Un samedi, salon du livre à Montauban. Mon voisin de table (qui écrit des polars et des guides touristiques) me fait part d’une réflexion :
― Il y a
un genre qui marche super bien : c’est la romance.
Et une
rencontre de remonter à ma mémoire : journée de dédicaces où une
non-future lectrice m’a confié face à ma saga de science-fiction, Poussière de sable :
― Je ne
lis que des romans d’amour.
Par
définition, une romance, en littérature, est une histoire d’amour qui finit
bien, contre toute attente, car, entre la première et la dernière ligne, nos
amoureux essuient des vents contraires, ou bien l’un des partenaires n’est pas
conscient de ses sentiments.
Eh non, je
ne peux vendre Poussière de sable
sous l’appellation de romance. Et pourtant, il y a de l’amour. Entre un petit
mousse et une Grande Navigatrice (ce sont des oiseaux dotés de pouvoirs psys),
entre Galia et Ditcham (ceux-là nous ressemblent qui viennent de civilisations
antinomiques).
Enfermée dans un
dilemme, elle sentit le besoin de réfléchir, seule à l’écart de tous. Elle mena
son tinouk dans un bosquet et se laissa tomber au pied d’un arbre. La reine ne
demeura pas seule longtemps, Ditcham l’avait déjà rejointe et son visage
s’illumina. Le jeune homme se mit à genoux, fasciné
par ses yeux où l’émeraude le disputait à l’aigue-marine, comme lorsque sa mère
lui avait montré pour la première fois sa pierre de destinée sur l’autel
domestique. Il sut alors que cette femme et son destin ne faisaient qu’un.
Quant à
mon thriller, Elwig de l’Auberge Froide,
il serait frauduleux de ma part de le qualifier de romance, même s’il baigne
dans une atmosphère romantique à souhait. Vous êtes en 1805, étudiant en
médecine en route pour Vienne, vous faites halte à l’Auberge Froide par un soir
d’orage, et vous vous trouvez presque nez à nez avec une héroïne de cape et
d’épée, Elwig von Sankt Märgen.
Elwig, c’est ainsi qu’elle se nommait. Jamais
je n’avais entendu syllabes aussi mélodieuses, aussi magiques que celles qui
s’unissaient pour former ce prénom que je trouvais si beau. J’eus la certitude
qu’il n’en existait pas d’aussi magnifique de par tout le royaume de France ou
d’Angleterre, ni même dans toutes les Russies ou les colonies d’Amérique.
Passons au
roman par lequel tout a commencé et tout est reparti – parce que réédité en
2023 - : Diabolo pacte. S’il n’y
a pas d’amour là-dedans ! Lisez voir :
…elle l’aimait de la façon la plus totale, la
plus ordinaire, de la seule façon qu’il est possible d’aimer, sans raison,
l’excusant des souffrances qu’il lui infligeait, avec juste ce qu’il fallait de
haine pour qu’elle fût l’exact revers de l’amour.
Mais celui
qui vit de grandes histoires d’amour dans ce roman déjanté, c’est Antoine Maurier qui se découvre homosexuel après avoir
soupiré, adolescent, après Caroline Martin sans être foutu de voir qu’elle lui
tendait des perches aussi épaisses qu’un tronc de baobab. En cela, il se peut
que j’étais à l’avance à l’époque où je planchais sur cet essai romanesque qui
serait transformé 4 ans plus tard (Thomas Ramos n’y est pour rien). On ignorait
alors les LGBT+++ et qu’un homme pût être enceint.
Si bien
qu’aujourd’hui je me tiendrais loin de l’air du temps, me contentant d’emprunter
des sentiers inédits sur des roues déjantées. Et il se pourrait que la romance
me tente avec toutefois la tentation de désulcorer le genre.
Curieux de
savoir si Elwig de l’Auberge Froide
et Diabolo pacte finissent bien ?
Pour connaître le fin mot de l’histoire, il vous suffit de lire.
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