La dernière chronique parue sur Diabolo pacte a failli me mettre en PLS. Un point négatif, et je mets les 2 points : vocabulaire complexe et varié difficile à comprendre et à assimiler.
Mes lecteurs en
jugeront. J’ai retenu que la chroniqueuse en avait suffisamment compris pour en
faire une lecture fine, dévoilant des facettes que moi, qui ne l’ai pas lu mais
seulement écrit, avais omis de voir. Mais à chaque lecteur son livre. Comme le
client, il est roi et je n’ai jamais trouvé rien à redire à cela.
« Le vocabulaire
est un riche pâturage de mots », estimait Homère. Assisterions-nous à
l’appauvrissement des pâturages ? Que nous devrions mettre sur le dos de
flatulences bovines génératrices de réchauffement climatique ?
Cette chronique tombe à
point, alors que je déplore le caviardage des livres de notre enfance réécrits
au présent (le passé simple ne l’est peut-être pas assez, l’imparfait ne
l’étant que trop) et purgé de descriptions supposées inutiles, mais chargées
d’atmosphère.
Que dire du conditionnel et du subjonctif qui fait prendre du recul avec son propre discours ? Le mode est passé de mode. Et pourtant, la mise en perspective et le doute sont selon moi de solides remparts contre le fanatisme. Tiens, âpre discussion sur un réseau social au sujet d’une phrase méprisante au sujet des blondes que Milan Kundera a mis dans la bouche d’un de ses personnages. Et aussitôt notre Milan de se faire traiter d’abominable misogyne. Apparemment, certains sont persuadés que les personnages d’un roman ne sont là que pour faire passer les messages des auteurs. Confondre ce qu’un auteur pense avec ce que ses personnages disent et pensent est confondant.
Et voilà que je
deviens nostalgique, me souvenant de mes années d’apprentissage où les élèves
en méritaient le nom, ayant pour vocation de s’élever au-dessus de la condition
de leurs parents sous la férule de maîtres exigeants.
Je repense à mon père, arrivé d’Espagne
sans parler la langue d’un pays dont il avait pourtant la nationalité, à ses
efforts pour se cultiver, lisant sans cesse, notant le vocabulaire dans un
carnet sur lequel j’ai mis la main après le décès de Maman. Pour peu les larmes
me viendraient aux yeux d’émotion.
Je ne pleurerai pas
sur un futur où, faute de vocabulaire ou de patrimoine commun, nos lecteurs se
raréfieront au fur et à mesure des annonces nécrologiques.
Ce qui chez moi ne
passe pas crème, c’est ce mépris brandi au nez des classes populaires et des
jeunes générations comme quoi lire La
princesse de Clèves relèverait de l’exploit et du défi. Les unes et les
autres méritent mieux que ça : la confiance dans leurs capacités et dans
leur curiosité.
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