Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

vendredi 24 janvier 2025

Ressusciter le passé

Pour y parvenir, le roman historique est le genre idéal.

Mon 2ème roman, Elwig de l’Auberge Froide, ne se contente pas d’évoquer l’histoire des conflits franco-allemands depuis 1805. Mon héroïne, Elwig, et mon héros, François-Franz, voyagent littéralement dans le temps, s’incarnant dans des figures romantiques en proie à la dureté d’un siècle marqué par les conquêtes napoléoniennes.

Ainsi Elwig Kaminski, l’enfant égarée à l’hiver 1945 sur les routes de l’Exode et adoptée à l’Ouest par un couple vieillissant, est-elle soudain submergée par des souvenirs appartenant à la jeune comtesse Elwig von Sankt Märgen, qu’elle chevauche le superbe Blizzard ou manie l’épée avec virtuosité. Ainsi François se retrouve-t-il, à la faveur d’un orage coupant l’électricité de l’Auberge Froide, dans la peau de Franz, étudiant en médecine en route pour Vienne, une Vienne d’avant la construction du Ring.

Qui n’a souhaité voyagé dans le temps ? Elwig de l’Auberge Froide exauce ce souhait et décrit comment tout cela est non seulement possible, mais vrai. Nul besoin de machine à  remonter le temps, à moins que ce ne soit un simple vélo. Un orage, une chute de bicyclette ou de cheval, et l’incroyable survient. L’Auberge Froide s’éclaire à la bougie, des officiers français, hier vainqueurs à Iena, souffrent le martyre lors de la retraite de Russie.

La preuve par le livre : Alors je quittai la demeure sur la pointe des pieds, avisai le long du mur une étrange machine de fer montée sur deux roues. Son usage ne m’était pas tout à fait inconnu. L’idée me vint de l’enfourcher pour fuir au plus vite le lieu du crime. Mes brodequins se calèrent dans les étriers. Je n’eus qu’à peser dessus pour entraîner l’engrenage qui mouvait la roue arrière, et je me mis à voler le long du chemin de halage, comme sur un cheval lancé au galop. Mon passage ne passait point inaperçu. Les mariniers et les pêcheurs juraient, tandis que les femmes se signaient par réflexe.

Je me rendis compte que j’incarnais à leurs yeux une espèce de centaure couvert de sang, une chimère sortie de l’imagination d’un diable. Moi, je n’en avais cure. Je m’enivrais de vitesse et de liberté car posséder une telle machine signifiait ne plus dépendre d’un animal pour avancer cinq fois plus vite qu’à pied. J’avais trouvé les bottes de sept lieues, sauf qu’elles avaient la forme d’un cheval de fer.

Voilà le privilège du fantastique.

Intrinsèquement, le passé possède le pouvoir magique de nous immerger dans un monde inconnu qui fut la réalité de contemporains disparus depuis plus ou moins longtemps. Puisque j’évoquais tantôt la Vienne où vous n’avez jamais mis ni le pied ni la roue, je vous offre une nouvelle preuve par le livre : Mais en ce mois de janvier 1822 Vienne est sous la neige et des courants d’air glacial parcourent les rues jonchées de corbeaux tombés morts en plein vol. Les turnes sans feu des faubourgs se transforment en chambres mortuaires. Les hôpitaux se remplissent d’agonisants de tous âges et de tous sexes. Même à trois ou quatre par lits, on trébuche sur des corps étendus à même le pavé. Franz se démène jour et nuit en maudissant son impuissance. Il n’a pas plus de pouvoir sur le temps, ce Teufelswetter, que sur la misère qu’il soulage pourtant comme la goutte d’eau désaltère en plein désert un palais asséché.

Vous l’aurez compris : avec ou sans un zeste de fantastique, le roman historique me passionne à double titre : celui de lectrice et celui de locomautrice. Je vous donne rendez-vous au prochain article dont j’ignore à ce jour le thème.




mercredi 15 janvier 2025

Sors de ce corps, Caliméro !

Le génial Pierre Desproges établit une analogie entre la nostalgie et les coups de soleil. Ça ne fait pas mal pendant, ça fait mal après. Or l’écrivain concocte sa propre biafine pour panser les brûlures occasionnées par une exposition prolongée aux rayons délétères de la nostalgie. Médecin et pharmacien, il pratique l’art du diagnostic et du traitement. Le véritable maître du temps, c’est lui, ou elle (quand on est locomautrice). Sa plume voltigeuse a le pouvoir de se catapulter dans un lointain futur hors galaxie. Poussière de sable, ma saga de science-fiction, s’aventure dans un espace-temps qui n’est pas le nôtre, s’affranchissant des contraintes d’une temporalité prenant l’apparence d’une flèche s’interdisant tout retour en arrière.

Plus modestement, l’écriture est le moyen idéal de parler de soi et de raconter son propre passé. Pierre Bellemare était d’avis qu’un auteur parlait toujours de lui, même quand il était question dans ses romans d’une petite fourmi. N’est-ce pas, Bernard Werber ? J’ignore si en mettant en scène mes gogorkis et mes euskaliens je parlais de moi. Il faudrait forer très profond, mais ce que je dois vous avouer c’est que dans mon recueil de nouvelles inspirées du réel, Coup de grain, j’ai quasiment donné par 2 fois dans l’autobiographie.

Dans Vue courte et pattes d’eph je raconte mes complexes de myope en ces années soixante-dix où les pantalons balayaient les parquets et où les lunettes étaient d’infâmes prothèses. Les verres à l’état brut déformaient les visages afin de corriger la vision de loin et les axes d’astigmatisme. Sans parler du poids sur le nez ! Quant aux montures, elles rompaient net inexorablement une fois l’an. Peut-on imaginer le sentiment de délivrance engendré par les lentilles de contact ? La première fois que je me suis vue avec dans le miroir de l’opticien, je ne me suis pas reconnue. Bien sûr, cette nouvelle ne se contente pas de raconter une partie de ma vie car mon plaisir n’est pas de parler de ma petite personne mais de romancer.

Le bonnet d’âne d’Agnès B m’a offert l’occasion de revenir sur les bancs de l’école telle que je l’ai connue. La scène où le professeur principal gifle deux élèves de 6ème surpris à se battre sur les tables à coups de tendeurs à vélo est authentique. L’atmosphère de tragédie grecque dans un lourd silence aussi. Quant à la description précise du calvaire d’une Agnès B en butte à son institutrice tout au long de son année de cours élémentaire 2ème année, je l’ai vécue mot à mot. En classe de 3ème, après avoir refermé Vipère au poing, j’ai repris à mon compte les remerciements d’Hervé Bazin à Folcoche, sa mère indigne, avec quelque changement :

Merci, madame P., grâce à vous, je suis celle qui marche une vipère au poing.

En effet, quand je me suis, des décennies après, retrouvée dans une situation de « harcèlement » professionnel, j’ai compris, quoique avec un temps de retard, et j’ai su réagir.

La nouvelle qui clôt le recueil, La carotte et le pilon, parlera à tous les postulants à la publication et au succès. J’espère qu’elle fera rigoler mes lecteurs, qu’ils taquinent ou non la muse. Car, lorsqu’on est auteur et partant une personnalité publique (ce n’est pas moi qui le dit, mais monsieur Google. Ô surprise !), mieux vaut pratiquer l’autodérision que passer pour Caliméro.

Mais assez parler de moi. La prochaine fois, je vous cause roman historique.



dimanche 5 janvier 2025

Inventaire secret

Voici à présent la partie secrète du bilan, territoire où je ne me suis encore jamais aventurée. Porter à la connaissance du public des livres inachevés ou en quête d’éditeur pourrait me porter malheur. Néanmoins les galères que j’ai traversées tendent à démontrer que la discrétion ne m’a pas toujours porté chance.

Levons donc le voile d’un geste intrépide !

2023 et 2024 furent les années où des textes achevés depuis longtemps ont enfin accédé à la publication : la réédition de Diabolo pacte, la parution chez Auzas de dix nouvelles écrites au fil des ans : Coup de grain, et le recueil de mes poèmes de jeunesse, Mon opium est dans mon cœur. À croire que je ne faisais que dans le recyclage. Pour une cyclo, c’est fastoche.

Or, dans mon arrière-boutique de fictionnaire, tandis que j’étalais au grand jour des créations parfois ceintes du rouge d’une récompense littéraire, je peaufinais dans l’ombre des fictions en quête d’éditeurs.

De ce point de vue, on peut dire que j’ai de la marge car j’ai achevé la suite et fin de ma saga de science-fiction, Poussière de sable, et un roman de SF, Cascadeurs du temps. Le tout en bêta-lecture. Mon bêta-lecteur avance lentement mais, j’ose espérer, sûrement.

J’ai envoyé aux éditeurs spécialisés en textes courts un recueil de contes germains fantastiques. Franchira-t-il la barre ? Rien n’est moins sûr tant elle est haute (la barre).

Des années durant, j’ai travaillé à l’écriture d’un roman d’éducation retraçant l’enfance et la jeunesse d’un patricien génois contraint à l’exil et qui, après moult péripéties en mer et à travers l’Espagne, parvient à Lisbonne la veille du tremblement de terre de 1755. À mes yeux une traversée des Lumières en Europe du Sud. 100 fois j’ai réécrit le dénouement. J’étais en quête d’une maison française diffusée et distribuée. J’ai même refusé une proposition de publication. En septembre tombe la proposition d’un éditeur parisien pour 2026. Cela peut sembler lointain, mais le temps éditorial est long et 2025 s’annonce économiquement bien pourri.

J’ai également écrit un autre thriller franco-allemand dont le fil rouge est la psychogénéalogie et qui est en bêta-lecture.

Enfin, je me suis attaquée à une saga retraçant l’histoire de mes arrière-grands-parents, laquelle débute en Haute-Soule. Afin de mieux entrer dans la peau de mes personnages basques, notamment mes trisaïeuls que je n’ai pas connus, j’apprends leur langue, cet euskara si différent des langues indo-européennes, tant ma grand-mère maternelle m’a transmis la fierté de ses origines.

Quant à la poésie, après un exil interminable, j’y suis revenue avec une inspiration et un style différents. En attendant de lancer un nouveau recueil, je partage de temps à autre un poème sur Facebook. Le dernier parle de père Noël. Cette année, je lui ai commandé plein de nouveaux lecteurs et de beaux contrats.

 

Lisbonne en 1755

dimanche 22 décembre 2024

Inventaire 2024

Avant la trêve des confiseurs, il est temps de faire le bilan.

Je débute l’année avec plusieurs flèches à mon arc de locaumautrice : toujours mon thriller, Elwig de l'Auberge Froide, en piste après 10 ans, et 2 nouveautés, Diabolo pacte, le ressuscité, et Coup de grain, recueil de nouvelles bénéficiant de retours de lecture enthousiastes. Diabolo pacte est retiré par mon éditeur avec bandeau intégré du premier prix du roman de l’Académie des Livres de Toulouse, ce qui lui donne de la gueule.

Alors que je traîne derrière moi des années de séances de dédicaces plutôt mornes, dépourvue des aptitudes des bateleurs de foire, incapable de communiquer dans la vraie vie (c’est pas pour rien que j’écris !), je me fouette et opère une métamorphose qui me délivre du cafard (Kafka sort de ce corps) : je souris pendant des heures et aborde mon public, ce qui marche. Diable !

2024 sera aussi l’année de la poésie : j’adresse le recueil de mes poèmes de jeunesse, Mon opium est dans mon coeur, aux éditions Il est Midi, et j’ai le bonheur d’être acceptée. Comble de la satisfaction, un tableau de mon père, Manuel Candat, illustre la couverture. S’il est indéniable que la poésie se vend mal, il reste cependant des amateurs. Au mois de novembre, conviée par une amie, je participe à un récital dans le cadre du Festival de la Beauté sous l’égide de la Diaconie. Je lis sur les visages que le public accroche à mes vers.

Forte d’une belle chronique de Michel Dargel dans Intramuros et du premier prix de poésie remis le 13 décembre par l’Académie des Livres de Toulouse, je continue à prospecter pour donner des lectures de mes poèmes. Si vous avez des pistes, n’hésitez pas à me contacter.

Parallèlement, j’écris une poésie différente de celle de ma jeunesse. De temps en temps, je partage un poème sur les réseaux en attendant qu’elle ait assez d’épaisseur pour constituer un recueil.

Fin de la première partie du bilan. La deuxième vous révèlera quelques secrets. Je vous laisse donc sur votre faim.



vendredi 13 décembre 2024

C’était mieux avant. Ou pas.

Apparemment, cet article n’aurait que peu de rapport avec la littérature. Et pourtant ! Je tenais à m’exprimer sur le sujet tant je vois défiler sur les réseaux sociaux des posts illustrés de photos datant des années 80-70-60 avec des commentaires du style : Que de bons souvenirs ! On était si heureux ! et des contre-commentaires : OK boomer ! C’était pas mieux ! Les femmes n’avaient pas le droit d’ouvrir un compte en banque. Etc. Et le summum : Avant, il y avait des maladies mortelles. Excellente nouvelle : y en n’a plus. Tout se guérit maintenant.

Je pense instantanément à un livre de mon père signé Pierre Gaches et publié dans les années 70 : TOULOUSE – Les jours heureux (1919-1936). Dans ces pages exhalant un parfum entêtant de regret et de nostalgie, l’auteur omet l’hypothèse que, dans un lointain futur qu’il ne connaîtra pas, ces années soixante-dix honnies de lui puissent être qualifiées à leur tour de jours heureux et que la même nostalgie étreindra la poitrine de jeunes gens devenus vieux.

À mon sens, le mythe du bon vieux temps est un archétype ravivé à chaque génération.

Mon avis personnel sur le C’était mieux avant ? En ma jeunesse, déjà cyclotouriste, j’avais la nostalgie de routes sans bagnoles, d’entrées de localité non défigurées par d’immondes carrés de béton voués à la consommation, de places et de parvis débarrassés d’un alignement de suppositoires, bref d’un passé que je n’ai pas connu où la campagne n’était jamais loin.

Personnellement, je n’envie pas l’enfance de nos gosses privés de liberté alors que nous vadrouillions loin du regard de parents pas inquiets le moins du monde.

Personnellement, je n’ai pas aimé (et c’est un euphémisme) l’ère du QR code sanitaire et vaccinal que je n’aurais montré pour rien au monde (surtout pas pour être à un salon du livre) à des vigiles ou à des citoyens faisant office. Peut-être que dans le futur, d’aucuns évoqueront avec nostalgie les deux années d’auto-attestations et de masques en forêt.

Je remarque néanmoins que les anciens ayant connu la dernière guerre et l’Occupation n’ont aucune nostalgie d’une jeunesse gâchée (ce sont leurs mots), quand elle ne fut pas massacrée dans les luttes de la Résistance ou les tueries d’Oradour, de Marsoulas et de tant de lieux marqués au fer rouge de la barbarie nazie.

Cependant, je suis bien consciente que ce blog existe grâce au progrès numérique, même si moi-même n’échappe guère aux sirènes de la nostalgie. Sauf quand je tire une valise au lieu de la porter.

Quel rapport avec la littérature ? La réponse dans le prochain article.





lundi 2 décembre 2024

Récital

Dernier salon du livre dans un lieu historique prestigieux dont la beauté attire un public avide d’esthétique. Question beauté, j’y exposais mes livres, fictions et poésie. Mon opium est dans mon coeur soulevait quelque intérêt, servi pas sa première de couverture illustrée par un tableau de Manuel Candat, mon père. Moi-même leur sers un court poème, histoire de leur souffler en nez quelque fumée d’opium :

 

Est-ce le vent qui rêve

Est-ce le vent qui joue

Quand il se prend au piège

Des feuillages

Et qu’il s’accroche aux fleurs

Comme un rideau changeant

Et qu’il fait des jardins

Les chambres du printemps ?

 

Et voilà que je reçois de la part d’un visiteur cette réflexion étonnante. Mais je ne devrais plus m’étonner de rien !

J’aime la poésie, mais je n’en lis pas.

Mince alors ! J’aime les frites, mais je n’en mange pas. Pareille réflexion n’est pas pour me donner la patate.

Heureusement qu’il n’y a pas que les salons, il y a aussi les récitals. L’avant-veille j’étais conviée à lire quelques poèmes dans le cadre du Festival de la Beauté organisée chaque année par la diaconie. L’amie, fidèle lectrice qui a soufflé mon nom aux organisateurs, me véhicule à l’école de l’Annonciation de Seilh, à travers les rocades et avenues de l’Ouest toulousain vouée à l’aviation et à l’avionique.

Le thème de l’année 2024 est la Genèse. Les récitants déclinent la thématique sur une gamme variée, allant du poème au slam, de la chanson au conte. Quant à moi, j’ai choisi deux poèmes extraits de L’opium de l’artiste, titre du premier chapitre. À la fin, j’ai salué mon public en coup de vent (voir plus haut). L’évènement a été pour moi l’occasion de rendre hommage à mon père en lisant le poème que je lui avais écrit en ma jeunesse et qui fut lu lors de ses obsèques : À mon père, le peintre.

Moment chargé d’émotion partagée par un public sensible à ma poésie. Peut-être ce monsieur qui ne lit pas de la poésie aime-t-il l’entendre, entendre des mots qui sont à eux seuls des notes de musique.

Quant à la poésie et moi, une longue histoire : https://claudine-candat-romanciere.blogspot.com/p/mon-opium-est-dans-mon-coeur-poesie.html



lundi 18 novembre 2024

Et Toulouse, macarel !

Quoi de plus naturel de parler de sa ville, d’y planter le décor de ses romans, d’y faire vivre ses personnages, quand on est auteur, ou autrice, pour faire plaisir aux gardien.n.e.s de l’inclusivité. Et mon point dans…, tu le veux ? Bah ! Je plaisante !

En qualité de locaumotrice je m’entends déjà hurler dans le mégaphone :

Le TGV en partance de Toulouse Matabiau est annoncé voie Léon Gambetta.

TGV signifie en l’occurrence : témoignage de grande vie. Vous aurez reconnu l’adresse de la librairie Ombres Blanches.

Le TER en partance pour le salon du livre de Montauban est annoncé…

Non, il ne s’agit pas de taureau en rut, mais de tirage en rab, puisque, dans les salons, on expose la totalité de sa production.

Dans mes romans on peut d’ailleurs parler de train.

La preuve par le livre : Diabolo pacte, page 23 : Lorsqu’il parvint à sa taille définitive, un mètre cinquante, il envisagea de se jeter sous le train. Jamais il ne serait ce beau type dévalant une piste de ski ou ce play-boy frimant à une terrasse de café avec des lunettes de soleil. Fermement décidé à en finir, il clopinait vers le Tarn jusqu’à la voie de chemin de fer. Le long du petit kilomètre qui séparait Rabastens de sa gare, il se voyait allongé en travers des rails en attendant la micheline de Carmaux ou de Toulouse. Arrivé au bord de la voie ferrée, il restait debout, incapable de se coucher au passage du convoi, et regardait, hébété et soulagé, les rames jaunes et rouges défiler à toute allure.

Vous vous doutez bien qu’il ne se jette pas sous le train, sinon il n’y aurait pas eu de roman.

Pour mon thriller franco-allemand, Elwig de l’Auberge Froide, j’ai situé la partie française du roman dans le Midi toulousain.

L’histoire commence à Toulouse au cœur d’un mois de juin caniculaire. Les Toulousains y sont habitués. Ce qu’ils connaissent moins, c’est un endroit réfrigéré de la ville : la morgue, qui se situait jusqu’à récemment dans les sous-sols de l’hôpital Rangueil.

J’offre aussi à mes lecteurs quelques virées dans Toulouse :

La preuve par le livre : Elwig de l’Auberge Froide, page 24 : Noctambule en plein hiver, le Toulousain se surpasse par temps de canicule. Le long du canal le trafic est presque aussi dense que le jour, avec une touche d’anarchie. Mirouze est attentif aux queues de poisson et aux changements intempestifs de direction. Sur sa gauche l’église Saint-Aubin, carrée et massive, lutte au corps à corps avec le crépuscule en feu. Gérald cherche ses lunettes de soleil quand, au dernier moment, il est obligé de piler pour éviter deux piétons qui s’engagent sur la chaussée en lui faisant un bras d’honneur. La soirée commence bien, peste-t-il en franchissant le canal. Laissant le bâtiment futuriste de la médiathèque, Gérald s’élance vers les hauteurs de Jolimont, parvient au sommet, entame la descente en douceur, puis emprunte la rue Louis Plana, franchit le carrefour du collège avant de tourner à droite.

J’ai en effet poussé le vice jusqu’à loger mon médecin légiste n°1 dans le quartier où j’ai grandi. Plus facile en effet que d’aller vous balader aux Izards où je mets rarement les pieds ou la roue. Je me suis même offert le luxe d’offrir à l’un des suspects le n°38 de l’avenue Crampel, propriété de mes arrière-grands-parents où j’ai passé les 2 premières années de ma vie. L’histoire de cette maison est en elle-même un roman que je n’écrirai peut-être pas.

Quand on se démène pour être publié et lu, pourquoi se refuser des menus plaisirs qui ne font de mal à personne, surtout pas au lecteur qui n’y voit que du feu. Du feu aussi brûlant que Toulouse par temps de canicule.

Médiathèque José Cabanis Toulouse


 

Où dédicace rime avec camarade de classe

Une signature en librairie ou en salon du livre est un sport qui sollicite quelque énergie, je dirais même plus, beaucoup d’énergie, un matc...