Traduction : éveillé mais non au sens où l’entend la cancel culture, ni au sens bouddhique du terme, mais biologiquement : mirettes grand ouvertes et esgourdes tendues.
Retour à
la cérémonie
du 8 décembre, évoquée dans le dernier article du blog. La remise des prix dure
depuis le début de l’après-midi. Le roman étant le genre-roi, je monte presque
à la fin sur l’estrade pour ceindre ma couronne. Diabolo pacte enfin récompensé ! Dans la première partie de ma
présentation, après l’éloge du roman prononcé par Stéphanie, j’avais réussi à
faire rire le public en parlant de la faillite de mon premier éditeur moins de
2 ans après la publication.
Sur
l’estrade m’attendent, avec le diplôme de mon premier prix, le président de
l’Académie des Livres de Toulouse, Jean-François Gourdou, sa vice-présidente,
Patricia Puechblanc, et le représentant du maire, monsieur Samir Hajije,
conseiller municipal délégué aux bibliothèques et à la lecture publique. Notons
qu’il est aussi difficile pour la bibliographie d’un auteur inconnu d’entrer
dans une médiathèque que pour un chameau de passer dans le chas d’une aiguille.
Donc, le public est bien fatigué, et je ne puis m’offrir le luxe de broder
autour de mon itinéraire de dératée courant après le succès.
Il me faut servir du concret et le concret, c’est le livre, les
phrases, les mots de l’état et de l’action qui animent Georgette Gougeard, Garin
Bressol, Antoine Maurier et les
autres. Contrairement à mes prédécesseurs, je n’ai pas sélectionné de morceaux
choisis à servir en guise d’amuse-gueule pour donner envie de dévorer le livre
entier. Alors j’improvise. Je demande à monsieur Hajije de participer en me
donnant 2 chiffres, l’un pour le numéro de page, l’autre pour le numéro de
ligne. Monsieur le maire les donne, mais ils tombent avant la première phrase
du roman.
Deuxième essai, et je lis :
Bref, elle avait presque toujours vécu à Laon, sauf lorsqu’elle partait avec le
Breton faire du camping au bord de la Méditerranée. Ensuite, elle avait eu
moins de chance, vu qu’à trente-cinq ans elle était déjà veuve.
―
Pas de chance. C’est censé être un roman rigolo, commentai-je.
Le public rit. Je me tais.
Je dédicace un exemplaire à Samir Hajije. J’en dédicace d’autres.
Je suis ravie. Sans lecteurs, un livre publié reste lettre morte. Et ça, ça ne
me fait pas rire. Alors pas du tout.