Il ne suffit pas de noircir des pages, d’imprimer, de s’exprimer. Pour qu’elles soient lues, ces pages, encore faut-il qu’elles soient diffusées, commentées… C’est le boulot de l’éditeur, me direz-vous. Mais, comme le disait mon premier éditeur, Nicolas Grondin, l’auteur doit mouiller la chemise. Blanche au départ, grise de sueur à la fin, vu le challenge. Il y a loin de la coupe aux lèvres et de l’auteur au lecteur, sauf quand l’auteur porte un nom célèbre.
Donc,
depuis 13 ans, sauf arrêt de la promo pour cas de force majeure, je mouille la
chemise. En août 2009 je me suis transformée en VRP des éditions L’Arganier et de Diabolo
pacte, entrant dans les librairies, l’argumentaire de mon éditeur à la main,
en quête de séances de dédicaces, sollicitant les organisateurs de salons, les
organes de presse, etc.
13
ans plus tard, constatant que mouiller la chemise ne rapporte pas à tous les
coups, j’ai décidé de joindre le loisir au devoir : je mouille le maillot
cycliste en me disant qu’au moins j’aurais eu le plaisir du pédalage. Je vous
livre deux séances de cyclopromo.
Villefranche-de-Lauragais
est idéalement situé sur le canal du Midi. Le trajet s’effectue soit par les
coteaux soit par la piste cyclable bordée de platanes un temps donnés pour
morts mais finalement ressuscités avec leurs frondaisons dispensatrices d’une
ombre bienfaisante par temps de canicule. Il fait en effet une température à
tomber la chemise mais la mairie organise un salon du livre auquel je voudrais
bien être invitée. Service de presse et catalogue de RroyzZ
éditions sont remis en mains propres puis c’est le
moment du restaurant Logis de France qui vaut le détour.
Poursuivant sur ma lancée, catalogue et service de presse
dans la sacoche, je m’élance vers Saint-Orens-de-Gameville où s’est ouvert une
nouvelle librairie indépendante, Des
livres et vous. L’aimable jeune libraire me
remercie du service de presse, un exemplaire de Poussière
de sable, Légendes ourdiniennes. Je m’empresse de
préciser :
― Ainsi vous pourrez apprécier sur pièce ce que j’écris. Je
vous rassure, je ne viendrai pas à la dédicace en tenue cycliste.
Quoique. Lors d’un salon du livre, une lectrice est venue me
demander Elwig de l’Auberge Froide,
tout simplement parce que dans ma biographie figurait le haut fait que j’avais
suivi le cours du Danube à vélo jusqu’en Ukraine et qu’elle devait effectuer le
périple avec son mari.
Dédicacer en cuissard, stylo au bout des mitaines cyclistes,
serait original. En prenant garde que la chemise, la fameuse chemise trempée
de la sueur du colporteur ne dégage un fumet prompt à incommoder le nez délicat
des lecteurs. Peut-être faut-il écrire colportrice Je me vois traîner une malle
de voyageur de commerce alors que ma vocation consiste à colporter des
histoires quand je ne les invente pas.
Entre Toulouse et Villefranche-de-Lauragais |
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