Apparemment, cet article n’aurait que peu de rapport avec la littérature. Et pourtant ! Je tenais à m’exprimer sur le sujet tant je vois défiler sur les réseaux sociaux des posts illustrés de photos datant des années 80-70-60 avec des commentaires du style : Que de bons souvenirs ! On était si heureux ! et des contre-commentaires : OK boomer ! C’était pas mieux ! Les femmes n’avaient pas le droit d’ouvrir un compte en banque. Etc. Et le summum : Avant, il y avait des maladies mortelles. Excellente nouvelle : y en n’a plus. Tout se guérit maintenant.
Je
pense instantanément à un livre de mon père signé Pierre Gaches et publié dans
les années 70 : TOULOUSE – Les
jours heureux (1919-1936). Dans ces pages exhalant un parfum entêtant de
regret et de nostalgie, l’auteur omet l’hypothèse que, dans un lointain futur
qu’il ne connaîtra pas, ces années soixante-dix honnies de lui puissent être
qualifiées à leur tour de jours heureux
et que la même nostalgie étreindra la poitrine de jeunes gens devenus vieux.
À
mon sens, le mythe du bon vieux temps est
un archétype ravivé à chaque génération.
Mon
avis personnel sur le C’était mieux avant ?
En ma jeunesse, déjà cyclotouriste, j’avais la nostalgie de routes sans
bagnoles, d’entrées de localité non défigurées par d’immondes carrés de béton
voués à la consommation, de places et de parvis débarrassés d’un alignement de
suppositoires, bref d’un passé que je n’ai pas connu où la campagne n’était
jamais loin.
Personnellement,
je n’envie pas l’enfance de nos gosses privés de liberté alors que nous
vadrouillions loin du regard de parents pas inquiets le moins du monde.
Personnellement,
je n’ai pas aimé (et c’est un euphémisme) l’ère du QR code sanitaire et
vaccinal que je n’aurais montré pour rien au monde (surtout pas pour être à un
salon du livre) à des vigiles ou à des citoyens faisant office. Peut-être que
dans le futur, d’aucuns évoqueront avec nostalgie les deux années
d’auto-attestations et de masques en forêt.
Je
remarque néanmoins que les anciens ayant connu la dernière guerre et
l’Occupation n’ont aucune nostalgie d’une jeunesse gâchée (ce sont leurs mots), quand elle ne fut pas massacrée dans
les luttes de la Résistance ou les tueries d’Oradour, de Marsoulas et de tant
de lieux marqués au fer rouge de la barbarie nazie.
Cependant,
je suis bien consciente que ce blog existe grâce au progrès numérique, même si
moi-même n’échappe guère aux sirènes de la nostalgie. Sauf quand je tire une
valise au lieu de la porter.
Quel
rapport avec la littérature ? La réponse dans le prochain article.
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