Quand j’ai commencé à écrire – et je ne parle pas de mes écrits courts d’enfance et de jeunesse – mais de mon parcours de romancière entamé au début du siècle – je n’aurais jamais imaginé tenir un blog avec les contraintes qui vont avec ni me transformer en VRP pour attirer un lectorat. C’est-à-dire, chercher et trouver l’éditeur et, quand le livre est paru, le promouvoir car, comme dit le proverbe, quand le livre est tiré il faut le vendre. Si bien que si je faisais la balance entre le temps voué à la création et celui consacré à l’activité commerciale je ne suis pas certaine que le premier l’emporterait sur le second.
Bien
sûr, l’écrivain qui prend la plume avec l’ambition de conquérir un éditeur
d’abord, ensuite un lectorat, ne voit que la partie émergée de l’iceberg :
l’écriture créative. Il ignore la partie immergée vers laquelle il fonce sans
avoir idée s’il est armé pour y faire face.
D’abord
l’éditeur. J’ai appris à surfer sur la toile en quête de la bonne maison
présentant la ligne éditoriale qui pourrait correspondre à ma dernière
création, m’attachant à la présence d’un diffuseur-distributeur, indispensable
pour que le livre accoste le comptoir des libraires. Sinon l’auteur nage, son
livre entre les dents, au risque d’être rejeté au grand large de l’anonymat. De
plus, le confinement aurait suscité plus de vocations d’écrivains que le monde
de l’édition, déjà submergé avant la crise, ne peut en absorber. Donc la
concurrence est rude. Vous frappez aux portes, dix fois, vingt fois, cent fois
et vous vous la prenez sur le nez. Il y a de quoi jeter l’éponge. Mais j’ai une
qualité que tout le monde n’a pas : je ne suis pas têtue, je suis
acharnée.
Cependant,
quand il advient que, par un coup de baguette éditoriale, la larve manuscrite
se transforme en papillon, un autre défi commence : le livre a certes un
éditeur mais encore faut-il prendre lectrices et lecteurs en ses filets.
Il
n’est pas évident d’être invité aux salons du livre ni en librairie pour une
dédicace. Parfois les organisateurs sont venus me chercher, d’autre fois je me
suis pris le battant de la porte. Et quand vous êtes derrière la table avec
votre pile de livres il n’est pas aisé de la faire baisser, à moins d’être doué
d’un talent de bateleur. Je dois avouer que si un inconnu marque l’arrêt devant
ma table je peine à communiquer sur ces livres qui m’ont hantée pendant des
années.
Par
bonheur j’ai découvert que j’étais plus à l’aise devant un public et me suis
lancée dans l’exercice de la conférence. Quand les auditeurs découvrent que
vous êtes passionné, ils sont plus enclins à se risquer dans la découverte de
vos écrits.
Et
c’est dans la ligne de ces réflexions que j’ai lancé ce blog : partager ma
passion de l’écriture mais aussi mes joies et déceptions d’un parcours
d’obstacles censé aboutir au Lecteur. Ce que je suis incapable de dire dans
l’aparté d’une séance de dédicace, je suis plus à même de l’écrire, face à
l’écran blanc de mon ordi. La partie immergée de l’iceberg qui, peut-être,
donnera l’envie de découvrir la partie émergée avec un nom et le logo de
l’éditeur sur la première de couverture. Car, à mes yeux, la meilleure part
d’un auteur n’est pas sa petite personne mais ses écrits. Je n’ose encore
parler d’œuvre.
Je
vous souhaite une heureuse traversée de la mer de glace.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire