Dans mon dernier article, il était question de ChatGPT et de l’intelligence artificielle (IA). J’ai fait le test, demandé au Chatbot de me concocter un conte sur un enfant qui s’enfuit dans un cirque, ceci afin de le comparer avec Un enfant de la balle, une des 10 nouvelles de Coup de grain. En quelques secondes est sorti du cha(t)peau un produit racontant une histoire qui se tient mais qui n’a rien à voir avec les péripéties et la psychologie mise à jour dans ma prose. Une de mes lectrices l’a d’ailleurs remarqué.
Mais,
avant, j’avais demandé au petit robot de m’écrire un article sur les écrivains
en quête de lecteurs. Si je me souviens bien car, tentant de retrouver
l’occurrence exacte, on me répond : Oups
une erreur est survenue. Laquelle ? Mystère et boule de gomme. Pour en
revenir à nos moutons (électriques, qui peuvent rêver si l’on en croit notre
maître en science-fiction, Philip K. Dick), mon Chatbot, en moins de temps
qu’il ne faut pour inspirer-expirer m’a pondu un article logique et argumenté. Toutefois,
si je vous le donnais à lire (mais pour cela, il me faudrait résoudre
l’oups-erreur), vous seriez assommé d’ennui. Peut-être l’êtes-vous déjà en
lisant ces lignes. Ah ! Ah ! Ah !
Pour
tenir un public en éveil, rien de tel que le rire. Je l’ai vérifié pas
plus tard que le 8 décembre, lors de la remise du prix du roman de l’Académie
des Livres de Toulouse. Il est 17 h passé et la cérémonie dure depuis le début
de l’après-midi. C’est dire si une fatigue bien naturelle menace de s’abattre
sur l’auditorium et de déconcentrer les attentions. Mes consœurs et confrères
ont su défendre leurs ouvrages dans les différentes catégories. D’ailleurs,
j’ai pu noter quelques futures lectures.
Vient
mon tour après un moment de suspens, car je ne m’attendais à décrocher le
premier prix avec Diabolo pacte. Et
je ne m’attendais pas non plus à ce que Stéphanie, juré du prix du roman, monte
sur l’estrade et prenne le micro pour faire l’éloge du roman et de la
romancière en des termes qui m’encouragent à poursuivre l’aventure. Une
aventure en forme de montagnes russes.
Arrive
mon tour de prendre le micro. J’ai préparé ma prestation au cas où. Je livre la
recette de Diabolo
pacte. N’oublions pas que c’est un roman humoristique qui joue sur la gamme
du comique : de situation, de personnages, de dialogue, de style. Puis je
raconte comment j’en suis venue à écrire une histoire d’éditeur qui s’engage à
publier le premier inconnu venu qui accepte de vendre son âme au Diable. J’en
arrive au moment où mon Diabolo est
publié chez un éditeur parisien, qu’il obtient un prix lors de mon premier
salon du livre, mais que, finalement, mon éditeur fait faillite (sans me verser
un centime de droits d’auteur). Mes lecteurs en ont conclu qu’il m’arrivait ce
que je racontais dans mon roman. Éclat de rire dans le public. La
faillite d’un éditeur, c’est aussi spectaculaire qu’un plaquage cathédrale sur
un terrain de rugby. Pendant que mon roman faisait un carton, mon éditeur
faisait le sien. Si tout s’était passé comme dans un conte de fées, personne
n’aurait ri. Parce que le bonheur, c’est pas marrant, surtout chez les autres.
Or,
juchée sur mon estrade, il me faut maintenir l’attention du public. Alors,
j’improvise. Je garde ma trouvaille pour le prochain article puisque, n’étant
pas un robot, je me dois de ménager mon inspiration.