Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

mercredi 6 mars 2024

Couteau suisse

Les salons du livre sont des endroits où les auteurs sont censés rencontrer leurs lecteurs ou s’en faire de nouveaux, et où les lecteurs cherchent à retrouver des auteurs qu’ils connaissent déjà, ou en découvrir de nouveaux.

Les lecteurs ayant pris un abonnement à ma prose ne se comptent pas sur les doigts des mains de la déesse Vishnou. J’en connais certains de ma vie d’avant. D’autres m’ont découvert derrière une table de dédicace ou acheté mon livre, ayant lu une belle critique sur les réseaux sociaux.

Donc, dans ces salons, on trouve des célébrités sur lesquelles le chaland fonce comme un seul homme et des vendeurs d’aspirateurs réduits à vanter la fraîcheur de leur criée.

Donc il y a les illustres et les secondes couteaux : les estampillés Opinel ou Laguiole, et les canifs sortis d’un paquet Bonux (pour qui ça parle encore).

Ayant publié chez un éditeur genevois un thriller franco-allemand, je pourrais me qualifier de couteau suisse. « Claudine Candat » n’est hélas pas une marque. Je n’ai pas de prescripteur dont on écoute et suit les avis. Mes livres ont déserté les tables des libraires car, hormis la première édition de Diabolo pacte et la parution de Elwig de l'Auberge Froide, mes éditeurs ne sont pas diffusés (en librairie). Petite lueur d’espoir : j’ai le soutien de quelques-professionnels qui me reconnaissent une qualité à mes écrits : la qualité. Et je dois aussi citer le premier prix du roman décerné en 2023 à Diabolo pacte (2ème édition) par l’Académie des Livres de Toulouse.

Sans médiatisation, sans diffusion, il est donc indispensable de se transformer en couteau suisse pour sortir de l’enfer de l’anonymat.

Par définition, un couteau suisse, ça sait tout faire. Comme moi qui suis ma propre secrétaire, ma propre attachée de presse prenant attache avec journalistes, bloggeuses, libraires, organisateurs de manifestation pour décrocher des interviews, des radios (pas de scanners), des salons, des séances de dédicaces. Je me suis fabriqué des supports de comm, des affichettes pour chacun de mes livres pour attirer l’œil du chaland déambulant dans les salons et les librairies. Je concocte des annonces à afficher sur les réseaux sociaux. Je me présente à des prix littéraires, histoire de me faire connaître et de recevoir la reconnaissance d’un jury. Je soigne mon apparence et ma garde-robe. Dans le même temps, je me préoccupe de l’avenir et explore les possibilités éditoriales dans des maisons susceptibles de me publier et de me diffuser à leur compte, et non au mien.

Beaucoup pour une seule femme, me direz-vous !

Il arrive cependant que mon hyperactivité soit parfois récompensée, par des prix et des invitations spontanées.



 

lundi 26 février 2024

Métier : fictionnaire

Depuis la vogue de féminisation à tout crin de noms qui s’utilisait jusqu’à présent au masculin, je me marre. J’ai découvert les pompières, les contrôleuses… les écrivaines et les autrices. Disons que nous avons été sommées de nous désigner comme telles et que nous nous sommes exécutées… comme un seul homme. Il fallait que j’ose ! Ce qui m’a rebutée, ce n’est pas tant la féminisation, parfaitement correcte sur le modèle de acteur-actrice, que l’obéissance immédiate et majoritaire à l’injonction.

J’ai donc pris un moyen terme et me suis amusée à me qualifier de locomautrice, locomotive folle qui fait dérailler le lecteur par-dessus les parapets de la sagesse et de la Raison.

Un peu longuet, non ? M’est venu un autre terme pour qualifier mon activité. Puisque j’écris, dans mes romans et nouvelles, des histoires, bref de la fiction, ne serait-il pas idoine de me présenter comme fictionnaire ?

Encore un néologisme. Dans le dictionnaire vous ne trouverez que factionnaire et fonctionnaire.

Factionnaire, le fictionnaire l’est quand l’envie le pique d’être publié et qu’il frappe aux portes des maisons d’édition. Avant, il se prenait des portes sur le nez. Maintenant, il encaisse des messages de refus – dans le meilleur des cas – ou le silence total. Donc notre fictionnaire doit se transformer en enquêteur afin de dénicher la maison adéquate, celle qui ne le chassera pas à coups de pied comme un vulgaire corniaud, et en styliste en l’art de présenter sa prose et sa personne.

Et fonctionnaire ? Peu flatteur me direz-vous si on considère, selon de petits farceurs, que la fonction publique serait l’endroit où ceux qui arrivent en retard croisent ceux qui partent en avance. C’est rigolo, mais gageons que la suppression de nombreux emplois qui rendaient des services gratuits à ceux qui n’avaient pas les moyens de se payer un avocat fiscaliste ou spécialisé (en droit du travail, de la consommation, etc.) – sans parler de l’École et des hôpitaux publics, se marrent moins en trouvant porte de bois.

Donc, quand je rentre et sors de mon bureau, je me croise moi-même, en survêt confortable ou robe de chambre pour m’asseoir derrière le clavier, en cuissard cycliste ou tenue plus chicosse pour exhiber sur une table mes livres en tenue de soirée afin d’aguicher le potentiel lecteur ou la lectrice curieuse.

Parfois, je ne me reconnais pas, et il m’arrive de flanquer des coups de casque à ma crinière que je refuse d’émonder. Elle amortit les coups, et le Diable sait si j’en ai reçus dans ce putain de milieu !




lundi 19 février 2024

IA ou Hi Han !

Pas plus tard que le 12 février, j’ai assisté à une matinée sur l’Intelligence Artificielle organisée par Occitanie Livre & Lecture. Très intéressant. Je ne vous en dirais pas plus sur le détail des exposés.

Les traducteurs balisent, l’IA traduit plus vite que leur ombre et pour beaucoup moins cher.

Les écrivains, eux, n’auraient pas de soucis à se faire. Après tout, la photographie n’a pas tué la peinture, le cinéma n’a pas assassiné le théâtre et les coups de dés n’ont jamais aboli le hasard.

Il y a quelque temps, j’ai testé ChatGpt en lui demandant d’écrire l’histoire d’un enfant qui s’enfuit dans un cirque, sujet d’une des nouvelles de mon recueil, Coup de grain. Voilà ce que le ChatBot a pondu : https://claudine-candat-romanciere.blogspot.com/2024/01/je-ne-suis-pas-un-robot.html

Bien sûr, pour comparer, mieux vaut avoir lu Un enfant de la balle. N’est-ce pas l’un des buts de ce blog que de susciter votre curiosité à l’égard de mes livres ? Honnêtement, oui.

Certes, l’IA ne vit pas sous mescaline comme moi, mais elle a des facultés de pompage que je suis loin de détenir. Sans scrupules, elle se sert dans toutes les gamelles. Et elle apprend. Ses pouvoirs latents sont hors de contrôle. Qui sait ce qu’elle sera capable d’écrire un jour ?

D’autre part, est-ce que le lectorat ne se contentera pas de produits surgelés, lui dont une partie suit déjà des auteurs réchauffant à l’infini de juteuses resucées ? https://claudine-candat-romanciere.blogspot.com/2023/04/chatgpt-nouveau-vraiment.html

La machine fera-t-elle œuvre (littéraire) humaine ? Excellent sujet pour un auteur de science-fiction : la machine qui devient consciente, se met à éprouver des sentiments. D’où la question qui taraude l’humanité depuis la nuit des temps : d’où vient la conscience ?

L’IA nous place face à des dilemmes d’ordre philosophique.

Certes, la Machine est puissante, apte à brasser des données dans l’instant, ce dont le cerveau est incapable. Hors de la problématique de la propriété intellectuelle, il est un constat rassurant. Les Bots mangent à tous les râteliers mais demeurent dénués de l’émotion qui pousse l’humain à cracher dans la soupe ou à dégobiller sur le tapis son trop-plein de dégoût.

Bâtir un roman ne se résume pas à la technique de faire tenir debout une histoire impliquant parfois une foultitude de personnage. C’est surtout l’art de laisser déraper la truelle afin de réserver des surprises. Sans surprises, le lecteur roupille et n’a plus la force de tourner la page : le livre lui tombe des mains.



jeudi 8 février 2024

Le dlog aboie, la carapace casse

Le dlog réclame sa gamelle, me tourne autour en grognant, exhibant des crocs aussi blancs que mon écran d’ordinateur. Ça urge, je dois m’exécuter. J’ouvre le frigo de mon imaginaire dans l’espoir d’y dégoter un bon surgelé. Vais-je lui servir du saignant, du croustillant ? Surtout pas de la bouillie pour chat. Le dlog est susceptible.

Je referme la porte. Las ! Pas la moindre mini-barquette. Je suis au pied du mur. C’est là qu’on est censé voir le maçon quand il n’est pas au bistrot. Or le maçon, c’est moi. Comment ça se dit au féminin ? Maçonne ? Suffit d’enlever la cédille, et vous saurez ce que je pense de toutes ces sonneries.

Donc, je suis au pied de la lettre, c’est là qu’on voit l’écrivain. Voilà un titre que je souhaiterais mille fois qu’on m’attribue, que je trouve si beau qu’y ajouter un e le dénaturerais à mes yeux et à mes oreilles.

Donc je suis au pied de la lettre, et je dois prouver que j’ai de l’idée.

Et il m’en vient une. Je viens de quitter un célèbre réseau social (temporairement) sur lequel pullulent des groupes divers et variés pour les auteurs, les autrices, bref pour la gent qui se pique d’écrire et de publier et qui se heurte à une réalité frontale : de moins en moins de lecteurs, de plus en plus d’écrivants (pour le coup, je kiffe le néologisme !). Comment attirer l’œil d’un potentiel lecteur sur ce roman dont l’auteur n’est pas passé à la Grande Librairie (ni même à la Petite) et dont personne ne connaît le nom ? Parmi des milliers de titres et de noms tout aussi inconnus, puisque les éditeurs reçoivent des milliers de manuscrits à s’en faire péter la BAL.

La larve transformée en papillon par la grâce d’un contrat d’édition n’en a pas fini pour autant avec son chemin de croix. Nul projecteur pour mettre en lumière son chatoiement. Nul filet qui fasse le geste de la capturer afin de la déposer sur les tables de chevet.

Pas un seul petit morceau d’article ou d’entrefilet. Les gens de la presse ploient sous les services de presse (livres offerts, c’est gratuit) et les sollicitations. Alors nos malheureux auteurs s’emparent des réseaux, rejoignent des groupes dédiés, espérant y trouver des groupies. Déception. Ces groupes sont fréquentés par des auteurs qui ne lisent que leurs propres posts et s’en reviennent bredouilles de la pêche aux fans.

Personnellement, je préfère me concentrer sur mon dlog. Quand je remplis sa gamelle, il remue la queue. C’est ainsi que les dlogs sourient. Mais quand la gamelle demeure vide, il se bute, et ça devient le blog.



lundi 29 janvier 2024

Comfort or not comfort

En bon français, je vous parle aujourd’hui d’un sujet très bien défini par l’expression confort de lecture, employée par Maryse Carrier, présidente du concours des Arts Littéraires. Les littératures de l’imaginaire, notamment la science-fiction, tireraient le lecteur, hormis les amateurs du genre, de leur zone de confort.

Quand j’ai reçu en mars 2023 la mention spéciale du jury pour Poussière de sable, Légendes ourdiniennes, j’ai sauté de joie, autant pour moi qui en suis l’auteur que pour la science-fiction en général. Je salue les jurés qui se sont, pour la plupart d’entre eux, enhardis hors de leur zone de confort.

Ma saga a eu l’heur de plaire aux amateurs du genre, notamment un lecteur dont la bibliothèque rassemble 1500 œuvres de SF, mais aussi des personnes qui n’avaient jamais lu un roman de science-fiction de leur vie. Certes, les couvertures sont splendides et parlantes, mais ce qui a motivé leur acquisition fut le lien d’amitié avec ma personne et/ou la confiance en ma prose suscitée par la lecture de Diabolo pacte et de Elwig de l'Auberge Froide.

Une de mes lectrices s’est étonnée qu’il puisse y avoir des histoires d’amour, de haine ou d’amitié, de pouvoir entre des personnages qui sont des extraterrestres. Je m’en suis expliqué à maintes reprises : un auteur de science-fiction est un funambule avançant sur la corde raide. Il doit à la fois faire toucher du doigt la notion d’étrangeté et d’altérité absolue tout en suscitant des émotions et des sentiments à l’égard de ses extraterrestres : amour et haine, admiration et mépris, compassion et crainte. Ma lectrice se déclarait somme toute ravie d’être sortie grâce à moi de sa zone de confort.

Pour être romancière, je n’en suis pas moins lectrice et humaine, et apprécie mon petit confort et même mon great comfort, petit clin d’œil à l’humour très british d’Alphonse Allais.

Confidence : j’aime la science-fiction, mais suis plutôt imperméable à la fantasy. Je n’ai pas d’attrait particulier pour les histoires de vampires. Je les fuis.

Or, de passage dans une bibliothèque associative, voilà qu’on m’offre une trilogie de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan dont les responsables ne veulent pas. De prime abord, je refuse le présent, en l’occasion trois beaux livres édités par France Loisirs, puis finit par accepter. Je les expose dans ma bibliothèque où ils auraient pu s’empoussiérer sans ne jamais s’ouvrir. Mais que risquerais-je à quitter ma zone de confort ? Tout au plus d’être assommée d’ennui.

Donc, un soir, je commence le premier tome et me surprend à m’assener les mêmes remarques que jadis la lectrice de mon Poussière de sable. La lignée a en effet le don d’éveiller ma curiosité à l’égard de phénomènes étranges s’amplifiant au fil des pages et de susciter mes émotions et mon empathie vis-à-vis de personnages avec lesquels je me sens des affinités.

Et puis ces vampires ne s’abreuvent-ils pas d’un élément qui, dans notre inconscient, aurait valeur de symbole et d’archétype : le sang. Le corps humain n’en contient que 5 litres. C’est dire si ce liquide est précieux ! Rien d’étonnant à ce que sa couleur, le rouge, symbolise le principe de vie.



dimanche 21 janvier 2024

Pour que le public soit woke,

Traduction : éveillé mais non au sens où l’entend la cancel culture, ni au sens bouddhique du terme, mais biologiquement : mirettes grand ouvertes et esgourdes tendues.

Retour à la cérémonie du 8 décembre, évoquée dans le dernier article du blog. La remise des prix dure depuis le début de l’après-midi. Le roman étant le genre-roi, je monte presque à la fin sur l’estrade pour ceindre ma couronne. Diabolo pacte enfin récompensé ! Dans la première partie de ma présentation, après l’éloge du roman prononcé par Stéphanie, j’avais réussi à faire rire le public en parlant de la faillite de mon premier éditeur moins de 2 ans après la publication.

Sur l’estrade m’attendent, avec le diplôme de mon premier prix, le président de l’Académie des Livres de Toulouse, Jean-François Gourdou, sa vice-présidente, Patricia Puechblanc, et le représentant du maire, monsieur Samir Hajije, conseiller municipal délégué aux bibliothèques et à la lecture publique. Notons qu’il est aussi difficile pour la bibliographie d’un auteur inconnu d’entrer dans une médiathèque que pour un chameau de passer dans le chas d’une aiguille. Donc, le public est bien fatigué, et je ne puis m’offrir le luxe de broder autour de mon itinéraire de dératée courant après le succès.

Il me faut servir du concret et le concret, c’est le livre, les phrases, les mots de l’état et de l’action qui animent Georgette Gougeard, Garin Bressol, Antoine Maurier et les autres. Contrairement à mes prédécesseurs, je n’ai pas sélectionné de morceaux choisis à servir en guise d’amuse-gueule pour donner envie de dévorer le livre entier. Alors j’improvise. Je demande à monsieur Hajije de participer en me donnant 2 chiffres, l’un pour le numéro de page, l’autre pour le numéro de ligne. Monsieur le maire les donne, mais ils tombent avant la première phrase du roman.

Deuxième essai, et je lis : Bref, elle avait presque toujours vécu à Laon, sauf lorsqu’elle partait avec le Breton faire du camping au bord de la Méditerranée. Ensuite, elle avait eu moins de chance, vu qu’à trente-cinq ans elle était déjà veuve.

Pas de chance. C’est censé être un roman rigolo, commentai-je.

Le public rit. Je me tais.

Je dédicace un exemplaire à Samir Hajije. J’en dédicace d’autres. Je suis ravie. Sans lecteurs, un livre publié reste lettre morte. Et ça, ça ne me fait pas rire. Alors pas du tout.

Avec Samir Hajije


 

 

lundi 15 janvier 2024

Plaquage cathédrale

Dans mon dernier article, il était question de ChatGPT et de l’intelligence artificielle (IA). J’ai fait le test, demandé au Chatbot de me concocter un conte sur un enfant qui s’enfuit dans un cirque, ceci afin de le comparer avec Un enfant de la balle, une des 10 nouvelles de Coup de grain. En quelques secondes est sorti du cha(t)peau un produit racontant une histoire qui se tient mais qui n’a rien à voir avec les péripéties et la psychologie mise à jour dans ma prose. Une de mes lectrices l’a d’ailleurs remarqué.

Mais, avant, j’avais demandé au petit robot de m’écrire un article sur les écrivains en quête de lecteurs. Si je me souviens bien car, tentant de retrouver l’occurrence exacte, on me répond : Oups une erreur est survenue. Laquelle ? Mystère et boule de gomme. Pour en revenir à nos moutons (électriques, qui peuvent rêver si l’on en croit notre maître en science-fiction, Philip K. Dick), mon Chatbot, en moins de temps qu’il ne faut pour inspirer-expirer m’a pondu un article logique et argumenté. Toutefois, si je vous le donnais à lire (mais pour cela, il me faudrait résoudre l’oups-erreur), vous seriez assommé d’ennui. Peut-être l’êtes-vous déjà en lisant ces lignes. Ah ! Ah ! Ah !

Pour tenir un public en éveil, rien de tel que le rire. Je l’ai vérifié pas plus tard que le 8 décembre, lors de la remise du prix du roman de l’Académie des Livres de Toulouse. Il est 17 h passé et la cérémonie dure depuis le début de l’après-midi. C’est dire si une fatigue bien naturelle menace de s’abattre sur l’auditorium et de déconcentrer les attentions. Mes consœurs et confrères ont su défendre leurs ouvrages dans les différentes catégories. D’ailleurs, j’ai pu noter quelques futures lectures.

Vient mon tour après un moment de suspens, car je ne m’attendais à décrocher le premier prix avec Diabolo pacte. Et je ne m’attendais pas non plus à ce que Stéphanie, juré du prix du roman, monte sur l’estrade et prenne le micro pour faire l’éloge du roman et de la romancière en des termes qui m’encouragent à poursuivre l’aventure. Une aventure en forme de montagnes russes.

Arrive mon tour de prendre le micro. J’ai préparé ma prestation au cas où. Je livre la recette de Diabolo pacte. N’oublions pas que c’est un roman humoristique qui joue sur la gamme du comique : de situation, de personnages, de dialogue, de style. Puis je raconte comment j’en suis venue à écrire une histoire d’éditeur qui s’engage à publier le premier inconnu venu qui accepte de vendre son âme au Diable. J’en arrive au moment où mon Diabolo est publié chez un éditeur parisien, qu’il obtient un prix lors de mon premier salon du livre, mais que, finalement, mon éditeur fait faillite (sans me verser un centime de droits d’auteur). Mes lecteurs en ont conclu qu’il m’arrivait ce que je racontais dans mon roman. Éclat de rire dans le public. La faillite d’un éditeur, c’est aussi spectaculaire qu’un plaquage cathédrale sur un terrain de rugby. Pendant que mon roman faisait un carton, mon éditeur faisait le sien. Si tout s’était passé comme dans un conte de fées, personne n’aurait ri. Parce que le bonheur, c’est pas marrant, surtout chez les autres.

Or, juchée sur mon estrade, il me faut maintenir l’attention du public. Alors, j’improvise. Je garde ma trouvaille pour le prochain article puisque, n’étant pas un robot, je me dois de ménager mon inspiration.



Et Toulouse, macarel !

Quoi de plus naturel de parler de sa ville, d’y planter le décor de ses romans, d’y faire vivre ses personnages, quand on est auteur, ou aut...