Comment tout a commencé ? Tout, c’est-à-dire l’écriture. Retenez-moi ou je vais enfoncer une porte ouverte ! Comme la majorité des gens qui écrivent des livres, j’écris depuis que je sais écrire. À la maison, mes parents parlaient du phénomène Françoise Sagan et je leur disais que je voulais devenir comme elle : écrivain, un mot si beau que je n’ose me l’attribuer. Le mot qui se rapproche le plus de mon état est vocation. J’aurais pu prononcer des vœux. Et puis, un jour, j’ai eu le choc devant le tableau noir. La maîtresse écrivait à la craie le poème du matin que nous devions apprendre par cœur pour le lendemain. Sauf que cette fois on nous servait Alfred de Musset : « Le carnaval s’en va, les roses vont éclore… » J’ai été foudroyée, réalisant que j’étais en train de déguster un morceau de roi. Une véritable révolution de palais, mon palais artistique ayant l’habitude de vers aussi gentils que fades, mixés pour éviter les grumeaux et les arêtes. J’ai commencé à écrire des poèmes et je n’ai écrit rien que des poèmes jusque tard dans ma jeunesse. J’adhérais à 100% à la formule de Baudelaire selon « Tout homme bien portant peut se passer de manger deux jours, de poésie jamais ». A fortiori une adolescente ayant un appétit d’oiseau.
Allez ! Quelques grains de poésie pour la route :
Est-ce le goût des fraises ou la saveur du vent
Qui rend ma
lèvre braise et si tendres mes dents ?
Mes souliers
ont des ailes qui balaient le chemin
Et qui
balaient les nuages aux cimes des forêts.
Que je coure
ou je vole je suis déjà si loin !
…. (extrait
du 16 pages Le goût des Fraises, paru aux éditions Encres Vives)
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