Le dlog réclame sa gamelle, me tourne autour en grognant, exhibant des crocs aussi blancs que mon écran d’ordinateur. Ça urge, je dois m’exécuter. J’ouvre le frigo de mon imaginaire dans l’espoir d’y dégoter un bon surgelé. Vais-je lui servir du saignant, du croustillant ? Surtout pas de la bouillie pour chat. Le dlog est susceptible.
Je
referme la porte. Las ! Pas la moindre mini-barquette. Je suis au pied du
mur. C’est là qu’on est censé voir le maçon quand il n’est pas au bistrot. Or
le maçon, c’est moi. Comment ça se dit au féminin ? Maçonne ? Suffit
d’enlever la cédille, et vous saurez ce que je pense de toutes ces sonneries.
Donc,
je suis au pied de la lettre, c’est là qu’on voit l’écrivain. Voilà un titre
que je souhaiterais mille fois qu’on m’attribue, que je trouve si beau qu’y
ajouter un e le dénaturerais à mes yeux et à mes oreilles.
Donc
je suis au pied de la lettre, et je dois prouver que j’ai de l’idée.
Et
il m’en vient une. Je viens de quitter un célèbre réseau social
(temporairement) sur lequel pullulent des groupes divers et variés pour les
auteurs, les autrices, bref pour la gent qui se pique d’écrire et de publier et
qui se heurte à une réalité frontale : de moins en moins de lecteurs, de
plus en plus d’écrivants (pour le coup, je kiffe le néologisme !). Comment
attirer l’œil d’un potentiel lecteur sur ce roman dont l’auteur n’est pas passé
à la Grande Librairie (ni même à la Petite) et dont personne ne connaît le
nom ? Parmi des milliers de titres et de noms tout aussi inconnus, puisque
les éditeurs reçoivent des milliers de manuscrits à s’en faire péter la BAL.
La
larve transformée en papillon par la grâce d’un contrat d’édition n’en a pas
fini pour autant avec son chemin de croix. Nul projecteur pour mettre en
lumière son chatoiement. Nul filet qui fasse le geste de la capturer afin de la
déposer sur les tables de chevet.
Pas un seul petit morceau d’article ou
d’entrefilet. Les gens de la presse ploient sous les services de presse
(livres offerts, c’est gratuit) et les sollicitations. Alors nos malheureux
auteurs s’emparent des réseaux, rejoignent des groupes dédiés, espérant y
trouver des groupies. Déception. Ces groupes sont fréquentés par des auteurs
qui ne lisent que leurs propres posts et s’en reviennent bredouilles de la
pêche aux fans.
Personnellement,
je préfère me concentrer sur mon dlog. Quand je remplis sa gamelle, il remue la
queue. C’est ainsi que les dlogs sourient. Mais quand la gamelle demeure vide,
il se bute, et ça devient le blog.
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