Le livre à lire quand tout va mal – mais ce n’est pas interdit quand tout va bien. Voilà ce que je dis de Diabolo pacte quand je suis derrière la table (de dédicace) et que je veux me défaire d’un exemplaire. Car au jeu de mon Diabolo, c’est comme au Uno : à la fin c’est celui qui a le moins de cartes en main ou de livres sur la table qui gagne.
Sans
avoir osé jamais user du terme, je pourrais dire que Diabolo pacte, c’est du feel
good. Mais je ne le ferai pas, car user du globish pour qualifier de la
littérature française, cela me semble une hérésie.
L’édition
se vautre dans ce vocabulaire comme si ça allait de soi pour toutes les
oreilles francophones. Les échanges entre les 2 langues, depuis le plus
lointain Moyen-Âge, ont été si féconds que tout un chacun peut entendre ce
qu’il va trouver en ouvrant un livre catalogué young adult, cosy mystery, new romance, et j’en passe.
En
lisant du feel good, vous êtes censé
vous sentir bien en refermant le livre, si ce n’est mieux.
En
tout cas, ce que je peux vous dire, c’est qu’au moment où j’ai décidé d’écrire Diabolo pacte, je me sentais foutrement
mal. Une rafale de lettres de refus venait d’abattre mes espoirs de voir un
jour publié mon roman de science-fiction, Poussière
de sable. Au lieu de me loger une balle dans la tête, j’ai pris le parti
d’en rire et de sublimer mon échec avec l’histoire d’un type qui s’est attiré
toutes les calamités possibles (nabot, boiteux, puceau, prof martyr qui écrit
une SF qu’il ne parvient pas à faire éditer) mais qui s’en sort de façon
satanément surprenante. Sans oublier ma Georgette
Gougeard dont le nom est à lui seul tout un programme. Oui, je me suis bien
marrée en écrivant Diabolo pacte et
je ris, non de me voir si belle en ce
miroir, mais d’apprendre que certains de mes lecteurs rient tout seuls en me
lisant.
Ce
qui fit écrire à la regrettée Liza Avinenc : « Diabolo pacte est un véritable remède contre cette morosité
ambiante qui nous entoure, et devrait être, à ce titre, remboursé par la
Sécurité Sociale. »
Entre
une première édition chez L’Arganier et la récente résurrection chez Avallon
& Combe, force est de constater que la morosité a disparu : c’est
exponentiellement pire.
Si Diabolo pacte n’élude pas la question
sociale – notamment en réécrivant Mai 68, pas seulement du point de vue
étudiant-dian-dian, mais surtout ouvrier (pas forcément Yéyé) – je n’ai pas
voulu faire de mes héroïnes et de mes héros des victimes ou des carpettes.
Chaque
lecteur est libre ou non de les apprécier, de les haïr ou de s’en faire un
modèle.
En
tout cas, Diabolo pacte m’a fait du
bien à moi car j’ai réussi à le publier 2 fois à compte d’éditeur à 14 ans d’écart.
2 titres pour le papier et le numérique |