Depuis la vogue de féminisation à tout crin de noms qui s’utilisait jusqu’à présent au masculin, je me marre. J’ai découvert les pompières, les contrôleuses… les écrivaines et les autrices. Disons que nous avons été sommées de nous désigner comme telles et que nous nous sommes exécutées… comme un seul homme. Il fallait que j’ose ! Ce qui m’a rebutée, ce n’est pas tant la féminisation, parfaitement correcte sur le modèle de acteur-actrice, que l’obéissance immédiate et majoritaire à l’injonction.
J’ai
donc pris un moyen terme et me suis amusée à me qualifier de locomautrice,
locomotive folle qui fait dérailler le lecteur par-dessus les parapets de la
sagesse et de la Raison.
Un
peu longuet, non ? M’est venu un autre terme pour qualifier mon activité.
Puisque j’écris, dans mes romans et nouvelles, des histoires, bref de la
fiction, ne serait-il pas idoine de me présenter comme fictionnaire ?
Encore
un néologisme. Dans le dictionnaire vous ne trouverez que factionnaire et fonctionnaire.
Factionnaire,
le fictionnaire l’est quand l’envie
le pique d’être publié et qu’il frappe aux portes des maisons d’édition. Avant,
il se prenait des portes sur le nez. Maintenant, il encaisse des messages de
refus – dans le meilleur des cas – ou le silence total. Donc notre fictionnaire doit se transformer en
enquêteur afin de dénicher la maison adéquate, celle qui ne le chassera pas à
coups de pied comme un vulgaire corniaud, et en styliste en l’art de présenter
sa prose et sa personne.
Et
fonctionnaire ? Peu flatteur me direz-vous si on considère, selon de
petits farceurs, que la fonction publique serait l’endroit où ceux qui arrivent en retard croisent ceux qui partent en
avance. C’est rigolo, mais gageons que la suppression de nombreux emplois
qui rendaient des services gratuits à ceux qui n’avaient pas les moyens de se
payer un avocat fiscaliste ou spécialisé (en droit du travail, de la
consommation, etc.) – sans parler de l’École et des hôpitaux publics, se
marrent moins en trouvant porte de bois.
Donc,
quand je rentre et sors de mon bureau, je me croise moi-même, en survêt
confortable ou robe de chambre pour m’asseoir derrière le clavier, en cuissard
cycliste ou tenue plus chicosse pour exhiber sur une table mes livres en tenue
de soirée afin d’aguicher le potentiel lecteur ou la lectrice curieuse.
Parfois,
je ne me reconnais pas, et il m’arrive de flanquer des coups de casque à ma
crinière que je refuse d’émonder. Elle amortit les coups, et le Diable sait si
j’en ai reçus dans ce putain de milieu !
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