Claudine Candat, fictions, science-fiction, poésie

Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

lundi 18 novembre 2024

Et Toulouse, macarel !

Quoi de plus naturel de parler de sa ville, d’y planter le décor de ses romans, d’y faire vivre ses personnages, quand on est auteur, ou autrice, pour faire plaisir aux gardien.n.e.s de l’inclusivité. Et mon point dans…, tu le veux ? Bah ! Je plaisante !

En qualité de locaumotrice je m’entends déjà hurler dans le mégaphone :

Le TGV en partance de Toulouse Matabiau est annoncé voie Léon Gambetta.

TGV signifie en l’occurrence : témoignage de grande vie. Vous aurez reconnu l’adresse de la librairie Ombres Blanches.

Le TER en partance pour le salon du livre de Montauban est annoncé…

Non, il ne s’agit pas de taureau en rut, mais de tirage en rab, puisque, dans les salons, on expose la totalité de sa production.

Dans mes romans on peut d’ailleurs parler de train.

La preuve par le livre : Diabolo pacte, page 23 : Lorsqu’il parvint à sa taille définitive, un mètre cinquante, il envisagea de se jeter sous le train. Jamais il ne serait ce beau type dévalant une piste de ski ou ce play-boy frimant à une terrasse de café avec des lunettes de soleil. Fermement décidé à en finir, il clopinait vers le Tarn jusqu’à la voie de chemin de fer. Le long du petit kilomètre qui séparait Rabastens de sa gare, il se voyait allongé en travers des rails en attendant la micheline de Carmaux ou de Toulouse. Arrivé au bord de la voie ferrée, il restait debout, incapable de se coucher au passage du convoi, et regardait, hébété et soulagé, les rames jaunes et rouges défiler à toute allure.

Vous vous doutez bien qu’il ne se jette pas sous le train, sinon il n’y aurait pas eu de roman.

Pour mon thriller franco-allemand, Elwig de l’Auberge Froide, j’ai situé la partie française du roman dans le Midi toulousain.

L’histoire commence à Toulouse au cœur d’un mois de juin caniculaire. Les Toulousains y sont habitués. Ce qu’ils connaissent moins, c’est un endroit réfrigéré de la ville : la morgue, qui se situait jusqu’à récemment dans les sous-sols de l’hôpital Rangueil.

J’offre aussi à mes lecteurs quelques virées dans Toulouse :

La preuve par le livre : Elwig de l’Auberge Froide, page 24 : Noctambule en plein hiver, le Toulousain se surpasse par temps de canicule. Le long du canal le trafic est presque aussi dense que le jour, avec une touche d’anarchie. Mirouze est attentif aux queues de poisson et aux changements intempestifs de direction. Sur sa gauche l’église Saint-Aubin, carrée et massive, lutte au corps à corps avec le crépuscule en feu. Gérald cherche ses lunettes de soleil quand, au dernier moment, il est obligé de piler pour éviter deux piétons qui s’engagent sur la chaussée en lui faisant un bras d’honneur. La soirée commence bien, peste-t-il en franchissant le canal. Laissant le bâtiment futuriste de la médiathèque, Gérald s’élance vers les hauteurs de Jolimont, parvient au sommet, entame la descente en douceur, puis emprunte la rue Louis Plana, franchit le carrefour du collège avant de tourner à droite.

J’ai en effet poussé le vice jusqu’à loger mon médecin légiste n°1 dans le quartier où j’ai grandi. Plus facile en effet que d’aller vous balader aux Izards où je mets rarement les pieds ou la roue. Je me suis même offert le luxe d’offrir à l’un des suspects le n°38 de l’avenue Crampel, propriété de mes arrière-grands-parents où j’ai passé les 2 premières années de ma vie. L’histoire de cette maison est en elle-même un roman que je n’écrirai peut-être pas.

Quand on se démène pour être publié et lu, pourquoi se refuser des menus plaisirs qui ne font de mal à personne, surtout pas au lecteur qui n’y voit que du feu. Du feu aussi brûlant que Toulouse par temps de canicule.

Médiathèque José Cabanis Toulouse


 

lundi 4 novembre 2024

Le Paris de Diabolo pacte

Suite de l’état des lieux… de mes romans. Le pari de Diabolo pacte, mon premier roman publié, consistait à évoquer un monde dans lequel je n’avais jamais mis les pieds et dont je ne connaissais que les lettres de refus. Où situer ce monde de l’édition, si ce n’est à Paris ? Or, si le premier éditeur de Diabolo pacte avait son adresse dans le Quartier Latin, les maisons qui par la suite m’ont fait l’honneur de me publier ne sont ni germanopratines ni parisiennes.

Mon thriller européen, Elwig de l’Auberge Froide, a été pris à Genève. Les deux premiers volets de ma saga de science-fiction sont sortis à Metz. Diabolo pacte a fini par ressusciter près de Montpellier. Coup de grain, nouvelles, est toulousain. Mes poèmes de jeunesse, Mon opium est dans mon cœur, ont eu l’heur de plaire à Castelnaudary.

Dans Diabolo pacte, tout le monde monte à Paris : l’éditeur, sa pulpeuse comptable et les deux écrivains du roman, tous attirés, comme par un aimant, par les éditions 1515 qui n’existent que dans mon imagination.

Le Diable correspondant à l’arcane XV du tarot divinatoire, il allait de soi de situer le siège de cette satanée maison dans le XVème arrondissement, arrondissement où j’avais suivi une formation syndicale. Certes, j’avais pu humer le parfum des rues et du Front de Seine, mais pour écrire le roman je me suis servie du plan de la ville.

La preuve par le livre : C’est alors que les portes d’une maison d’édition s’ouvrirent devant lui, non la porte rêvée de l’écrivain publié mais un petit vasistas où il s’introduisit comme lecteur. Le petit vasistas se situait au numéro 15 de la rue Gutenberg. Dans la réalité Garin entra par la porte cochère sur les recommandations de sa dernière maîtresse qui avait des accointances avec le milieu éditorial. Il sortit du métro à Javel et boitilla le long des quais, humant la légère odeur de vase qui montait du fleuve. Il découvrit ce jour-là, impressionné, la perspective d’immeubles du Front de Seine.

Le soir, nous avions mangé tous ensemble au restaurant du Commerce. Un collègue parisien parla de l’arrondissement, de son passé industriel subsistant par le nom de ses quais. Javel, André-Citroën. À l’époque, je n’avais pas encore dans l’idée d’écrire une comédie sur le milieu de l’édition. J’avais encore l’illusion que ma saga de SF passerait la rampe. Nous ignorions tous, y compris lui-même, qu’une fin tragique attendait notre collègue parisien.

Dans la vie, hélas, nous ne disposons pas tous d’une fronde virtuelle pour terrasser nos adversaires.

Entre temps, Diabolo pacte a trouvé preneur. Lors de notre premier contact, mon directeur de collection a remarqué :

Vous connaissez bien Paris. J’ai bien reconnu le XVème où vivaient mes parents.

Voir à travers un plan de ville comme l’extralucide dans sa boule de cristal, un don d’écoute, un zeste de médiumnité, est-ce ainsi qu’on bâtit un décor quand on est romancière ?



jeudi 17 octobre 2024

État des lieux

Longtemps je me suis couchée avec la superstition au cœur : parler d’un livre qui n’est pas encore publié, voire pas encore écrit, ne pourrait que porter malheur. Comme passer sous une échelle quand le gars qui y est perché lâche un marteau au moment où vous passez. Quoique n’en parler qu’après sa sortie, en en faisant la promotion, ne garantit pas le succès. Alors je m’abandonne au flux de mon actualité.

Jamais encore je ne m’étais spécialement rendue sur les lieux d’un roman en gestation. C’est évident pour Poussière de sable, ma saga de science-fiction, mon premier essai romanesque. Je n’ai jamais quitté la galaxie, mais me suis dotée d’une solide documentation scientifique.

Essai non transformé qui m’a valu une rafale de lettres de refus de la part des éditeurs. J’ai alors décidé de changer mon fusil d’épaule en sublimant cet échec. En imaginant Diabolo pacte, je suis sagement restée sur le plancher des vaches. J’ai pris principalement pour décor Laon, préfecture de l’Aisne, où j’ai travaillé trois années durant. Si j’ai pu un temps me rallier à l’avis de Claude Lévi-Strauss et de Simone de Beauvoir qui s’y sont, des décennies avant moi, royalement ennuyés, j’ai fini par apprécier le charme d’une campagne verdoyante couverte de forêts à même d’égarer le plus dégourdi des petits Poucets. La vie n’étant pas forcément un conte de fées il n’y a pas de miracle en la matière : si c’est vert c’est que c’est copieusement arrosé. En effet, il ne se passait pas une semaine sans qu’il ne pleuve.

La preuve par le livre : La veuve Gougeard jouissait depuis son trois-pièces au cinquième étage d’une vue imprenable sur la cathédrale de Laon dressée sur la ville haute. Par temps clair elle pouvait détailler les vaches et les gargouilles sculptées dans la pierre de taille mais elle ne les regardait plus. D’abord elle ne mettait jamais les pieds sur son balcon parce qu’à Laon il pleuvait six jours sur sept et aussi le dimanche, et puis elle aurait bien troqué contre un paysage de tôles ondulées ce point de vue sur la cathédrale gothique qui faisait grimper ses impôts locaux à des hauteurs himalayennes.

J’ai sillonné le département dans le cadre de mon travail, mais aussi à vélo et à pied. Certes, le soleil me manquait, mais je savais apprécier la beauté de paysages qui devait beaucoup à la profusion de verdure et à la majesté des chênes et des hêtres. J’ai découvert avec émotion les champs plantés de croix blanches au pied desquelles croissaient des colonies de champignons des prés.

Avec le Breton, j’ai sillonné la campagne picarde à bord de notre 4L bleu ciel. C’est avec ses yeux que j’ai redécouvert les pâtures saturées de jonquilles et les parterres de tulipes à l’entrée des villages. Avec le Breton, j’ai tremblé sur les horreurs de la Grande Guerre, déchiffrant sur les pancartes des noms de lieux célèbres qui n’auraient jamais dû dépasser les bornes du département : Craonne, le chemin des Dames. Il ramassait dans les immenses cimetières militaires des brassées de champignons aussi blancs que les croix au pied desquelles ils poussaient. Le soir, je les faisais frire à la poêle.

Parmi les personnages principaux de Diabolo pacte, deux viennent de Laon et montent à la capitale pour être publiés par les éditions 1515, sise dans le XVème arrondissement de Paris : Josette Gougeard et Antoine Maurier.

Mais Paris est une autre paire de manche pour la Toulousaine que je suis. Et puis le dlog quêtant hebdomadairement sa pitance, il n’est pas opportun de le rassasier d’un coup.

Manuel Candat, Réminiscence de Laon


mardi 27 août 2024

Inversons les rôles !

Vous venez d’écrire un texte, roman, recueil de nouvelles ou de poésies. Cet objet, qu’il soit imprimé ou consultable sur écran, n’est pas encore un livre, n’ayant pas d’existence publique par la grâce d’un éditeur.

Vous le lancez dans l’arène, soit par la poste soit d’un simple clic avec message introductif, anxieux quant à son accueil par les éditeurs que vous avez sollicités.

Vous avez relu mille fois votre œuvre, peaufiné votre message, chiadé votre biobibliographie. En tout cas, c’est ce que je fais.

En retour vous obtenez le silence ou un refus, et vous pensez que l’éditeur qui vous dit non est confit de civilité pour le simple fait de s’être donné la peine de vous répondre. Parfois, il va même jusqu’à vous prédire que, vu la qualité de votre texte, l’un de ses confrères la publiera certainement.

Des taules pareilles, j’en ai pris plus d’une en travers du museau au point que j’en viens à me poser la question de l’autoédition où le risque que je prendrais serait de me refuser moi-même. Ou bien d’écrire pour mon bon plaisir en me gardant bien de passer des plombes à solliciter un éditeur.

C’est les vacances, et je vais m’accorder le luxe d’inverser les rôles. Or j’avoue que j’ai déjà refusé des éditeurs.

Il y a d’abord ceux auxquels je n’enverrai jamais rien. Passons sur l’absence de diffuseur-distributeur, compensée par un onglet boutique où le lecteur commande son panier et paye des frais de port. Dès que je lis dans la rubrique à propos où la maison d’édition est censée se présenter des celleux ou autres lecteur-ices, je fuis à toutes jambes, l’inclusion forcenée n’étant pas ma tasse de thé. Est-ce que de se dire autrice vous fait vendre plus de livres ?

Je fuis aussi les éditeurs dépourvus de réseau de diffusion-distribution mais exigeant l’envoi d’un manuscrit imprimé par la poste. Certes, l’impression papier, y compris celle d’un malheureux ticket de caisse, n’est pas pire pour la planète que des bases de données carburant jour et nuit. Il y a que les frais postaux coûtent désormais une blinde.

Je fuis également les éditeurs dont les contrats comportent des clauses comminatoires où l’auteur est menacé de devoir débourser 500 € au cas où il aurait l’outrecuidance d’exiger que le bon à tirer s’approche de la perfection. Il ne faudrait pas corriger plus de 2 fois !

Je dois ajouter que la taille des contrats a de quoi me rebuter : 20 pages à étudier. Voilà qui me file un mal de cougourde rien que d’y penser.

Un petit exercice pour en finir avec le sujet. Je vous invite à rédiger votre lettre de refus aux éditeurs, histoire de rigoler.



lundi 19 août 2024

Et si on causait poésie ?

Puisque c’est en quelque sorte mon art premier, mon premier cri d’artiste poussé, non à la naissance – ce serait plus fort que du Diabolo pacte – mais dès l’enfance.

« Tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, de poésie, jamais. », proclame Charles Baudelaire. Ceux qui ont connu l’Occupation ou grandi dans des contrées où l’abondance de bouffe demeure dans les brumes de l’utopie en concluront que notre immense poète mangeait au moins une fois par jour.

Quand je regarde autour de moi les métamorphoses de l’environnement, j’en viens à la question : un individu sain d’esprit peut-il se satisfaire de tant de laideur ? Peut-il se passer de Beauté ? Vous avez deux heures. Plaisanterie à part, n’hésitez pas à donner votre avis et à laisser un commentaire.

Si j’en viens à Baudelaire, c’est que notre rencontre a été déterminante, autant que celle avec les vers d’Alfred de Musset que j’ai racontée dans un précédent article.

Je devais avoir 16 ans. Un an plus tôt, mon parrain revenait d’Amérique après plus de 10 ans d’absence avec une tante et des cousins inconnus : un ouragan dans mon temps immobile. Mon parrain m’a fait un cadeau inestimable, non qu’il ait cassé sa tirelire, bien peu remplie après avoir quitté un Canada en proie au marasme économique. Un petit livre, qui lui avait sûrement été offert à l’occasion d’une promotion, objet d’apparence anodine, mais qui a ébranlé la terre sous mes pieds. Soudain, j’ai été confronté à la Beauté et la beauté de la Laideur : Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. Car si un poète mineur possède l’art de charmer, les grands poètes, du haut de leur immensité, ont ce pouvoir : il y a un avant et un après les avoir lus.

Mon rapport à la poésie n’a plus été le même après la découverte des premiers vers des Fleurs du Mal. Non que j’ai cherché à imiter le poète de l’Albatros. Toujours est-il qu’en tant qu’HVQ (handicapée de la vie quotidienne) je peine à avancer sur le plancher des vaches, et surtout à marcher droit sous le fouet et la férule.

 


jeudi 15 août 2024

Diabolo pacte est-il woke ?

Le blog en pause estivale, je continue à le nourrir dans l’ombre. Quand j’ai posté mon premier article, le 1er janvier 2022, je me demandais avec quelque angoisse comment j’allais m’y prendre pour trouver au moins un sujet par semaine. Dans sa troisième année, je me rends compte que ma vie de romancière m’offre les thèmes sur un plateau. Romancière en effet car il s’agit cette fois de Diabolo pacte, mon premier roman réédité en 2023.

25 mai, salon du livre de Narbonne. Invitée par les éditions d’Avallon qui ont fait œuvre de résurrection. Il fait beau, la matinée a commencé par quelques dédicaces, ma première signature allant à une sympathique romancière connue lors d’un lointain (dans le temps) salon du livre.

Je fais l’article : C’est l’histoire d’un éditeur qui s’engage à publier le premier inconnu venu qui accepte de vendre son âme au diable… J’ai conscience de casser les oreilles de mes voisins de table. La couverture avec le bandeau du prix de l’Académie des Livres de Toulouse interpelle les passants qui lisent le quatrième de couverture. Ils apprennent qu’Antoine Maurier, l’auteur-vedette, est homosexuel. Un monsieur fait cette réflexion :

Homosexuel, bien sûr il en fallait un.

Voilà l’occasion de m’expliquer sur le sujet. À l’heure où Diabolo pacte ressort le bout de ses cornes (non mouchetées), le monde de la culture s’éveille en effet au droit à la différence et à la mise en avant des minorités. Il n’y a qu’à voir les séries télé et les publicités.

Or j’ai écrit Diabolo pacte il y a pour ainsi dire vingt ans, il est sorti il y a 15 ans, vu que j’ai galéré pour trouver un éditeur. À l’époque le monde était moins woke. Par exemple, aucun éditeur n’utilisait l’écriture inclusive sur son site Internet.

Le personnage d’Antoine Maurier s’est imposé à moi pour plusieurs raisons :

Le comique de situation : Marylin, la pulpeuse comptable de la maison, s’entiche de lui alors qu’ils ne fréquentent pas les mêmes crèmeries.

Mon intérêt pour la question en écoutant une interview dans lequel le chanteur Dave, myope comme une taupe, confiait qu’adolescent il se trouvait trop moche avec ses grosses lunettes pour séduire les filles.

Dans le roman, Antoine est le seul à vivre de grandes histoires d’amour.

Donc mon Diabolo n’a rien à voir avec la mode et encore moins avec le désir de fricoter avec une minorité.

En qualité de lectrice, j’ai tout de même constaté que certains auteurs connus introduisent des représentants de quelque minorité parmi leurs personnages. Est-ce spontané ou souhaitaient-ils ainsi se mettre (ou paraître) à la page ?

Bref la conclusion : mes arguments ont-ils convaincu ce monsieur ? Diantre non, mais je sais gré à cet ex-futur lecteur de m’avoir donné l’occasion de répondre à la question.



vendredi 19 juillet 2024

Recherche Corinne désespérément

Décidément, ce blog devient un dépôt d’avis de recherche. Il y a quelque temps, je cherchais Domie (avec un e), une dame à qui j’avais dédicacé Coup de grain lors de ma dédicace du 1er juin à Castanet-Tolosan. Domie avait posté un commentaire plus que flatteur à la rubrique « me contacter » du blog, commentaire vu à retardement et réponse tardive de ma part, restée sans réponse.

Un mois et une semaine plus tard, le samedi 6 juillet, je dédicace à la librairie du Beffroi, à Revel. Une personne me reconnaît. Dans les salons du livre, j’ai entendu 50 fois : « Je vous ai déjà vue » de la part de parfaits inconnus qui citent des endroits où je n’ai jamais mis les pieds. Il faut dire aussi que je ne suis pas physionomiste pour un sou et que je passe mon temps à prêter l’oreille pour entendre le prénom de personnes dont je ne remets pas le visage.

Au mois de mars, dans un salon du livre, une personne s’arrête devant ma table et m’assure que nous nous connaissons. Encore une illusion d’optique, me dis-je une fois de plus. Sauf que cette fois elle précise que nous avons travaillé ensemble. Mais oui, c’est bien Véronique !

Revenons au 6 juillet à Revel. La dame me dit qu’elle m’a reconnue et que mon nom sur la couverture des livres lui donne raison. Cette fois, c’est donc bien moi ! Et de citer un endroit où je me suis engluée un septennat durant : la direction départemental du travail et de l’emploi de l’Ariège à Foix, et une année : 1986. Une autre vie ! Et je suis bien ennuyée car je ne reconnais pas cette collègue dont je demande le nom. Corinne Lauze ou Loze, phonétiquement. Je balaie l’ensemble de mes collègues d’alors, tous grades confondus. Ce nom ne me dit rien. Je suis tellement gênée que je mens : son visage me dit quelque chose. Je lui demande si elle est à la retraite. Non, 1964, c’est pas pour demain. La rencontre se termine en eau de boudin.

Il pleut des cordes sur le marché et la place du beffroi : un véritable Coup de grain. À l’abri des arcades, je réussis à signer quelques livres avant de replier mes gaules et de reprendre le bus pour Toulouse. Nous circulons encore dans Revel quand la mémoire me revient d’un coup : bien sûr que je connais Corinne, nous étions même copines en cette année 1986. Elle était jeune volontaire et moi jeune contrôleur du travail. Voilà pourquoi je n’ai pas réussi à la situer dans la liste de mes collègues d’alors. Voilà pourquoi notre passé commun est demeuré enfoui dans la brume de mon inconscient. J’aurais eu tant de choses à évoquer avec elle !

J’ai cherché à la retrouver. Malheureusement, dans ma gêne, je ne lui ai pas demandé où elle vivait et quelle était sa situation de famille. Elle a dû prendre, à juste titre, mon mutisme pour de l’indifférence.

Alors j’ai enquêté : sur les réseaux sociaux, lancé un avis de recherche sur Copains d’avant, téléphoné à la librairie. Rien pour le moment.

J’aimerais tant qu’elle me lise. C’est pire qu’avec Domie que je n’avais pas eu à reconnaître, ne la connaissant absolument pas.

Je me promets d’être désormais attentive et de jouer franc jeu : je ne suis certes pas physionomiste, mais ce n’est pas un crime. J’espère que je serais absoute pour cela.

Librairie du Beffroi - Revel


Et Toulouse, macarel !

Quoi de plus naturel de parler de sa ville, d’y planter le décor de ses romans, d’y faire vivre ses personnages, quand on est auteur, ou aut...