Claudine Candat, fictions, science-fiction, poésie

Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

mardi 18 mars 2025

La bosse du commerce

Un sujet qui intéressera les auteurs exposant leurs œuvres dans les salons du livre, tous avides qu’un de leurs titres trouve preneur. Vous n’êtes pas auteur mais lecteur fréquentant les salons du livre ; vous n’êtes ni lecteur ni auteur, mais vous avez été vendeur d’aspirateurs ou d’assurances une fois dans votre vie, cet article peut vous parler. Le livre est certes une œuvre de l’esprit, mais elle doit se vendre. Faute de lectorat, elle restera lettre morte.

Je lisais l’échange, sur les réseaux, entre auteurs, bien sûr inconnus – la notoriété assurant les ventes en librairie et les files d’attente devant la table de dédicaces – et dont les avis différaient sur la conduite à tenir. Pour l’un, il fallait rester debout et interpeler le chaland, surtout pas roupiller derrière un téléphone. Pour l’autre, tenter d’alpaguer le putatif lecteur aurait l’effet contraire : le faire fuir non seulement de la table de l’alpagueur mais aussi des tables voisines. Ah ! Le cochon !

Je vous livre mon expérience. Longtemps je me suis tenue modestement derrière la table, osant à peine un bonjour. Non par timidité, mais parce que j’estimais qu’un livre n’étant pas une savonnette je ne pouvais me muer en bateleur de foire. Et le lecteur me glissait entre les mains, pour s’emparer du livre d’un voisin doté d’une bonne tchatche.

Pourtant, par respect de mes futurs lecteurs, je me présente toujours sur mon 31 (quand on est de Toulouse !) et armée d’un beau stylo quand d’autres se foulent le poignet en maniant un simple bic.

Il m’est arrivé plusieurs fois de vendre Diabolo pacte ou Elwig de l’Auberge Froide sans prononcer un mot tant le talent de mes éditeurs avait su concocter un quatrième de couverture attrayant.

Et puis, un beau jour, lassée de me déplacer pour vendre 2 ou 3 livres, quand ce n’était le zéro absolu, j’ai décidé de changer de méthode.

Debout, j’ose aborder les passants, leur proposant de leur parler de mes livres. Je précise que toutes mes publications ont été sélectionnés par des éditeurs et tient à leur disposition, pour chacune, un jeu de quelques critiques et chroniques. Quand on me dit : Vous ne pouvez pas dire que c’est mauvais puisque vous en êtes l’auteur, je suis à même de leur prouver que d’autres, que je n’ai jamais rencontrés, en pensent du bien. Plus d’une fois on m’a demandé une dédicace en me précisant qu’on se passait de la critique pour choisir ses lectures.

Je me suis aperçue très vite que la roue avait tourné et que l’époque où je me déplaçais pour des nèfles était révolue.

Il m’a été dit par un monsieur auquel j’ai dédicacé deux livres :

Si vous ne m’aviez pas abordé, je serais passé à côté.

J’en viens à la rencontre la plus émouvante. Librairie d’un supermarché. On y circule avec des caddies qu’on remplit de plein d’autres choses que de nourriture spirituelle.

J’aborde une dame qui s’intéresse à mon duo qui fait du bien. Elle me raconte qu’elle a été peintre et à la tête d’une entreprise de graphisme, que les choses ont mal tourné pour elle et qu’elle s’est retrouvée en clinique. Elle peine à récupérer des traitements et me remercie de lui avoir tendu la main. Elle a ainsi eu l’occasion de parler et de se confier. J’espère que mon Coup de grain lui aura donné un coup de fouet.

 


mercredi 5 mars 2025

Je suis transgenre

Littérairement parlant. La preuve par les livres : de la poésie à la SF, de la nouvelle au roman contemporain, du thriller au roman picaresque (pour juillet). Éclectique est plus neutre mais moins rigolo. Ça fait en effet rire le public qui, réjoui, a peut-être envie de jeter un œil dans mes écrits. Tel est le but de tout auteur : accumuler les lecteurs.

Traduit en langue inclusive, ça donne ça : le but de tout.e auteurices est d’accumuler les lecteurices. On peut applaudir des deux mains, en rire ou en pleurer. En tout cas, ça écorche les oreilles. Et j’ai l’ouïe assez fine pour passer mes textes, du plus court au plus long, au gueuloir.

J’ai l’ouïe si délicate que ne féminiserai jamais ce mot splendide d’écrivain. Quand Simone de Beauvoir va plaider la cause de Violette Leduc, elle déclare : « Violette Leduc est un grand écrivain ». Et Simone de Beauvoir n’a de leçons de féminisme à recevoir de quiconque.

Cent fois je me suis exprimée sur ce que m’inspirait le mot autrice, moi qui aspire à un rôle de locomautrice, notamment en 2023 https://claudine-candat-romanciere.blogspot.com/search/label/autrice.

J’écris des fictions qui mettent en scène des personnages aux parcours et aux psychés variés. Avec mon 1er essai romanesque, Poussière de sable, je me suis glissée sous les plumes de grands oiseaux dotés de pouvoir psy et s’exprimant en dégageant de la lumière. Quand j’ai achevé Diabolo pacte je me suis écriée (intérieurement) : Antoine Maurier, c’est moi ! Or mon Antoine n’est pas seulement auteur de science-fiction mais un homosexuel dont le lecteur découvre le cheminement depuis l’enfance. Je me suis glissée dans sa peau, comme une actrice épouse les personnages qu’elle incarne sur scène.

Je suis certes femme mais, en qualité de romancière, mes personnages incarnent tous les genres. Ma condition de femme – comme dirait Simone de Beauvoir – ne m’enferme pas dans des récurrences. J’écris, et je m’évade hors des frontières du temps, des âges et des sexes. J’aspire modestement à l’état d’écrivain. Si le milieu littéraire m’en attribuait un jour le statut, j’en serais extrêmement fière.



vendredi 21 février 2025

Des zéros et des héros

Un simple H aspiré sépare les héros des zéros. Si le thème m’a inspirée c’est qu’il a fait l’objet d’un débat animé sur Facebook avec une citation de je ne sais plus qui, à savoir que la jeunesse se devrait d’être héroïque.

De jeunes héroïques, la terre de Verdun et d’ailleurs en regorge. Étaient-ils d’ailleurs héroïques, ces jeunes gens faits pour l’amour qui montaient au casse-pipe, l’esprit capitonné par des cocktails de drogues ? Une guerre des tranchées fait rage en ce moment même et, des fossés d’Ukraine, émergent des têtes blanches qui n’auraient jamais pensé risquer leur peau à l’âge où on prend la retraite.

L’héroïsme n’est d’ailleurs pas l’apanage de la jeunesse. À Toulouse, la Résistance comptait, entre autres figures héroïques, une jeune fille de 18 ans, Angèle Bettini Del Rio, un homme dans la fleur de l’âge, Forain François Verdier, qui refusa de parler sous la torture, et une vieille dame, du réseau Françoise, d’après son nom de Résistante, dont Greg Lamazères a campé l’action héroïque dans La vieille dame du war office.

Quant aux zéros, il est possible qu’ils pullulent, quoique des circonstances extrêmes soient à même de transformer un z en h.

Et la littérature dans tout ça ? Et surtout la seule dont je puisse parler de l’intérieur : la mienne. Combien de héros et d’héroïnes ? Combien d’anti-héros ? Je n’ai jamais fait le compte des divisions de fantassins et de cavaliers que j’ai expédiés sur le front à la seule fin de prendre d’assaut l’intérêt des lecteurs.

Laissons de côté la SF (Poussière de sable étant épuisé sans avoir renoncé à renaître) et Elwig de l’Auberge Froide dont l’héroïne de cape et d’épée a été largement commentée dans le blog.

Tournons-nous vers Diabolo pacte dont les protagonistes évoluent dans un milieu très sélectif : l’édition. Prenons Garin Bressol, ainsi prénommé en hommage à un village situé dans l’ascension du col de Peyresourde. Notre Garin, gnome boiteux et prof de français dans un collège de banlieue, s’attaque à l’Himalaya : faire publier sa science-fiction. Las ! Il essuie et les lettres de refus des éditeurs et les quolibets de ses élèves. Heureusement, le Diable a plus d’un tour dans son sac à malices et a tôt fait de transformer notre prof martyre, par la grâce d’une fronde virtuelle, en don Juan et en éditeur à succès.

Tournons-nous vers Coup de grain et sa nouvelle Alexander the Great. Largement romancée, l’histoire est née de la nécessité que j’éprouvais depuis des années de rendre hommage à un véritable héros. Américain et anonyme, je l’ai prénommé Alexandre, comme le Grand, ce grand homme qui, dans les eaux glacés du Potomac où un avion de ligne s’était crashé, avait maintes fois refusé son tour d’hélitreuillage au bénéfice de passagers et de passagères qui ne lui étaient rien, mais lui parurent plus importants que sa propre peau à l’occasion de cette situation extrême à la vie à la mort.

Des flots d’encre peuvent couler sur le sujet, inépuisables. L’anti-héros est-il plus fascinant que le héros ? Quant à l’humble locomautrice que je suis, elle en est venue au constat qu’un héros trop parfait peut barber. Des zones d’ombre et de petites ou grandes lâchetés lui donnent de la densité. Quant aux anti-héros, il peut faire roupiller le lecteur à force d’échecs et de défaites attendus. Qui sait ce dont ils sont capables ? Même pas leur auteur !

 


lundi 10 février 2025

Où dédicace rime avec camarade de classe

Une signature en librairie ou en salon du livre est un sport qui sollicite quelque énergie, je dirais même plus, beaucoup d’énergie, un match dont on ne connaît guère le score final. Combien de livres signés à la fin de la journée ?

Dernièrement, j’étais installée devant l’espace librairie d’un Intermarché avec mon duo de livres qui font du bien, Diabolo pacte, côté roman, et Coup de grain, côté nouvelles. Ma dédicace du mois de juin ayant été un franc succès, je suis revenue en février avec le même duo mais vêtue en conséquence, collants roses douillets et boots fourrés.

J’attendais la première signature, source d’optimisme pour la suite. Une dame s’avance vers moi et déclare :

Je vous connais.

N’étant pas physionomiste, ce qui me vaut moult quiproquos et désagréments, je m’imagine qu’il doit s’agir d’une rencontre en salon du livre. Mais elle poursuit :

― Je vous ai reconnue et votre nom m’a confirmé qu’on se connaît. Nous étions camarade de classe.

Bien sûr, moi je n’ai reconnu personne. Je lui demande son nom et, derrière son masque et les lustres écoulés, je revois la jeune fille, la camarade de classe du lycée Saint-Sernin. D’être reconnue, voilà qui me soulage face à l’âge qui avance et nous en met plein la figure.

Des détails me reviennent : son adresse d’alors, rue des Potiers, ses cours de danse et son spectacle auquel j’avais assisté au théâtre Daniel Sorano.

Anne, car c’est son prénom, a fait lettres sups et s’est vouée à sa passion, l’enseignement. Côté universitaire et professionnel, je ne puis me vanter d’une telle carrière. Admise en hypokhâgne, j’ai choisi la fac d’allemand, ce qui m’a permis de décrocher une bourse du ministère des affaires étrangères pour étudier à Stuttgart. Dans le top 3 de ma promo de la fac d’allemand, je me suis offert le luxe d’un CV à trous et d’une reconversion dans le droit du travail. Les 2 autres sont devenus profs de fac. Je ne les ai jamais enviés car le droit du travail m’a passionnée. Je dois d’ailleurs à mon terrain professionnel, éminemment conflictuel, une part de mon inspiration.

Et voilà que je rédige la première signature du jour sur la page de titre de Diabolo pacte. Je tends à ma camarade de classe le livre avec sa dédicace personnalisée en remarquant :

Même si c’était le seul de la journée, elle serait quand même réussie.

La vie a en effet plus d’une synchronicité dans son sac à malices, autrement dit des coïncidences qui font sens.

Rassurez-vous, j’ai signé d’autres livres, et pas seulement Diabolo pacte.

Pour finir, la photo de classe : Anne est sur la 3ème rangée, la 2ème (sans lunettes) en partant de la droite. Où suis-je ? À vous de deviner.

Lycée Saint-Sernin (Toulouse) année 1971-72


vendredi 24 janvier 2025

Ressusciter le passé

Pour y parvenir, le roman historique est le genre idéal.

Mon 2ème roman, Elwig de l’Auberge Froide, ne se contente pas d’évoquer l’histoire des conflits franco-allemands depuis 1805. Mon héroïne, Elwig, et mon héros, François-Franz, voyagent littéralement dans le temps, s’incarnant dans des figures romantiques en proie à la dureté d’un siècle marqué par les conquêtes napoléoniennes.

Ainsi Elwig Kaminski, l’enfant égarée à l’hiver 1945 sur les routes de l’Exode et adoptée à l’Ouest par un couple vieillissant, est-elle soudain submergée par des souvenirs appartenant à la jeune comtesse Elwig von Sankt Märgen, qu’elle chevauche le superbe Blizzard ou manie l’épée avec virtuosité. Ainsi François se retrouve-t-il, à la faveur d’un orage coupant l’électricité de l’Auberge Froide, dans la peau de Franz, étudiant en médecine en route pour Vienne, une Vienne d’avant la construction du Ring.

Qui n’a souhaité voyagé dans le temps ? Elwig de l’Auberge Froide exauce ce souhait et décrit comment tout cela est non seulement possible, mais vrai. Nul besoin de machine à  remonter le temps, à moins que ce ne soit un simple vélo. Un orage, une chute de bicyclette ou de cheval, et l’incroyable survient. L’Auberge Froide s’éclaire à la bougie, des officiers français, hier vainqueurs à Iena, souffrent le martyre lors de la retraite de Russie.

La preuve par le livre : Alors je quittai la demeure sur la pointe des pieds, avisai le long du mur une étrange machine de fer montée sur deux roues. Son usage ne m’était pas tout à fait inconnu. L’idée me vint de l’enfourcher pour fuir au plus vite le lieu du crime. Mes brodequins se calèrent dans les étriers. Je n’eus qu’à peser dessus pour entraîner l’engrenage qui mouvait la roue arrière, et je me mis à voler le long du chemin de halage, comme sur un cheval lancé au galop. Mon passage ne passait point inaperçu. Les mariniers et les pêcheurs juraient, tandis que les femmes se signaient par réflexe.

Je me rendis compte que j’incarnais à leurs yeux une espèce de centaure couvert de sang, une chimère sortie de l’imagination d’un diable. Moi, je n’en avais cure. Je m’enivrais de vitesse et de liberté car posséder une telle machine signifiait ne plus dépendre d’un animal pour avancer cinq fois plus vite qu’à pied. J’avais trouvé les bottes de sept lieues, sauf qu’elles avaient la forme d’un cheval de fer.

Voilà le privilège du fantastique.

Intrinsèquement, le passé possède le pouvoir magique de nous immerger dans un monde inconnu qui fut la réalité de contemporains disparus depuis plus ou moins longtemps. Puisque j’évoquais tantôt la Vienne où vous n’avez jamais mis ni le pied ni la roue, je vous offre une nouvelle preuve par le livre : Mais en ce mois de janvier 1822 Vienne est sous la neige et des courants d’air glacial parcourent les rues jonchées de corbeaux tombés morts en plein vol. Les turnes sans feu des faubourgs se transforment en chambres mortuaires. Les hôpitaux se remplissent d’agonisants de tous âges et de tous sexes. Même à trois ou quatre par lits, on trébuche sur des corps étendus à même le pavé. Franz se démène jour et nuit en maudissant son impuissance. Il n’a pas plus de pouvoir sur le temps, ce Teufelswetter, que sur la misère qu’il soulage pourtant comme la goutte d’eau désaltère en plein désert un palais asséché.

Vous l’aurez compris : avec ou sans un zeste de fantastique, le roman historique me passionne à double titre : celui de lectrice et celui de locomautrice. Je vous donne rendez-vous au prochain article dont j’ignore à ce jour le thème.




mercredi 15 janvier 2025

Sors de ce corps, Caliméro !

Le génial Pierre Desproges établit une analogie entre la nostalgie et les coups de soleil. Ça ne fait pas mal pendant, ça fait mal après. Or l’écrivain concocte sa propre biafine pour panser les brûlures occasionnées par une exposition prolongée aux rayons délétères de la nostalgie. Médecin et pharmacien, il pratique l’art du diagnostic et du traitement. Le véritable maître du temps, c’est lui, ou elle (quand on est locomautrice). Sa plume voltigeuse a le pouvoir de se catapulter dans un lointain futur hors galaxie. Poussière de sable, ma saga de science-fiction, s’aventure dans un espace-temps qui n’est pas le nôtre, s’affranchissant des contraintes d’une temporalité prenant l’apparence d’une flèche s’interdisant tout retour en arrière.

Plus modestement, l’écriture est le moyen idéal de parler de soi et de raconter son propre passé. Pierre Bellemare était d’avis qu’un auteur parlait toujours de lui, même quand il était question dans ses romans d’une petite fourmi. N’est-ce pas, Bernard Werber ? J’ignore si en mettant en scène mes gogorkis et mes euskaliens je parlais de moi. Il faudrait forer très profond, mais ce que je dois vous avouer c’est que dans mon recueil de nouvelles inspirées du réel, Coup de grain, j’ai quasiment donné par 2 fois dans l’autobiographie.

Dans Vue courte et pattes d’eph je raconte mes complexes de myope en ces années soixante-dix où les pantalons balayaient les parquets et où les lunettes étaient d’infâmes prothèses. Les verres à l’état brut déformaient les visages afin de corriger la vision de loin et les axes d’astigmatisme. Sans parler du poids sur le nez ! Quant aux montures, elles rompaient net inexorablement une fois l’an. Peut-on imaginer le sentiment de délivrance engendré par les lentilles de contact ? La première fois que je me suis vue avec dans le miroir de l’opticien, je ne me suis pas reconnue. Bien sûr, cette nouvelle ne se contente pas de raconter une partie de ma vie car mon plaisir n’est pas de parler de ma petite personne mais de romancer.

Le bonnet d’âne d’Agnès B m’a offert l’occasion de revenir sur les bancs de l’école telle que je l’ai connue. La scène où le professeur principal gifle deux élèves de 6ème surpris à se battre sur les tables à coups de tendeurs à vélo est authentique. L’atmosphère de tragédie grecque dans un lourd silence aussi. Quant à la description précise du calvaire d’une Agnès B en butte à son institutrice tout au long de son année de cours élémentaire 2ème année, je l’ai vécue mot à mot. En classe de 3ème, après avoir refermé Vipère au poing, j’ai repris à mon compte les remerciements d’Hervé Bazin à Folcoche, sa mère indigne, avec quelque changement :

Merci, madame P., grâce à vous, je suis celle qui marche une vipère au poing.

En effet, quand je me suis, des décennies après, retrouvée dans une situation de « harcèlement » professionnel, j’ai compris, quoique avec un temps de retard, et j’ai su réagir.

La nouvelle qui clôt le recueil, La carotte et le pilon, parlera à tous les postulants à la publication et au succès. J’espère qu’elle fera rigoler mes lecteurs, qu’ils taquinent ou non la muse. Car, lorsqu’on est auteur et partant une personnalité publique (ce n’est pas moi qui le dit, mais monsieur Google. Ô surprise !), mieux vaut pratiquer l’autodérision que passer pour Caliméro.

Mais assez parler de moi. La prochaine fois, je vous cause roman historique.



dimanche 5 janvier 2025

Inventaire secret

Voici à présent la partie secrète du bilan, territoire où je ne me suis encore jamais aventurée. Porter à la connaissance du public des livres inachevés ou en quête d’éditeur pourrait me porter malheur. Néanmoins les galères que j’ai traversées tendent à démontrer que la discrétion ne m’a pas toujours porté chance.

Levons donc le voile d’un geste intrépide !

2023 et 2024 furent les années où des textes achevés depuis longtemps ont enfin accédé à la publication : la réédition de Diabolo pacte, la parution chez Auzas de dix nouvelles écrites au fil des ans : Coup de grain, et le recueil de mes poèmes de jeunesse, Mon opium est dans mon cœur. À croire que je ne faisais que dans le recyclage. Pour une cyclo, c’est fastoche.

Or, dans mon arrière-boutique de fictionnaire, tandis que j’étalais au grand jour des créations parfois ceintes du rouge d’une récompense littéraire, je peaufinais dans l’ombre des fictions en quête d’éditeurs.

De ce point de vue, on peut dire que j’ai de la marge car j’ai achevé la suite et fin de ma saga de science-fiction, Poussière de sable, et un roman de SF, Cascadeurs du temps. Le tout en bêta-lecture. Mon bêta-lecteur avance lentement mais, j’ose espérer, sûrement.

J’ai envoyé aux éditeurs spécialisés en textes courts un recueil de contes germains fantastiques. Franchira-t-il la barre ? Rien n’est moins sûr tant elle est haute (la barre).

Des années durant, j’ai travaillé à l’écriture d’un roman d’éducation retraçant l’enfance et la jeunesse d’un patricien génois contraint à l’exil et qui, après moult péripéties en mer et à travers l’Espagne, parvient à Lisbonne la veille du tremblement de terre de 1755. À mes yeux une traversée des Lumières en Europe du Sud. 100 fois j’ai réécrit le dénouement. J’étais en quête d’une maison française diffusée et distribuée. J’ai même refusé une proposition de publication. En septembre tombe la proposition d’un éditeur parisien pour 2026. Cela peut sembler lointain, mais le temps éditorial est long et 2025 s’annonce économiquement bien pourri.

J’ai également écrit un autre thriller franco-allemand dont le fil rouge est la psychogénéalogie et qui est en bêta-lecture.

Enfin, je me suis attaquée à une saga retraçant l’histoire de mes arrière-grands-parents, laquelle débute en Haute-Soule. Afin de mieux entrer dans la peau de mes personnages basques, notamment mes trisaïeuls que je n’ai pas connus, j’apprends leur langue, cet euskara si différent des langues indo-européennes, tant ma grand-mère maternelle m’a transmis la fierté de ses origines.

Quant à la poésie, après un exil interminable, j’y suis revenue avec une inspiration et un style différents. En attendant de lancer un nouveau recueil, je partage de temps à autre un poème sur Facebook. Le dernier parle de père Noël. Cette année, je lui ai commandé plein de nouveaux lecteurs et de beaux contrats.

 

Lisbonne en 1755

La bosse du commerce

Un sujet qui intéressera les auteurs exposant leurs œuvres dans les salons du livre, tous avides qu’un de leurs titres trouve preneur. Vous ...