Puisque j’ai mis le pied à l’étrier, autant que j’enfourche la monture et poursuive sur ma lancée. Donc je me mets à l’écriture de mon deuxième roman (publié) qui en réalité le 3ème : Elwig de l’Auberge Froide. 6 ans de travail. L’histoire déroule ses méandres de 1805 à nos jours sous l’égide du romantisme allemand et du plus ésotérique des pionniers de la psychanalyse, Carl Gustav Jung. Au départ, un étudiant français frappe à la porte d’une auberge allemande et se retrouve dans la peau d’un étudiant en médecine en route pour Vienne. Le vent de la grande histoire souffle sur mon inspiration, des guerres napoléoniennes jusqu’au deuxième conflit mondial, poussant ses pointes jusqu’à la période de la Libération en France et de la partition de l’Allemagne. Mais je ne vais pas vous raconter l’histoire, disponible dans sa version publiée mais, ça, c’est une autre histoire, une autre paire de manches. En attendant, je me retrousse les miennes. Je suis au pied du mur, là où on voit le maçon, sauf que le maçon c’est moi, tant j’éprouve en mon corps la sensation de faire un travail d’architecte. Je m’empare de pans entiers de mon histoire, les soupèse, les déplace, les agence. Tout serait plus simple si j’écrivais de façon linéaire mais non, j’opte pour une narration où les temps se télescopent et où la conjugaison, au présent et au passé, tient lieu de guide au lecteur.
En
même temps, j’exerce mon nez, comme celui d’un parfumeur. Je fais circuler le
lecteur dans des époques que ni lui ni moi n’avons connues (pour le 19ème
siècle c’est plus que certain). J’aspire à restituer l’air du temps et la
fragrance d’une époque. Je dors avec un cahier posé sur la table de nuit. S’il
me vient une idée, je la note pour ne pas l’oublier. Il m’est arrivé de me
réveiller en sueur en me disant : Ça sent le cuir, à propos du garage l’Auberge
Froide, transformé en écurie d’un autre âge. Voilà en quoi s’est transformée
cette impression olfactive : Il
s’agissait bien d’un garage mais dans lequel on aurait garé des véhicules de
musée, voitures à bras, calèches et traîneaux à neige, avec d’énormes outils
pendus au mur : maillet, tenailles et d’autres dont j’ignorais l’usage. Je ne
m’étonnai guère que ma bicyclette eût disparu. J’aperçus des harnais et des
lanières. Au lieu de l’odeur d’essence, je respirais des effluves de litière et
de cuir. Je ne rêve pas, fis-je à haute voix en espérant le contraire.
C’est peu dire que Elwig de l’Auberge Froide m’a hantée. Je me suis glissée tour à
tour dans leur peau, ou ce sont eux qui ont pris possession de moi : Elwig,
héroïne de cape et d’épée, Michel Leduc, médecin légiste qui fait des rêves
prémonitoires, accro à C.G. Jung et à l’alcool, Gérald Mirouze, son jeune
collègue, accro au travail et buveur d’eau, Franz/François, romantique à tous
les temps…
Voilà
un aperçu du comment. Vendredi je
vous dis où et, partant, vous emmène
en voyage.
Cahier dédié à Elwig de l'Auberge Froide |
Photo prise au cours de mon périple danubien |
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