacte, sous format papier ou numérique.

éditions d'Avallon à gauche
L'Arganier à droite


2022 :mon futur était en marche

Puisque nous sommes dans les prix, continuons sur la lancée avec le recueil 3 fois primé, Mon opium est dans mon cœur ( https://claudine-can...