Longtemps, j’ai écrit des textes dont je fus l’unique lectrice. Puis la lubie m’a prise d’être publiée. Mal m’en a pris, car c’est alors que les emmerdes ont commencé. Jusqu’alors, je me berçais de mots que je relisais à voix haute, pour le seul plaisir de mes oreilles. Visant la perfection, il m’arrivait toutefois de me corriger. Juge et partie, j’évitais le couperet.
En
2009, quand je fus publiée pour la première fois, je sautai de joie. Après la
rafale de refus essuyée par Poussière de
sable, enfin un éditeur, qui plus est du Quartier Latin, misait sur Diabolo pacte, roman qui pique de sa
fourche aussi bien les fesses des candidats à la publication que le cul des
éditeurs.
Mes diableries ont plu. Après la crise des
subprimes, cela faisait un bien fou de rire. Avant les deux ans de sa
publication, l’éditeur de Diabolo pacte
a mis la clé sous la porte sans que je touche un centime de droits d’auteur.
Le
17 mai 2023, Diabolo pacte ressuscite
avec autant d’irrévérence, mais dans une nouvelle peau. La couverture est
magnifique et parlante, le fond toujours à même de concurrencer le Lexomil et
autres saloperies pharmaceutiques, sans provoquer d’effet secondaire nocif.
Bref, s’il n’est pas conseillé de lire Diabolo
pacte en conduisant, vous pouvez l’avaler cul sec et prendre la bagnole
juste après.
Si
la crise de 2008 a eu un impact négatif sur les ventes de livres, je m’aperçois
que 2023 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. L’après-covid, la guerre
en Ukraine, la crise de l’énergie, l’inflation etc. La liste est loin d’être
close.
Certes,
j’ai eu la mauvaise idée de dédicacer dans un espace Leclerc le premier jour
des soldes. Un four de première ! Au point que désormais je me pose la
question de l’opportunité d’une nouvelle publication.
Reste
la nécessité pour moi d’écrire. Je ne la vis pas comme un sujet de fierté,
encore moins de vantardise, mais comme une dépendance au même titre que le
tabac, la bouffe, l’alcool, la drogue. De ce point de vue, je suis clean, étant
naturellement sous mescaline du matin au soir. Ce que j’écris en atteste.
L’avantage, c’est que je peux prendre la bagnole après m’être fait un shoot de Poussière de sable ou de Elwig de l’Auberge Froide. Sauf que,
n’ayant pas de voiture, ça ne me sert à rien d’écrire.
Fançoise Sagan devant sa Lotus |