Dans la série, le « dessous des pages » je m’en retourne à Coup de grain et aux faits divers qui m’ont inspiré certaines histoires. Parmi les dix, je demande la nouvelle qui donne son titre au recueil et la n° 7, Alexander the Great.
Cette
dernière me taraudait depuis des années avant que je ne la mette à exécution.
Depuis ce jour des années 90 où j’entendis parler à la radio d’un accident
d’avion à Washington : un engin se crashe dans les eaux du Potomac, un
hélicoptère est dépêché pour hélitreuiller les passagers, un homme, à chaque
fois, cède son tour et, à bout de force, finit par couler. Il ne fera pas
partie des survivants. Un homme dont on ne dévoile ni le nom, ni la profession
ni l’âge. À
mes yeux cet homme est un héros, un héros qui a sacrifié sa vie pour celle des
autres et son acte d’héroïsme n’a cessé de m’obséder. J’ai transposé le fait
divers à Chicago, l’avion se crashe dans le Michigan et j’ai donné à mon héros
anonyme la vie qu’il n’a sûrement pas eue. Laquelle ? Je serais bien bête
de vous le dire alors qu’il est de mon intérêt de fictionnaire que vous lisiez
la 7ème nouvelle de Coup de
grain.
Quant
à la nouvelle n° 2, elle met en scène des antihéros des deux sexes. Comme l’a
écrit Michel Dargel dans sa chronique (Intramuros n° 479) y a même un crime. Mon antihéroïne, je suis allée la pêcher à la
télévision, plus précisément dans un reportage qui montrait le sort d’ouvrières
licenciées pour motif économique dans une région en voie de
désindustrialisation. L’une d’elle avait repris un commerce de lingerie où la
clientèle était plus que rare. Seules d’anciennes collègues au chômage
passaient en la faisant tinter la porte de la boutique. J’ai été saisie
d’indignation à l’idée qu’une cellule de reclassement puisse envoyer les gens
au casse-pipe. Dans ma nouvelle, le sort s’acharne sur les déclassés et les
pousse aux actes les plus terribles. Il fallait donc saupoudrer d’humour un
plat qui a priori se mangerait froid. Mais, en littérature comme en cuisine,
l’alchimie mêle le miel à l’acide et édulcore l’amer. Pourvu que ça
croustille !
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