Mon premier (roman
publié) est mon deuxième (roman écrit). Ma carrière (dur, dur, je casse des
cailloux pour voir un petit bout de ciel) ressemble à une charade, à un puzzle
dont il faut remettre les pièces en ordre. Donc revenons à la fin du premier
épisode : Poussière de sable,
un monument de science-fiction en 5 parties valant son poids de papier, prend
son envol via la poste vers les éditeurs : non, c’est non, voilà ce que je
reçois en retour. Je suis blessée sous la mitraille mais, sous le dolman trempé
d’encre sanglante, la hussarde des Lettres palpite encore, se lève et s’écrie
parmi les fins de non-recevoir (on a le pont d’Arcole qu’on peut) : ― Non, non, non, la bataille est perdue mais
pas la guerre, je change mon fusil d’épaule et l’arme de munitions
irrésistibles.
En effet, je vais
leur donner du commercial, une idée si simple que personne n’y aura
pensé : un éditeur fait le pari de publier le premier inconnu venu qui
accepte de vendre son âme au diable et c’est l’imbittable Josette Gougeard qui
signe.
Nous sommes en août
2005. Je raconte l’histoire à un ami : il se marre. Et j’écris, j’écris un
livre sur les livres, sur les écrivains, sur l’ambition, sur la société,
sublimant mon échec au travers de Josette Gougeard et d’Antoine Maurier, un
auteur de SF qui accède au succès. Je l’intitule Diabolo pacte et le place sous le signe de la lame XV du tarot
divinatoire, le Diable. Personne ne sait que j’écris, à part mes parents,
Jean-Paul, mon équipier cyclotouriste, et Éric, mon bêta-lecteur de SF. Je mets
un point final que j’ignore provisoire et suis les conseils selon lesquels il
serait indispensable de se faire des relations avant de se lancer dans la phase
commerciale. Un soir de décembre, je me rends à la remise d’un prix littéraire
dans les locaux de ce qui est encore la CRAM de Midi-Pyrénées en attendant la
CARSAT. Quant à l’Occitanie, le nom est alors enveloppé de brumes cathares
épargnées des spots de la technocratie
bruxelloise des grandes régions. Donc, je mets les pieds dans ce qui n’est pas
encore la CARSAT. En toute innocence. L’écrivain primé m’y attend. Il s’appelle
Jean-Claude Ponçon et sera mon parrain littéraire. Je vous le présenterai
vendredi prochain.