Du temps du papier on parlait de littérature de tiroir pour désigner ces manuscrits, spiralés ou non, roupillant au fond d’un placard après avoir été, ou non, refoulé par tous les éditeurs de France et de Navarre. N’oublions pas la Navarre, la lettre de refus, souvent motivé par la ligne éditoriale en dépit de la qualité de l’œuvre, engendrant parfois de petits Ravaillac saisis de furie meurtrière vis-à-vis de ces criminels manuscricides dont la majorité ne roulent pourtant pas carrosse. Par bonheur, l’éditoricide est moins fréquent que le manuscricide, les aspirants auteurs refoulés ne franchissant (presque) jamais la ligne.
Ligne,
ligne éditoriale toujours fatale à l’œuvre incomprise en dépit de ses qualités
que l’auteur (de la lettre de refus) s’abstient néanmoins de citer.
Allez,
une anecdote pour la route !
Ayant
laissé Poussière de sable dormir
dans un tiroir et dans le disque dur, je change mon fusil d’épaule et dégaine
un Diabolo pacte pétillant en diable
au nez du monde éditorial. Un éditeur m’appelle un 1er avril, mes
amis croiront à un poisson d’avril, preuve qu’on croyait en moi. Contact,
réécriture d’un aspect du roman puis calme plat. Puis, un jour d’août, mon
portable stridule dans ma poche. L’assistante d’un éditeur du Quartier Latin
m’appelle et me voici à Paris attablé avec l’éditeur en question à la terrasse
d’un café. Il tient en main une liasse de feuilles impressionnante que je
prends d’abord pour le contrat d’édition. Foutre non ! Ce sont des
tableaux avec le titre des manuscrits et le nom des commettants avec une case
réservée à l’avis du comité de lecture. Et en dépit de l’épaisseur de la
liasse, l’éditeur me confie que nous ne sommes que deux à avoir trouvé grâce
aux yeux des lecteurs. Il me lit quelques avis. Finies les pudeurs de gazelle
se planquant derrière une ligne éditoriale. C’est du consternant et autres péjoratifs plus crus qu’un steak tartare.
Finalement la maison d’édition fera faillite avant de me publier et ce sera
l’éditeur du 1er avril qui lancera mon diabolo dans le grand bain…
avant de boire le bouillon à son tour.
Pour
reprendre le fil, il est bien difficile de retrouver un éditeur pour un 2ème
livre quand celui du premier (livre et non avril) a fondu les câbles.
L’impression de repartir de zéro.
Dans
le domaine de la SF, Emmanuel Millet de RroyzZ
éditions a fait paraître le 1er, puis le 2ème volet
de Poussière de sable. C’est pour moi reposant de pouvoir compter sur un
éditeur.
Quant
à mes écrits de littérature générale, ils m’inspirent une sorte de
philosophie : qu’importe s’ils trouvent preneurs, qu’importe qu’ils ne
soient peut-être jamais publiés, je les écris d’abord pour moi. Parce que je ne
peux pas m’en passer. L’écriture, c’est ma ligne et, si vous avez un tant soit
peu ouvert mes romans, vous savez qu’en matière d’héroïne ce n’est pas ma
petite personne qu’il faut chercher.
Je
l’avoue, je suis accro, toxico. Dois-je faire une cure de
désintoxication ? Dois-je m’obstiner à bâtir des tours d'ivoire et des châteaux de sable ?
La réponse appartient au lecteur. Et peut-être que sur ce blog vous avez une
idée que vous pouvez laisser en commentaire.
Manuel Candat : Tour |
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