Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

mardi 17 janvier 2023

Justement quel titre ?

C’est important le titre, pour un roman, pour un film. Le titre, c’est le prénom d’une œuvre d’art. Jusqu’à présent, j’ai plutôt été inspirée de ce côté-là. Mes éditeurs ont maintenu mes titres. Diabolo pacte d’abord. Quant à mon thriller franco-allemand il a très vite reçu le sien : Elwig de l’Auberge Froide. Je l’ai envoyé tel quel aux éditeurs, par la poste, avec pour illustration un tableau de mon père qui collait parfaitement à l’ambiance.

Entre autre bêta-lecteur, j’ai eu l’honneur d’avoir le soutien de la librairie Privat et de Carine, responsable du rayon littérature. Après son avis positif, la tentative d’accrocher Actes Sud a hélas échoué et j’ai repris en solitaire mon bâton de pèlerin.

Puis je reçois un refus personnalisé de Belfond et une lettre d’un éditeur de chez Plon avec des conseils. Donc réécriture de certains points et lettre à l’éditeur en question qui me répond qu’il me relira avec plaisir. Son courrier me parvient par miracle car il s’est trompé de numéro. Par bonheur la factrice veillait au grain.

Comme j’ai un nom, je téléphone chez Plon et j’ai au bout du fil le fameux éditeur. Mon nom ne lui dit rien mais le titre le fait bondir. Il se souvient effectivement et précise :

C’est un très bon titre.

J’obtiens un rendez-vous lors d’une formation à Paris. L’éditeur est très aimable et correspond à l’idée qu’on peut se faire du bureau d’un éditeur : submergé de manuscrits, ceux-ci étant les rescapés de plusieurs écrémages.

Ce n’est pas un scoop : Elwig de l’Auberge Froide n’est pas sorti chez Plon mais à Genève, aux éditions Pierre Philippe.

Plus tard, Poussière de sable, ma saga de science-fiction, gardera aussi son titre.

Si je reviens sur la question c’est qu’un recueil de mes nouvelles a été accepté et qu’il faut bien lui trouver un titre. C’est un challenge, vu qu’on me demande aussi une illustration et que la photo et l’image c’est vraiment pas mon truc. Le titre que j’avais donné initialement au recueil me paraît d’une platitude incroyable : Coup de grain, du titre d’une des 10 nouvelles. J’opte aussitôt pour celui d’une autre nouvelle se déroulant dans un cirque, Un enfant de la balle, que je compte présenter avec un tableau de cirque tombé dans le domaine public (70 ans après la mort de l’auteur). Or John Irwing a déjà intitulé ainsi l’un de ses nombreux romans.

Je dois donc changer mon fusil d’épaule et trouver un titre parlant. Pan ! Je dégaine mon Vue courte et pattes d’eph avec une photo de moi à l’âge de 15 ans prise par mon père au pied des HLM. Parfaitement cadrée (mon père était peintre). Rien n’y manque, ni les pattes d’eph, ni le col roulé (remis au goût du jour par des ministres qui, n’en doutons pas, le portent jusqu’à l’intimité de leur domicile), ni la ceinture, le bracelet-montre largeur XXL, ni les cheveux longs. Pour une fois que mon narcissisme s’exprime ! Eh bien, non, le titre ne plaît pas, ni la photo. On préfèrerait Coup de grain.

Je flaire une autre piste. Coup de grain, en relisant, est une vraie Course à l’abîme. Je crois détenir le Graal quand je découvre le roman de Dominique Fernandez. Puis, je fouille le sens de ma nouvelle et en déduit qu’il s’agit d’un Pas de deux au bord du gouffre. Mon espoir se casse la figure en tombant sur un article journalistique vieux de quelques années. Ma danse macabre a en effet été déjà dansée par Kadhafi et Sarkozy.

Je reviens à mon enfant de la balle et au cirque. Ces nouvelles sont en effet ce que j’ai écrit de plus intime, tiré de faits réels tirés de mon expérience personnelle ou de faits divers qui m’ont marquée. Or je sais ce que je dois au cirque et notamment à certain trapéziste du cirque Pinder dont je porte la bague et sans lequel je n’écrirais pas dans un grand bureau confortable et joliment meublé. Mais ceci est une autre histoire que je ne suis pas encore prête à écrire, pas plus que je ne vous dévoilerai le titre que je me propose de soumettre à la sagacité de mes éditeurs.



mercredi 11 janvier 2023

Jeter l'éponge

 Jeter l’éponge. Jeter le manche avant la cognée. Rendre son tablier. Raccrocher les crampons.

Il paraît qu’il faut toujours être positif, ou du moins se montrer positif même quand ça merdoie. Cependant je vais continuer sur ma lancée et faire encore mon originale : je vais être négative, autrement dit sincère.

Que de fois l’envie m’a prise de me décramponner de l’illusion d’un futur succès littéraire qui ne vient pas !

Le dilemme : ranger définitivement ma plume dans un plumier fictif et laisser roupiller dans le disque dur des romans que personne, sauf moi, ne lira. 

La médiathèque à laquelle j’ai hier après-midi emprunté quelques romans offre des rangées de livres par milliers. À quoi bon en rajouter ? 

Début 2022, alors que j’étais prête à jeter l’éponge, mon éditeur m’envoie le BAT du 2ème volet de ma saga de science-fiction, Poussière de sable. J’avais décidé de tout arrêter, comme on arrête de fumer. Mais la couverture est arrivée, magnifique, et je me suis dit : Encore. Fin décembre, coup de théâtre, mon éditeur met la clé sous la porte, j’en parle dans le blog.

Ma déception est tempérée par le contrat signé avec un éditeur pour la réédition de mon premier roman, Diabolo pacte, et l’acceptation par un autre d’un recueil de nouvelles. Donc, en quelque sorte, je suis obligée de pousser plus loin sur ce chemin qui n’est pas fait que de velours. 

Pour ma saga de SF, j’en suis à vendre les exemplaires qui me restent comme des savonnettes. L’ayant déjà vécu quand l’éditeur de Diabolo pacte a fait faillite, même pas 2 ans après sa parution, je sais que sans éditeur ce n’est pas la même chose. 

Vendre derrière une table n’est pas exactement mon truc. Ce n’est pas pour ça que j’ai cherché à me faire publier. La SF n’est pas ce qui se vend le mieux au point je suis surprise chaque fois qu’on me prend le 1er ou le 2ème volet de Poussière de sable, voire les 2 (ça, c’est prodigieux). 

Je ne crie pas sur tous les toits que j’écris et que je suis publiée. D’ailleurs je connais davantage de gens qui écrivent que de gens qui (me) lisent. Ce n’est pas pour moi un sujet de fierté mais une anomalie au même titre que picoler ou se droguer. Je sais que je relève de la psychiatrie et de la cure de désintoxication, qu’écrire est une addiction comme une autre et que je déconseillerais fortement de se lancer dans une voie qui mène plus souvent à la crise de foi qu’au succès. 

Il est temps que j’enfile mes mitaines cyclistes et remette le pied dans le cale-pied. Quand je fais du vélo et que ça grimpe dur, ma tête se vide de tout ce qui n’est pas l’effort physique.



 

jeudi 5 janvier 2023

Comment je ne suis pas devenue autrice

Donnons au blog son os à ronger. Peut-être y trouvera-t-il sa substantifique moelle, avant d’aborder les deux évènements marquants de ma vie littéraire de ce début d’année : la réédition de Diabolo pacte (article rédigé alors que je ne connaissais pas les éditions d'Avallon) et la parution de Vue courte et pattes d’eph.

Depuis que le mot est entré en scène par le biais de la féminisation à tout crin des substantifs pour faire inclusif, je tourne autour du pot, telle une poule rechignant à plonger dans la marmite. Bref, au lieu de dire que je suis autrice, je réponds romancière, n’osant m’attribuer ce merveilleux nom d’écrivain que je n’oserais affubler d’un e à même de lui faire perdre sa charge magique.

Quelques années auparavant je m’étais exprimée sur la question dans Diabolo pacte, roman qui tourne autour des livres et du monde de l’édition. Je vous offre aimablement quelques extraits :

Le troisième auteur était une auteure. C’est ainsi qu’elle se présenta au grand dam du prof de français qui sommeillait en Bressol et qui penchait plutôt pour la règle commune : emmerdeur, emmerdeuse, auteur, auteuse. Toujours est-il que, eure ou euse, celle-ci brûlait de l’ambition de devenir écrivaine mais en dix pages Bressol eut largement le temps de se persuader que de ce point de vue-là elle était grillée, et même calcinée.

Donc, du jour au lendemain, j’ai appris que j’étais autrice, du moins que c’est ainsi que je devais me nommer auprès de mes consœurs et confrères, lectrices et lecteurs et même auprès du concierge et du facteur venant me présenter le calendrier de la poste, tradition à laquelle je ne faillis jamais, étant moi-même la fille du facteur.

Et tout de suite, j’ai dit non, je ne dirai pas ce qu’on a décrété que je devais dire.

J’ai coupé la poire en deux, plaisantant que je préférais qu’on me prît pour une locomautrice, cette folle du logis, l’imagination, entraînant le lecteur (et la lectrice) dans des lieux où il n’aurait jamais mis les pieds sans le souffle de ma plume.

Dernièrement, j’étais derrière ma table de dédicace, en plein froid d’un marché de Noël, quand un jeune couple s’est penché sur mes romans, notamment ma saga de SF, Poussière de sable. Et voilà que j’entends : Vous êtes une autrice…Je ne me souviens plus de la suite. Et je me suis posée la question :

Pourquoi ce p… de mot te dérange tant ? Tout le monde l’emploie maintenant.

Je me suis dit, il est dans la lignée de acteur actrice, amateur amatrice. Et puis j’ai trouvé. J’ai mis le doigt où ça me faisait mal. Ce qui m’a choqué, c’est la célérité des gens (qu’ils écrivent ou qu’ils lisent) à adopter le comportement qu’on attend d’eux.

Ces trois dernières années m’ont conforté, hélas, dans mon malaise. La majorité s’est conformée à des inj.on.e.c.tions paradoxales. Et la dernière :

Baissez le chauffage, éteignez la lumière, décalez la lessive. Replongez dans le précédent article et vous saurez ce que j’en pense.

Vaut-il la peine de monter sur ses ergots pour si peu ? Mais c’est peu à peu que le conformisme gagne. Petit bout par petit bout qu’est rogné le territoire de la libre expression avec l’éviction de termes non conformes à la doxa.

Je suis une romancière transgenre qui se balade de la SF au roman contemporain, je n’écris pas au féminin, je suis une femme née au XXème siècle qui écrit avec ses tripes, son cœur et son cerveau (dans le désordre) et ce qui me gêne, quand j’écris, ce n’est pas le teur ou le trice, c’est de devoir quitter le clavier pour m’atteler à la tambouille ou prendre le plumeau pour ne pas disparaître sous la poussière qui, chez moi, n’est pas toujours de sable.



samedi 24 décembre 2022

La trêve des confiseurs

Le blog marque une pause entre Noël et Jour de l’An Je souffle enfin car il en faut du souffle pour pondre quelque chose de différent à chaque fois tout en parlant littérature, mais pas que, pour intéresser aussi les personnes raisonnables qui ne risquent pas leur plume sur le parchemin glissant d’un manuscrit portant l’ambition d’une publication.

Je me suis retrouvée plus de quatre fois étalée sur la glace. Ne correspond pas à la ligne éditoriale… Les deux bras et les deux jambes cassés. Mais ça c’est du passé et ce sera sûrement du futur.

Bilan de l’An 2022. Au commencement étaient les restrictions, l’année s’amorçait comme la précédente, sans salons, sans repas littéraire, sans dédicaces… Sauf que fin janvier sort chez RrooyzZ éditions Poussière de sable, Légendes ourdiniennes, après le 1er volet de ma saga de SF : L’épopée euskalienne. 2 livres chez le même éditeur ! Je me réjouissais trop tôt.

Comme un bonheur n’arrive jamais seul, début mars je reçois un message m’annonçant que je fais partie des lauréats du concours organisé par les Arts Littéraires pour un recueil inédit de mes poèmes de jeunesse, Mon opium est dans mon cœur. Nirvana ! Sauf qu’avec le pass vaccinal toujours en vigueur j’ignore si le 26 mars je pourrai recevoir mon prix.

Le 26 mars arrive (les élections aussi) et je reçois mon prix dans la bonne ville de Saint-Orens-de-Gameville, portée par une houle d’émotions diverses : une vie sociale retrouvée, la reconnaissance pour mes écrits (le concours est anonyme), l’invitation à parler de mes Légendes ourdiniennes. Des représentantes d’une maison d’édition sont présentes dans la salle et me parlent à l’apéritif de leur façon de travailler les textes sélectionnés : le gueuloir, comme Flaubert, mais pas au café et sans tabac. La démarche me séduit car je passe mes propres romans au gueuloir et, des semaines après, prend mon téléphone pour proposer mes poèmes. Point de poésie aux éditions Auzas mais des romans, plutôt courts, et des nouvelles. C’est ainsi que je leur enverrai un recueil de mes nouvelles et que celui-ci aura l’heur d’être agréé. Je vous en reparlerai.

Toujours en quête d’un éditeur pour un roman (non SF) qui me tient à cœur, je surfe sur la toile et tombe sur un éditeur de l’Hérault dont la démarche m’attire. Las ! La fenêtre des manuscrits n’est ouverte que pour les rééditions de romans parus à compte d’éditeur et libres de droit. L’occasion fait le larron et je leur envoie Diabolo pacte, le roman que tout candidat à l’édition devrait avoir lu. Je reçois une réponse positive pour une réédition avant le 31 mai 2023.

Entre temps, je dédicace ma saga de science-fiction sur laquelle je mets le paquet. Je suis surprise par l’intérêt qu’elle peut susciter alors qu’il est plus aisé d’écouler du polar ou de la romance.

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si… Si la covid et les restrictions n’avaient eu raison de la pugnacité de RroyzZ éditions. Clé sous la porte au 31 décembre et je me casse le nez pour la publication des deux derniers volets de ma tétralogie, Poussière de sable. Alors que j’avais réécrit le n°3 et que j’étais sur le 4, la nouvelle me scie les deux bras et je stoppe net.

Depuis peu, j’ai repris le travail avec 3 options : m’autoéditer, trouver un éditeur qui publie la suite ou bien rassembler le tout dans un opus one shut.

Côté roman, pour la première fois, je n’ai pas signé ni négocié le contrat qu’on me proposait, optant pour un travail de réécriture quant au dénouement et de meilleures conditions de publication et de diffusion. Ai-je eu raison, ai-je eu tort ? C’est un pari. 2023 tranchera.

En attendant, voici agenda 2023.



jeudi 22 décembre 2022

Je monte, j’allume, je décolle

Nan, je déconne ! Mais comme je ne fais rien de ce qu’on me dit de faire depuis près de 3 ans, je m’explique, en tant qu’auteuresse (comme emmerderesse, merci Georges).

Donc j’imagine un écrivain, un grand, reconnu, né à l’aube du XIXème siècle à une époque où, s’il travaillait à la nuit tombante, il devait forcément s’éclairer à la bougie, où il ne disposait pas de traitement de texte mais devait se taper chaque phrase à la plume d’oie, ratures comprises, où, l’hiver, la chaleur d’un humble poêle conférait à ses doigts l’élasticité requise pour racler du papier. Prénommons-le Honoré et mettons-nous à sa place à pondre la Comédie Humaine dans des conditions si inhumaines.

Moi, je me vois bien basculer au temps de la bougie et de la machine à écrire mécanique et y demeurer suffisamment longtemps pour en découvrir les avantages. Moins de vocations ! Moins de concurrence ! C’est sûr. Et qui irait ronéotyper sur un engin qu’on actionne à la force du biceps un pavé pour l’envoyer par la poste (je dis pas les tarifs !) à des éditeurs qui crouleraient moins sous les manuscrits ?

Mais ce monde rêvé n’est pas encore advenu. J’avoue que pour écrire sur un laps de temps plus bref que celui imparti à Honoré (5 ans et plus pour Poussière de sable, 6 ans pour Elwig de l’Auberge Froide, si intéressés lire sur mon blog 4 romans dans un couffin), j’étais chauffée à blanc pour leur trouver un éditeur, partant exécuter le meilleur travail possible. La température montait, montait sans que je culpabilise un quart de seconde et je m’épanouissais telle une raie Manta dans la douceur des mers du Sud.

 Et pourtant je bossais selon un de mes principes : un roman est une construction ordonnée conformément aux règles architecturales. Ouvre-t-on une porte sous le nez du lecteur qu’il faut, avant la fin du roman, vérifier ce qu’il y a dans la pièce et la refermer. Aiguiser la curiosité sans l’étancher équivaut à infliger un supplice indigne d’un auteur ou d’une auteuresse. Donc j’ouvre une porte qui débouche sur une pièce habitée par un personnage A enrobé de mystère. Il faudra bien dévoiler l’énigme et refermer la porte.

Mes romans ne se déroulant pas entre une chambre et une cuisine, j’ai beaucoup de portes à gérer. Vous me voyez entrer dans une pièce, bougie en main ! J’allume donc aussi sec pour voir les moindres détails et rectifier ce qui cloche. Vous me direz qu’Honoré, à la chandelle, visitait aussi bien le colonel Chabert que la cousine Bette. Certes, mais je suis si maladroite que je crains qu’à essayer d’éclairer de ma flamme le visage d’Elwig Kaminski, je ne réussisse à foutre le feu à sa brune chevelure et embraser tous mes décors. C’est terrible un livre qui flambe ! Ça prend des airs de Fahrenheit 451.

 Voilà que mon texte est quelque peu décalé. C’est que j’écris dans les marges en me demandant à chaque roman ce que moi, je peux apporter de nouveau au sujet. Parce que ce que je me souhaite c’est que mes p… de romans atterrissent sur les tables des librairies pour en décoller aussitôt se planter dans le cœur des lecteurs. Et si vous avez pris la peine de me lire jusqu’au bout, je m’en sentirais fort… honorée.



vendredi 16 décembre 2022

Ce que je dois à Françoise Sagan

Une question qu’on pose à tous les coups aux gens de plume (de drôles d’oiseaux, ceux-là !) :

Depuis quand écrivez-vous ?

La plupart d’entre nous répondent :

Depuis toujours.

Je ne fais pas exception à la règle car je puis dire que j’écris depuis que je sais écrire, c’est-à-dire le cours préparatoire. Quand je dis écrire j’entends par là raconter une histoire avec des mots. Dans mon cas j’ai retrouvé des historiettes de cape et d’épée avec illustrations siouplaît, mais n’ayant pas le dixième du talent de mon père je ne les infligerai pas en légende (selon Blogger) au bas de cet article. Il n’y a que les parents et grands-parents pour s’extasier sur les dessins d’enfants quand ceux-ci ne sont pas Picasso qui peignait des chefs d’œuvre dès 8 ans. Le Mozart du pinceau en quelque sorte (sans allusion à un autre Mozart qui s’exercerait dans un domaine moins artistique mais plus lucratif et que d’aucuns ne peuvent pas voir en peinture).

Si vous suivez ce blog, lisez mes posts sur les réseaux sociaux ou m’avez entendue pour de vrai, vous avez peut-être retenu que chaque fois que je me mets à l’écriture d’un roman je vise l’originalité par rapport à ce qui a déjà paru sur la thématique.

Là encore, sans le faire exprès, j’ai fait mon originale car j’ai eu une vocation d’écrivain avant de savoir écrire. Ça remonte aux débuts de Françoise Sagan, ce qui ne me rajeunit pas. C’était avant les années 60, une époque sans ordinateur et sans réseaux sociaux, sans la télé dans tous les foyers. On s’informait à la radio et aux actualités précédant le film projeté dans les cinémas de quartier (depuis longtemps disparus) et on se chamaillait dans les cafés sans se menacer de mort si on n’était pas d’accord.

Françoise Sagan, je me souviens de ce nom. Du haut de mon très jeune âge j’avais bien saisi le côté mythique. Une très jeune fille écrit un livre et tout le monde en parle. Ayant pris le nom d’un personnage de roman, elle en devient forcément un qui fonce dans la vie, le pied sur l’accélérateur d’une voiture de sport. J’ignorais encore que je ne toucherais quasiment pas un volant mais que je mettrais des bagnoles et des garagistes dans mes romans (peut-être histoire de compenser une infirmité sociologique).

Beaucoup plus tard, j’ai lu Bonjour tristesse et bien d’autres titres, tous plus merveilleux les uns que les autres. Loin de la mode (forcée) des titres à l’infinitif, ceux de Sagan ont l’éclat de la perle de rosée cachée entre deux herbes : Un peu de soleil dans l’eau froide, La chamade, Des bleus à l’âme… J’entends résonner la petite musique d’une virtuose de la plume et c’est toujours avec nostalgie que je plonge dans un monde que je n’ai pas connu : le Saint-Germain-des-Prés des années 50 enrobé de fumée et de vapeurs d’alcool.

Et puis j’ai su lire et écrire, j’ai gribouillé des histoires, je me suis identifiée à la fameuse Claude du club des cinq (comment faire autrement quand on s’appelle Claudine ?) et puis j’ai eu envie de devenir coureur cycliste et championne de natation. Entre temps j’ai appris à nager et traversé quatre fois les Alpes à vélo sans tomber nez à nez sur le fameux crétin… des Alpes.



vendredi 2 décembre 2022

Les livres aussi sont orphelins

Pour la deuxième fois au cours de ce que je n’ose appeler ma carrière littéraire (mais quand même !) le malheur frappe à ma porte. J’exagère à peine. Depuis quelque temps je pressentais qu’une tuile allait me tomber sur la tête, que le destin était en route et je connaissais d’avance le résultat : mon éditeur, celui de Poussière de sable, met la clé sous la porte au 31 décembre. Nous, ses auteurs, avons reçu un long message nous expliquant ses raisons et ses difficultés. J’ignore comment l’ont pris mes consœurs et mes confrères. Personnellement, je regrette que notre collaboration s’arrête - plus que satisfaite du poids, du prix et du graphisme de mes livres- d’autant plus qu’il reste les deux derniers volets de Poussière de sable à publier avec les premières de couverture géniales arborant le thème de l’œil. Comment je vais faire ? Je n’en sais rien. Un éditeur ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, qui plus est pour clore une tétralogie.

J’ai déjà achevé le 3ème volet qui se déroule dans une société totalitaire et j’étais en train de retravailler le 4ème et dernier. Cette nouvelle m’a coupé la chique et j’ai stoppé net. À quoi bon ? Je n’ai plus d’éditeur.

Heureusement, un recueil de mes nouvelles a été accepté chez un éditeur toulousain qui est en train de le passer au gueuloir.

Voilà plus de 10 ans, mon premier éditeur arrêtait son activité. Sale coup pour Diabolo pacte, même pas deux ans après sa sortie. Ne me restait plus qu’à vendre dans les salons les exemplaires sauvés du pilon. Mais un livre qui n’a plus d’éditeur est en quelque sorte orphelin. Sortez vos mouchoirs ! Quelle ironie pour un premier roman qui met en scène un éditeur qui fait le pari de publier le premier venu prêt à vendre son âme au diable et un auteur de science-fiction grugé par son éditeur. Pour le coup, une lectrice m’a dit qu’il m’arrivait ce que j’écrivais dans mon livre.

J’étais sur le carreau, bataillant pour trouver un éditeur pour Elwig de l'Auberge Froide, lequel ne se trouve pas en traversant la rue, surtout quand la rue se situe à Genève où mon thriller franco-allemand a finalement trouvé preneur.

Donc ma saga, la dernière publiée, n’a plus d’éditeur. Pourtant il faut croire aux miracles, qu’une maison bien inspirée reprendra le flambeau de Poussière de sable. Après tout, les miracles, ça existe puisque 13 ans après sa parution Diabolo pacte amorce sa résurrection chez un nouvel éditeur. Oui, vous avez bien compris : j’ai signé en octobre pour la réédition de Diabolo pacte.



Les livres aussi ont une peau

Passons de la nouvelle à la poésie, du réel ( Coup de grain ) au rêve ( Mon opium est dans mon cœur . Commençons par la peau, la couverture,...