Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

jeudi 17 août 2023

Deux tomes et des poussières

Si vous me connaissez un tant soit peu, vous vous en doutez : je n’ai pas l’habitude de glisser la poussière sous le tapis, fût-elle de sable. D’ailleurs, chez moi, il n’y a pas de tapis. Pour tout dire, je suis sur le carreau.

Que je vous rafraîchisse la mémoire : Poussière de sable, c’est mon odyssée de l’espace à moi, ma saga de SF déclinée en quatre volets, bref une ambition de tétralogie. Mais une ambition sérieusement freinée par les circonstances. En effet, après avoir publié L’épopée euskalienne et Légendes ourdiniennes, mon éditeur a mis la clé sous la porte, ne se sentant pas de repartir à zéro après la période covidienne. RroizZ est mort, vive le néant, car il n’y a pas de successeur pour reprendre ses collections.

Toutefois, Poussière de sable était écrit depuis juin 2005. Ne me restait plus qu’à retravailler pour le scinder en 4. Avant que mon éditeur n’annonce sa fin, j’avais déjà bouclé le 3ème volet. En relisant le texte initial, que je redécouvrais comme s’il était d’un autre, j’allais de surprise en surprise. Cette société totalitaire où la science est interdite d’audace mais utilise des cobayes humains au service des huiles me rappelait quelque chose. MAIS QUOI ? Je vous laisse supposer.

Désormais sans éditeur pour prendre la relève, je me suis toutefois attelée au 4ème et dernier volet que je viens d’achever et qui réserve un ultime rebondissement.

Poussière de sable paraîtra-t-il un jour dans sa totalité ? Rien n’est moins sûr quand on connaît la dureté du milieu et ses exigences.

Pour le moment, ce n’est pas mon principal problème. Récemment je me suis pourtant amusée en remarquant que ma tétralogie embrassait effectivement les 4 éléments : l’air pour L’épopée euskalienne parcourue de vaisseaux de verre transgalactiques, l’eau pour les Légendes ourdiniennes où prospère une civilisation aquatique de primates évoluant vers le mammifère marin, la terre pour Chroniques de Dafnigrad étouffant sous la poussière de suie, et le feu qui se réserve la fin de l’histoire.

Si je continue vous allez imaginer y trouver votre horoscope personnalisé.

 



lundi 24 juillet 2023

Bonnes vacances !

À l’école de la vie, il n’y aurait pas de vacances. Quand on ne tient plus, que le décor prend les apparences de l’enfer, reste la fuite, définitive, ou provisoire dans les paradis artificiels.

Quand on ne vit que pour écrire, c’est pareil : les vacances vous filent sous le nez. Que vous soyez écrivain reconnu ou que vous écriviez dans l’ombre du plus parfait anonymat, vous n’avez ni repos hebdomadaire, ni RTT : vous ne pensez qu’à ça.

Personnellement, je cohabite avec des personnages embrassant tout le spectre des vices et vertus, jouant sur une palette étendue d’émotions et de sentiments. Je suis à la fois Garin Bressol, Marylin, Antoine Maurier, Elwig von Sankt Märgen, François Domps, et toute une bande d’extraterrestres. 

Je dirais que c’est la phase paradisiaque qui vous transforme en démiurge, dans l’euphorie de la création, dichterische Begeisterung, enthousiasme littéraire qui balaie le moindre doute d’un coup de torchon magique.

Vient la phase de la quête d’éditeur. Obsessionnelle si elle ne trouve pas de débouché rapide. Elle peut vous conduire au divorce dans le meilleur des cas (pour les gens qui n’écrivent pas les plaintes d’un écrivant sont soûlantes), ou pire au suicide, comme le malheureux John Kennedy Toole. Je vous dis tout à son sujet dans Diabolo pacte (page 191).

Le livre est à présent tiré, il faut le vendre tandis que vous tentez de placer celui que vous venez d’achever et que vous êtes hanté par une nouvelle histoire. Vous redoutez d’apprendre que 3 mois après sa sortie, votre publication s’est vendue à 13 exemplaires juste après réception d’un énième message de refus de la part d’un éditeur, ce qui vous décourage d’écrire la suite de l’histoire que vous venez de commencer. C’est ce qui s’appelle être au four et au moulin. J’ai dit four ? Damnée je sois !

Tiens, j’ai besoin de vacances. Dans la vie, j’ai d’autres aptitudes que de martyriser un clavier d’ordinateur. Bonne nageuse. Cycliste allergique aux cols roulés en appartement, mais à l’aise dans les cols roulants et venant à bout des moins roulants. Je dis bye bye au blog tout en restant sur place. Cela vous fera des vacances.



lundi 10 juillet 2023

Écrire ou conduire

Longtemps, j’ai écrit des textes dont je fus l’unique lectrice. Puis la lubie m’a prise d’être publiée. Mal m’en a pris, car c’est alors que les emmerdes ont commencé. Jusqu’alors, je me berçais de mots que je relisais à voix haute, pour le seul plaisir de mes oreilles. Visant la perfection, il m’arrivait toutefois de me corriger. Juge et partie, j’évitais le couperet.

En 2009, quand je fus publiée pour la première fois, je sautai de joie. Après la rafale de refus essuyée par Poussière de sable, enfin un éditeur, qui plus est du Quartier Latin, misait sur Diabolo pacte, roman qui pique de sa fourche aussi bien les fesses des candidats à la publication que le cul des éditeurs.

Mes diableries ont plu. Après la crise des subprimes, cela faisait un bien fou de rire. Avant les deux ans de sa publication, l’éditeur de Diabolo pacte a mis la clé sous la porte sans que je touche un centime de droits d’auteur.

Le 17 mai 2023, Diabolo pacte ressuscite avec autant d’irrévérence, mais dans une nouvelle peau. La couverture est magnifique et parlante, le fond toujours à même de concurrencer le Lexomil et autres saloperies pharmaceutiques, sans provoquer d’effet secondaire nocif. Bref, s’il n’est pas conseillé de lire Diabolo pacte en conduisant, vous pouvez l’avaler cul sec et prendre la bagnole juste après.

Si la crise de 2008 a eu un impact négatif sur les ventes de livres, je m’aperçois que 2023 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. L’après-covid, la guerre en Ukraine, la crise de l’énergie, l’inflation etc. La liste est loin d’être close.

Certes, j’ai eu la mauvaise idée de dédicacer dans un espace Leclerc le premier jour des soldes. Un four de première ! Au point que désormais je me pose la question de l’opportunité d’une nouvelle publication.

Reste la nécessité pour moi d’écrire. Je ne la vis pas comme un sujet de fierté, encore moins de vantardise, mais comme une dépendance au même titre que le tabac, la bouffe, l’alcool, la drogue. De ce point de vue, je suis clean, étant naturellement sous mescaline du matin au soir. Ce que j’écris en atteste. L’avantage, c’est que je peux prendre la bagnole après m’être fait un shoot de Poussière de sable ou de Elwig de l’Auberge Froide. Sauf que, n’ayant pas de voiture, ça ne me sert à rien d’écrire.

Fançoise Sagan devant sa Lotus


mercredi 28 juin 2023

Un souffle de marathonienne

Samedi matin, je dédicaçais dans une librairie en plein « Marathon des mots », manifestation littéraire toulousaine, organisateurs et lieux de rencontres du cru, mais auteurs invités célèbres et pas forcément toulousains, ce cas étant l’exception.

Donc, conviée pour une dédicace par Florian, le sympathique libraire de Saint-Orens, je calculai ma course, hors Marathon, stylo de dédicace en main tel le témoin d’un relais quatre fois  cent mètres. Je trouvai peu de relayeurs. Plutôt des lecteurs venus chercher le livre des marathoniens, de quoi faire chuter mon moral à hauteur de chaussettes si, chaleur aidant, je ne m’étais chaussée de nu-pieds. Et, stylo à plat sur table, je songeai à mes illusions de débutante quand je me souhaitais un destin littéraire à la Elena Ferrante, vivant et écrivant cachée, tandis que mes livres partiraient comme des petits pains sans que personne n’ait idée de ma tête.

Or, à la sortie de mon premier roman, Diabolo pacte, j’ai pu mesurer l’impact d’un passage à la télé et d’une simple photo dans la Dépêche du Midi. Depuis TéléToulouse a disparu. Et mon passage à la librairie n’a pas fait l’objet d’un article ou d’une annonce dans la presse.

Et soudain, le miracle : un lecteur surgit, venu exprès pour moi. C’est la première fois que nous nous voyons.

Ils me plaisent tous, déclare-t-il à propos de mes livres.

Les chaussettes, que je ne porte pas, me remontent à hauteur du genou.

Plus tard, Florian m’annonce que je serai invitée à un moment plus propice, qu’il est ouvert tout en se restreignant aux auteurs de qualité et qu’il faut être patient pour se faire connaître. Au bout d’un an d’absence pour des motifs d’ordre privé suivi par le confinement covidiste, je suis enfin sortie du bois avec 2 nouveautés de belle facture : Diabolo pacte ressuscité et Coup de grain.

Il faut certes être patient : ce blog en est la preuve vivante. Quand je l’ai conçu avant de poster mon 1er article, le 1er janvier 2022, je voulais y dévoiler mon parcours particulier de locomautrice, créer un lien d’intimité avec les lecteurs, tourner autour des thèmes universels évoqués dans mes romans avec le dessein que ce blog se démarque des blogs d’auteur. Il fallait que ma présence sur la toile compense mon absence dans les salons du livre.

Il semble que ma patience ait fini par payer : au bout d’un an et demi, la fréquentation du blog explose. Peut-être que je devrais en parler plus tard.

J'avais les jambes



 

 

 

 

 

 

 

samedi 24 juin 2023

Paroles de locomautrice

Mon dernier salon du livre remonte au 22 avril et le solstice d’été approche. Mon prochain salon est prévu à l’automne. N’allez surtout pas croire que certains organisateurs me boudent : soyez en sûrs. Il y aura de quoi débloguer sur le sujet, mais plus tard.

En attendant, revenons au 22 avril. Un couple fait halte devant ma table où, mes nouveautés n’étant pas parues, la science-fiction, en l’occurrence les 2 volets de Poussière de sable, côtoient Elwig de l’Auberge Froide. Deux affiches mettent l’ambiance : une affiche pour la mention spéciale du jury du concours des Arts Littéraires pour la SF. Je n’ai plus d’éditeur auquel demander le bandeau du prix, alors je me suis bricolée quelque chose. Une affiche pour mettre l’ambiance agrémentée de la couverture et de ma photo : Le thriller franco-allemand, Elwig de l’Auberge Froide, un roman qui souffle le chaud et le froid. Le couple s’empare du livre, lit la 4ème de couverture, feuillette en grapillant des phrases au hasard. Le monsieur me tend le livre pour une dédicace. Pas un mot n’aura été prononcé. L’idéal pour la piètre bateleuse que je suis et dont le beau stylo s’exécute avec ravissement.

Mais à la radio, pas question de laisser l’intervieweur se débrouiller tout seul. L’auteur est invité pour parler de son livre.

Les gens croient que c’est simple :

C’est ton bébé, qu’ils disent.

Ce sont surtout des enfants rebelles qui se sont émancipés très tôt de ma tutelle, crachent par terre et claquent les portes.

D’où me viennent les idées ?

Je n’en sais fichtre rien, sauf qu’il m’en vient une de nouvelle à chaque pas que je fais. Plus j’en ai, plus il m’en vient.

Dernièrement, je suis passée sur les ondes de deux radios locales. Jean-Pierre et Philippe ont lu Diabolo pacte. Ils ont aimé. Ils savent en parler. Chaque fois, je suis surprise de ce que les lecteurs trouvent dans mes écrits et que je n’ai pas vu. Il faut dire que, m’étant contenté de les écrire, je ne les ai pas lus.

Ce que personne ne sait avant que je le raconte, c’est dans quel contexte ont émergé mes romans, et il en un de différent pour chacun, amusant à leur façon.

Lors de ma dernière interview, je me rends compte, au fur et à mesure, de la charge personnelle investie dans l’histoire et le vécu des personnages. Je me suis arrêtée au bord de l’aveu quand j’ai cité, dans Diabolo pacte, l’hommage que Josette Gougeard rend à sa mère.

 C’est en pensant à ma mère que je m’envolai sur le geste parfait de l’ouvrière spécialisée, prestidigitation dont la rapidité rend invisible le déroulement de chaque phase, un geste parfait, injustement méprisé, parodie de spectacle qu’on pourrait prendre pour une œuvre d’art s’il était l’expression de la créativité humaine, non de son aliénation.

 La prestidigitatrice, c’est ma propre mère qui vivait encore du temps où j’écrivais ces lignes. Depuis toujours, j’étais ébahie en la regardant enfiler, à la vitesse de l’éclair, la paire de lacets dans les œillets de mes chaussures Converse, cauchemars des autres mères. Certaines avaient beau être diplômées et ramener de belles payes à la maison, aucune n’était capable d’égaler la mienne, formée sur la chaîne.

Préparez vos oreilles : vous connaissez ma tête, vous avez aussi le son.

Avec Philippe Gilbert qui anime "Paroles d'auteur"


samedi 17 juin 2023

J’ai rêvé d’être traduite.

Encore un vœu dont la concrétisation tarde à venir. Et pourtant, Dieu sait que j’ai le bon pedigree. Des études d’allemand et des séjours prolongés outre-Rhin, ça vous forge une vocation. Non que j’ai souhaité devenir traductrice littéraire. L’unique projet que j’ai entrepris jusqu’à le mener au bout consistait à traduire l’épopée en vers du poète post-romantique Nikolaus Lenau : Les Albigeois. Comme son nom l’indique, l’épopée en question couvre du début à la fin la tragédie cathare qui ensanglanta le territoire de l’actuelle Occitanie au XIIIe siècle. Toulousaine, poète et germaniste, la sainte trinité pour remporter ce défi : il fallait que ma traduction fût de la poésie tout en respectant la rime et la versification. Un tour de force peu commercial, salué certes par les éditeurs sans toutefois vaincre leur frilosité.

Non, je n’ai pas envie de traduire des romans allemands. Je préfère écrire les miens.

Quand mon thriller franco-allemand, Elwig de l’Auberge Froide, est sorti à Genève aux éditions Pierre Philippe, j’ai pensé qu’il serait aisé d’en faire paraître la traduction chez un éditeur de Suisse alémanique. Eh bien, non ! Sa seule version est française. L’allemand s’y trouve mêlé si bien que le lecteur n’a pas besoin d’en connaître un seul mot pour comprendre les phrases insérés dans le corps du texte.

Les éditeurs devant rémunérer les traducteurs, les calculs sont vite faits. Et ce n’est pas moi qui me risquerait à traduire un texte littéraire, fût-il le mien, dans une autre langue que ma langue maternelle. Elwig de l’Auberge Froide ne saurait être traduit que par un germanophone, autrement dit un auteur dont la langue d’arrivée est l’allemand.

Je rêve de posséder un jour un exemplaire où je pourrai lire en bas de page : auf deutsch im Text. En attendant, je me conterais d’être traduite en chinois ou en coréen.

Librairie Privat



 

 

 

 

 

jeudi 8 juin 2023

J’ai rêvé de paraître en poche

Quand le livre est tiré, il faut le vendre. Le vendre est une autre paire de manches que l’écrire et demande des talents que nous, auteurs, ne possédons pas forcément, surtout quand l’éditeur n’a pas accès aux prescripteurs de livres ayant l’écoute du public.

Or, l’éventuel acheteur regarde certes la couverture, le résumé, grapille quelques phrases, histoire de jauger le style. Normal quand il s’agit d’acquérir une œuvre d’art. Mais, au passage, il jette aussi un œil sur le prix. Et je me mets à sa place : Est-ce que ce livre vaut le coût ? Vais-je risquer vingt euros sur un roman dont je n’ai jamais entendu parler, à part sur les réseaux sociaux, espaces privilégiés de l’autopromotion décomplexée ?

Eh oui, le prix ! C’est alors qu’une parution en poche, bon marché par définition, tombe à point nommé. Le lecteur aurait peut-être moins de réticence à mettre la main à la poche.

Certes, des achats aussi peu utilitaires qu’un livre de fiction grèvent lourdement nos budgets : smartphone dernier cri, tatouage qui coûte la peau des fesses (je sais, c’est facile), etc. N’empêche, il n’est pas conseillé d’assener de tels arguments dans une librairie ou un salon du livre.

Donc nous sommes nombreux à rêver d’une parution en poche, la vraie : Pocket, 10-18, Livre de poche. Ou bien J’ai Lu. D’ailleurs, j’ai espéré y être éditée. Mon premier éditeur, celui de Diabolo pacte, avait une amie éditrice chez J’ai Lu. Elle aurait sélectionné trois titres de son catalogue, dont le mien. Malgré ses relances, mon éditeur n’aurait jamais obtenu de réponse. Comme quoi, dans ce milieu, la politesse est considérée comme une perte de temps… et d’argent. Je ne me risquerais pas sur l’amitié.

La suite, vous la connaissez : mon premier éditeur fait faillite, mais, miracle, Diabolo pacte vient d’être réédité. La couverture est magnifique, la 4ème de couverture alléchante, le prix de vente a été fixé à 20 , et non à 19, à la demande de la Librairie. Par contre, il paraît aussi au format électronique pour moins de 8 .

Broché ou poché, qu’importe le format. Mettre un lectorat dans sa poche n’est pas à la portée de toutes les plumes. La qualité de l’encre ne fait pas tout, il faut aussi un zeste de bol. Fait-il défaut, le ras-le-bol est proche avec la tentation de ranger ses outils, définitivement. Après tout, prendre de grands bols d’air dans la nature paraît plus sain que chercher l’inspiration en pianotant entre quatre murs sur un clavier d’ordinateur.



C’était mieux avant. Ou pas.

Apparemment, cet article n’aurait que peu de rapport avec la littérature. Et pourtant ! Je tenais à m’exprimer sur le sujet tant je vois déf...