Ce que j'écris, pourquoi, pour qui et les surprises de mon parcours littéraire

samedi 24 décembre 2022

La trêve des confiseurs

Le blog marque une pause entre Noël et Jour de l’An Je souffle enfin car il en faut du souffle pour pondre quelque chose de différent à chaque fois tout en parlant littérature, mais pas que, pour intéresser aussi les personnes raisonnables qui ne risquent pas leur plume sur le parchemin glissant d’un manuscrit portant l’ambition d’une publication.

Je me suis retrouvée plus de quatre fois étalée sur la glace. Ne correspond pas à la ligne éditoriale… Les deux bras et les deux jambes cassés. Mais ça c’est du passé et ce sera sûrement du futur.

Bilan de l’An 2022. Au commencement étaient les restrictions, l’année s’amorçait comme la précédente, sans salons, sans repas littéraire, sans dédicaces… Sauf que fin janvier sort chez RrooyzZ éditions Poussière de sable, Légendes ourdiniennes, après le 1er volet de ma saga de SF : L’épopée euskalienne. 2 livres chez le même éditeur ! Je me réjouissais trop tôt.

Comme un bonheur n’arrive jamais seul, début mars je reçois un message m’annonçant que je fais partie des lauréats du concours organisé par les Arts Littéraires pour un recueil inédit de mes poèmes de jeunesse, Mon opium est dans mon cœur. Nirvana ! Sauf qu’avec le pass vaccinal toujours en vigueur j’ignore si le 26 mars je pourrai recevoir mon prix.

Le 26 mars arrive (les élections aussi) et je reçois mon prix dans la bonne ville de Saint-Orens-de-Gameville, portée par une houle d’émotions diverses : une vie sociale retrouvée, la reconnaissance pour mes écrits (le concours est anonyme), l’invitation à parler de mes Légendes ourdiniennes. Des représentantes d’une maison d’édition sont présentes dans la salle et me parlent à l’apéritif de leur façon de travailler les textes sélectionnés : le gueuloir, comme Flaubert, mais pas au café et sans tabac. La démarche me séduit car je passe mes propres romans au gueuloir et, des semaines après, prend mon téléphone pour proposer mes poèmes. Point de poésie aux éditions Auzas mais des romans, plutôt courts, et des nouvelles. C’est ainsi que je leur enverrai un recueil de mes nouvelles et que celui-ci aura l’heur d’être agréé. Je vous en reparlerai.

Toujours en quête d’un éditeur pour un roman (non SF) qui me tient à cœur, je surfe sur la toile et tombe sur un éditeur de l’Hérault dont la démarche m’attire. Las ! La fenêtre des manuscrits n’est ouverte que pour les rééditions de romans parus à compte d’éditeur et libres de droit. L’occasion fait le larron et je leur envoie Diabolo pacte, le roman que tout candidat à l’édition devrait avoir lu. Je reçois une réponse positive pour une réédition avant le 31 mai 2023.

Entre temps, je dédicace ma saga de science-fiction sur laquelle je mets le paquet. Je suis surprise par l’intérêt qu’elle peut susciter alors qu’il est plus aisé d’écouler du polar ou de la romance.

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si… Si la covid et les restrictions n’avaient eu raison de la pugnacité de RroyzZ éditions. Clé sous la porte au 31 décembre et je me casse le nez pour la publication des deux derniers volets de ma tétralogie, Poussière de sable. Alors que j’avais réécrit le n°3 et que j’étais sur le 4, la nouvelle me scie les deux bras et je stoppe net.

Depuis peu, j’ai repris le travail avec 3 options : m’autoéditer, trouver un éditeur qui publie la suite ou bien rassembler le tout dans un opus one shut.

Côté roman, pour la première fois, je n’ai pas signé ni négocié le contrat qu’on me proposait, optant pour un travail de réécriture quant au dénouement et de meilleures conditions de publication et de diffusion. Ai-je eu raison, ai-je eu tort ? C’est un pari. 2023 tranchera.

En attendant, voici agenda 2023.



jeudi 22 décembre 2022

Je monte, j’allume, je décolle

Nan, je déconne ! Mais comme je ne fais rien de ce qu’on me dit de faire depuis près de 3 ans, je m’explique, en tant qu’auteuresse (comme emmerderesse, merci Georges).

Donc j’imagine un écrivain, un grand, reconnu, né à l’aube du XIXème siècle à une époque où, s’il travaillait à la nuit tombante, il devait forcément s’éclairer à la bougie, où il ne disposait pas de traitement de texte mais devait se taper chaque phrase à la plume d’oie, ratures comprises, où, l’hiver, la chaleur d’un humble poêle conférait à ses doigts l’élasticité requise pour racler du papier. Prénommons-le Honoré et mettons-nous à sa place à pondre la Comédie Humaine dans des conditions si inhumaines.

Moi, je me vois bien basculer au temps de la bougie et de la machine à écrire mécanique et y demeurer suffisamment longtemps pour en découvrir les avantages. Moins de vocations ! Moins de concurrence ! C’est sûr. Et qui irait ronéotyper sur un engin qu’on actionne à la force du biceps un pavé pour l’envoyer par la poste (je dis pas les tarifs !) à des éditeurs qui crouleraient moins sous les manuscrits ?

Mais ce monde rêvé n’est pas encore advenu. J’avoue que pour écrire sur un laps de temps plus bref que celui imparti à Honoré (5 ans et plus pour Poussière de sable, 6 ans pour Elwig de l’Auberge Froide, si intéressés lire sur mon blog 4 romans dans un couffin), j’étais chauffée à blanc pour leur trouver un éditeur, partant exécuter le meilleur travail possible. La température montait, montait sans que je culpabilise un quart de seconde et je m’épanouissais telle une raie Manta dans la douceur des mers du Sud.

 Et pourtant je bossais selon un de mes principes : un roman est une construction ordonnée conformément aux règles architecturales. Ouvre-t-on une porte sous le nez du lecteur qu’il faut, avant la fin du roman, vérifier ce qu’il y a dans la pièce et la refermer. Aiguiser la curiosité sans l’étancher équivaut à infliger un supplice indigne d’un auteur ou d’une auteuresse. Donc j’ouvre une porte qui débouche sur une pièce habitée par un personnage A enrobé de mystère. Il faudra bien dévoiler l’énigme et refermer la porte.

Mes romans ne se déroulant pas entre une chambre et une cuisine, j’ai beaucoup de portes à gérer. Vous me voyez entrer dans une pièce, bougie en main ! J’allume donc aussi sec pour voir les moindres détails et rectifier ce qui cloche. Vous me direz qu’Honoré, à la chandelle, visitait aussi bien le colonel Chabert que la cousine Bette. Certes, mais je suis si maladroite que je crains qu’à essayer d’éclairer de ma flamme le visage d’Elwig Kaminski, je ne réussisse à foutre le feu à sa brune chevelure et embraser tous mes décors. C’est terrible un livre qui flambe ! Ça prend des airs de Fahrenheit 451.

 Voilà que mon texte est quelque peu décalé. C’est que j’écris dans les marges en me demandant à chaque roman ce que moi, je peux apporter de nouveau au sujet. Parce que ce que je me souhaite c’est que mes p… de romans atterrissent sur les tables des librairies pour en décoller aussitôt se planter dans le cœur des lecteurs. Et si vous avez pris la peine de me lire jusqu’au bout, je m’en sentirais fort… honorée.



vendredi 16 décembre 2022

Ce que je dois à Françoise Sagan

Une question qu’on pose à tous les coups aux gens de plume (de drôles d’oiseaux, ceux-là !) :

Depuis quand écrivez-vous ?

La plupart d’entre nous répondent :

Depuis toujours.

Je ne fais pas exception à la règle car je puis dire que j’écris depuis que je sais écrire, c’est-à-dire le cours préparatoire. Quand je dis écrire j’entends par là raconter une histoire avec des mots. Dans mon cas j’ai retrouvé des historiettes de cape et d’épée avec illustrations siouplaît, mais n’ayant pas le dixième du talent de mon père je ne les infligerai pas en légende (selon Blogger) au bas de cet article. Il n’y a que les parents et grands-parents pour s’extasier sur les dessins d’enfants quand ceux-ci ne sont pas Picasso qui peignait des chefs d’œuvre dès 8 ans. Le Mozart du pinceau en quelque sorte (sans allusion à un autre Mozart qui s’exercerait dans un domaine moins artistique mais plus lucratif et que d’aucuns ne peuvent pas voir en peinture).

Si vous suivez ce blog, lisez mes posts sur les réseaux sociaux ou m’avez entendue pour de vrai, vous avez peut-être retenu que chaque fois que je me mets à l’écriture d’un roman je vise l’originalité par rapport à ce qui a déjà paru sur la thématique.

Là encore, sans le faire exprès, j’ai fait mon originale car j’ai eu une vocation d’écrivain avant de savoir écrire. Ça remonte aux débuts de Françoise Sagan, ce qui ne me rajeunit pas. C’était avant les années 60, une époque sans ordinateur et sans réseaux sociaux, sans la télé dans tous les foyers. On s’informait à la radio et aux actualités précédant le film projeté dans les cinémas de quartier (depuis longtemps disparus) et on se chamaillait dans les cafés sans se menacer de mort si on n’était pas d’accord.

Françoise Sagan, je me souviens de ce nom. Du haut de mon très jeune âge j’avais bien saisi le côté mythique. Une très jeune fille écrit un livre et tout le monde en parle. Ayant pris le nom d’un personnage de roman, elle en devient forcément un qui fonce dans la vie, le pied sur l’accélérateur d’une voiture de sport. J’ignorais encore que je ne toucherais quasiment pas un volant mais que je mettrais des bagnoles et des garagistes dans mes romans (peut-être histoire de compenser une infirmité sociologique).

Beaucoup plus tard, j’ai lu Bonjour tristesse et bien d’autres titres, tous plus merveilleux les uns que les autres. Loin de la mode (forcée) des titres à l’infinitif, ceux de Sagan ont l’éclat de la perle de rosée cachée entre deux herbes : Un peu de soleil dans l’eau froide, La chamade, Des bleus à l’âme… J’entends résonner la petite musique d’une virtuose de la plume et c’est toujours avec nostalgie que je plonge dans un monde que je n’ai pas connu : le Saint-Germain-des-Prés des années 50 enrobé de fumée et de vapeurs d’alcool.

Et puis j’ai su lire et écrire, j’ai gribouillé des histoires, je me suis identifiée à la fameuse Claude du club des cinq (comment faire autrement quand on s’appelle Claudine ?) et puis j’ai eu envie de devenir coureur cycliste et championne de natation. Entre temps j’ai appris à nager et traversé quatre fois les Alpes à vélo sans tomber nez à nez sur le fameux crétin… des Alpes.



vendredi 2 décembre 2022

Les livres aussi sont orphelins

Pour la deuxième fois au cours de ce que je n’ose appeler ma carrière littéraire (mais quand même !) le malheur frappe à ma porte. J’exagère à peine. Depuis quelque temps je pressentais qu’une tuile allait me tomber sur la tête, que le destin était en route et je connaissais d’avance le résultat : mon éditeur, celui de Poussière de sable, met la clé sous la porte au 31 décembre. Nous, ses auteurs, avons reçu un long message nous expliquant ses raisons et ses difficultés. J’ignore comment l’ont pris mes consœurs et mes confrères. Personnellement, je regrette que notre collaboration s’arrête - plus que satisfaite du poids, du prix et du graphisme de mes livres- d’autant plus qu’il reste les deux derniers volets de Poussière de sable à publier avec les premières de couverture géniales arborant le thème de l’œil. Comment je vais faire ? Je n’en sais rien. Un éditeur ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, qui plus est pour clore une tétralogie.

J’ai déjà achevé le 3ème volet qui se déroule dans une société totalitaire et j’étais en train de retravailler le 4ème et dernier. Cette nouvelle m’a coupé la chique et j’ai stoppé net. À quoi bon ? Je n’ai plus d’éditeur.

Heureusement, un recueil de mes nouvelles a été accepté chez un éditeur toulousain qui est en train de le passer au gueuloir.

Voilà plus de 10 ans, mon premier éditeur arrêtait son activité. Sale coup pour Diabolo pacte, même pas deux ans après sa sortie. Ne me restait plus qu’à vendre dans les salons les exemplaires sauvés du pilon. Mais un livre qui n’a plus d’éditeur est en quelque sorte orphelin. Sortez vos mouchoirs ! Quelle ironie pour un premier roman qui met en scène un éditeur qui fait le pari de publier le premier venu prêt à vendre son âme au diable et un auteur de science-fiction grugé par son éditeur. Pour le coup, une lectrice m’a dit qu’il m’arrivait ce que j’écrivais dans mon livre.

J’étais sur le carreau, bataillant pour trouver un éditeur pour Elwig de l'Auberge Froide, lequel ne se trouve pas en traversant la rue, surtout quand la rue se situe à Genève où mon thriller franco-allemand a finalement trouvé preneur.

Donc ma saga, la dernière publiée, n’a plus d’éditeur. Pourtant il faut croire aux miracles, qu’une maison bien inspirée reprendra le flambeau de Poussière de sable. Après tout, les miracles, ça existe puisque 13 ans après sa parution Diabolo pacte amorce sa résurrection chez un nouvel éditeur. Oui, vous avez bien compris : j’ai signé en octobre pour la réédition de Diabolo pacte.



mercredi 23 novembre 2022

Un Tchèque chic et choc

Puisque le blog réclame sa pitance tel un dogue insatiable – c’est le dlog – autant varier les menus, ajouter une pincée d’exotisme à cet exercice écrit exclusivement en français.

Aujourd’hui le dlog aboiera en tchèque et la caravane des mots passera par Prague et Bratislava sous la houlette de Martin Daneš, auteur tchèque écrivant en français et en tchèque et aussi traducteur dans les deux sens.

J’ai connu Martin lors de la publication de mon premier roman, Diabolo pacte, aux éditions L’Arganier sises à Chatou. Depuis, hélas, elles ont disparu du paysage éditorial.

À l’époque Martin, qui avait publié plusieurs livres en Tchéquie, vivait à Paris, cherchait un éditeur pour ses écrits en français et avait approché L’Arganier, notamment Henri Girard, alors directeur de la collection Facéties. C’est à l’occasion d’une photo de groupe sur Facebook que nous sommes entrés en correspondance. En français car malgré mon séjour en université d’été à Brno je suis incapable de faire des phrases en tchèque. Je me suis souvenu de mes séjours à Prague du temps du Rideau de fer puis après la Révolution de velours. J’avais pu constater que le pont de Charles, désert lors de mon premier passage, s’était rempli de camelots. Mais l’eau de la Vlatava avait coulé et Martin était obsédé par la publication de ses écrits dans son pays d’accueil : la France.

Je pouvais le comprendre car les lettres de refus sont parfois à l’origine de pulsions suicidaires. J’étais passée par là et je suis intervenue en faveur de Martin. Mais le destin est facétieux et L’Arganier penchait déjà dangereusement vers la faillite. Mais j’ignorais cela à l’époque et c’est en toute innocence que je me rendis à Paris au salon des éditeurs du Quartier Latin dédicacer mon Diabolo pacte, le roman que tout candidat à la publication devrait lire car il est question de pacte avec le Diable dans le milieu de l’édition. J’ignore si Martin a ri, pleuré ou roupillé en me lisant mais, Diabolo en main, il est venu chercher sa dédicace. Je l’ai aperçu de loin. À Plus d’un mètre 90 on n’a guère de mal à culminer par-dessus les têtes des autres, ces autres n’ayant pas de surcroît une tête de slave.

Le temps a passé. Nous nous sommes revus lors de mes passages à Paris. Martin a réussi à publier 3 livres en français : Le char et le trolley chez Vents d’ailleurs et Les mots brisés aux éditions de la Différence. Et le dernier qui vient de paraître : Silence de vieux hiboux aux éditions Douro.

Les plus jeunes protagonistes de l’histoire ont 60 balais. On se glisse dans le corps décrépit et empêché du narrateur (83 ans), ancien journaliste tchèque qui vit à Paris et fréquente un autre exilé, Milan (le grand Kundera). En fait de Français, il a surtout commerce avec sa concierge portugaise, une jeunesse de 65 ans qui s’éprend du fantôme d’un illustre Slovaque, Gustáv Husák, qui fut président de la République tchécoslovaque de 1975 à 1989. On ne s’ennuie pas une seconde dans ce récit servi par des dialogues truffés d’humour qui nous fait revivre le Printemps de Prague et la Révolution de velours.

Un roman qui m’a fait retrouver la trace de mes périples à vélo, de Brastislava à la frontière hongroise. J’en suis ressortie avec une tête de Mickey, les taons ayant frappé fort en terrain allergique.

Même si vous n’avez jamais mis les pieds ni les roues dans les anciens pays de l’Est, Silence de vieux hiboux vous touchera par l’épaisseur des personnages et la tendresse que l’auteur leur porte tout en vous dévoilant l’histoire récente de ce petit pays, à présent scindé en deux : la Tchécoslovaquie.

Martin Daneš


vendredi 11 novembre 2022

La SF au temps du QR code

Chaque semaine le blog réclame sa pitance. Alors je fouille dans le garde-manger de mes expériences pour trouver quelque nourriture à même de calmer l’appétit de tous, y compris de ceux qui n’écrivent pas mais ont traversé comme tout le monde deux ans de restrictions covidistes : entre mars et mai 2020, 2 mois d’assignation à domicile avec une heure de sortie par jour autorisée sous condition de produire sous les yeux de la maréchaussée une auto-attestation écrite à l’encre, au bic mais pas au crayon papier. Puis des sorties au bout d’une laisse de 1 km, le masque en plein air, le pass sanitaire qui devient vaccinal à présenter aux vigiles et aux citoyens ordinaires, mastroquets, restaurateurs, organisateurs de salons, etc.

En ce qui me concerne, je n’ai rien produit, sauf des romans. Le confinement n’y est pour rien, ma première publication datant de 2009.

Pour moi deux ans sans covid, sans test, sans vaccin. Aurais-je obtenu une dispense à la vaccination et le pass qui va avec que je ne l’aurais présenté à personne si ce n’est à l’hôpital si la malchance avait voulu que je me brise un bras ou une jambe ou les 4 en même temps.

Car comment parler justice et liberté dans mes livres tout en me soumettant à des mesures ineptes dont le but avoué était de contraindre à une injection non-obligatoire ? Impossible à mes yeux.

Donc, j’ai été en retrait durant 3 ans après une brève éclaircie à l’automne 2019. Mon 3ème roman et 1er volet de ma saga de SF, Poussière de sable, est sorti juste au moment où ma mère est tombée malade. Je n’ai donc pu œuvrer à sa promotion. Juste au moment où je devais le présenter lors d’un dîner littéraire puis participer à une émission de radio, le 1er confinement a été décrété.

Début 2022, juste avant la parution du 2ème volet, Poussière de sable, Légendes ourdiniennes, et alors que mon éditeur m’avait adressé des services de presses, je me suis rendue à Blagnac dans l’immeuble qui héberge une salle de spectacle, la médiathèque et les locaux d’Altitude FM. Je me présente avec mon livre destiné à Jean-Pierre qui anime l’émission bien nommée « Paroles d’écrivain » et me heurte au vigile. Heureusement des personnes travaillant à la radio lui font remarquer que, venant à titre professionnel, j’ai le droit d’entrer. Jean-Pierre lit mes Légendes, me recontacte et rendez-vous est pris pour l’interview. Je prends le tram. Le hall d’Odyssud est vide, je me présente un peu à l’avance, discute avec Jean-Pierre qui me demande comment je suis passée. Car lui, Jean-Pierre, muni du pass et venant presque quotidiennement à la radio, s’est vu poursuivre par le vigile qui le voit pour ainsi dire tous les jours. Que de vocations sordides ce pass n’a-t-il suscitées !

Le roman paraît, paré d’une magnifique couverture (merci, RroyzZ éditions !) et, un bonheur ne venant jamais seul, je reçois début mars un message de l’association Les Arts Littéraires m’annonçant que je fais partie des lauréats dans la catégorie poésie pour mon recueil inédit Mon opium est dans mon cœur. La remise des prix se tient à Saint-Orens-de-Gameville le 26 mars. Mais, pour l’heure, le pass vaccinal n’est pas levé. J’envisage donc de me faire représenter avec un petit discours concocté à l’avance. Par bonheur, les élections approchent et je serai bien à Saint-Orens en chair et en os. Je ne boude pas cette distinction dont je suis d’autant plus fière que nos ouvrages sont strictement anonymes.

J’aurai l’occasion de faire connaissance de personnes fort sympathique, dont une future lectrice membre du jury de poésie et deux représentantes d’une maison d’édition mais ce détail débouche sur une autre histoire que je vous conterai plus tard.



 

 

jeudi 3 novembre 2022

Pour en finir avec l’autofiction – du moins sur ce blog

Pour en finir avec l’autofiction – du moins sur ce blog – je vais aborder le cas de ma mère qui, elle aussi, pensait que son histoire serait intéressante à lire. Elle parlait de son enfance, une enfance à la Dickens sur laquelle se projetait l’ombre d’une grande absente : la mère. Une enfance malheureuse à laquelle, moi, j’avais échappé. Ce n’était pas tant la deuxième guerre mondiale, l’Occupation où elle avait par périodes crevé de faim avec ses frères qui, à ses yeux, conférait à son enfance l’épithète de malheureuse qu’une histoire familiale compliquée. Et c’est un euphémisme.

Les instituteurs se liguèrent contre ces enfants, infoutus de se rendre compte que la petite fille savait lire à 5 ans et que son frère possédait un don inné pour la physique. Voir sur le blog Ecouter avant d'écrire.

Maman disait : « Je vois un titre : La petite Roques. » Quand on s’appelle Roques quoi de plus naturel ? Elle ignorait que le titre était déjà pris par un certain Guy de Maupassant sans s à la fin mais sa trace s’était sans doute imprimée dans sa mémoire inconsciente. Dans la nouvelle de ce conteur de génie, la petite Roque est une petite paysanne retrouvée violée et étranglée par le facteur du village. Les enquêteurs et le maire sont à la recherche de l’assassin. Je n’en dis pas plus au cas où vous ne connaîtriez pas encore le fin mot de l’histoire. Maupassant n’aurait certes pas dit spoiler mais serait d’accord pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur. Pour en revenir à ma mère et à l’an quarante, je trouvai, dès mon plus jeune âge, qu’il y avait en effet matière à tenir un auditoire en haleine. Je peux toujours supposer que ma mère aurait souhaité que je prenne la plume pour raconter ce qu’elle avait vécu. Paradoxalement, Maman n’était pas habitée par ma passion du passé et des archives. Je doute qu’elle se soit demandé comment avaient vécu ses ancêtres.

Quand, il y a quatre ans, son frère lui a annoncé un cancer du pancréas et qu’elle a voulu le faire enterrer dans le caveau de mes arrière-grands-parents (que j’ai connus) j’ai retrouvé parmi les occupants une trisaïeule partie de Miremont (31) avec son époux travailler à Paris (où mon arrière-grand-mère est née). C’est cette trisaïeule qui a transmis le plus ancien de mes souvenirs familiaux : la famine pendant la commune et la mise à mort du chien pour en faire un repas au goût infâme. Malheureusement la maladie puis le décès fulgurant de mon oncle a déclenché chez Maman le cancer du sang qui devait l’emporter au bout de 9 mois.

Maman partie, je n’ai pas eu le cœur d’écrire cette enfance qu’elle qualifiait de malheureuse, marquée par l’ombre une grande absente. Toutefois je me suis tournée vers les horizons familiaux de l’absente, riches d’une histoire romantique que je prévois d’écrire. J’ai commencé des recherches généalogiques et j’ai fini par tomber sur le pot aux roses. Que je ne vous dévoilerai pas. Parce que je suis romancière et que, pour un romancier, spoiler n’est pas jouer.

Maman sur les genoux de sa mère



L’écriture, un effeuillage mental ?

Drôle d’émotion qui m’étreint à la veille de la parution du recueil de mes poèmes de jeunesse, Mon opium est dans mon cœur. Pour une fois, j...