Fictionnaire de l’écriture, j’ai débuté par des histoires absurdes que presque personne n’a lues pour la simple raison qu’elles sont demeurées inédites, puis quand j’ai décidé de m’attaquer au genre romanesque j’ai fait fort : une saga de science-fiction avec des traversées transglactiques et des extraterrestres. Finalement, c’est une histoire de pacte avec le diable dans le milieu de l’édition qui m’a valu l’honneur d’une première publication.
Donc,
que ce soit avec Poussière
de sable ou Diabolo
pacte, le lecteur est convié à s’évader du réel, sur le mode SF ou avec un
zeste de fantastique… soufré.
Mais,
n’étant jamais là où on attend que je sois, mon lecteur est désormais invité à
me suivre dans le sillage de dix histoires prenant racine dans la réalité :
Coup
de grain.
Le 4ème
de couverture le met au parfum : Claudine
Candat puise dans sa mémoire intime ou dans des faits divers qui l’ont
profondément marquée.
Prenons
la première nouvelle, Du commerce :
Rue Saint-Denis : une prostituée
emprunte un landau lors d’une descente de police. L’anecdote m’a été
contée par l’occupant du landau. C’est l’après-guerre, ses parents sont
montés à Paris pour tenir rue Saint-Denis un commerce de gros de fruits et
légumes. Les Halles n’avaient pas encore déménagé à Rungis. Notre commerçante a
bel et bien prêté son précieux landau à une fille afin qu’elle puisse échapper
à la maréchaussée. Mais, quand elle a tourné au coin de la rue, la peur s’est
insinuée en elle. Toutefois, elle s’est abstenue d’aborder les flics. La
nouvelle dit pourquoi. Nous sommes effectivement dans l’après-guerre et ce
couple de commerçants originaires de Corrèze, qui n’étaient pas mariés pendant
l’Occupation, font figure à mes yeux de héros. Tandis que les parents de l’une
cachaient des Juifs, lui assistait le maquis et, ayant échappé de peu à une
arrestation, l’avait rejoint jusqu’à la Libération.
Quant
aux réflexions sur la prostitution, elles sont de mon cru.
Du commerce résulte du télescopage entre
cette vieille histoire de landau emprunté et une discussion datant de 2002. Le
décor : une tablée du restaurant administratif, entre midi et deux. Trois
femmes et deux hommes, tous fonctionnaires de divers ministères, discutent du
sujet du jour : la coupe du monde de football dans une Allemagne
transformée en mégalupanar. L’une des fonctionnaires s’enthousiasme pour cette
profession libérale que serait selon elle la prostitution. Que ne
démissionne-t-elle pas de la fonction publique où ça tombe certes tous les mois
mais en petite quantité ! J’ai reconstitué les dialogues tels quels tout
en ambitionnant de faire œuvre artistique, comme je m’y engageais dans mon dernier
article.
Quant
à la morale, elle est contenue dans le titre, Du commerce, car qui dit entreprise dit chef d’entreprise.
Je
vous laisse méditer sur le sujet et ne saurais trop vous conseiller une lecture
revigorante qui vous redonnera un coup… de grain.
Les Halles de Paris - années 50 |
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