Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

lundi 4 novembre 2024

Le Paris de Diabolo pacte

Suite de l’état des lieux… de mes romans. Le pari de Diabolo pacte, mon premier roman publié, consistait à évoquer un monde dans lequel je n’avais jamais mis les pieds et dont je ne connaissais que les lettres de refus. Où situer ce monde de l’édition, si ce n’est à Paris ? Or, si le premier éditeur de Diabolo pacte avait son adresse dans le Quartier Latin, les maisons qui par la suite m’ont fait l’honneur de me publier ne sont ni germanopratines ni parisiennes.

Mon thriller européen, Elwig de l’Auberge Froide, a été pris à Genève. Les deux premiers volets de ma saga de science-fiction sont sortis à Metz. Diabolo pacte a fini par ressusciter près de Montpellier. Coup de grain, nouvelles, est toulousain. Mes poèmes de jeunesse, Mon opium est dans mon cœur, ont eu l’heur de plaire à Castelnaudary.

Dans Diabolo pacte, tout le monde monte à Paris : l’éditeur, sa pulpeuse comptable et les deux écrivains du roman, tous attirés, comme par un aimant, par les éditions 1515 qui n’existent que dans mon imagination.

Le Diable correspondant à l’arcane XV du tarot divinatoire, il allait de soi de situer le siège de cette satanée maison dans le XVème arrondissement, arrondissement où j’avais suivi une formation syndicale. Certes, j’avais pu humer le parfum des rues et du Front de Seine, mais pour écrire le roman je me suis servie du plan de la ville.

La preuve par le livre : C’est alors que les portes d’une maison d’édition s’ouvrirent devant lui, non la porte rêvée de l’écrivain publié mais un petit vasistas où il s’introduisit comme lecteur. Le petit vasistas se situait au numéro 15 de la rue Gutenberg. Dans la réalité Garin entra par la porte cochère sur les recommandations de sa dernière maîtresse qui avait des accointances avec le milieu éditorial. Il sortit du métro à Javel et boitilla le long des quais, humant la légère odeur de vase qui montait du fleuve. Il découvrit ce jour-là, impressionné, la perspective d’immeubles du Front de Seine.

Le soir, nous avions mangé tous ensemble au restaurant du Commerce. Un collègue parisien parla de l’arrondissement, de son passé industriel subsistant par le nom de ses quais. Javel, André-Citroën. À l’époque, je n’avais pas encore dans l’idée d’écrire une comédie sur le milieu de l’édition. J’avais encore l’illusion que ma saga de SF passerait la rampe. Nous ignorions tous, y compris lui-même, qu’une fin tragique attendait notre collègue parisien.

Dans la vie, hélas, nous ne disposons pas tous d’une fronde virtuelle pour terrasser nos adversaires.

Entre temps, Diabolo pacte a trouvé preneur. Lors de notre premier contact, mon directeur de collection a remarqué :

Vous connaissez bien Paris. J’ai bien reconnu le XVème où vivaient mes parents.

Voir à travers un plan de ville comme l’extralucide dans sa boule de cristal, un don d’écoute, un zeste de médiumnité, est-ce ainsi qu’on bâtit un décor quand on est romancière ?



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