En bon français, je vous parle aujourd’hui d’un sujet très bien défini par l’expression confort de lecture, employée par Maryse Carrier, présidente du concours des Arts Littéraires. Les littératures de l’imaginaire, notamment la science-fiction, tireraient le lecteur, hormis les amateurs du genre, de leur zone de confort.
Quand
j’ai reçu en mars 2023 la mention spéciale du jury pour Poussière de sable, Légendes ourdiniennes, j’ai sauté de joie,
autant pour moi qui en suis l’auteur que pour la science-fiction en général. Je
salue les jurés qui se sont, pour la plupart d’entre eux, enhardis hors de leur
zone de confort.
Ma
saga a eu l’heur de plaire aux amateurs du genre, notamment un lecteur dont la
bibliothèque rassemble 1500 œuvres de SF, mais aussi des personnes qui
n’avaient jamais lu un roman de science-fiction de leur vie. Certes, les
couvertures sont splendides et parlantes, mais ce qui a motivé leur acquisition
fut le lien d’amitié avec ma personne et/ou la confiance en ma prose suscitée
par la lecture de Diabolo
pacte et de Elwig
de l'Auberge Froide.
Une
de mes lectrices s’est étonnée qu’il puisse y avoir des histoires d’amour, de
haine ou d’amitié, de pouvoir entre des personnages qui sont des extraterrestres.
Je m’en suis expliqué à maintes reprises : un auteur de science-fiction
est un funambule avançant sur la corde raide. Il doit à la fois faire toucher
du doigt la notion d’étrangeté et d’altérité absolue tout en suscitant des
émotions et des sentiments à l’égard de ses extraterrestres : amour et
haine, admiration et mépris, compassion et crainte. Ma lectrice se déclarait somme
toute ravie d’être sortie grâce à moi de sa zone de confort.
Pour
être romancière, je n’en suis pas moins lectrice et humaine, et apprécie mon
petit confort et même mon great comfort, petit
clin d’œil à l’humour très british
d’Alphonse Allais.
Confidence :
j’aime la science-fiction, mais suis plutôt imperméable à la fantasy. Je n’ai pas d’attrait
particulier pour les histoires de vampires. Je les fuis.
Or,
de passage dans une bibliothèque associative, voilà qu’on m’offre une trilogie
de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan dont les responsables ne veulent pas. De
prime abord, je refuse le présent, en l’occasion trois beaux livres édités par
France Loisirs, puis finit par accepter. Je les expose dans ma bibliothèque où
ils auraient pu s’empoussiérer sans ne jamais s’ouvrir. Mais que risquerais-je
à quitter ma zone de confort ? Tout au plus d’être assommée d’ennui.
Donc,
un soir, je commence le premier tome et me surprend à m’assener les mêmes
remarques que jadis la lectrice de mon Poussière
de sable. La
lignée a en effet le don d’éveiller
ma curiosité à l’égard de phénomènes étranges s’amplifiant au fil des pages et
de susciter mes émotions et mon empathie vis-à-vis de personnages avec lesquels
je me sens des affinités.
Et
puis ces vampires ne s’abreuvent-ils pas d’un élément qui, dans notre
inconscient, aurait valeur de symbole et d’archétype : le sang. Le corps
humain n’en contient que 5 litres. C’est dire si ce liquide est précieux !
Rien d’étonnant à ce que sa couleur, le rouge, symbolise le principe de vie.
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