En
sommeillant, entre 2 lignes (de coke), sur des lauriers qui n’ont pas eu le
temps de flétrir ni d’éclore, je n’ai jamais, au grand jamais, été saisie du
cauchemar censé tourmenter les femmes et les hommes de plume : la page désespérément
blanche, la panne d’inspiration. Moi, connais pas. L’écran de mon ordi se
couvre sur commande de mots, de phrases, de paragraphes, de chapitres qui s’enchaînent
jusqu’au mot fin, là où commence une autre histoire : se faire publier,
puis toucher la presse, les libraires et les organisateurs de manifestations
littéraires. Bref, ce qui s’appelle courir après l’éditeur, courir après le
lecteur. Dans ce domaine, je suis une coureuse de fond.
Mais
avant, lors de la phase création, je n’ai jamais haleté le long de la marge, un
bidon vide à la main, guettant le mirage d’une station-service providentielle. J’ai
l’impression d’être branchée 24 heures sur 24 sur une pompe à idées. Il m’en
vient dix à chaque pas. C’est une question d’exercice : des idées, plus on
en a, plus on en trouve.
Un
jour, alors que mon Diabolo pacte
n’était pas encore publié, mon parrain littéraire, Jean-Claude
Ponçon, me raconte une histoire autour du sujet de ce qui n’était pas
encore un livre :
―
Il (le candidat à la publication) écrit à tout le monde, aux notaires, etc.
Et de
conclure :
―
Je vous donne une idée.
Nous
n’en étions pas encore arrivés au tutoiement. Je n’ai pas relevé, n’ayant nul
besoin des idées des autres, fussent-ils écrivains reconnus. Car, pour qu’elle
fasse œuvre d’art, cette idée, faut-il encore qu’elle fasse nécessité dans
l’intimité de l’auteur.
La
création, c’est-à-dire puiser dans son imaginaire des idées et des histoires,
est source d’immenses joies. C’est ma raison d’être d’écrivain. À
ce stade-là, je me préoccupe peu de savoir s’il y aura un éditeur, un lectorat,
si ce n’est que je ne souhaite pas écrire le même livre que le précédent,
étirer un chewing-gum devenu insipide à force d’être mâché. Mais peut-être
après tout que le lecteur, fidèle à tel auteur, a-t-il envie de retrouver le
goût de sa friandise préférée. Écrivant dans des registres différents,
notamment de la science-fiction, je ne puis promettre au lecteur qu’il
retrouvera dans mon prochain livre ce qui lui avait plu dans le précédent, si
ce n’est l’imagination, laquelle est, par définition, imprévisible.
Ces
réflexions n’en finissent pas de me donner des idées noires. C’est qu’un livre
sans lecteur est lettre morte, une idée qui n’est pas partagée une idée en
l’air.
À
propos de partage, ce blog ne demande qu’à l’être : partagé. Certes, un
excellent exercice qui m’oblige chaque semaine à renouveler mon inspiration mais,
sur le fond, le moyen de dévoiler, petit bout par petit bout, mon vécu
d’écrivante. Novlangue, quand tu nous tiens !
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