Lu
sous la plume de Pierre Bellemare qui, des décennies durant, a collecté des
histoires vraies coiffant l’imagination la plus débridée sur le poteau : Un romancier parle toujours de lui-même
quand il écrit sur une petite fourmi. Petit clin d’œil à Bernard Werber en
passant. Mais comment concilier Pierre Bellemare et Victor Hugo selon lequel Le moi est haïssable ?
Le
seul cas que je connaisse de l’intérieur étant le mien, je n’irai pas par 4
chemins. Encore aujourd’hui, j’ignore si mon premier essai romanesque,
Poussière de sable, se réfère à mon autobiographie et à vrai dire je m’en
moque. Je me suis attachée avec passion à mes personnages extraterrestres,
gogorkis qui nous ressemblent ou euskaliens ailés aux pouvoirs psy. Qu’on ait
trouvé mes personnages attachants me remplit de joie. Une part d’eux-mêmes
émane-t-telle de mes expériences de terrienne née sous le signe du
taureau ? Sans doute.
Ce
que dont je suis sûre, c’est que si je me suis orientée naturellement vers
l’imaginaire, sans avoir l’idée de rectifier le tir, c’est que mon héritage
était lourdement chargé.
Poussière
de sable s’ouvre sur L’épopée euskalienne, dédiée à ma mère. Le livre est sorti au moment où Maman déclarait le cancer sanguin
qui allait l’emporter 9 mois plus tard, exactement le temps d’une maternité.
Ma
mère était medium. Elle pouvait circuler dans une brocante et être prise de
malaise face à une armoire imprégnée de secrets. Quand j’étais enfant, je l’ai
vue rentrer dans un état d’excitation extrême et décrire à mon père qui elle
venait de rencontrer. Ce n’était ni le crémier ni la boulangère mais sa
grand-mère défunte. Autrement dit, et surtout depuis le retour de ma grand-mère
astrologue et voyante, l’extraordinaire faisait partie de mon ordinaire. Cependant,
je n’ai jamais souhaité expérimenter des phénomènes qui me paraissaient
terrifiants : bourrasques traversant une chambre fermée, sensation d’une
main glacée sur la joue attribuée à la présence d’un cher défunt, transes dont
on peine à sortir, j’en passe car il faudrait un livre.
Ma
mère fut ma première lectrice. J’avoue que la première version de Poussière de
sable était dure à avaler, pour ne pas dire imbittable. Eh bien ! Maman y
est entrée comme dans un décor familier. Ses encouragements m’ont incitée à
persévérer et à remettre l’ouvrage sur le métier, jusqu’à la version finale,
que vous avez eu, ou aurez, la curiosité de découvrir. Hélas ! Maman n’a
pas eu le temps de finir le livre-papillon qu’elle avait lu de bout en bout à
l’état ingrat de larve tapuscrite.
Comme
nous sommes en plein moi, la prochaine fois, je vous parlerai de mon père.
Mère et fille, salon du Livre de Tarascon-sur-Ariège, 2010 |