La modestie est l’art de faire dire par d’autres tout le bien qu’on pense de soi-même. C’est Philippe Bouvard qui l’a dit. Quand vous avez les moyens, vous pouvez vous payer de la publicité. Quand vous n’en avez pas et que les autres font la sourde oreille, vous perdez patience et donnez dans l’autopromotion, à savoir l’art de dire de soi tout le bien qu’on pense de soi-même en laissant entendre que d’autres ont chuchoté des compliments à l’oreille du bourrin que vous êtes.
Pour
un auteur, une autrice, a fortiori une locomautrice censée tracter vers la
notoriété ses wagons-livres : train d’enfer avec Diabolo pacte, Orient-Express avec Elwig de l’Auberge Froide, le train
décolle avec Poussière de sable au
risque d’essuyer un Coup de grain.
Las ! La chaudière est gourmande et la vapeur faiblit. Malgré des
décennies de labeur, c’est kif kif bourricot. Elle a bossé comme un âne et
connaît dans ses méninges et ses poignets, pour ne pas parler de ses jambes, le
sens de l’expression : aller au charbon. Peaufiner ses textes (100 fois
sur le métier…), les corriger, puis les re-corriger avec ses éditeurs),
s’activer à la promo (salons, dédicaces, radios, vanille et chocolat).
Donc
la carrière de notre locomautrice ne file pas sur les rails du succès, malgré
de jolies chroniques et quelques distinctions, et elle se commet dans ce qui est
horripilant chez les autres : l’autopromotion. Voilà ce que x pense de moi. Hier, sur le coup de minuit, j’ai reçu le
message d’une lectrice, etc., le genre de truc qu’on écrit sur les réseaux
sociaux alors qu’il serait plus juteux de passer à la grande ou petite
librairie sur une chaîne nationale, ou d’être invité à une manifestation
drainant un public déjà conquis, genre Marathon des Mots.
De
quoi vous inciter à escamoter une étape vitale dans la vie d’un auteur, celle
de la publication (alors qu’il y a déjà pléthore de livres), pour demeurer dans
l’euphorie de la création et éviter les aléas de l’étape suivante, grisante ou
décevante, celle de la commercialisation, parcours du combattant sans l’aide de
la publicité, autrement dit un Marathon
des Maux. Le même son mais pas le même sens. J’arrête car, en plus, on va
m’accuser de faire l’âne pour avoir… de l’encens.
Avec Diabolo pacte (éditions d'Avallon 2023) |